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Ictères (320) - Serveur pédagogique de la Faculté de Médecine de ...

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1. Définition<br />

<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

<strong>Ictères</strong> (<strong>320</strong>)<br />

A. Gero<strong>la</strong>mi, J. Sarles<br />

Janvier 2006<br />

Le syndrome ictère traduit une élimination hépatique insuffisante <strong>de</strong> bilirubine à cause d’une<br />

hyperproduction ou d’une déficience <strong>de</strong>s mécanismes hépatobiliaires impliqués dans<br />

l’élimination <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine.<br />

Dans ce <strong>de</strong>uxième cas, il s’intègre, sauf affections congénitales très bénignes ou très rares, dans<br />

le cadre plus général <strong>de</strong> l’insuffisance hépatocellu<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong>s cholestases où <strong>la</strong> présence<br />

(inconstante) et les caractéristiques <strong>de</strong> l’ictère influencent l’attitu<strong>de</strong> diagnostique et<br />

thérapeutique.<br />

2. Métabolisme et sécrétion biliaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine<br />

La bilirubine est formée à partir <strong>de</strong> l’hème <strong>de</strong> l’hémoglobine et <strong>de</strong>s autres hémoprotéines<br />

(myoglobine – cytochromes surtout).<br />

2.1. Caractères physico-chimiques<br />

La bilirubine est formée <strong>de</strong> 4 cycles pyrazoles disposés <strong>de</strong> façon grossièrement linéaire. Elle<br />

porte <strong>de</strong>ux fonctions aci<strong>de</strong>s qui pourraient lui assurer une certaine hydro solubilité mais ces<br />

fonctions sont masquées par leur interaction avec <strong>de</strong>s fonctions NH <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécule. La molécule<br />

est donc en fait extrêmement peu soluble dans l’eau et ne peut être excrétée par voie urinaire.<br />

Son élimination est hépatique. L’irradiation UV libère partiellement les fonctions aci<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur<br />

interaction avec NH, ce qui augmente l’hydro solubilité avec possibilité d’élimination rénale<br />

d’où son action favorable dans certains ictères à bilirubine libre.<br />

La bilirubine, du fait <strong>de</strong> sa liposolubilité peut passer dans le système nerveux central chez le<br />

nouveau né. Une hyperbilirubinémie majeure (> 150 mg/l) peut entraîner <strong>de</strong>s lésions nucléaires<br />

graves.<br />

2.2. Aspects quantitatifs<br />

70 % environ <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine formée vient <strong>de</strong> <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong> l’hémoglobine lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s hématies dans le système réticulo-endothélial (rate surtout mais également foie)<br />

30 % proviennent du catabolisme <strong>de</strong>s cytochromes (particulièrement abondants dans le foie) ou<br />

<strong>de</strong>s groupements héminiques non utilisés lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong> l’hémoglobine.<br />

La production journalière normale est d’environ 300 mg (513 µmoles).<br />

2.3. Sécrétion biliaire<br />

Le transport <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine libre vers les hépatocytes se fait par voie sanguine, <strong>la</strong> solubilisation<br />

p<strong>la</strong>smatique étant assurée par liaison bilirubine – albumine.<br />

Schéma général <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion biliaire <strong>de</strong>s anions organiques :<br />

Etant donné que les anions organiques à <strong>de</strong>stinée biliaire ont une origine surtout extra hépatique<br />

(bilirubine) ou subissent une circu<strong>la</strong>tion entéro-hépatique (sels biliaires) leur sécrétion normale<br />

est conditionnée par 3 étapes : captation hépatique, transport intracellu<strong>la</strong>ire et traversée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

membrane canalicu<strong>la</strong>ire (pôle biliaire <strong>de</strong> l’hépatocyte).<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 2


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

Le réseau canalicu<strong>la</strong>ire est drainé par les canaux biliaires lobu<strong>la</strong>ires et interlobu<strong>la</strong>ires puis les<br />

canaux biliaires principaux et les voies biliaires extra hépatiques qui amènent <strong>la</strong> bile à l’intestin<br />

grêle.<br />

• La Captation hépatique est due à <strong>de</strong>s récepteurs très spécifiques et ATP dépendants<br />

pour les sels biliaires. Ils sont à spécificité moins étroite et sans doute non énergie<br />

dépendant pour <strong>la</strong> bilirubine (récepteurs OATP1 et OATP2).<br />

• Le transport intra cellu<strong>la</strong>ire est facilité par <strong>de</strong>s protéines et peut comporter <strong>de</strong>s étapes<br />

métaboliques.Dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine, <strong>la</strong> protéine transporteuse est <strong>la</strong> ligandine. Elle<br />

permet à <strong>la</strong> bilirubine d’accé<strong>de</strong>r à une glycuronyl transférase microsomiale qui va<br />

catalyser <strong>la</strong> conjugaison d’une molécule d’aci<strong>de</strong> glycuronique à une ou aux <strong>de</strong>ux<br />

fonctions aci<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine. Chez l’homme, <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> diglycuroni<strong>de</strong>s est très<br />

majoritaire. Monoglycuroni<strong>de</strong>s et diglycuroni<strong>de</strong>s sont solubles dans l’eau et pourront être<br />

excrétés dans <strong>la</strong> bile.<br />

• La sécrétion canalicu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s anions est permise par un transport ATP (donc énergie)<br />

dépendant. Les transporteurs impliqués font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s protéines<br />

responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance cellu<strong>la</strong>ire aux drogues (multi Drug Resistant proteins). Dans<br />

<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cellules, les protéines <strong>de</strong> ce groupe empêchent en effet l’accumu<strong>la</strong>tion<br />

cellu<strong>la</strong>ire notamment <strong>de</strong> médicaments anti-cancéreux en favorisant leur diffusion<br />

membranaire. Dans les hépatocytes on trouve <strong>de</strong>s protéines MDR sur l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

membrane p<strong>la</strong>smique. Parmi celles qui ont une localisation canalicu<strong>la</strong>ire une isoforme, <strong>la</strong><br />

MPD2, est le transporteur <strong>de</strong> plusieurs anions type bilirubine conjuguée. Une autre<br />

protéine apparentée est spécifique pour <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong>s sels biliaires. A noter qu’une<br />

autre protéine MDR <strong>la</strong> MDR3 ou flippase joue un rôle important en conditionnant <strong>la</strong><br />

sécrétion <strong>de</strong> phospholopi<strong>de</strong>s qui empêche les sels biliaires d’être toxiques pour les<br />

membranes.<br />

1 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine biliaire est sous forme non conjuguée. On ne sait pas si ce<strong>la</strong> est du à un<br />

transport passif canalicu<strong>la</strong>ire ou à l’action <strong>de</strong> β glycuronidases hydrolysant, dans les voies<br />

biliaires, une faible part <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine conjuguée.<br />

2.4. Métabolisme intestinal <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine conjuguée<br />

Arrivée dans l’intestin avec <strong>la</strong> bile, <strong>la</strong> bilirubine conjuguée peut être déconjuguée et<br />

partiellement réabsorbée sous forme non conjuguée, mais l’importance <strong>de</strong> cette voie est minime.<br />

La plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine est transformée par les bactéries en urobilinogènes éliminés<br />

avec les matières fécales pour l’essentiel. Une faible partie <strong>de</strong>s urobilinogènes est réabsorbée et<br />

éliminée par voie urinaire.<br />

3. Physiopathologie <strong>de</strong>s ictères<br />

3.1. L’ictère à bilirubine libre<br />

Il peut être dû<br />

A une hyperproduction <strong>de</strong> bilirubine (en général hémolyse)<br />

A un défaut <strong>de</strong> captation hépatocytaire (rare)<br />

A un déficit en glycuromyl transferase.<br />

Le bi<strong>la</strong>n hépatique est en principe normal<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 3


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

3.2. L'ictère à bilirubine conjuguée ou mixte<br />

peut se voir dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies hépatobiliaires avec <strong>de</strong>ux aspects schématiques :<br />

<strong>Ictères</strong> liés à une atteinte diffuse <strong>de</strong> l’hépatocyte (parfois appelés ictères cytolytiques). Il<br />

existe alors <strong>de</strong>s anomalies multiples du métabolisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine (captation,<br />

conjugaison, transport). L’hyperbilirubinémie est souvent mixte. Le bi<strong>la</strong>n hépatique est<br />

perturbé avec ou sans insuffisance hépatocellu<strong>la</strong>ire. Il n’y a pas d’élévation<br />

prépondérante ou marquée <strong>de</strong>s phosphatases alcalines ou <strong>de</strong>s γ GT. Le contexte clinique<br />

confirme généralement l’origine parenchymateuse. Sauf en cas <strong>de</strong> discordance,<br />

l’imagerie <strong>de</strong>s voies biliaires n’est pas d’emblée nécessaire.<br />

<strong>Ictères</strong> cholestatiques. Ce sont <strong>de</strong>s ictères à bilirubine conjuguée dus à un<br />

dysfonctionnement <strong>de</strong> l’appareil biliaire pouvant inclure <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane<br />

canicu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’hépatocyte, <strong>de</strong>s fines voies biliaires intra hépatiques ou <strong>de</strong>s voies biliaires<br />

plus importantes intra ou extra hépatiques. Au moins initialement, l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s<br />

constituants <strong>de</strong> <strong>la</strong> bile en amont était normale.<br />

3.3. Les causes <strong>de</strong>s ictères cholestatiques<br />

Tableau 1<br />

Sur le p<strong>la</strong>n biologique, il existe une élévation marquée <strong>de</strong>s phosphatases alcalines et,<br />

généralement, <strong>de</strong>s γ GT. Le taux <strong>de</strong>s transaminases dépend <strong>de</strong> l’étiologie. L’évolution en cas <strong>de</strong><br />

cholestase chronique se fait vers <strong>la</strong> constitution d’une cirrhose.<br />

3.4. Remarques<br />

Quelle que soit <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase, il y a donc <strong>de</strong>s anomalies hépatocytaires dues à<br />

l’accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> bile sur <strong>la</strong> membrane hépatocytaire. La biopsie hépatique ne permettra pas <strong>de</strong><br />

distinguer avec certitu<strong>de</strong> une cholestase intra hépatique d’une cholestase par obstruction <strong>de</strong>s<br />

voies biliaires. Ceci explique aussi le risque d’évolution cirrhogène.<br />

Le problème diagnostique est <strong>de</strong> reconnaître les obstacles qui peuvent être traités par endoscopie<br />

ou chirurgie. L’imagerie (non invasive) <strong>de</strong>s voies biliaires joue un rôle central dans l’orientation<br />

diagnostique.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 4


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

L’insuffisance <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong>s sels biliaires quelle que soit sa physiopathologie va entraîner<br />

une ma<strong>la</strong>bsorption <strong>de</strong>s graisses. Cependant, celle-ci est surtout importante au cours <strong>de</strong>s<br />

cholestases chroniques où elle doit être compensée.<br />

4. <strong>Ictères</strong> à bilirubine libre <strong>de</strong> l’adulte<br />

