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outeille.
Mike et Harry regardèrent Sam en silence. Il n’y avait ni blâme ni récrimination dans leur
regard, ce qui était pire que tout évidemment, vu que Sam venait de se comporter comme un
abruti. Ils auraient été en droit de lui passer un savon maison, mais ils ne le firent pas. Ils
demeurèrent là, silencieux, se contentant de le laisser mariner dans son jus.
Sam redressa les épaules et prit une brève inspiration.
— Désolé, marmonna-t-il à l’adresse de Mike. Je suis allé trop loin.
Mike inclina la tête sans le quitter des yeux.
— Elle compte vraiment pour toi.
Oui, Nicole comptait même énormément pour lui, mais Sam se serait plutôt fait hacher la
langue que de le reconnaître à voix haute. Il avait l’impression qu’en l’avouant… ça rendrait
la chose plus réelle, plus crue et plus effrayante qu’elle ne l’était déjà. Qu’il exprimerait des
sentiments qu’il comprenait à peine lui-même.
— Disons que je n’aimerais pas que les deux tarés qui habitent en face de chez elle lui
fassent du mal.
Cette déclaration imposa le silence à ses deux frères. Ils avaient vu quantité de femmes
battues au cours de leur vie et savaient à quoi ces femmes-là ressemblaient. Ni l’un ni l’autre
n’avait envie de voir Nicole avec les yeux au beurre noir et un bras dans le plâtre.
La mâchoire de Harry remua et Sam sut qu’il pensait à sa mère et à sa sœur, sacrifiées
sur l’autel de la violence. Harry se tourna vers Mike.
— Fais ce qu’il faut pour qu’il ne lui arrive rien. Mike acquiesça d’un bref hochement de
tête.
— Je passerai chez elle jusqu’à ce que je sois sûr qu’ils ont compris ce qui leur pend au
nez s’ils s’avisent de la toucher.
Il reposa son verre.
— Tu veux que je lui transmette un message de ta part ? ajouta-t-il à l’intention de Sam.
Décroche le téléphone, bon Dieu. Parle-moi. Je veux te revoir ce soir, demain soir et le
soir d’après. Je ne peux pas me passer de toi.
Sam se contenta de secouer la tête et Mike sortit. Harry lui coula un regard étrange et
emboîta le pas à son frère. Sans dire un mot, ce qui constituait un petit miracle en soi.
Sam se retrouva de nouveau seul. Seul dans son grand bureau hors de prix. Seul avec un
tas de trucs urgents à accomplir. Seul avec ses pensées.
Ses pensées et ses souvenirs.
Le simple fait de se remémorer le visage de Nicole tel qu’il l’avait vu la veille, ses grands
yeux bleus lumineux rivés aux siens tandis qu’il allait et venait en elle, suffit à déclencher une
douloureuse érection.
Nicole Pearce était, de très loin, la plus belle femme avec qui il ait jamais couché. La plus
belle femme qu’il ait jamais vue. Mais il s’était passé quelque chose d’autre entre eux dans
ce lit. Il avait ressenti une espèce de… connexion, aussi délirant que cela puisse paraître. Il
s’était produit quelque chose qu’il aurait été incapable de décrire parce que ça le dépassait
complètement. Si on avait braqué une arme sur sa tempe pour le forcer à avouer ce qu’il
avait ressenti, peut-être aurait-il éructé le mot affection.
Ce qui était dingue vu qu’ils avaient passé la nuit à baiser comme des lapins.
Mais cela ne lui avait pas suffi. Loin de là.
Elle lui manquait atrocement. Tout lui manquait. Son odeur fraîche et propre d’avant