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L’impact des restrictions<br />
Après l’indépendance, l’enseignement supérieur en Afrique était<br />
presque exclusivement dispensé par l’État. Mais ces dix dernières<br />
années, le nombre d’établissements privés s’est multiplié face à la<br />
difficulté croissante des universités d’État à maintenir leur niveau de<br />
qualité ou satisfaire à la demande toujours plus forte. L’Université<br />
d’État du Ghana en est un exemple. Sur les 23 000 demandes<br />
d’inscriptions en 2008, l’institution ne pouvait en accepter qu’un<br />
tiers. A Makerere, l’université phare de Kampala, la compression des<br />
financements publics a eu pour effet de rogner sur les dépenses<br />
relatives aux infrastructures et à la qualité de l’enseignement. Le<br />
personnel y a même récemment organisé une marche en protestation<br />
des réductions de salaire et de retraite. Patrick Awuah, fondateur et<br />
président de Ashesi University au Ghana, voit quant à lui une<br />
opportunité dans cette crise. Mû par ce qu’il nomme « un sens brûlant<br />
de sa mission », il a quitté une brillante carrière dans le secteur<br />
informatique aux États-Unis pour revenir au pays et contribuer aux<br />
efforts de construction de la nation. Il nous explique : « En rentrant<br />
au Ghana, mon objectif consistait à ouvrir une nouvelle université,<br />
tâche hautement ambitieuse et compliquée. Mais mon vrai but, en<br />
réalité, était de démarrer un renouveau social – à savoir repenser<br />
l’enseignement supérieur – qui transformerait le continent. » L’École<br />
des Arts qu’Awuah a fondée avec seulement 30 étudiants, plaide pour<br />
une éducation éthique et entrepreneuriale des leaders de demain. Le<br />
nombre d’étudiants est passé à 500 et Ashesi vient d’inaugurer un<br />
nouveau campus grâce aux 1,9 M € de la Société Financière<br />
Internationale (la division investissement de la Banque Mondiale).<br />
Selon Awuah, près de la moitié des jeunes inscrits reçoit une aide<br />
financière ; le reste paie des frais de scolarité dont le prix de base<br />
tourne autour de 2 000 € par semestre.<br />
Se former à distance<br />
En même temps, la demande en matière d’éducation a contribué au<br />
développement de l’enseignement à distance. Unisa, une organisation<br />
sud-africaine de formation à distance, compte aujourd’hui 300 000<br />
étudiants, dont 20 000 hors d’Afrique du Sud. « Bon nombre de nos<br />
étudiants sont issus de milieux défavorisés et n’ont pas décroché de<br />
résultats suffisants pour l’obtention d’une bourse, » explique la<br />
porte-parole Doreen Gough. « Deux tiers d’entre eux environ travaille<br />
à plein temps pour soutenir leur famille, tout en souhaitant s’améliorer.<br />
Nos cours sont plus abordables et nous avons une politique « ouverte » ;<br />
alors que les universités résidentielles ne prennent que les meilleurs<br />
éléments, nous avons la capacité d’offrir des études à ceux qui ont<br />
obtenu des notes moyennes voire médiocres. »<br />
L’African Virtual University (AVU), basée à Nairobi, dissémine ses<br />
programmes dans 27 pays africains via des cours en ligne et ses<br />
universités partenaires. « De plus en plus d’étudiants s’intéressent à<br />
l’e-learning, » confirme Dr Bakary Diallo, CEO de l’AVU. Il espère qu’un<br />
programme de recherche permettant la diffusion de cours via les téléphones<br />
mobiles, attirera des milliers d’étudiants supplémentaires dans le giron<br />
de l’enseignement supérieur au cours des cinq prochaines années.<br />
Le crédit, là où c’est nécessaire<br />
Les institutions privées d’enseignement supérieur doivent relever<br />
bien des défis. Le processus d’accréditation est sans doute l’un des<br />
plus importants, souligne le professeur NV Varghese, responsable de<br />
la gouvernance et de la gestion de l’éducation à l’Institut International<br />
de Planification de l’Éducation à Paris. « Certaines institutions sont<br />
accréditées comme universités, même lorsqu’elles sont de très petite<br />
taille et ne dispensent des cours que dans une ou deux matières, »<br />
{ EDUCATING AFRICA }<br />
brussels airlines b.spirit! magazine jan-feb <br />
{ 45 }<br />
dit-il. Le parcours pour obtenir une accréditation comporte<br />