La rétention porte sur <strong>la</strong> bilirubine néoformée encore appelée bilirubine libre ou bilirubine non<br />

conjuguée.<br />

Ces ictères sont cliniquement caractérisés par l’absence d’hypercoloration <strong>de</strong>s urines puisque <strong>la</strong><br />

bilirubine libre n’a pas d’élimination rénale significative. Il n’y a pas non plus en général <strong>de</strong><br />

décoloration <strong>de</strong>s selles.<br />

4.1. <strong>Ictères</strong> hémolytiques<br />

L’importance <strong>de</strong> l’ictère est très variable en fonction <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> l’hémolyse.<br />

• L’exploration comporte <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s signes habituels d’hémolyse : anémie, sidérémie<br />

augmentée. Eventuellement diminution du taux d’haptoglobine. Taux <strong>de</strong> réticulocytes<br />

augmenté. L’examen clinique complété par une échographie précise les dimensions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rate.<br />

• Dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas, le bi<strong>la</strong>n biologique hépatique est normal . Une surcharge<br />

hépatique en fer peut cependant se produire en cas d’hémolyse importante avec<br />

transfusions répétées conduisant à une hémochromatose secondaire. La surcharge en fer<br />

est évaluée à partir du dosage <strong>de</strong> ferritine sérique, <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure du fer hépatique par IRM<br />

<strong>la</strong>quelle tend à remp<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> mesure directe sur biopsie hépatique. Cette surcharge peut<br />

conduite à un tableau <strong>de</strong> cirrhose.<br />

• Le diagnostic étiologique repose d’abord sur l’interrogatoire à <strong>la</strong> recherche d’antécé<strong>de</strong>nts<br />

familiaux, <strong>de</strong>s circonstances <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> l’ictère, <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts chirurgicaux<br />

(prothèses valvu<strong>la</strong>ires). Le bi<strong>la</strong>n biologique étiologique (électrophorèse <strong>de</strong><br />

l’hémoglobine, test <strong>de</strong> Coombs, dosage <strong>de</strong>s enzymes érythrocytaires, résistance<br />

globu<strong>la</strong>ire) ne sera pas détaillé ici (voir le chapitre diagnostic <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies<br />

hémolytiques).<br />

Dans les hémolyses chroniques l’apparition d’une lithiase pigmentaire est fréquemment observée<br />

avec les mêmes risques <strong>de</strong> complications que dans <strong>la</strong> lithiase biliaire en général incluant <strong>de</strong>s<br />

accès d’angiocholite ou une cholestase en cas <strong>de</strong> migration cholédocienne, ce qui modifie<br />

évi<strong>de</strong>mment le tableau clinique et biologique. Un cas particulier est celui <strong>de</strong> l’hémolyse<br />

survenant au cours d’une cirrhose qui est en général déjà cliniquement évi<strong>de</strong>nte (voir plus loin).<br />

4.2. Ictère <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gilbert<br />

Il s’agit généralement d’un ictère peu intense. La bilirubinémie est inférieure à 100 µ moles/l et<br />

généralement entre 25 et 50 µ moles (16 à 30 mg) et forme non conjuguée.<br />

Du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> faible intensité <strong>de</strong> l’ictère, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gilbert est parfois découverte au décours<br />

d’une hépatite virale aiguë où l’on constate que <strong>la</strong> bilirubinémie libre ne revient pas à <strong>la</strong> normale<br />

au contraire <strong>de</strong>s autres tests hépatiques. Des fluctuations <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubinémie sont généralement<br />

observées : un jeune prolongé peut entraîner une augmentation <strong>de</strong> 2 à 3 fois <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine.<br />

L’administration IV <strong>de</strong> 50 mg d’aci<strong>de</strong> nicotinique a le même effet. Une hémolyse discrète peut<br />

contribuer à l’hyperbilirubinémie.<br />

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<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

A noter une diminution <strong>de</strong> l’élimination du paracétamol alors que d’autres drogues glycuro<br />

conjuguées avant élimination (dérivés <strong>de</strong>s benzodiazépines) ne sont pas affectées. Aucune<br />

conséquence clinique rattachable à ces éventuels troubles du métabolisme <strong>de</strong>s médicaments n’a<br />

été rapportée.<br />

Il n’existe pas d’autre signe clinique que le sub ictère attribuable avec certitu<strong>de</strong> à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong><br />

Gilbert. Hormis l’hyperbilirubinémie il n’y a pas d’anomalie <strong>de</strong>s tests fonctionnels hépatiques.<br />

L’administration d’inducteurs enzymatiques réduit l’ictère. Aucun traitement cependant ne doit<br />

être prescrit pour cette anomalie sans signe clinique et sans risque ce complication.<br />

Epidémiologie et mécanisme<br />

Il s’agit d’une anomalie génétique autosomique récessive liée à une mutation du promoteur du<br />

gène <strong>de</strong> <strong>la</strong> glycuronyl transférase entraînant une diminution <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’enzyme. Seuls <strong>la</strong><br />

moitié environ <strong>de</strong>s homozygotes pour l’anomalie présentent le phénotype ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gilbert (5 à<br />

6 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion).<br />

Pour <strong>de</strong>s raisons inconnues, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gilbert est plus fréquente dans le sexe masculin.<br />

4.3. Autres causes d’hyperbilirubinémie libre<br />

• Hématomes :1 litre <strong>de</strong> sang produira 5 g <strong>de</strong> bilirubine donc près <strong>de</strong> 20 fois <strong>la</strong> production<br />

journalière normale.<br />

• Dysérythropoïèses :L’ictère n’est pas en général au premier p<strong>la</strong>n du tableau clinique<br />

dominé par l’existence d’une anémie. Il s’explique par <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s globules<br />

rouges immatures dans <strong>la</strong> moelle osseuse ou <strong>la</strong> rate.<br />

• Réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> captation hépatocytaire :Elle représente un <strong>de</strong>s mécanismes impliqués<br />

dans l’ictère physiologique néonatal (voir plus loin). Une inhibition compétitive <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

captation hépatique <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine par différentes drogues (Rifampicine, novobiocine,<br />

bunamiodyl, aci<strong>de</strong> f<strong>la</strong>vaspidique et probeneci<strong>de</strong>) a été observée et peut éventuellement<br />

entraîner un ictère à bilirubine libre qui disparaît dès l’arrêt du médicament.<br />

5. <strong>Ictères</strong> à bilirubine conjuguée<br />

Cliniquement ce groupe est facilement reconnu pour l’association ictère, urines foncées, selles<br />

décolorées.<br />

Comme déjà dit le principal problème est <strong>de</strong> reconnaître une obstruction biliaire curable par<br />

traitement endoscopique ou chirurgical et dans tous les cas, si l’hypothèse d’une obstruction<br />

n’est pas éliminée, l’exploration <strong>de</strong>s voies biliaires par imagerie est souhaitable.<br />

5.1. Anomalies héréditaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion biliaire<br />

5.1.1. Hyperbilirubinémie conjuguée sans autre signe clinique<br />

ou biologique <strong>de</strong> cholestase.<br />

Le diagnostic le plus probable est celui <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Dubin Johnson, ma<strong>la</strong>die héréditaire<br />

autosomique récessive. Il s’agit d’une anomalie génétique très rare. La fréquence <strong>la</strong> plus élevée<br />

(1/300) a été observées chez les persans juifs mais toutes les ethnies peuvent être atteintes. Le<br />

syndrome est du à diverses mutations affectant le gène <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine MRP2 responsable du<br />

transport canalicu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine conjuguée.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 6


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Sur le p<strong>la</strong>n clinique, l’ictère fluctuant est présent dès <strong>la</strong> naissance mais n’est découvert qu’après<br />

l’âge <strong>de</strong> 20 ans dans 50 % <strong>de</strong>s cas. La bilirubine p<strong>la</strong>smatique (> 70 % <strong>de</strong> conjuguée) est<br />

généralement autour <strong>de</strong> 50 mg/l (86 µmol) mais exceptionnellement peut être très élevée.<br />

Il n’existe pas d’autre signe clinique.<br />

Le diagnostic est confirmé par<br />

Transaminases, γ GT, phosphatases alcalines normales.<br />

Test à <strong>la</strong> BSP montrant une élimination normale pendant 45 mn mais une remontée <strong>de</strong>s<br />

taux sériques 60 et 90 mn après injection.<br />

Voies biliaires normales en échographie ou imagerie RMN.<br />

Mise en évi<strong>de</strong>nce d’une pigmentation noire du foie en <strong>la</strong>paroscopie.<br />

Une analyse génétique n’est pas encore <strong>de</strong> pratique courante.<br />

La ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Dubin Johnson n’entraîne pas <strong>de</strong> complication. On peut noter seulement le risque<br />

d’augmentation <strong>de</strong> l’ictère lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> médicaments cholestatiques. Chez <strong>la</strong> femme les<br />

contraceptifs oraux et <strong>la</strong> grossesse peuvent accentuer l’ictère.<br />

Apparentés au Syndrome <strong>de</strong> Dubin Johnson sont <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Rotor et <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die du stokage.<br />

Le taux <strong>de</strong> bilirubine sérique (60 – 70 % <strong>de</strong> bilirubine conjuguée) est élevé mais il n’y a pas <strong>de</strong><br />

pigmentation hépatique et l’excrétion <strong>de</strong> <strong>la</strong> BSP est retardée mais sans remontée tardive.<br />

L’anomalie génétique responsable <strong>de</strong> ces syndromes n’a pas encore été i<strong>de</strong>ntifiée.<br />

5.1.2. <strong>Ictères</strong> en re<strong>la</strong>tion avec un déficit congénital du transport<br />

canalicu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s sels biliaire ou <strong>de</strong>s phospholipi<strong>de</strong>s.<br />

Comme vu plus haut dans cette situation l’effet détergent <strong>de</strong>s sels biliaires accumulés entraîne<br />

<strong>de</strong>s lésions cellu<strong>la</strong>ires (hépatocytes et petits canaux biliaires) responsables d’une cholestase avec<br />

ictère en général peu intense mais éventuellement cirrhogène.<br />

Les problèmes diagnostiques se posent dans l’enfance ou chez l’adulte très jeune.<br />

(voir ictères <strong>de</strong> l’enfant). Il s’agit <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies très rares.<br />

5.2. <strong>Ictères</strong> cholestatiques<br />

5.2.1. Signes en faveur d’une cholestase<br />

Aucun signe clinique n’est constamment présent :<br />

• L’ictère associé à une hyper coloration <strong>de</strong>s urines (bilirubine conjuguée) peut ne survenir<br />

qu’après une durée d’évolution très longue (cirrhose biliaire primitive) ou être le premier<br />

signe révé<strong>la</strong>teur.<br />

Le prurit est présent chez 20 à 50 % <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ictériques mais peut précé<strong>de</strong>r l’ictère. Il<br />

est attribué à <strong>la</strong> rétention <strong>de</strong>s sels biliaires dans le sérum ou dans <strong>la</strong> peau mais ce n’est pas<br />

