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ifurqua vers l’intérieur des terres. À cette heure de la nuit, il pouvait se permettre de rouler
à tombeau ouvert dans les rues désertes.
« Sam », pensa à nouveau Nicole. Elle avait tellement besoin d’entendre sa voix. Une
larme roula sur sa joue. Elle l’essuya d’un revers de main impatient. Pleurer ne l’aiderait pas.
Rien ne pourrait l’aider.
Elle frémit en pensant à son père aux mains de ce malade. Être retenu contre sa volonté
par un sadique prêt à le faire souffrir… pourrait suffire à le tuer. Elle pria de toutes ses forces
pour arriver à temps, quand bien même elle ignorait ce que cet homme voulait d’elle.
Un des dossiers qui se trouvaient sur son disque dur, probablement, mais lequel ? Elle
n’en avait aucune idée. Il s’agissait sûrement d’une erreur, d’une méprise, d’un malentendu.
Auquel cas, l’homme la tuerait quand il s’en rendrait compte. C’était certainement vers sa
propre mort qu’elle fonçait à toute allure.
Le chauffeur s’engagea sur le parking du centre commercial et s’arrêta en faisant de
nouveau crisser les pneus. L’endroit était désert, à l’exception d’une vieille camionnette
blanche. Un homme était adossé à la portière, mais le réverbère qui se trouvait au-dessus de
lui était éteint si bien que Nicole ne parvint pas à distinguer ses traits.
— Et voilà ! fanfaronna le jeune homme en arrêtant le compteur qui affichait quinze
dollars. Quinze minutes chrono !
Nicole avait la gorge si nouée qu’elle ne put articuler un mot pour le remercier. Elle se
contenta de lui remettre trente dollars, comme promis. Quand elle descendit de voiture, elle
crut que ses jambes allaient se dérober sous elle.
Elle traversa le parking en direction de la camionnette d’un pas chancelant. Quand elle
arriva à sa hauteur, l’homme tendit la main vers elle.
Ce n’était pas son agresseur.
— Portable, lâcha-t-il d’un ton froid, si semblable à celui de son agresseur qu’elle comprit
qu’ils étaient taillés sur le même modèle.
Des types alertes, glacials, éminemment dangereux. Elle lui remit son portable d’une main
tremblante.
— Monte, dit l’homme en désignant la camionnette du menton.
Ne montez jamais dans la voiture.
Dans les pays où l’enlèvement constituait une industrie lucrative, c’était une des règles
cardinales pour les membres de la famille d’une personne qui dépendait du ministère des
Affaires étrangères. Ne montez jamais dans la voiture de quelqu’un que vous ne connaissez
pas. Sauvez-vous en courant. Attirez l’attention sur vous en criant. Ayez toujours une bombe
lacrymogène à portée de main et n’hésitez pas à vous en servir. Mais quoi qu’il advienne, ne
montez jamais dans la voiture.
Si vous faites cela, vous êtes mort.
Sage conseil. Mais que faire quand la personne qui vous ordonnait de monter à bord de la
voiture retenait votre père en otage ? Personne n’avait envisagé cette éventualité.
Ne montez jamais dans la voiture.
Nicole monta dans la voiture.
L’homme laissa tomber son portable, l’écrasa sous son talon, et l’envoya d’un coup de
pied dans les buissons qui entouraient le parking avant de se mettre au volant.
Ne montez jamais dans la voiture.
Nicole était dans la voiture et son dernier espoir de joindre Sam gisait en miettes sur le