traditionnellement trois étapes ; cette démarche est totalement<br />
volontaire et souvent onéreuse, ce qui oblige certaines écoles à<br />
opérer dans le flou.<br />
Les experts s’accordent aussi pour dire que les programmes de<br />
formation à distance devraient proposer une gamme plus large de<br />
cours. A noter également que ces étudiants ne participent pas à la vie<br />
de la communauté universitaire, un point qui peut s’avérer crucial.<br />
« Les employeurs recherchent des personnes qui se sont distinguées<br />
dans les associations d’étudiants ou dans des fonctions de leaders : il<br />
existe en effet d’autres aspects liés à l’université au-delà de la<br />
dimension cognitive, » poursuit Varghese.<br />
La compétition se durcit. Les universités d’État rivalisent pour que<br />
leurs étudiants puissent faire face au coût des études. Résultat : les<br />
universités publiques reçoivent toujours plus d’argent privé tout en<br />
restant sous contrôle de l’État, ce dernier ayant le dernier mot sur le<br />
salaire du personnel, les frais d’étude et plus globalement, la<br />
politique de l’établissement. L’année dernière, 37% du budget de<br />
Makerere était de source étatique, et 55% venait des frais de scolarité<br />
payés par les étudiants. Les universités d’État deviennent aussi plus<br />
commerciales en exploitant d’autres voies. L’Université Kenyatta au<br />
Kenya, notamment, travaille sur un projet de sous-traitance des<br />
logements étudiants par des fournisseurs privés, tandis que le<br />
ministre de l’Éducation du Ghana a annoncé un rôle accru du secteur<br />
privé dans l’enseignement supérieur.<br />
Bien qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, les<br />
institutions privées ont transformé de façon durable le paysage<br />
éducationnel.<br />
Hoger onderwijs in de lift<br />
Sarah Rundell legt uit hoe Afrika’s opkomende private opleidingscentra<br />
de leegloop van talent op het vasteland kunnen stoppen<br />
Amper 6% van de studenten in sub-Saharisch Afrika volgt hoger<br />
onderwijs. Private instellingen komen echter steeds vaker<br />
tegemoet aan de vraag, daar waar overvolle publieke instellingen<br />
die krap bij kas zitten, falen. Terwijl de meeste studenten nog<br />
steeds in de publieke sector studeren, zijn er volgens de<br />
Wereldbank in Afrika momenteel meer dan 450 private instellingen<br />
die hoger onderwijs bieden – vergeleken met precies 200 publieke<br />
instellingen. Dergelijke instellingen roepen een halt toe aan de<br />
uittocht van talent, die er reeds voor heeft gezorgd dat een miljoen<br />
Afrikanen naar het buitenland is gaan studeren, door lessen aan te<br />
bieden in functie van de werkaanbiedingen in de regio.<br />
Patrick Awuah richtte Ghana’s Ashesi University op, een liberale<br />
kunstacademie die zich ertoe verbindt zijn studenten op te leiden<br />
tot ethische en ondernemende leiders. Ongeveer de helft van de<br />
studenten geniet financiële steun; de rest betaalt lesgeld vanaf<br />
2.000 € per semester. De vraag heeft ook gezorgd voor een<br />
exponentiële toename van het aantal aanbieders van<br />
langeafstandsopleidingen: het Zuid-Afrikaanse Unisa dat<br />
langeafstandsopleidingen aanbiedt, telt meer dan 20.000<br />
studenten buiten Zuid-Afrika, terwijl de in Nairobi gebaseerde<br />
African Virtual University programma’s aanbiedt in 27 Afrikaanse<br />
landen door middel van online lessen en partneruniversiteiten.<br />
Een van de belangrijkste uitdagingen voor het private hoger<br />
onderwijs is het accreditatieproces; volledige accreditatie is vrijwillig<br />
en omslachtig waardoor talrijke universiteiten in een onduidelijke<br />
situatie verkeren. Langeafstandsprogramma’s dienen een grotere<br />
verscheidenheid aan lessen aan te bieden en hun studenten lopen<br />
de universiteitsgemeenschap mis, wat cruciaal kan zijn. De<br />
concurrentie wordt ook intenser, aangezien publieke universiteiten<br />
steeds vaker private studenten willen aantrekken als antwoord op<br />
hun fiscale problemen. Niettegenstaande bieden nieuwe private<br />
instellingen duizenden studenten de kans hun leven te verbeteren<br />
en zorgen ze voor gezonde concurrentie en keuze in de sector.<br />
ILLUSTRATIONS TIM DINTER/2 AGENTEN