établi avec certitu<strong>de</strong>. En cas <strong>de</strong> cholestase incomplète, il peut être diminué par<br />

l’administration <strong>de</strong> cholestyramine ché<strong>la</strong>teur <strong>de</strong>s sels biliaires qui empêche <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion<br />

entérohépatique <strong>de</strong>s sels biliaires.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n biologique on observe une élévation <strong>de</strong>s phosphatases alcalines et<br />

généralement <strong>de</strong> <strong>la</strong> γ GT. Il existe souvent une élévation du cholestérol libre sérique qui<br />

s’accumule dans le p<strong>la</strong>sma en formant avec les phospholipi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s structures proches <strong>de</strong>s<br />

liposomes (lipoproteine X).<br />

o Dans les cholestases très prolongés, on peut observer une augmentation du<br />

stockage <strong>de</strong> cuivre pouvant exceptionnellement entraîner <strong>la</strong> formation d’un<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 7


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

anneau <strong>de</strong> Kayser Fleisher. Mais au contraire <strong>de</strong> ce qui se voit dans <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong><br />

Wilson, coerulop<strong>la</strong>sminémie et cuprémie sont normales ou augmentées.<br />

o Enfin, <strong>la</strong> cholestase entraîne une pathologie liée à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>bsorption <strong>de</strong>s graisses :<br />

Amaigrissement<br />

Ostéoma<strong>la</strong>cie par ma<strong>la</strong>bsorption <strong>de</strong> vitamine D<br />

Ostéoporose dont le mécanisme <strong>de</strong> production n’est pas connu<br />

Déficit en vitamine A pouvant entraîner une héméralopie<br />

Déficit en vitamine E avec risque <strong>de</strong> troubles neurologiques chez l’enfant<br />

Déficit en vitamine K responsable d’une diminution du taux <strong>de</strong><br />

prothrombine alors que le taux <strong>de</strong> facteur V est normal.<br />

5.2.2. Conduite diagnostique<br />

L’interrogatoire et l’examen clinique emmènent <strong>de</strong>s éléments essentiels pour l’orientation<br />

clinique.<br />

Sont en faveur d’une étiologie intra hépatique :<br />

Un syndrome pseudo-grippal au début,<br />

La présence <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> risque d’hépatite,<br />

La notion <strong>de</strong> prise médicamenteuse,<br />

Un alcoolisme chronique,<br />

Des signes d’hépatopathie chronique.<br />

Sont en faveur d’une obstruction biliaire :<br />

L’existence <strong>de</strong> douleurs abdominales<br />

Des signes d’angiocholite même si <strong>la</strong> symptomatologie typique douleur fièvre (frisson)<br />

ictère n’est pas complète.<br />

Des troubles récents <strong>de</strong> l’état général,<br />

Des antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> chirurgie biliaire,<br />

La présence d’une vésicule palpable.<br />

Le diagnostic clinique <strong>de</strong> l’existence ou non <strong>de</strong> cholestase obstructive curable par chirurgie ou<br />

drainage radiologique ou endoscopie doit être confirmé par une imagerie biliaire <strong>de</strong> préférence<br />

par métho<strong>de</strong> non invasive.<br />

Les examens qui peuvent être utilisée pour diagnostiquer une obstruction <strong>de</strong>s voies biliaires sont<br />

<strong>de</strong>venus très performants.<br />

5.2.2.1. Echographie<br />

Cet examen est le complément direct <strong>de</strong> l’examen clinique. Il doit se faire après 7 heures au<br />

moins <strong>de</strong> jeûne pour permettre une interprétation <strong>de</strong> l’image vésicu<strong>la</strong>ire. L’interprétation peut<br />

être difficile en cas d’obésité, d’antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> chirurgie biliaire.<br />

La vésicule normale est généralement facile à voir. Sa paroi normale ne dépasse pas 3 mm. La<br />

sensibilité pour le diagnostic <strong>de</strong> lithiase biliaire est fait dans 95 % <strong>de</strong>s cas.<br />

La voie biliaire principale est normalement bien visible. Son diamètre augmente avec l’âge (1<br />

mm par décennie après 50 ans). Dans l’ensemble un diamètre jusqu’à 7 mm est un calibre<br />

sûrement normal.<br />

Les voies biliaires intra hépatiques normales ne sont pas habituellement visualisées par<br />

l’échographie. En cas <strong>de</strong> di<strong>la</strong>tation visible le diagnostic d’obstruction est pratiquement certain.<br />

La sensibilité <strong>de</strong> l’échographie pour le diagnostic <strong>de</strong> lithiase du cholédoque est <strong>de</strong> 40 à 70 % <strong>de</strong>s<br />

cas. Une absence <strong>de</strong> di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies biliaires n’élimine pas le diagnostic <strong>de</strong> lithiase. Par<br />

ailleurs, <strong>la</strong> di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies biliaires peut manquer au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 8


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong>s voies biliaires, l’échographie est un bon examen dans le cadre <strong>de</strong><br />

l’exploration <strong>de</strong>s ictères pour <strong>la</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> tumeurs hépatiques, d’hypertension portale<br />

et <strong>de</strong> tumeur pancréatique.<br />

5.2.2.2. Tomo<strong>de</strong>nsitométrie<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong> l’exploration <strong>de</strong>s voies biliaires, les résultats sont proches <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong><br />

l’échographie. L’intérêt du scanner est <strong>de</strong> permettre une meilleur exploration <strong>de</strong>s tumeurs<br />

hépatiques et pancréatiques et <strong>de</strong> leur vascu<strong>la</strong>risation après injection d’io<strong>de</strong> (si <strong>la</strong> fonction rénale<br />

le permet après contrôle <strong>de</strong> créatininémie).<br />

5.2.2.3. Cho<strong>la</strong>ngiographie IRM<br />

Cette métho<strong>de</strong> non invasive permet d’obtenir une image <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’arbre biliaire et<br />

également <strong>de</strong>s canaux pancréatiques. Il existe cependant un certain nombre <strong>de</strong> contre indications<br />

à son emploi : Présence d’un stimu<strong>la</strong>teur cardiaque, clips métalliques cérébraux, débris<br />

métalliques intra ocu<strong>la</strong>ires, quelques rares prothèses valvu<strong>la</strong>ires très anciennes. Par contre, les<br />

clips intra abdominaux ou l’existence <strong>de</strong> prothèses métalliques osseuses n’empêchent pas son<br />

utilisation.<br />

La cho<strong>la</strong>ngiographie IRM est encore en évaluation et certainement améliorable. Sa sensibilité<br />

pour le diagnostic <strong>de</strong> lithiase vésicu<strong>la</strong>ire est comparable à celle <strong>de</strong> l’échographie. Elle montre<br />

bien les calculs ou les corps étrangers <strong>de</strong> plus d’1 à 2 mm <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire principale. Ses<br />

possibilités <strong>de</strong> diagnostic dans <strong>la</strong> pathologie biliaire au niveau du hile hépatique et dans les<br />

atteintes <strong>de</strong>s voies intra hépatiques comme <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngite sclérosante font que l’utilisation <strong>de</strong><br />

métho<strong>de</strong>s plus invasives dans un but purement diagnostique au cours <strong>de</strong>s ictères cholestatiques<br />

doit <strong>de</strong>venir exceptionnelle.<br />

5.2.2.4. Echo-endoscopie<br />

Elle doit être pratiquée généralement sous anesthésie ou sédation profon<strong>de</strong>. Cet examen est très<br />

performant pour l’exploration <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire principale distale. Au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> région hi<strong>la</strong>ire<br />

les performances sont moins bonnes. C’est une métho<strong>de</strong> très sensible pour le diagnostic <strong>de</strong><br />

lithiase vésicu<strong>la</strong>ire. L’écho-endoscopie permet une bonne exploration <strong>de</strong> <strong>la</strong> région céphalique du<br />

pancréas et une bonne évaluation <strong>de</strong> l’existence d’une hypertension portale. Les performances<br />

dépen<strong>de</strong>nt du matériel utilisé et <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> l’opérateur.<br />

Certain matériels permettent <strong>de</strong> pratiquer <strong>de</strong>s biopsies ou <strong>de</strong>s prélèvements <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> kyste.<br />

Les risques sont ceux d’une endoscopie gastro-duodénale c<strong>la</strong>ssique. Les acci<strong>de</strong>nts graves,<br />

perforation, hémorragie, sont exceptionnels.<br />

5.2.2.5. Opacification <strong>de</strong>s voies biliaires<br />

5.2.2.5.1. Cho<strong>la</strong>ngiographie intra veineuse et<br />

cholécystographie orale<br />

Ne sont pratiquement plus utilisées en général, et n’ont évi<strong>de</strong>mment aucune p<strong>la</strong>ce dans<br />

l’exploration <strong>de</strong>s voies biliaires au cours <strong>de</strong>s cholestases puisque dans cette situation on n’obtient<br />

pas d’image interprétable <strong>de</strong>s voies biliaires. Du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase, l’opacifiant est éliminé par<br />

voie rénale avec le risque d’entraîner une insuffisance rénale.<br />

Deux autres métho<strong>de</strong>s sont utilisables : opacification rétrogra<strong>de</strong> <strong>de</strong>s voies biliaires ou<br />

opacification trans hépatique percutanée, mais compte tenu <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong>s examens<br />

précé<strong>de</strong>nts ne sont utilisés, le plus souvent, qu’à titre thérapeutique.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 9


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

5.2.2.5.2. Cho<strong>la</strong>ngiographie percutanée<br />

Consiste à ponctionner les voies biliaires sous contrôle scopique ou échographique avec 100 %<br />

<strong>de</strong> succès quand les voies biliaires intra hépatiques sont di<strong>la</strong>tées. Les complications (5 % <strong>de</strong>s<br />

cas) sont représentées par l’infection, les hémorragies et les fuites biliaires. L’examen est contre<br />

indiqué en cas d’ascite et <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> coagu<strong>la</strong>tion.<br />

5.2.2.5.3. Cho<strong>la</strong>ngiographie rétrogra<strong>de</strong><br />

Consiste à injecter un produit <strong>de</strong> contraste par un cathéter trans papil<strong>la</strong>ire sous contrôle<br />

endoscopique.<br />

Le taux <strong>de</strong> succès sauf en cas <strong>de</strong> chirurgie duodénale préa<strong>la</strong>ble est supérieur à 90 %. Les<br />

complications (infection pancréatite aiguë perforation en cas <strong>de</strong> sphinctérotomie) surviendraient<br />

dans 1 à 2 % <strong>de</strong>s cas. Elles peuvent être sévères.<br />

Comme dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngiographie percutanée, l’examen n’est fait que lorsque un geste<br />

thérapeutique (sphinctérotomie, mise en p<strong>la</strong>ce d’une prothèse) dans les suites du geste<br />

diagnostique est hautement probable.<br />

5.2.3. Principales étiologies <strong>de</strong>s cholestases<br />

5.2.3.1. Cholestases hépatocytaires<br />

5.2.3.1.1. Hépatites<br />

Un syndrome clinique et biologique <strong>de</strong> cholestase avec transaminases peu élevées peut persister<br />

pendant plusieurs mois au décours d’une hépatite virale aiguë. Le diagnostic est généralement<br />

facile basé sur l’anamnèse et <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s marqueurs sérologiques d’atteinte virale.<br />

