Le personnel domestique : un autre regard
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Protection<br />
‘Just because you are with diplomats, you don’t have that freedom for yourself.<br />
You can’t negotiate, it’s too easy to get fired and lose employers’<br />
‘’Juste parce que tu es avec des diplomates, tu n’as pas cette liberté pour toi-même.<br />
Tu ne peux pas négocier, c’est trop facile d’être licencié et de perdre ton patron’<br />
Citation d’<strong>un</strong>e employée de maison philippine lors de l’<strong>un</strong> des focus groups, voir la partie 2<br />
Avant de passer aux résultats de notre étude, nous aimerions nous arrêter quelque peu sur les possibilités<br />
actuellement à la disposition des pouvoirs publics pour protéger le <strong>personnel</strong> <strong>domestique</strong><br />
contre les abus et faire respecter les règles.<br />
Selon le statut du <strong>domestique</strong>, différents problèmes se posent.<br />
Partie I : <strong>Le</strong> point sur la situation actuelle | 37<br />
Problème qui survient dans tous les emplois au sein de familles privées : l’inviolabilité de l’habitation<br />
privée. Contrairement à d’<strong>autre</strong>s lieux de travail, la police et les services d’inspection ont besoin d’<strong>un</strong><br />
mandat de perquisition pour accéder aux habitations privées. Par conséquent, pour pouvoir constater<br />
<strong>un</strong> abus, il faut <strong>un</strong>e plainte ou des signes sur la base desquels <strong>un</strong> mandat de perquisition peut<br />
être demandé. Or nous avons déjà expliqué à quel point il est difficile pour le <strong>personnel</strong> <strong>domestique</strong><br />
tant légal que clandestin de venir déposer plainte. Ils craignent soit d’être arrêtés et expulsés, soit de<br />
perdre leurs autorisations en perdant leur travail.<br />
La question est de savoir si l’augmentation des possibilités de contrôle améliorera la protection. À<br />
Nivelles, le trib<strong>un</strong>al a organisé en 2003-2004 des contrôles dans 20 à 30 ménages, avec des mandats<br />
de perquisition obtenus après des filatures effectuées dans le voisinage. Conséquence : des sanctions<br />
pour travail clandestin et au noir ont été prononcées et plusieurs travailleurs ont été expulsés. Auc<strong>un</strong><br />
travailleur n’a bénéficié d’<strong>un</strong>e protection en tant que victime de la traite des êtres humains. 11 Ce type<br />
d’action n’apporte dès lors auc<strong>un</strong>e solution pour les <strong>domestique</strong>s employés clandestinement.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>domestique</strong>s employés légalement sont pieds et poids liés en cas de violation de leurs droits du<br />
travail, tant qu’ils n’ont pas trouvé de nouvel employeur. Par le passé, l’OR.C.A. a rencontré différentes<br />
situations d’employés de maison (disposant de cartes d’identité diplomatiques ou de permis de travail<br />
B) qui ont perdu leur travail et dès lors également la possibilité de conserver <strong>un</strong> séjour légal, et ce,<br />
après avoir protesté contre <strong>un</strong> abus.<br />
Plusieurs employées de maison nous ont raconté que lorsque l’inspection passe, elles ne peuvent<br />
pas se montrer honnêtes avec les inspecteurs en raison de leur statut de séjour précaire, par crainte<br />
de perdre à la fois leur travail et leur séjour légal. Selon ces <strong>domestique</strong>s, la seule manière de pouvoir<br />
démontrer l’existence d’abus sans qu’elles doivent collaborer à l’enquête réside dans les visites surprises<br />
que l’inspection effectue en dehors des heures de travail, ce qui permet de constater facilement<br />
les heures supplémentaires prestées. La question se pose naturellement de savoir quelle solution est<br />
prévue pour l’employée de maison après <strong>un</strong> tel contrôle.<br />
Pour les <strong>domestique</strong>s internes, <strong>un</strong> <strong>autre</strong> problème spécifique se pose : en perdant leur travail, elles<br />
perdent non seulement leurs autorisations mais elles se retrouvent en outre littéralement à la rue. Ce<br />
qui conduit parfois à des situations poignantes. <strong>Le</strong> statut de ces employées étrangères de maison<br />
ne leur confère auc<strong>un</strong> droit à des allocations ni au soutien du CPAS, même si elles bénéficiaient d’<strong>un</strong><br />
emploi légal.<br />
11 Voir le Rapport d’évaluation de la campagne FRB sur le <strong>personnel</strong> <strong>domestique</strong>, Nathalie Cobbaut, septembre 2006, p. 19