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dents impeccablement blanches. Mohamed savait que plus un homme est puissant, moins
ses secrétaires sont aimables.
Le sourire du triple rempart de secrétaires qu’il avait dû franchir avant d’arriver devant
celle-ci était allé decrescendo. M lle Dents-Blanches était responsable de l’emploi du temps de
son patron. Son pouvoir était illimité et elle le savait.
Mohamed avait demandé en urgence ce rendez-vous avec le géant de la finance Richard
Mold parce que le temps dans cette affaire était d’une importance vitale. Il devait cependant
éviter de se montrer trop pressant car Mold risquait d’interpréter cela comme un signe de
vulnérabilité. Ces hommes-là flairaient le désespoir aussi sûrement qu’une hyène flaire le
sang. Mohamed était bel et bien désespéré, mais ce n’était pas d’argent dont il avait besoin.
— M. Paul Preston est arrivé, monsieur. Votre rendez-vous de 10 heures, annonça la
secrétaire en appuyant sur un bouton.
Un murmure d’une brièveté tranchante lui répondit, et la grande porte d’acajou et de
cuivre qui se trouvait à droite de son bureau coulissa sans bruit.
— Vous avez jusqu’à 10 h 15, monsieur, lui précisa la secrétaire d’un ton froid.
Comprendre que s’il n’était pas sorti à 10 h 15, elle préviendrait la sécurité.
À l’heure dite, soit il aurait obtenu le nom dont il avait besoin, soit il aurait échoué. Son
sort était entre les mains d’Allah désormais.
Mohamed franchit la porte et pénétra dans la vaste pièce toute de marbre noir et de
lucite. Le bruit courait que sa décoration avait coûté trois millions de dollars.
Richard Mold était assis derrière un bureau de quatre mètres de long dont le plateau
d’ébène étincelant, qui reposait sur des pieds transparents, était totalement vide, comme il
est d’usage pour un Maître de l’Univers.
Mold se leva, mais ne lui tendit pas la main.
— Preston, dit-il d’un ton qui n’avait rien de chaleureux ni d’accueillant, que puis-je faire
pour vous ?
Une question qui était tout sauf anodine. Mohamed n’était là que parce que Mold espérait
qu’il avait quelque chose à lui proposer.
Mohamed contempla calmement cet homme qui ne savait pas qu’il ne lui restait plus que
quelques jours à vivre. L’immeuble au cinquante-cinquième étage duquel se trouvait son
bureau figurait en haut de la liste qu’il avait transmise à l’Organisation. Il balaya la pièce du
regard, choisit un siège et s’y assit à l’instant précis où Mold l’invitait à le faire. Il pinça le pli
impeccable de son pantalon, et croisa tranquillement les jambes, mais ne dit pas un mot.
Comme prévu, Mold s’impatienta. Son visage hâlé se crispa et il étrécit les yeux.
— Alors, Preston, de quoi s’agit-il ? demanda-t-il d’un ton froid.
Une seconde, puis :
— J’ai une information susceptible de vous intéresser. En échange, je ne vous demanderai
qu’un nom et un numéro de téléphone.
Mold fronça ses sourcils broussailleux.
— Quelle information et quel nom ?
Mohamed joua avec le pli de son pantalon, laissa passer une minute, puis une autre. Il
maîtrisait à la perfection l’art subtil de la négociation des occidentaux. Mold l’observait, l’air
de plus en plus tendu.
Finalement, Mohamed laissa échapper un léger soupir.
— Une société dans laquelle vous possédez des parts, une société très connue, vient