La cholestase peut être le signe dominant <strong>de</strong>s hépatites chroniques en particulier <strong>de</strong>s hépatites<br />

auto-immunes. Elle doit faire rechercher une cirrhose biliaire primitive associée (syndrome <strong>de</strong><br />

superposition).<br />

5.2.3.1.2. Cirrhoses<br />

La cholestase peut être au premier p<strong>la</strong>n du tableau clinique <strong>de</strong>s cirrhoses quelle qu’en soit<br />

l’étiologie. L’apparition d’un syndrome biologique <strong>de</strong> cholestase doit faire redouter l’apparition<br />

d’un hépatocarcinome. D’autre part, <strong>la</strong> lithiase biliaire étant fréquente chez les cirrhotiques il est<br />

parfois utile d’éliminer une lithiase du cholédoque (échographie, bili-IRM).<br />

5.2.3.1.3. Cholestases médicamenteuses<br />

La cholestase se développe généralement entre une semaine et <strong>de</strong>ux mois après le début du<br />

traitement responsable mais n’est pas toujours détectée au début. Le retour à <strong>la</strong> normale du bi<strong>la</strong>n<br />

hépatique après arrêt du médicament se fait dans un dé<strong>la</strong>i très variable. Une cholestase peut<br />

persister pendant <strong>de</strong>s mois après prise <strong>de</strong> phenothiazine, imipramine, halopéridol, ajmaline,<br />

tolbutami<strong>de</strong>. Sont également souvent en cause les stéroï<strong>de</strong>s (androgènes, oestrogènes) et les antiinf<strong>la</strong>mmatoires<br />

mais on a décrit <strong>de</strong>s cholestases avec <strong>de</strong>s médicaments <strong>de</strong> toutes c<strong>la</strong>sses<br />

thérapeutiques.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s mécanismes, sont mis en jeu <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> toxicité directe (reproduction<br />

expérimentale possible pour oestrogènes, androgènes, chlopromazine) plus ou moins associés à<br />

<strong>de</strong>s mécanismes immunitaires.<br />

5.2.3.1.4. Granulomatoses hépatiques<br />

Il s’agit <strong>de</strong> lésions dues à <strong>la</strong> localisation hépatique <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies générales et qui ne sont pas<br />

spécifiques d’une étiologie déterminée. Elles peuvent être associées à une cholestase. Le<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 10


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diagnostic est fait par <strong>la</strong> biopsie hépatique qui révèle <strong>de</strong>s formations arrondies comportant un<br />

amas <strong>de</strong> lymphocytes entourant <strong>de</strong>s cellules épithélioï<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong> Langhans.<br />

Les étiologies principales sont infectieuses, Tuberculose, Brucellose, Rickettsiose, rarement<br />

mononucléose infectieuse. Les autres étiologies importantes sont <strong>la</strong> sarcoïdose, l’histop<strong>la</strong>smose,<br />

les parasitoses (schistosomiase, distomatose).<br />

L’évolution dépend <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die causale. Il n’y a pas d’évolution autonome <strong>de</strong>s<br />

lésions hépatiques.<br />

5.2.3.1.5. Alimentation parentérale<br />

25 % <strong>de</strong>s enfants prématurés présentent une cholestase sous alimentation parentérale. Les<br />

facteurs favorisants sont <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> l’alimentation, le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> prématurité, le faible poids et <strong>la</strong><br />

présence <strong>de</strong> causes <strong>de</strong> dysfonction hépatique.<br />

Chez l’adulte, une cholestase biologique apparaît chez 60 % <strong>de</strong>s patients après 3 semaines<br />

d’alimentation parentérale. En général, <strong>la</strong> cholestase régresse à l’arrêt <strong>de</strong>s perfusions. Dans <strong>de</strong><br />

très rares cas, après alimentation parentérale très prolongée une cirrhose peut survenir.<br />

5.2.3.1.6. Cholestase post opératoire<br />

Elle peut apparaître après intervention chirurgicale lour<strong>de</strong>. Les transaminases sont normales ou<br />

peu élevées. Jouent probablement un rôle une ischémie hépatique, une insuffisance cardiaque,<br />

une atteinte pancréatique, un sepsis ou une alimentation parentérale. L’ictère est majoré par<br />

l’hémolyse post transfusionnelle.<br />

5.2.3.1.7. Cholestase <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong> surcharge<br />

5.2.3.1.7.1. Amylose :<br />

Dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas d’amylose il existe <strong>de</strong>s dépôts dits amyloï<strong>de</strong>s dans le foie. Dans 70 % <strong>de</strong><br />

ces cas, il existe un syndrome biologique <strong>de</strong> cholestase et dans 5 % <strong>de</strong>s cas un ictère.<br />

5.2.3.1.7.2. Protoporphyrie :<br />

Cette ma<strong>la</strong>die génétique rare (2 pour 100 000 habitants) est due à un déficit en ferrocho<strong>la</strong>tase<br />

l’enzyme qui intervient dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière étape <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong> l’hème. Il existe une<br />

photosensibilité souvent modérée. L’accumu<strong>la</strong>tion du pigment dans le foie entraîne une<br />

cholestase mais l’ictère est tardif annonçant une insuffisance hépatique terminale.<br />

Dans 15 à 20 % <strong>de</strong>s cas il y a une lithiase par précipitation du pigment dans <strong>la</strong> bile. La biopsie<br />

hépatique montre <strong>de</strong>s dépôts ressemb<strong>la</strong>nt à <strong>de</strong>s thrombi biliaires mais i<strong>de</strong>ntifiables en lumière<br />

po<strong>la</strong>risée.<br />

5.2.3.1.8. Déficit en alpha 1 anti-trypsine<br />

La cholestase est le signe prédominant chez le nouveau né atteint <strong>de</strong> déficit homozygote ZZ<br />

avec atteinte hépatique. Chez l’adulte le déficit est découvert <strong>de</strong>vant une cirrhose mais <strong>la</strong><br />

cholestase n’est pas alors le signe dominant.<br />

5.2.3.2. Ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong>s voies biliaires intra-hépatiques<br />

Dans ce groupe, nous envisageons les affections où il existe <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong>s voies biliaires<br />

interlobu<strong>la</strong>ires associées ou non à d’autres anomalies et donc à priori peu influencées par <strong>de</strong>s<br />

interventions <strong>de</strong> drainage.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 11


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5.2.3.2.1. Cirrhose biliaire primitive<br />

Affection caractérisée par <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction progressive <strong>de</strong>s canaux biliaires interlobu<strong>la</strong>ires<br />

probablement d’origine auto-immune.<br />

Il en résulte une cholestase d’instal<strong>la</strong>tion progressive dont le premier signe clinique est un prurit<br />

important qui peut précé<strong>de</strong>r l’ictère <strong>de</strong> plusieurs mois.<br />

L’affection est caractérisée par sa plus gran<strong>de</strong> fréquence chez <strong>la</strong> femme que chez l’homme (9/1)<br />

et <strong>la</strong> présence dans le sérum d’anticorps anti-mitochondries (95 % <strong>de</strong>s cas).<br />

La biopsie hépatique à un sta<strong>de</strong> assez précoce montre une infiltration mononucléée <strong>de</strong>s espaces<br />

portes pouvant réaliser un véritable granulome avec cellules épithélioï<strong>de</strong>s au voisinage ou en<br />

p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> canaux biliaires partiellement détruits.<br />

L’apparition <strong>de</strong> l’ictère au cours <strong>de</strong> l’affection a une gran<strong>de</strong> valeur pronostique. Une<br />

bilirubinémie supérieure à 100 µmoles contribue à définir le sta<strong>de</strong> où une transp<strong>la</strong>ntation<br />

hépatique doit être envisagée.<br />

Certaines formes <strong>de</strong> cho<strong>la</strong>ngites auto-immunes se développent sans anticorps anti-mitochondries<br />

sériques mais ont une évolution superposable à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> cirrhose biliaire primitive.<br />

5.2.3.2.2. Cho<strong>la</strong>ngite sclérosante primitive<br />

Inf<strong>la</strong>mmation et fibrose atteignant <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> l’arbre biliaire entraînant <strong>de</strong>s sténoses multiples<br />

<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s voies biliaires intra et extra hépatiques évoluant vers <strong>la</strong> cirrhose.<br />

L’étiologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die est inconnue. Elle est associée dans 75 % <strong>de</strong>s cas à une pancolite<br />

inf<strong>la</strong>mmatoire (ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Crohn ou rectocolite hémorragique) précédant <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngite dans <strong>la</strong><br />

plupart <strong>de</strong>s cas. Parfois peu symptomatique, cette colite n’est parfois découverte que par bi<strong>la</strong>n<br />

systématique. Quelques cas familiaux ont été rapportés et <strong>de</strong>s profils HLA particuliers (variables<br />

selon l’origine <strong>de</strong>s patients) sont plus fréquents chez les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s que chez les témoins,<br />

particulièrement HLAB8 et DR3 souvent associés aux ma<strong>la</strong>dies auto-immunes. Au contraire <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> cirrhose biliaire primitive, <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngite sclérosante primitive serait un peu plus fréquente<br />

chez l’homme (60 %) que chez <strong>la</strong> femme (40 %).<br />

Les signes cliniques sont ceux d’une cholestase progressive avec asthénie et prurit au début. Il<br />

peut y avoir <strong>de</strong>s accès d’angiocholite mais il s’agit plutôt d’un signe révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> complication<br />

(lithiase biliaire ou cho<strong>la</strong>ngiocarcinome). L’ictère chronique peut survenir après une ou plusieurs<br />

années d’évolution.<br />

Le diagnostic est possible par <strong>la</strong> biopsie hépatique qui peut montrer un aspect <strong>de</strong> cho<strong>la</strong>ngite<br />

oblitérante non suppurée avec fibrose péricana<strong>la</strong>ire (autrefois appelée péricho<strong>la</strong>ngite) mais les<br />

lésions typiques ne sont pas toujours présentes et le diagnostic est difficile aux sta<strong>de</strong>s avancés <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s initiaux le diagnostic est porté par l’imagerie <strong>de</strong>s voies biliaires<br />

et particulièrement <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngiographie IRM qui évite généralement l’exploration par<br />

cathétérisme rétrogra<strong>de</strong>. Elle révèle <strong>de</strong>s sténoses irrégulièrement réparties sur les voies biliaires<br />

intra et extra hépatiques séparant <strong>de</strong>s segments apparemment normaux ou irrégulièrement<br />

di<strong>la</strong>tées.<br />

Evolution :<br />

Elle se fait vers l’apparition d’une cirrhose sans être influencée par le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> colite<br />

