Mireille Falardeau et Michel Loranger Le choix de stratégies ... - CSSE
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350 GUY FRÉCHET<br />
À priori, il serait permis <strong>de</strong> postuler que la situation sur le marché du travail<br />
reflète la hiérarchie <strong>de</strong> la scolarisation. Ceci conduirait à postuler la linéarité <strong>de</strong><br />
la relation entre la stabilité en emploi <strong>et</strong> la scolarisation. Il serait vraisemblable<br />
alors que les personnes moins scolarisées soient plus suj<strong>et</strong>tes à la précarité <strong>et</strong> que<br />
plus on avance dans l’échelle <strong>de</strong> la scolarisation, plus la stabilité soit forte.<br />
D’après une autre façon <strong>de</strong> voir, on pourrait poser que la rationalité économique<br />
<strong>de</strong>s acteurs <strong>et</strong> l’anticipation <strong>de</strong> la situation sur le marché du travail conduisent<br />
les individus à prendre <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> transiter en fonction <strong>de</strong> leur scolarisation.<br />
Cela conduirait à postuler une relation inverse. Il serait vraisemblable ainsi que<br />
les personnes plus scolarisées se perm<strong>et</strong>tent davantage <strong>de</strong> risquer <strong>de</strong>s transitions<br />
afin <strong>de</strong> dénicher un emploi plus conforme à leurs attentes; pour leur part, les<br />
personnes moins scolarisées ne pourraient se perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> risquer autant, ce qui<br />
fait qu’elles vivraient une plus gran<strong>de</strong> “stabilité”.<br />
Or, nos analyses nous perm<strong>et</strong>tent d’affirmer que l’idée la plus généralement<br />
reçue, postulant que la hiérarchie <strong>de</strong> la scolarisation se reflète dans celle <strong>de</strong> la<br />
situation vécue sur le marché du travail, ne se vérifie pas empiriquement, pas<br />
plus d’ailleurs que le modèle fondé sur le risque anticipé. <strong>Le</strong>s données d’une<br />
enquête longitudinale auprès <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 67 000 personnes au Canada en 1986 <strong>et</strong><br />
1987 se sont révélées d’une gran<strong>de</strong> richesse pour nous ai<strong>de</strong>r à circonscrire ce<br />
phénomène. Il s’agit <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l’Enquête sur l’activité, 2 réalisée auprès<br />
d’une même cohorte d’individus dans le but d’examiner leur situation en emploi<br />
au cours <strong>de</strong>s 104 semaines <strong>de</strong>s années 1986 <strong>et</strong> 1987. <strong>Le</strong> sous-groupe <strong>de</strong>s personnes<br />
moyennement scolarisées correspond aux catégories médianes <strong>de</strong> la scolarisation.<br />
Une analyse préalable <strong>de</strong>s difficultés d’insertion en emploi a permis <strong>de</strong><br />
constater qu’elles sont susceptibles <strong>de</strong> connaître <strong>de</strong> plus fortes difficultés que<br />
celles qui se situent aux extrêmes (Fréch<strong>et</strong>, 1993), ce qui semble à première vue<br />
très paradoxal.<br />
Dès lors se pose un ensemble <strong>de</strong> questions sur les caractéristiques spécifiques<br />
<strong>de</strong>s personnes moyennement scolarisées: quel est, par exemple, le comportement<br />
particulier <strong>de</strong>s seules personnes actives en fonction du sexe <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> l’âge,<br />
ainsi que <strong>de</strong>s autres caractéristiques <strong>de</strong> l’emploi? Quelle est la dynamique particulière<br />
du cheminement <strong>de</strong>s seules personnes moyennement scolarisées selon les<br />
mêmes caractéristiques? Telles sont certaines <strong>de</strong>s questions auxquelles nous voulons<br />
nous attar<strong>de</strong>r.<br />
MÉTHODOLOGIE<br />
<strong>Le</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> scolarité<br />
Pour les fins <strong>de</strong> l’analyse, nous avons regroupé les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> scolarité en quatre<br />
sous-groupes distincts. <strong>Le</strong> premier est constitué <strong>de</strong>s personnes peu scolarisées <strong>et</strong><br />
est formé par <strong>de</strong>s personnes ayant complété <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s primaires. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>uxième<br />
est constitué <strong>de</strong> personnes ayant complété ou non leur cours secondaire (présenté