[Juge Ti NE-09] Dix
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— Il est descendu avec moi dans le tombeau maudit, celuilà<br />
?<br />
— Je ne pense pas, noble juge, répondit son employé.<br />
<strong>Ti</strong> ne parvenait pas à définir si c’était ou non une bonne<br />
nouvelle. Si les meurtres touchaient désormais n’importe qui,<br />
cela voulait dire que la malédiction battait de l’aile. D’un autre<br />
côté, si tout le monde était à présent menacé, ça allait être la<br />
panique à Peng-lai. Le seul à se sentir rassuré serait le<br />
gouverneur : cet homme était mort à sa place, en quelque sorte.<br />
— Il avait beaucoup d’ennemis, cet usurier ?<br />
— Comme d’habitude les usuriers, noble juge, répondit le<br />
médecin. Ce n’était certes pas le citoyen le plus populaire de<br />
notre ville. Mais cette profession est utile, les gens se contentent<br />
en général de les mépriser. Si on les tuait tous, il n’y aurait plus<br />
nulle part où se procurer de l’argent.<br />
Le déguisement d’homme-requin n’avait pas assailli tout<br />
seul sa victime. Le prêtre du chenghuangye se fit apporter le<br />
registre où les noms des figurants avaient été consignés : leur<br />
participation au défilé étant bénévole, elle devait être signalée<br />
par écrit au juge de l’au-delà afin qu’il la compte au nombre de<br />
leurs bonnes actions.<br />
— Il s’agit d’un certain Xiao Tong, noble juge, lut le prêtre.<br />
— Quelqu’un sait-il où loge le nommé Xiao Tong ? clama <strong>Ti</strong><br />
à la ronde, soucieux de ne pas perdre une seconde.<br />
Plusieurs personnes levèrent la main. Il prit la tête d’un<br />
petit détachement de sbires et se fit conduire chez le suspect,<br />
bien décidé à lui montrer ce qu’il advenait à ceux qui osaient<br />
défier leur sous-préfet en plein milieu de festivités officielles.<br />
Son guide s’arrêta devant une boutique aux volets clos qui ne<br />
payait pas de mine. Alors que l’un des sbires frappait des coups<br />
violents contre la porte, <strong>Ti</strong> se dit qu’il était stupide : jamais ce<br />
Xiao ne serait tranquillement rentré chez lui après avoir<br />
perpétré son forfait. Tout ce remue-ménage permettrait au<br />
moins d’informer la population qu’un être de chair et de sang<br />
avait commis le meurtre, et non un esprit ou une bête<br />
fantastique.<br />
À sa grande surprise, la porte ne tarda pas à s’ouvrir. Une<br />
femme habillée pour la nuit, les cheveux serrés dans un chignon<br />
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