éventuellement associée. Un risque particulier est le risque <strong>de</strong> cho<strong>la</strong>ngiocarcinome présent à<br />

l’autopsie chez près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong> cho<strong>la</strong>ngite sclérosante primitive. Enfin<br />

l’évolution est compliquée par l’existence <strong>de</strong> complications infectieuses par angiocholite<br />

associée souvent à une lithiase biliaire.<br />

Le traitement <strong>de</strong>s complications est symptomatique quand il est possible. Il paraît souhaitable<br />

d’éviter les interventions endoscopiques et surtout chirurgicales palliatives sur les voies biliaires<br />

dans <strong>la</strong> mesure où elles pourraient compliquer <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation hépatique seul traitement<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 12


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efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. Après transp<strong>la</strong>ntation, <strong>la</strong> survie à 5 ans est <strong>la</strong> même que dans d’autres<br />

groupes <strong>de</strong> transp<strong>la</strong>ntés mais <strong>de</strong>s récidives tardives sont possibles.<br />

Atteintes congénitales : ce sont <strong>de</strong>s affections <strong>de</strong> l’enfant (voir plus loin). Rarement <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die<br />

d’A<strong>la</strong>gille peut être découverte chez l’adulte jeune.<br />

5.2.3.2.3. Cholestases liées à une infiltration tumorale<br />

hépatique<br />

Une cholestase anictérique peut être révé<strong>la</strong>trice <strong>de</strong> métastases hépatiques ou<br />

d’hépatocarcinome<br />

30 % <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ayant un lymphome évolué ont une cholestase en général par<br />

infiltration tumorale hépatique. Parfois <strong>la</strong> cholestase précè<strong>de</strong> les lésions lymphomateuses.<br />

5.2.3.3. Cholestase avec atteinte <strong>de</strong>s importantes voies biliaires<br />

5.2.3.3.1. Etiologies non tumorales<br />

Assez souvent <strong>la</strong> cholestase est variable et se manifeste lors <strong>de</strong> poussées d’angiocholites<br />

fréquentes en cas d’obstruction incomplète <strong>de</strong>s voies biliaires.<br />

5.2.3.3.1.1. Calculs <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire principale (voir<br />

question lithiase biliaire) :<br />

Ils représentent <strong>la</strong> cause <strong>la</strong> plus fréquente <strong>de</strong>s étiologies non tumorales <strong>de</strong>s cholestases et sont le<br />

plus souvent en rapport avec <strong>la</strong> lithiase biliaire commune. Environ 10 % <strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong> lithiase<br />

vésicu<strong>la</strong>ire ont <strong>de</strong>s calculs cholédociens. Dans <strong>la</strong> forme comme il est rare mais possible d’avoir<br />

un calcul cholédocien sans lithiase vésicu<strong>la</strong>ire déce<strong>la</strong>ble sans doute parce que <strong>la</strong> migration<br />

concerne un calcul unique. Après cholécystectomie pour lithiase on trouve à peu près le même<br />

pourcentage <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong> lithiase <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire. Ceci est du en gran<strong>de</strong> partie au risque <strong>de</strong><br />

récidive tardive post opératoire. Certain <strong>de</strong> ces calculs restent sans doute longtemps<br />

asymptomatiques. Les complications principales sont l’angiocholite et <strong>la</strong> pancréatite aiguë. Les<br />

accès répétés d’angiocholite, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s risques infectieux, favorisent <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> calculs<br />

additionnels pigmentaires.<br />

Rarement les calculs <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire principale se traduisent par un ictère nu pseudo<br />

néop<strong>la</strong>sique.<br />

Rarement, les calculs peuvent être intra hépatiques avec ou sans lithiase du cholédoque. Ils sont<br />

souvent liés alors à <strong>de</strong>s angiocholites à répétition liées à <strong>de</strong>s anomalies congénitales, <strong>de</strong>s<br />

parasitoses ou <strong>de</strong>s séquelles post chirurgie biliaire.<br />

La voie biliaire n’étant pas di<strong>la</strong>tée dans plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s cas, le diagnostic échographique est<br />

difficile. Les examens les plus performants sont <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngiographie IRM et l’écho-endoscopie.<br />

5.2.3.3.1.2. Sténoses bénignes <strong>de</strong>s voies biliaires :<br />

Ce sont le plus souvent <strong>de</strong>s complications <strong>de</strong> <strong>la</strong> chirurgie biliaire : p<strong>la</strong>ie du cholédoque qui passe<br />

inaperçue en per opératoire dans 15 % <strong>de</strong>s cas, suites compliquées d’anastomoses biliodigestives.<br />

Le diagnostic est fait habituellement sur l’existence <strong>de</strong> crises d’angiocholite. Certaines bactéries<br />

hydrolysent <strong>la</strong> bilirubine conjuguée en bilirubine libre peu soluble qui précipite sous forme<br />

souvent <strong>de</strong> sels <strong>de</strong> calcium. Les crises répétées entraînent donc <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> calculs<br />

pigmentaires.<br />

En cas d’interruption complète du flux biliaire on observe un ictère nu cholestatique parfois<br />

précédé par une fistule biliaire si <strong>la</strong> sténose est secondaire à une p<strong>la</strong>ie.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 13


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Le diagnostic est fait par <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngiographie IRM. L’ERCP ou <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngiographie trans<br />

hépatique peuvent être nécessaires pour une <strong>de</strong>scription précise <strong>de</strong>s lésions. Le traitement est<br />

généralement chirurgical.<br />

5.2.3.3.1.3. Anomalies congénitales <strong>de</strong>s voies<br />

biliaires :<br />

• Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Caroli ou di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies biliaires intra hépatiques : Affection<br />

congénitale rare apparentée à <strong>la</strong> fibrose hépatique congénitale. Elle n’est souvent<br />

reconnue que chez l’adulte à l’occasion d’épiso<strong>de</strong>s d’angiocholite avec lithiase biliaire<br />

secondaire. Le diagnostic est suspecté à l’échographie et confirmé par <strong>la</strong> cho<strong>la</strong>ngio IRM.<br />

En général les lésions sont diffuses mais peuvent être localisées à un lobe permettant<br />

alors une exérèse justifiée par les épiso<strong>de</strong>s infectieux à répétition et le risque <strong>de</strong><br />

dégénérescence.<br />

• Kystes du cholédoque :Ils sont associés à une malformation <strong>de</strong> <strong>la</strong> jonction <strong>de</strong>s canaux<br />

bilio pancréatiques avec présence <strong>de</strong> suc pancréatique dans <strong>la</strong> bile. Ils sont révélés par <strong>de</strong>s<br />

épiso<strong>de</strong>s d’angiocholite avec cholestase. Ils peuvent être volumineux avec masse<br />

palpable à l’examen clinique. Le diagnostic est fait par échographie et cho<strong>la</strong>ngio IRM. Le<br />

traitement est chirurgical à cause du risque <strong>de</strong> dégénérescence.<br />

5.2.3.3.1.4. Parasitoses <strong>de</strong>s voies biliaires :<br />

Ascaridiose, distomatose, migration <strong>de</strong> vésicules hydatiques entraînent une symptomatologie <strong>de</strong><br />

calculs <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire.<br />

5.2.3.3.1.5. Oddites :<br />

Il s’agit <strong>de</strong> sténoses bénignes du sphincter d’oddi responsable éventuellement <strong>de</strong> cholestase,<br />

angiocholite ou pancréatite aiguë. Des cas indiscutables ont été observés après transp<strong>la</strong>ntation<br />

hépatique. Le diagnostic est difficile, basé sur <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> pression pas toujours reproductible et<br />

sur l’existence d’un retard <strong>de</strong> l’élimination biliaire à <strong>la</strong> scintigraphie biliaire.<br />

Le souci étant <strong>de</strong> ne pas reconnaître une tumeur papil<strong>la</strong>ire, l’écho-endoscopie avec biopsies, une<br />

sphinctérotomie suivie d’une exploration cholédocienne sont justifiées quand il existe plusieurs<br />

éléments évocateur <strong>de</strong> sténose papil<strong>la</strong>ire.<br />

5.2.3.3.2. Etiologies tumorales<br />

Contrairement à ce que l’on a vu pour les causes non tumorales <strong>de</strong> cholestase, <strong>la</strong><br />

symptomatologie est plus souvent celle d’un ictère nu, précédé ou accompagné par un prurit avec<br />

une évolution progressive.<br />

Cependant 30 à 50 % <strong>de</strong>s ampullomes vatériens sont responsables <strong>de</strong> cholestase avec accès<br />

d’angiocholite.<br />

Compte tenu <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> l’imagerie le diagnostic <strong>de</strong> cancer du pancréas, carcinome <strong>de</strong>s voies<br />

biliaires, cancer <strong>de</strong> <strong>la</strong> vésicule (voir ces questions) est généralement fait en pré opératoire.<br />

Cependant, <strong>la</strong> symptomatologie apparaît à un sta<strong>de</strong> où un traitement curateur ne permet pas<br />

souvent un résultat thérapeutique durable.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 14


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6. <strong>Ictères</strong> à bilirubine mixte ou conjuguée survenant au cours <strong>de</strong><br />

différentes hépatopathies<br />

6.1. Hépatites virales<br />

L’ictère est généralement à bilirubine conjuguée sans signe biologique typique <strong>de</strong> cholestase.<br />

Au cours <strong>de</strong>s hépatites virales aiguës, l’évolution est résolutive en général en un mois.<br />

Au cours <strong>de</strong>s hépatites chroniques, l’ictère et <strong>la</strong> cholestase sont rarement au premier p<strong>la</strong>n.<br />

L’aggravation <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase doit faire craindre une évolution cirrhogène.<br />

Au cours <strong>de</strong>s hépatites aiguës graves l’existence d’une hémolyse doit faire remettre en<br />

cause le diagnostic d’hépatite virale et faire rechercher une ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Wilson au cours<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ce tableau peut être révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> l’affection.<br />

6.2. Hépatites auto immunes<br />

Ce sont <strong>de</strong>s affections rares.<br />

Le tableau clinique est en général celui d’une élévation chronique <strong>de</strong>s transaminases accociée à<br />

un taux élevé <strong>de</strong> gamma globulines avec éventuellement association à d’autres ma<strong>la</strong>dies réputées<br />

auto immunes et à <strong>de</strong>s déterminants HLA évocateurs.<br />

Il existe un taux élevé d’auto anticorps anti muscles lisses et/ou anti nucléaires qui ne sont pas<br />

complètement spécifiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. L’hépatite auto-immune <strong>de</strong> type II se voit chez l’enfant<br />

et l’adulte jeune. Elle est caractérisée par <strong>la</strong> présence d’anticorps anti-LKM1.<br />

Dans 10 % <strong>de</strong>s cas environ il existe un syndrome <strong>de</strong> cholestase marqué avec parfois anticorps<br />

anti mitochondries. Il s’agit <strong>de</strong> formes frontières ou <strong>de</strong> superposition avec <strong>la</strong> cirrhose biliaire<br />

primitive.<br />

6.3. Cirrhoses<br />

La présence d’un ictère au cours d’une cirrhose est un critère <strong>de</strong> mauvais pronostic. L’ictère est<br />

généralement à bilirubine conjuguée mais une note d’hémolyse est souvent présente.<br />

