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Le personnel domestique : un autre regard

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<strong>Le</strong>s employeurs sont-ils disposés<br />

à embaucher légalement leur employée de maison ?<br />

Lorsqu’il s’agit d’embauche clandestine, nous partons souvent du principe que les employeurs sont<br />

de mauvaise foi et font appel à ce type d’emploi parce qu’ils ne veulent pas respecter les salaires<br />

minimaux et les droits des travailleurs. Par le biais de ce questionnaire, nous avons voulu déterminer<br />

dans quelle mesure cette image correspondait à la réalité. Nous avons effectivement entendu, tout au<br />

long de ce projet, des récits d’abus manifestes par l’employeur. <strong>Le</strong>s principaux problèmes se situaient<br />

au niveau de ce que nous appelons à l’OR.C.A. le « vol de salaire » (salaires sous le minimum légal et<br />

non-paiement du salaire), l’absence de congés (payés) et, chez les <strong>domestique</strong>s internes, le manque<br />

d’autonomie. Nous avons néanmoins également eu vent d’employeurs respectueux, aussi parmi les<br />

<strong>domestique</strong>s internes.<br />

Par notre enquête, nous avons voulu sonder la disposition des employeurs à embaucher leur employée<br />

de maison de manière légale. <strong>Le</strong>s réponses que nous avons reçues de notre petit échantillon sont<br />

assez variées :<br />

Point positif : tous les participants à l’enquête écrite ont répondu qu’ils voulaient engager légalement<br />

leur employée de maison. « Elles se sentent mieux et en tant qu’employeur, je me sens également<br />

mieux, chac<strong>un</strong> a donc à y gagner. » 24 nous dit <strong>un</strong>e employeuse irlandaise, interrogée sur les raisons<br />

pour lesquelles elle engagerait légalement son employée de maison sans papiers. Plus de trois quarts<br />

des employeurs interrogés (enquête et interviews) ont soutenu le principe d’<strong>un</strong>e régularisation des<br />

<strong>domestique</strong>s. Il est ressorti de l’étude « Before and After » que lors de la campagne de régularisation<br />

en 2000, des employeurs de <strong>domestique</strong>s ont encouragé leur aide ménagère à demander sa<br />

régularisation, et que bon nombre d’employés <strong>domestique</strong>s sont restés dans le secteur après leur<br />

régularisation 25 .<br />

D’<strong>autre</strong> part, la campagne de régularisation de 2009 a fait ressortir que les employeurs ne sont pas<br />

toujours prêts à supporter <strong>un</strong>e part de responsabilité dans ce dossier.<br />

Plusieurs employées <strong>domestique</strong>s à temps plein qui entraient en ligne de compte pour <strong>un</strong>e régularisation<br />

par le travail avaient demandé à leur employeur <strong>un</strong> contrat à plein temps. D’après les échos<br />

que nous avons eus, il semblerait qu’en général, les employeurs souhaitaient <strong>un</strong>iquement les embaucher<br />

par le biais des titres-services. S’il ne fait auc<strong>un</strong> doute que les employeurs ont opté pour cette<br />

solution parce qu’il s’agit d’<strong>un</strong>e solution légale bon marché, nous nous posons cependant la question<br />

de savoir si l’angoisse des employeurs de se mettre à découvert n’a pas joué <strong>un</strong> rôle dans ce choix. <strong>Le</strong>s<br />

employeurs avaient probablement peur également que leur embauche clandestine ne soit découverte<br />

au cours de la procédure de régularisation, alors que via le système des titres-services, ils étaient<br />

simplement les clients d’<strong>un</strong>e société de titres-services. Ils pouvaient alors garder l’anonymat et leur<br />

responsabilité restait très limitée.<br />

24 « They feel better, I as an employer feel better, so it’s a win-win situation. »<br />

25 « Before & After », étude menée par l’UA et l’ULB à l’initiative du CECLR et à la demande du ministère de l’Intégration<br />

sociale, 2006.<br />

Partie II : La recherche | 58

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