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L'amour de l'histoire locale

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178 Eric Tliierv<br />

cha dans la théorie <strong>de</strong> l’amour du Banquet une préfiguration du pur amour chrétien<br />

’g. Essayons donc d’examiner les caissons cotteréziens à la lumière <strong>de</strong> l’enseignement<br />

<strong>de</strong> ce mouvement philosophique. Peut-être pourrons-nous ainsi saisir<br />

le message que leur commanditaire a voulu leur faire délivrer.<br />

Un texte <strong>de</strong> Pic <strong>de</strong> La Mirandole semble parfaitement adapté au caisson<br />

représentant le défi musical lancé par Marsyas àApollon. I1 s’agit d’une lettre <strong>de</strong><br />

1485 dirigée contre les complaisances littéraires en philosophie : ><br />

Comme Alcibia<strong>de</strong> dans le Bcrnquet <strong>de</strong> Platon ’‘I, Pic <strong>de</strong> La Mirandole a<br />

compris que les apparences ne sont rien et que seule importe la splen<strong>de</strong>ur du vrai,<br />

même exprimée sans grâce et inaccessible à la foule. Aussi appelle-t-il son correspondant<br />

à s’arracher aux attachements terrestres et à s’élever pour contempler<br />

l’harmonie <strong>de</strong> Dieu. Tel est le sens <strong>de</strong> la fable <strong>de</strong> Marsyas : la victoire d’Apollon<br />

est celle <strong>de</strong> la lyre, instrument divin qui transporte les âmes vers le ciel, sur la<br />

flûte qui excite les passions impures ‘l.<br />

On peut donc voir, dans le caisson cotterézien, I’élévation <strong>de</strong> l’âme vers<br />

Dieu grâce à la musique divine. Elle s’oppose à son abaissement par la concupiscence.<br />

Or, n’est-ce pas ce que représente le panneau où figurent la nymphe et<br />

le satyre ? Celui-ci symbolise le désir sexuel effréné que n’ont pas manqué <strong>de</strong><br />

condamner les néo-platoniciens. Dans Lu Ruelle rnd ussortie <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong><br />

Valois, par exemple, est mise en scène une jeune femme qui essaye <strong>de</strong> modérer<br />

son amant très emporté. Se comparant aux belettes et aux colombes, elle lui dit :<br />

[...I je prens plaisir comme elles 5 faire l’amour du bec D. Lui lui répond : > Mais c’est finalement la jeune femme qui<br />

a le <strong>de</strong>rnier mot :

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