L’association hémolyse, ictère, hyper lipidémie constitue le syndrome <strong>de</strong> Zieve qui survient <strong>de</strong><br />

façon exceptionnelle dans les cirrhoses et stéato-fibroses alcooliques.<br />

L’hémolyse peut être en rapport avec <strong>la</strong> présence d’une acanthocytose globu<strong>la</strong>ire dans les formes<br />

graves <strong>de</strong> cirrhoses. Une dys-érythropoïèse associée à <strong>la</strong> cirrhose augmente l’hyperbilirubinémie.<br />

Enfin, comme déjà dit, une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase doit faire rechercher <strong>de</strong>s complications<br />

(lithiase ou hépato-carcinome).<br />

6.4. Hépatites infectieuses<br />

De nombreuses septicémies peuvent entraîner un ictère par atteinte hépatique : il s’agit <strong>de</strong><br />

germes gram (+) (staphylocoques, streptocoques) ou gram (-) (Escherichia Coli, Salmonelles,<br />

Pseudomonas, Neisseria).<br />

L’ictère est très rare au cours <strong>de</strong> Légionelloses.<br />

La leptospirose sévère est responsable d’un ictère associé à une atteinte rénale, une anémie et <strong>de</strong>s<br />

signes neurologiques (syndrome méningé) et une fièvre constante. C’est une zoonose à <strong>la</strong>quelle<br />

sont exposés les sujets en contact avec les eaux contaminées : mineurs, égouttiers, ouvriers <strong>de</strong>s<br />

rizières. La contamination peut être due au contact avec les tissus d’origine animale. L’inci<strong>de</strong>nce<br />

est importante dans les pays en voie <strong>de</strong> développement.<br />

L’ictère apparaît dans <strong>la</strong> première semaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die et <strong>la</strong> bilirubine peut être très élevée à<br />

cause <strong>de</strong> l’insuffisance rénale. Les transaminases sont entre 5 et 10 fois <strong>la</strong> normale comme les<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 15


<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

gamma GT. Le taux <strong>de</strong> prothrombine généralement normal. Le diagnostic est possible dans <strong>la</strong><br />

première semaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die par recherche du germe dans le sang et le LCR. Le<br />

sérodiagnostic est positif à partir du 2 ème jour. L’antibiothérapie (Doxycycline) est efficace<br />

quand elle est administrée précocement.<br />

7. <strong>Ictères</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse<br />

7.1. Cholestase intra hépatique<br />

7.1.1. Epidémiologie<br />

• Très fréquente dans certaines régions (Chili 10 % <strong>de</strong>s grossesses). Très rare en Asie et<br />

• Afrique noire. En France environ 5 cas pour 1000.<br />

• Survenue : <strong>de</strong>uxième ou troisième trimestre.<br />

• Favorisé par multiparité et gémel<strong>la</strong>rité.<br />

• Formes familiales.<br />

• Facteur (s) génétique (s). Anomalies du transporteur canalicu<strong>la</strong>ire MDR3 (associées aussi<br />

• à <strong>la</strong> lithiase) seules bien documentées.<br />

7.1.2. Clinique<br />

• Prurit : 1 er signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die.<br />

• Ictère inconstant apparaît 15 à 20 jours après le prurit. Stable durant l’évolution.<br />

• Lithiase biliaire (risque X 2)<br />

• Transaminases (4 à 10 N) Phosphatases (2 N).<br />

• γ GT variables parfois normales. Cholestérol <br />

7.1.3. Pronostic<br />

Pas <strong>de</strong> gravité pour <strong>la</strong> mère. Diminue 48 heures après <strong>la</strong> naissance. Disparaît en 15 jours ce qui<br />

est un élément <strong>de</strong> diagnostic différentiel avec les hépatopathies préexistantes ou associées. Il<br />

existe un risque d’hémorragie du post-partum. Un traitement par vitamine K est indiqué à titre<br />

préventif pour empêcher <strong>la</strong> chute du TP liée à <strong>la</strong> cholestase.<br />

Le pronostic fœtal est réservé avec risque d’accouchement prématuré et <strong>de</strong> souffrance fœtale.<br />

Rechute dans 70 % <strong>de</strong>s cas lors <strong>de</strong> nouvelles grossesses.<br />

7.2. Stéatose aiguë gravidique<br />

7.2.1. Epidémiologie<br />

Affection rare, grave (1 / 10000 grossesses ?), d’origine inconnue, parfois favorisée par<br />

l’administration <strong>de</strong> tétracycline, ou associée à une toxémie gravidique. Il ne semble pas exister<br />

<strong>de</strong> prédisposition familiale.<br />

7.2.2. Clinique<br />

Début en général après <strong>la</strong> 32 e semaine <strong>de</strong> gestation.<br />

Signes <strong>de</strong> pré éc<strong>la</strong>mpsie (hypertension modérée, protéinurie) suivis d’asthénie profon<strong>de</strong>, <strong>de</strong><br />

nausées, vomissements, douleurs abdominales puis ictère et encéphalopathie. L’évolution <strong>de</strong> fait<br />

vers un tableau d’hépatite fulminante, et/ou d’insuffisance rénale et/ou <strong>de</strong> coagu<strong>la</strong>tion intra<br />

vascu<strong>la</strong>ire disséminée avec hémorragies.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 16


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Dès le début, bilirubine, phosphatase alcaline, transaminases (3 à 10 N), créatinine sont<br />

augmentées. Il y a une thrombopénie avec leucocytose et dans les formes graves une baisse du<br />

taux <strong>de</strong> prothrombine et du facteur V. L’échographie montre in constamment un foie hétérogène.<br />

En cas <strong>de</strong> doute et en l’absence <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> coagu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> biopsie hépatique fait le<br />

diagnostic.<br />

7.2.3. Pronostic<br />

L’évolution spontanée est très sévère avec un taux <strong>de</strong> mortalité maternelle et fœtale pouvant<br />

atteindre 90 %. Ce pronostic est transformé par l’accouchement précoce provoqué dans les<br />

formes encore peu sévères (TP normal) ou par césarienne en urgence.<br />

Le risque <strong>de</strong> stéatose en cas <strong>de</strong> grossesse ultérieure n’est pas supérieur à celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

témoin.<br />

7.3. Lésions hépatiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> prééc<strong>la</strong>mpsie<br />

7.3.1. Epidémiologie<br />

Comme <strong>la</strong> pré éc<strong>la</strong>mpsie, elles se voient au cours du 3 e trimestre et sont dues à <strong>de</strong>s dépots <strong>de</strong><br />

fibrine dans les sinusoï<strong>de</strong>s avec risque d’infarctus et d’hématomes intra hépatiques avec risque<br />

<strong>de</strong> rupture. La sévérité <strong>de</strong> l’atteinte hépatique est proportionnelle à <strong>la</strong> sévérité du syndrome<br />

éc<strong>la</strong>mptique.<br />

7.3.2. Clinique<br />

Le principal signe d’appel est une douleur <strong>de</strong> l’hypochondre droit. L’ictère est rare. Les<br />

transaminases sont élevées. L’échographie est indispensable pour le dépistage <strong>de</strong>s hématomes<br />

hépatiques. Le traitement est celui <strong>de</strong> l’éc<strong>la</strong>mpsie associé à une évacuation utérine le plus<br />

souvent.<br />

Une forme particulière est le syndrome HELLP (Hemolysis Elevated Liver Enzymes Low<br />

P<strong>la</strong>tetelets) qui se voit dans près <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s pré éc<strong>la</strong>mpsies. Le traitement est l’évacuation<br />

utérine.<br />

Des cas associant pré éc<strong>la</strong>mpsie et stéatose gravidique graves ont été décrits ce qui rend le<br />

diagnostic difficile, ce qui est peu important puisque le traitement est le même.<br />

7.3.3. Hyperemesis gravidarum<br />

Des anomalies hépatiques (ictère, élévation <strong>de</strong>s transaminases) co-existent souvent avec les<br />

vomissements du premier trimestre <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse. Elles sont corrigées par le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

déshydratation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> malnutrition.<br />

7.4. Hépatopathies intercurrentes<br />

7.4.1. Hépatites virales<br />

L’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse est peu modifiée par les hépatites A, B ou C<br />

En cas d’hépatite B, <strong>la</strong> transmission périnatale du virus doit être prévenue par <strong>la</strong> sérovaccination<br />

du nouveau-né.<br />

• L’hépatite E comporte un risque d’hépatite fulminante, au cours du 3 e trimestre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

grossesse.<br />

• L’hépatite herpétique peut être également sévère. Le diagnostic évoqué sur l’existence<br />

d’une fièvre et <strong>de</strong> vésicules <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau et <strong>de</strong>s muqueuses génitales implique un traitement<br />

précoce par aciclovir.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 17


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• Une primo infection à cytomégalovirus comporte un risque d’atteinte fœtale.<br />

7.4.2. Hépatopathies médicamenteuses<br />

Elles sont évi<strong>de</strong>mment très rares au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse. Cependant, le traitement <strong>de</strong><br />

l’hypertension gravidique (méthyl DOPA) ou <strong>de</strong>s vomissement (phenothiazines) comporte <strong>de</strong>s<br />

risques d’hépatotoxicité.<br />

7.4.3. Quelques cas <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> Budd Chiari<br />

(thrombose <strong>de</strong>s veines sus hépatiques) ont été observé en re<strong>la</strong>tion avec une grossesse.<br />

Tableau 2<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 18


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Tableau 3<br />

I. Hépatocytaires<br />

Formes cholestatiques <strong>de</strong>s hépatites : Virales, médicamenteuses +++<br />

• Stéatose<br />

• Cirrhoses<br />

• Cholestases infectieuses, post opératoire<br />

• Cholestases paranéop<strong>la</strong>siques<br />

• Cholestase intra hépatique <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse<br />

• Cholestase intra hépatique récurrente bénigne (très rare)<br />

II. Obstructives<br />

• Cirrhose biliaire primitive<br />

• Cho<strong>la</strong>ngite sclérosante primitive<br />

• Tumeurs malignes<br />

• Hémopathies<br />

• Granulomatoses<br />

Tableau 4 : Cholestases intra-hépatiques<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 19


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8. Ictère du nouveau-né et du nourrisson<br />

J. Sarles<br />

L’ictère est un symptôme très fréquent au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie (30% <strong>de</strong>s nouveau-nés à terme, 60%<br />

