Michèle M.: «Meine Kinder geben mir Kraft» Seite 4 ... - Fragile Suisse

Éditorial
Chère lectrice, cher lecteur,
Pour les personnes cérébro-lésées, le
droit à l’autodétermination et à l’autonomie
revêt une importance primordiale.
FRAGILE Suisse soutient de ce point de
vue les victimes de lésions cérébrales
et leurs proches. Elle s’engage pour leur
assurer une qualité de vie optimale et
leur permettre de conserver autant que
possible l’exercice de leurs droits civils.
Silvia Luckner / Zürichseezeitung
Ils sont jeunes, beaux… et cérébro-lésés.
Celine van Till et Michael Fässler ont été
élus le 13 octobre dernier Miss et Mister
Handicap 2012. Eux aussi s’engagent pour
vaincre les tabous et les préjugés qui
entourent les personnes handicapées.
Tous deux ont subi une lésion cérébrale
lors d’un accident de sport à l’âge de
17 ans. Ils nous ont confié leurs espoirs
et leurs difficultés (pages 18 et 19).
En 2013, FRAGILE Suisse poursuivra
au niveau politique sa lutte contre le
démantèlement des prestations de
l’assurance-invalidité (révision 6b de l’AI).
Nous entendons ainsi nous opposer à ce
que plusieurs milliers de personnes
cérébro-lésées et leurs enfants subissent
des réductions des prestations. Actuellement,
le Conseil national et le Conseil
des Etats examinent les modifications de
la loi sur l’AI. FRAGILE Suisse refuse
le démantèlement prévu et recourra si
nécessaire au référendum aux côtés
d’autres organisations du domaine du
handicap.
Depuis le début de l’année, le nouveau
droit sur la protection de l’adulte est
en vigueur. Il remplace l’ancien droit
quasiment centenaire de la tutelle,
qui limitait parfois de manière injustifiée
les droits civils des victimes de lésions
cérébrales. Les nouvelles dispositions
légales permettent de favoriser l’autodétermination
: pour en savoir davantage,
lisez notre article de la rubrique Helpline.
En vous remerciant pour votre précieux
soutien, je vous souhaite, à vous ainsi qu’à
vos proches, une très belle nouvelle
année.
Cordialement, Marcel Odermatt
«
Heinz Lüthi est membre du Cabaret Rotstift. Amoureux du lac de Zurich, il vient de publier « Das
kleine Seebrevier », un livre renfermant textes en prose, petits poèmes et photos.
Hôpital Universitaire de Zurich, le 25
janvier 2011. Encore aujourd’hui, j’ai des
souvenirs très précis de ce moment : je
suis assis sur une chaise dont le siège
est en bois et les pieds, légèrement écartés,
sont en métal. Ma femme Erika est
allongée sur un lit d’hôpital à côté de
moi. Elle est dans le coma, parfois elle
gémit ou soupire. Je lis le dépliant de
FRAGILE Suisse, « Vivre avec une lésion
cérébrale ». Cette petite publication est
claire, rédigée par des gens compétents
dans un style sobre. Il va m’accompagner
pendant les mois qui vont suivre.
Que s’est-il passé? Vingt-quatre
heures auparavant, j’avais parlé à Erika
au téléphone et je lui avais souhaité un
bon anniversaire. Pour ses 70 ans, nos
enfants et petits-enfants avaient organisé
une fête qui devait avoir lieu le soir.
J’étais dans les Grisons pour écrire un
nouveau livre et nous avions convenu
qu’elle viendrait me chercher à la gare
de Wädenswil. Mais elle n’était pas au
rendez-vous. Inquiet, je me suis rendu le
plus vite possible à notre domicile à Richterswil.
J’y ai trouvé la police, les premiers
secours et l’hélicoptère de sauvetage.
Probablement à cause d’un malaise,
ma femme était tombée la tête la première
dans l’escalier. Aux soins intensifs,
le diagnostic tombe : quatre hémorragies
cérébrales, fracture du crâne, fracture
de l’os de la joue et du nez.
Malgré tout, il est permis d’espérer.
Quand va-t-elle se réveiller ? Un
haussement d’épaules. Est-ce que nous
pouvons chanter ici ? Chanter ? C’est une
drôle d’idée ! C’est son 70e anniversaire.
Ah bon, c’est pour ça que vous êtes si
nombreux. Bien sûr, vous pouvez chanter,
mais doucement, s’il vous plaît.
Trois jours plus tard, ma femme
commence à se réveiller. Un miracle qui
s’étend sur plusieurs jours. C’est avec les
plus jeunes de nos petits-enfants qu’Erika
s’entend le mieux. Tout guillerets, ils
rampent sur son lit. Deux semaines plus
tard, la réadaptation commence. Au
début, Erika ne sait plus compter, ni téléphoner,
ni lire – mais chaque jour, elle
réapprend quelque chose. Elle devient la
star de la clinique.
Cinq semaines ont passé : je peux
ramener ma femme à la maison. Elle
a encore un long chemin devant elle, et
j’ai appris combien notre vie est fragile,
mais aussi combien la vie s’accroche
pour continuer.
Plus de dix-huit mois après son accident,
ma femme a retrouvé le goût d’un
jour à l’autre. Un vrai cadeau ! C’est pourquoi
j’ajoute : on ne doit jamais, vraiment
jamais, perdre l’espoir d’une amélioration.
Selon mon expérience, cet espoir est pour
ainsi dire la force thérapeutique la plus
importante, la clé de la guérison.
»
Cordialement, Heinz Lüthi
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