Mireille Falardeau et Michel Loranger Le choix de stratégies ... - CSSE

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ces, dans un collège d’enseignement général et professionnel, où le cours en
question, dans tout son déroulement, devient une simulation du monde de la recherche.
Il faut ici exercer un raisonnement récursif. Le problème auquel s’attaquent
les étudiants-chercheurs est, cette fois-ci, de découvrir la configuration interne
d’une boîte noire (genre de simulateur ordiné portant le nom d’Énigmatique) laquelle
réfléchit des rayons ou encore des projectiles suivant des lois comme il
s’en trouve dans le monde de la matière. Autre récursivité: L’activité de recherche
(observation, hypothèse, expérimentation, résultat, interprétation, conclusion)
devient elle-même objet de recherche et doit être auto-observée par les étudiantschercheurs.
Ils questionnent et livrent dans des journaux de bord les postulats,
les croyances et les stéréotypes qu’ils entretiennent par rapport à l’objet premier
de leur recherche: le fonctionnement de la boite noire. De plus, les écrits des
étudiants sont à leur tour d’abord observés puis annotés par les professeurschercheurs
qui alimentent de leurs commentaires et de leurs questions la réflexion
des étudiants quant aux conceptions spontanées qui meublent les idées qu’ils
se font de la recherche. Si au départ il fallait jongler avec une “matriochka” de
petit format, celle-ci a maintenant pris les proportions d’un format géant. L’idée
de conception spontanée à ces méta-niveaux de réflexion est devenue du “surspontané,”
voire des conceptions spontanées du deuxième ordre.
Il ne s’agit pas, par ces commentaires, de vouloir tourner en dérision ce travail
audacieux, minutieux et original. C’est à l’université et au CÉGEP que la stratégie
du dérangement épistémologique risque d’avoir le plus d’effet. Il est fort
possible que “l’Énigmatique” puisse intéresser les élèves du secondaire mais les
méta-réflexions sur la production des connaissances scientifiques paraissent fort
difficiles à engager à cet ordre d’enseignement.
Quant aux commentaires des étudiants-chercheurs qui se sont portés volontaires
pour cette recherche, Autour de l’idée de science, ils sont pour le moins
magnifiques. Et c’est ce même niveau de discours qui soulève quelques appréhensions.
La stratégie du dérangement épistémologique que l’on a mentionnée
plus haut semble fonctionner à merveille pour le développement de compétences
à théoriser, à argumenter et à négocier. Toutefois, ce sont des compétences qui
relèvent plutôt du “faire savoir” que du “savoir-faire.” Les étudiants que l’on
veut former deviendront-ils des juristes de la science incapables de déboucher un
lavabo? En effet, le voyage autour de l’idée de science ne s’arrête que sur le
langage des mots. Le langage mathématique, entre autres, qui est le deuxième œil
pour observer les objets de la science en leur donnant la profondeur de champ
nécessaire, est complètement bouché. Quant au langage des mains, celui qui
permet de scier, clouer, coller, planter, plier, etc., il n’en est aucunement fait
mention! C’est pourtant par ce dernier langage que, finalement, les artefacts les
plus prodigieux sont mis au monde. Combien de scientifiques, à leur début, sont
presque choqués de découvrir que leur domaine d’application, comme la métal-