<strong>de</strong>s prématurés). Le plus souvent il est bénin et régresse spontanément rapi<strong>de</strong>ment. Toutefois il<br />

peut être le témoin d’une affection grave dont <strong>la</strong> rapidité du diagnostic et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge<br />

conditionne les chances <strong>de</strong> succès. C’est pourquoi <strong>la</strong> découverte d’un ictère dans les premiers<br />

jours ou les premières semaines <strong>de</strong> vie doit toujours être considérée comme un signe d’alerte qui<br />

justifie une surveil<strong>la</strong>nce, voire <strong>de</strong>s examens complémentaires selon les circonstances. Au<br />

moindre doute, <strong>la</strong> première urgence est <strong>de</strong> distinguer s’il s’agit d’un ictère à bilirubine libre ou<br />

conjuguée.<br />

8.1. Particu<strong>la</strong>rités du métabolisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine chez le<br />

nouveau-né<br />

La bilirubine résulte à 75-80% du catabolisme <strong>de</strong> l’hémoglobine et 20-25% d’autres<br />

hèmoprotéines. L’hème-oxygénase, enzyme clé <strong>de</strong> ce métabolisme, induite par son substrat est<br />

huit fois plus concentrée dans le foie du nouveau-né que chez l’adulte. La production d’hème par<br />

hémolyse est très importante chez le nouveau-né du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> polyglobulie physiologique et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

durée <strong>de</strong> vie plus courte <strong>de</strong>s hématies. Il y a donc une forte production <strong>de</strong> bilirubine. Le<br />

transporteur p<strong>la</strong>smatique <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine non conjuguée est l’albumine qui se lie à <strong>la</strong> celle-ci<br />

dans un rapport équimo<strong>la</strong>ire grâce à un site <strong>de</strong> liaison non spécifique. La production d’albumine<br />

est peu importante chez le nouveau-né, en particulier chez le prématuré et <strong>de</strong> plus, le site <strong>de</strong><br />

fixation peut-être saturé par d’autres molécules en particulier par certains médicaments<br />

(sulfonami<strong>de</strong>s, salicy<strong>la</strong>tes, furosémi<strong>de</strong>, aci<strong>de</strong>s gras …). La captation hépatocytaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

bilirubine libre est diminuée les premiers jours <strong>de</strong> vie en raison <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> protéine Y. Seule<br />

<strong>la</strong> protéine Z est active à cet âge. Enfin les mécanismes <strong>de</strong> conjugaison hépatique sont peu<br />

performants à <strong>la</strong> naissance (« immaturité » <strong>de</strong> <strong>la</strong> glycuronyl-transférase). Au total on voit que<br />

tout contribue à un excés <strong>de</strong> bilirubine libre chez le nouveau-né et que dans <strong>de</strong> nombreuses<br />

circonstances (prématurité, hémolyse, médicaments, jeûne…) cet excés peut <strong>de</strong>venir très élevé.<br />

La bilirubine libre a une gran<strong>de</strong> affinité pour les phospholipi<strong>de</strong>s membranaires et franchit <strong>la</strong><br />

barrière hémato-encéphalique. Le risque majeur le l’hyperbilirubinémie libre chez le nouveau-né<br />

est le gravissime ictère nucléaire (encéphalopathie hyperbilirubinémique) consécutif à l’atteinte<br />

<strong>de</strong>s noyaux gris centraux et <strong>de</strong> certaines paires crâniennes.<br />

8.2. <strong>Ictères</strong> à bilirubine libre<br />

C’est souvent un ictère <strong>de</strong> couleur orangée et les urines sont c<strong>la</strong>ires. S’il apparaît dans les<br />

premières 24h <strong>de</strong> vie, c’est un signe pathologique préoccupant. Les causes à reconnaître et à<br />

traiter en urgence sont l’hémolyse et l’infection néonatale.<br />

L’interrogatoire recherche<br />

groupe ABO et Rhésus maternel et paternel<br />

notion <strong>de</strong> grossesses antérieures (même interrompues) et groupe <strong>de</strong>s enfants<br />

transfusions sanguines chez <strong>la</strong> mère<br />

agglutinines irrégulières pendant <strong>la</strong> grossesse<br />

infections en fin <strong>de</strong> grossesse (fièvre)<br />

L’examen recherche<br />

l’intensité <strong>de</strong> l’ictère (souvent trompeur par défaut)<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 20


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signes d’hémolyse (pâleur, anasarque foetop<strong>la</strong>centaire, hépatomégalie, splénomégalie,<br />

hémoglobinurie)<br />

signes d’infection (fièvre ou surtout hypothermie, vomissements, mauvaise circu<strong>la</strong>tion<br />

périphérique, refus alimentaire)<br />

Le premier bi<strong>la</strong>n comporte<br />

NFS + réticulocytes<br />

Groupe sanguin + Rhésus (+ maternel si inconnu)<br />

Bilirubine totale et conjuguée<br />

Test <strong>de</strong> Coombs direct<br />

Albuminémie<br />

Hémoculture si signes d’infection<br />

8.2.1. Etiologies et traitement<br />

8.2.1.1. Ictère physiologique<br />

Très fréquent , il apparaît vers le 2 ème jour <strong>de</strong> vie ; il est isolé (sans signe d’hémolyse) et peu<br />

intense (bili< 280 μmol/l). Il disparaît avant le 10 ème jour. Chez le prématuré l’ictère est plus<br />

fréquent et plus à risque une photothérapie est souvent nécessaire.<br />

8.2.1.2. Ictère hémolytique<br />

Généralement précoce, avant <strong>la</strong> 24 ème heure <strong>de</strong> vie, rapi<strong>de</strong>ment intense, il s’accompagne d’une<br />

pâleur, d’une hépato-splénomégalie. Les urines sont c<strong>la</strong>ires et les selles colorées. L’anémie,<br />

régénérative (réticulocytose + erythrob<strong>la</strong>stose), est plus ou moins profon<strong>de</strong>. Le risque d’ictère<br />

nucléaire est majeur.<br />

8.2.1.2.1. Incompatibilité Rhésus (le plus souvent anti-D)<br />

Inci<strong>de</strong>nce = 1/4000. La mère est Rh négatif et le bébé Rh positif. Le test <strong>de</strong> Coombs direct est<br />

toujours positif. La mère a déjà eu une grossesse (même interrompue) d’un fœtus Rh+, ou bien a<br />

reçu une transfusion ou une greffe hétéro-Rhésus ou a subi <strong>de</strong>s techniques d’exploration fœtale<br />

(amniocentèse, prélévement <strong>de</strong> villosités choriales). L’anémie du nouveau-né est rapi<strong>de</strong> (Hb < 15<br />

g/l), l’ictère est intense. Dans un premier temps, <strong>la</strong> photothérapie (exposition du nouveau-né à<br />

une lumière bleue entrainant <strong>la</strong> transformation cutanée <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine libre en dérivés non<br />

toxiques éliminés par le rein) et les perfusions d’albumine s’imposent. Le plus souvent<br />

l’exsanguino-transfusion est nécessaire en fonction <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> bilirubine, du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maturité<br />

<strong>de</strong> l’enfant et d’autres paramètres contribuant à augmenter le risque d’ictère nucléaire.<br />

L’incompatibilité Rhésus peut être aujourd’hui prévenue par l’injection systématique à toute<br />

femme Rh négatif <strong>de</strong> gammaglobulines anti-D dans les 48h suivant un accouchement ou une<br />

interruption <strong>de</strong> grossesse.<br />

8.2.1.2.2. Incompatibilité ABO<br />

Généralement <strong>la</strong> mère est O et le nouveau-né A ou B. L’hémolyse est moins sévère et surtout<br />

retardée. Par contre le premier enfant peut-être atteint. Le test <strong>de</strong> Coombs est souvent négatif,<br />

mais <strong>la</strong> recherche d’anticorps fait le diagnostic dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas. La recherche<br />

d’agglutinines irrégulières lors <strong>de</strong>s grossesses ultérieures est impérative.<br />

8.2.1.2.3. Hémolyses constitutionnelles<br />

Ce sont essentiellement <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Minkowski-Chauffard (sphérocytose héréditaire) et le<br />

déficit en G-6-PD qui peuvent se révéler en pério<strong>de</strong> néonatale. Le diagnostic doit être recherché<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 21


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avant toute transfusion. Le recours à l’exsanguino-transfusion est exceptionnel. Les ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong><br />

l’hémoglobine n’ont pas <strong>de</strong> révé<strong>la</strong>tion néonatale du fait du contingent d’hémoglobine fœtale.<br />

8.2.1.3. Ictère infectieux<br />

Tout ictère néonatal, en <strong>de</strong>hors d’un contexte d’incompatibilité, doit faire suspecter une infection<br />

qu’il peut révéler. Les signes en sont recherchés attentivement et <strong>de</strong>s prélèvements sont<br />

systématiquement réalisés avant toute antibiothérapie (hémocultures, CBU, prélèvements <strong>de</strong>s<br />

téguments et <strong>de</strong>s orifices).<br />

8.2.1.4. Ictère néonatal prolongé<br />

Il s’agit d’ictères à bilirubine libre se prolongeant au <strong>de</strong>là du 10 ème jour <strong>de</strong> vie.<br />

8.2.1.4.1. Ictère au <strong>la</strong>it <strong>de</strong> mère<br />

Survenant chez 1 à 3% <strong>de</strong>s nouveau-nés al<strong>la</strong>ités, il est favorisé par une montée <strong>de</strong> <strong>la</strong>it précoce et<br />

abondante. Il apparaît vers le 5 ème jour et dure tant que dure l’alimentation au sein. Il disparaît<br />

alors en 3 à 4 jours. Bénin, il ne contre-indique pas l’al<strong>la</strong>itement. Il peut être traité par le<br />

chauffage du <strong>la</strong>it maternel (à 60°C) qui inactive <strong>la</strong> lipoprotéine lipase responsable.<br />

8.2.1.4.2. Hypothyroïdie congénitale<br />

Ma<strong>la</strong>die en principe diagnostiquée par le dépistage néonatal systématique. L’ictère disparaît à <strong>la</strong><br />

mise au traitement substitutif.<br />

8.2.1.4.3. Obstructions digestives<br />

Atrésies intestinales et surtout sténose du pylore. Elles révèlent en général une ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong><br />

Gilbert par le jeûne qu’elles imposent.<br />

8.2.1.4.4. Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Crigler-Najjar<br />

Affection très rare (1/1 000 000) due à un déficit congénital d’activité glycuronyl-transférase. Le<br />

type II (déficit partiel) répond au traitement par le phénobarbital. Le type I (déficit complet) ne<br />

répond pas. Il expose à un risque majeur d’ictère nucléaire et impose un traitement par lumière<br />

bleue permanent et indéfini. Seule <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation hépatique permet un retour à une vie à peu<br />

prés normale.<br />

8.2.1.4.5. Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gilbert<br />

Fréquente (3 à 8%) et bénigne, elle est due à un déficit très partiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> glycuronyl-transférase.<br />

L’ictère à bilirubine libre se révèle à l’occasion du jeûne, du stress ou d’infections.<br />

8.3. Ictère à bilirubine conjuguée<br />

Fréquent (I/2500 naissances) et ses causes sont nombreuses. Parmi elles, l’atrésie <strong>de</strong> voies<br />

biliaires (<strong>la</strong> plus fréquente) doit être suspectée <strong>de</strong> principe car <strong>de</strong> <strong>la</strong> précocité <strong>de</strong> sa prise en<br />

charge dépen<strong>de</strong>nt les chances <strong>de</strong> succès du traitement. Dans tous les cas, le risque d’indication<br />

d’une transp<strong>la</strong>ntation hépatique à plus ou moins long terme est réel. Deux impératifs immédiats :<br />

prévenir le risque d’acci<strong>de</strong>nt hémorragique par l’administration <strong>de</strong> vitamine K et ne pas différer<br />

le transfert dans un service spécialisé pour l’enquête étiologique.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 22


