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[Juge Ti NE-09] Dix

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— Je ne te demande pas pourquoi tu t’en es débarrassée,<br />

mais d’où tu le tenais ! répliqua le juge.<br />

De moins en moins sûre d’elle, la dame répondit qu’il<br />

s’agissait d’un bien de famille. En ces temps où l’enfer les<br />

tourmentait, elle n’avait pas voulu lésiner sur la qualité de<br />

l’offrande.<br />

<strong>Ti</strong> jeta un coup d’œil autour de lui. Des bracelets en perles<br />

de céramique et des breloques en métal doré couvraient les<br />

murs.<br />

— Je ne crois pas que les marchandes de babioles bon<br />

marché conservent chez elles des joyaux de cette valeur. Trêve<br />

de plaisanterie ! Je te somme de parler, ou bien je t’inculpe pour<br />

meurtre !<br />

La figure de la bijoutière se décomposa.<br />

— Je n’ai jamais eu l’intention de mentir à Votre Excellence.<br />

Cet article m’a été confié par ma sœur.<br />

— Laisse-moi deviner, dit le magistrat. Ta sœur se nomme<br />

Pei, elle est la veuve de l’antiquaire Dong Si.<br />

La suspecte fit la même tête que tous ceux dont <strong>Ti</strong> perçait à<br />

jour les petits secrets sans qu’ils aient eu à dire plus de trois<br />

phrases. Elle comprit qu’il était temps de débiter toute l’histoire.<br />

Dame Pei, sa sœur, lui avait dit avoir retrouvé la broche après le<br />

départ de la police. Dans le trouble qui avait suivi l’assassinat de<br />

son époux et sa sortie du placard, elle avait cru que l’assassin<br />

l’avait emportée. Elle était très gênée. Elle répugnait à admettre<br />

sa sottise devant le sous-préfet. Aussi s’en était-elle débarrassée<br />

en l’offrant à sa parente, qui elle-même n’avait pas voulu<br />

conserver un objet lié à un meurtre commis par une goule<br />

wangliang.<br />

<strong>Ti</strong> en profita pour l’interroger un peu sur la moralité de la<br />

veuve.<br />

— Elle mène depuis le décès une existence exemplaire,<br />

noble juge. Nul homme n’a franchi le seuil de sa maison. Ma<br />

sœur respecte son deuil à la lettre, ne sort que pour faire son<br />

marché et ne fréquente personne.<br />

— Et avant ?<br />

La marchande concéda que l’entente des époux Dong<br />

n’avait pas toujours été un ciel sans nuage, surtout dans les<br />

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