Mireille Falardeau et Michel Loranger Le choix de stratégies ... - CSSE

BOOK REVIEWS / RECENSIONS 459
lurgie ou la physique nucléaire par exemple, relève encore plus d’un art empirique,
heuristique et pragmatique que de la science. Ils découvrent que la plus
grande partie des connaissances dont ils ont besoin n’est ni dans des livres, ni
dans des revues scientifiques, mais dans des feuillets techniques. Ces sources de
renseignements se réfèrent moins à des expériences scientifiques qu’à des directives
du genre “faites-en l’essai et si ça fonctionne, allez-y.” Pour être un scientifique,
il faut être mécanicien, plombier, cultivateur, opticien, etc.
Ces dernières considérations ne sont d’aucune façon des reproches aux auteurs,
tout au plus une façon de les provoquer pour nous servir un autre livre tout aussi
intéressant.
La philosophie et les enfants
par Marie-France Daniel
Montréal: Les éditions Logiques, 1992. 376 pages.
RECENSION PAR LUCIEN MORIN, UNIVERSITÉ LAVAL
Le but poursuivi par Marie-France Daniel dans cet ouvrage facile à lire et stimulant
est une “analyse conceptuelle de la philosophie de l’éducation de Matthew
Lipman et du programme qu’il a mis de l’avant, la philosophie pour enfants; (et)
de façon corollaire une analyse des influences de cette philosophie.” Si analyser
veut dire décomposer une oeuvre en ses parties afin de saisir le rapport entre
celles, alors on peut dire que l’auteur a réussi son projet.
Après une longue introduction qui situe l’originalité de l’approche de Lipman
par rapport à certaines théories modernes de l’éducation — Carl Rogers et sa version
de l’humanisme, Paulo Freire et la théorie de la conscientisation, B. F.
Skinner et le behaviorisme, Jean Piaget et le développement génétique, Vygotski
et le socio-constructivisme — l’auteur soutien que c’est indéniablement au pragmatisme
de J. Dewey que la philosophie de l’éducation de Lipman ressemble le
plus. Et elle retient les similitudes entourant des questions de fond: les principes
et les finalités de l’éducation; l’importance première de l’expérience personnelle;
une pédagogie axée sur l’activité de l’enfant; la pensée réfléchie et critique; le
développement holistique; les échanges et les valeurs démocratiques. Pour l’essentiel,
tout l’ouvrage est consacré à rendre manifeste cette parenté, en trois
chapitres bien étoffés et bien construits.
Le chapitre un est bien titré: “visions de l’éducation chez Lipman et Dewey,”
car il aborde d’emblée les grandes questions fondamentales. Celle des fins
d’abord, comme il se doit, le présupposé lipmanien de base étant la découverte
du sens des choses en lien avec le développement global de la personne. À partir