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8.3.1. Diagnostic <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase<br />

Cliniquement <strong>la</strong> cholestase du nouveau-né se traduit par <strong>de</strong>s urines foncées, <strong>de</strong>s selles décolorées<br />

(parfois faussement colorées par les urines, il faut savoir les recueillir au cours d’un toucher<br />

rectal), une hépatomégalie variable. Ces signes doivent être recherchés chez tout nouveau-né<br />

dont l’ictère dure au <strong>de</strong>là du 10 ème jour <strong>de</strong> vie. Plus rarement c’est une hémorragie<br />

(intracrânienne notamment) qui est révé<strong>la</strong>trice. Le prurit est absent chez l’enfant petit.<br />

Biologiquement <strong>la</strong> bilirubine est augmentée avec une prédominance <strong>de</strong> bilirubine conjuguée. Les<br />

phosphatases alcalines, le cholestérol et <strong>la</strong> gamma GT sont le plus souvent élevées. La cytolyse<br />

(transaminase) est variable. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’hémostase est le plus souvent normale (insuffisance<br />

hépato-cellu<strong>la</strong>ire rare) mais doit rechercher <strong>de</strong>s signes d’hypovitaminose K (baisse <strong>de</strong>s facteurs<br />

II et VII+X). L’existence d’une insuffisance hépato-cellu<strong>la</strong>ire précoce suggère une affection<br />

métabolique néonatale ( ga<strong>la</strong>ctosémie, tyrosinémie, hémochromatose) ou plus tardive<br />

(intolérance héréditaire au fructose) ou une hépatite aiguë néonatale (foetopathie).<br />

8.3.2. Diagnostic étiologique<br />

La découverte d’une cholestase chez un nourrisson impose une hospitalisation pour un bi<strong>la</strong>n<br />

étiologique qui doit s’effectuer en quelques jours sur <strong>de</strong>s éléments cliniques et paracliniques<br />

simples avec comme idée conductrice d’éliminer ou d’affirmer rapi<strong>de</strong>ment une atrésie <strong>de</strong>s voies<br />

biliaires.<br />

8.3.2.1. Eléments cliniques<br />

Toute décoloration <strong>de</strong>s selles complète (selles « mastic ») et permanente (aucune selle colorée<br />

pendant plusieurs jours) doit faire suspecter a priori une atrésie <strong>de</strong>s voies biliaires. Une<br />

cholestase aussi importante peut cependant être présente dans une mucoviscidose, un syndrome<br />

d’A<strong>la</strong>gille, un déficit en alpha-1-antitrypsine.<br />

Une hépatomégalie franche et ferme oriente également vers une atrésie <strong>de</strong>s voies biliaires, mais<br />

son absence ne l ‘élimine pas.<br />

Un faciès particulier ( front bombé, petit menton pointu, hypertélorisme), un cri aigu, un souffle<br />

systolique au foyer pulmonaire sont en faveur d’un syndrome d’A<strong>la</strong>gille.<br />

Une splénomégalie importante oriente vers une ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> surcharge (Nieman-Pick type C,<br />

Gaucher) ou une foetopathie infectieuse. Une hypotonie profon<strong>de</strong> doit faire suspecter une<br />

ma<strong>la</strong>die peroxysomale ou une cytopathie mitochondriale. Un micropénis fait évoquer une<br />

insuffisance hypophysaire.<br />

8.3.2.2. Eléments biologiques<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’augmentation, non spécifique, <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine, <strong>la</strong> normalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> gamma-GT et<br />

du cholestérol oriente vers le diagnostic <strong>de</strong> cholestase fibrogène familiale (ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Byler) ou<br />

défaut <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s biliaires. L’absence <strong>de</strong> pic alpha-1 à l’électrophorèse <strong>de</strong>s protéines<br />

signe le déficit en alpha-1-anti-trypsine. Des hypoglycémies sévères orientent vers une ma<strong>la</strong>die<br />

métabolique ou une insuffisance en cortisol. Les sérologies spécifiques recherchent une<br />

foetopathie infectieuse (CMV, toxop<strong>la</strong>smose, rubéole, syphilis). L’infection urinaire (à E. Coli<br />

notamment) doit être recherchée par une CBU. La mucoviscidose est diagnostiquée par le test <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> sueur.<br />

8.3.2.3. Iconographie<br />

L’échographie recherche essentiellement une di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies biliaires (lithiase <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie<br />

biliaire principale, kyste du cholédoque). L’absence ou l’hypop<strong>la</strong>sie <strong>de</strong> <strong>la</strong> vésicule (après un<br />

jeûne suffisant), l’existence <strong>de</strong> kystes au niveau du hile hépatique, une polysplénie ou une veine<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 23


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porte préduodénale orientent vers une atrésie <strong>de</strong>s voies biliaires. Par contre une échographie<br />

« normale » n’élimine absolument pas ce diagnostic..<br />

La radiographie du rachis <strong>de</strong> face fait évoquer le syndrome d’A<strong>la</strong>gille en cas d’image <strong>de</strong> vertèbre<br />

en aile <strong>de</strong> papillon.<br />

L’opacification <strong>de</strong>s voies biliaires est nécessaire quand le doute subsiste sur <strong>la</strong> nature d’un<br />

obstacle sur <strong>la</strong> voie biliaire. Elle se fait par cholécystographie percutanée transhépatique lorsque<br />

<strong>la</strong> vésicule existe ou par cho<strong>la</strong>ngiographie directe ou retrogra<strong>de</strong>.<br />

8.3.2.4. Examen ophtalmologique<br />

Il permet <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s signes en faveur d’un syndrome d’A<strong>la</strong>gille (embryotoxon postérieur), d’une<br />

insuffisance hypophysaire (dysp<strong>la</strong>sie septo-optique) ou d’une ma<strong>la</strong>die peroxysomale.<br />

8.3.2.5. Histologie hépatique<br />

Lorsque, <strong>de</strong>vant une cholestase complète l’étiologie n’est pas rapi<strong>de</strong>ment trouvée, <strong>la</strong> biopsie <strong>de</strong><br />

foie à l’aiguille est indiquée. Elle recherche <strong>de</strong>s signes d’obstacle sur les voies biliaires ( fibrose<br />

porte, prolifération ductu<strong>la</strong>ire, thrombi biliaires) qui orientent vers le diagnostic d’atrésie <strong>de</strong>s<br />

voies biliaires et imposent une exploration chirurgicale.<br />

8.3.2.6. Conduite pratique<br />

En cas <strong>de</strong> décoloration complète et permanente <strong>de</strong>s selles associée à une hépatomégalie, le<br />

diagnostic d’atrèsie <strong>de</strong>s voies biliaires doit être évoqué en premier et l’enfant confié à une équipe<br />

spécialisée apte à prendre en charge cette pathologie. Une intervention correctrice (hépato-portoentérostomie<br />

<strong>de</strong> Kasaï) doit être réalisée avant l’âge <strong>de</strong> 45 jours pour donner toutes ses chances à<br />

l’enfant (30 à 60% <strong>de</strong> succés).<br />

En cas <strong>de</strong> décoloration incomplète ou fluctuante <strong>de</strong>s selles, si <strong>la</strong> cause n’est pas rapi<strong>de</strong>ment<br />

i<strong>de</strong>ntifiée par <strong>de</strong>s examens simples, <strong>la</strong> biopsie hépatique s’impose. Si cette biopsie montre <strong>de</strong>s<br />

signes d’obstacle, une opacification <strong>de</strong>s voies biliaires est réalisée. En l’absence <strong>de</strong> signes<br />

d’obstacle, un dé<strong>la</strong>i d’une huitaine <strong>de</strong> jours est pris et, si les selles ne se recolorent pas dans ce<br />

dé<strong>la</strong>i, une nouvelle biopsie ou une opacification doit être programmée pour être sur <strong>de</strong> ne pas<br />

passer à côté d’une atrésie.<br />

8.3.3. Principes du traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> cholestase<br />

Tout enfant suspect <strong>de</strong> cholestase doit recevoir, dés que possible, une injection IM <strong>de</strong> 10mg <strong>de</strong><br />

vit. K. Lorsque <strong>la</strong> cholestase persiste malgrés le traitement étiologique(s’il y en a un) une prise<br />

en charge nutritionnelle s’impose. Les vitamines liposolubles (A,D,E,K) sont administrées par<br />

voie IM et <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce du poids et <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance doit être régulière. Le prurit est traité par<br />

<strong>la</strong> rifampicine (10 mg/kg/j). En cas <strong>de</strong> ralentissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> courbe <strong>de</strong> poids : alimentation<br />

entérale nocturne. L’apparition <strong>de</strong> complication <strong>de</strong> <strong>la</strong> cirrhose biliaire conduit à <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation<br />

hépatique.<br />

8.3.4. <strong>Ictères</strong> à bilirubine conjuguée non cholestatiques<br />

Ils ne sont généralement reconnus que dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième enfance. Il s’agit <strong>de</strong> troubles<br />

congénitaux exceptionnels du métabolisme intra-hépatocytaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> bilirubine : syndrome <strong>de</strong><br />

Dubin-Johnson et syndrome <strong>de</strong> Rotor. Tous <strong>de</strong>ux ont une évolution chronique mais bénigne.<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 24


Extrahépatiques<br />

(5% <strong>de</strong>s cas)<br />

Lithiase <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie biliaire<br />

Principale<br />

Perforation <strong>de</strong>s voies biliaires<br />

Kyste du cholédoque<br />

<strong>Faculté</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

Tableau 5 - Principales étiologies <strong>de</strong>s cholestases néonatales<br />

Extra et intrahépatiques<br />

(47,5% <strong>de</strong>s cas )<br />

Atrésie <strong>de</strong>s voies biliaires<br />

Cho<strong>la</strong>ngite sclérosante<br />

Intrahépatiques<br />

(47,5% <strong>de</strong>s cas)<br />

Paucité ductu<strong>la</strong>ire :<br />

Syndromique (S. d'A<strong>la</strong>gille)<br />

Non syndromique<br />

Ma<strong>la</strong>dies autosomiques<br />

Déficit en alpha-1-antitrypsine<br />

Mucoviscidose<br />

Cholestase fibrogène familiale<br />

(Byler)<br />

Défaut <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s<br />

biliaires<br />

Anomalies <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

respiratoire mitrochondriale<br />

Ma<strong>la</strong>die péroxysomale<br />

Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Niemann-Pick :<br />

Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gaucher<br />

Infections :<br />

Foetopathies (CMV,<br />

Toxop<strong>la</strong>smose, Syphilis,<br />

Rubéole)<br />

Infection urinaire (E. Coli)<br />

Infection bactérienne sévère<br />

Autres :<br />

Déficit en cortisol<br />

Alimentation parentérale<br />

exclusive<br />

Cholestase néonatale bénigne<br />

Angiome du foie<br />

Cause non i<strong>de</strong>ntifiée<br />

DCEM2 – Module 12 « Hépato-Gastro-Entérologie » 25

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