[Juge Ti NE-09] Dix
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— Une nuit, deux hommes marchaient sur un chemin qui<br />
traversait une forêt obscure, dans une montagne reculée, récitat-il.<br />
L’un était aveugle et l’autre le guidait. Au détour de sombres<br />
fourrés, un démon se dressa soudain devant eux. Celui qui<br />
voyait fut terrorisé. L’aveugle, en revanche, n’éprouva pas la<br />
moindre crainte, et ce fut lui, l’infirme, qui conduisit son ami en<br />
lieu sûr.<br />
— Très joli, noble juge ! s’extasia l’astrologue en<br />
connaisseur. C’est de vous ?<br />
— Non, c’est de Confucius. On apprend cela au cours des<br />
études classiques. Je suis cet aveugle qui ne voit pas les démons.<br />
C’est ce qui me permet de secourir ceux à qui ces créatures font<br />
perdre la tête. J’ai aussi mon utilité, vous voyez !<br />
Il continua de contempler la danse du sabre d’un œil<br />
satisfait. Le prêtre comprit que la conversion espérée ne serait<br />
pas encore pour ce jour-là.<br />
<strong>Ti</strong> prenait sa collation du matin quand un serviteur très<br />
alarmé vint l’avertir que des soldats avaient envahi à l’aube le<br />
champ de l’ouest. Ils étaient en train de défoncer les portes des<br />
tombeaux antiques et entassaient le mobilier funéraire sur des<br />
charrettes. Le juge se hâta de s’habiller pour aller voir ce dont il<br />
retournait.<br />
Il allait quitter ses appartements quand un officier de la<br />
garnison lui présenta l’ordre écrit de lui remettre les trésors<br />
conservés dans sa prison. Le message portait l’emblème du<br />
gouvernorat. Il y avait aussi une lettre à son attention. <strong>Ti</strong> brisa<br />
le carré de cire qui la fermait et lut.<br />
« Je vous suis fort obligé d’avoir dissipé cette ridicule<br />
rumeur de malédiction qui a retardé le sauvetage des chefsd’œuvre<br />
découverts dans le sous-sol de votre district.<br />
« J’ai réquisitionné la garnison de Peng-lai pour en ôter tout<br />
ce qu’elle y trouvera. Je sais que nos Chinois sont très honnêtes,<br />
et pour ne pas risquer d’abîmer cette belle réputation j’ai<br />
souhaité hâter les opérations, qui s’effectueront avec tout le<br />
respect dû à nos grands ancêtres.<br />
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