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Le personnel domestique : un autre regard

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Partie II : La recherche | 60<br />

bien plus longtemps que les externes. Elles travaillent toutes entre 9 et 14,5 heures par jour, et la<br />

majorité travaille plus de 12 heures par jour. Si l’on calcule le salaire des <strong>domestique</strong>s internes en fonction<br />

du nombre d’heures prestées, il semblerait que certaines gagnent à peine 4 euros/heure.<br />

Lorsque nous avons demandé aux employées de maison si elles avaient déjà négocié leurs conditions<br />

de travail avec leur employeur, seule <strong>un</strong>e petite minorité avait déjà essayé. Elles travaillaient toutes<br />

comme <strong>domestique</strong> externe et nous ont dit que leurs négociations aboutissaient généralement à <strong>un</strong>e<br />

petite augmentation de salaire. Ce sont surtout les employées de maison brésiliennes qui avaient tenté<br />

la négociation. La plupart des externes payées à l’heure ont déclaré avoir négocié au début de la relation<br />

de travail, mais plus rarement par la suite. <strong>Le</strong>s employeurs avaient souvent tendance à dire : « Si vous<br />

n’êtes pas contente, vous pouvez chercher du travail ailleurs ». Plutôt que de négocier le salaire, les jours<br />

de congé et les tâches à effectuer, les employées de maison préféraient chercher <strong>un</strong> <strong>autre</strong> employeur<br />

auprès duquel les conditions de travail étaient meilleures. Ce sont principalement les <strong>domestique</strong>s philippines<br />

qui utilisent cette stratégie. Nous remarquons généralement que les <strong>domestique</strong>s en Belgique<br />

depuis le plus longtemps travaillent dans de meilleures conditions que celles qui viennent d’arriver. Plus<br />

elles restent longtemps, plus elles peuvent sélectionner avec soin les employeurs pour lesquels elles<br />

travaillent. Elles acceptent alors <strong>un</strong>iquement des emplois qui leur rapportent <strong>un</strong> bon salaire. <strong>Le</strong>s femmes<br />

philippines qui ont « fait carrière » et ne travaillent plus que chez de « bons » employeurs continuent<br />

cependant à se plaindre du fait que les employeurs demandent trop souvent de les « aider rapidement<br />

à faire quelque chose » en dehors ou après les heures de travail. Une employée de maison philippine<br />

nous a expliqué : « <strong>Le</strong>s employeurs savent que nous les traitons comme de la famille et que nous ne dirons pas<br />

« non », et ils en abusent parfois [… ] c’est parfois agréable de recevoir des remerciements, mais ce dont nous<br />

avons vraiment besoin, c’est du liquide. C’est pour cela que nous sommes ici et pas auprès de nos familles aux<br />

Philippines. » 26 « Nous voulons être considéreés comme des personnes, pas comme des machines. »<br />

Si les employeurs ne sont pas disposés à payer <strong>un</strong> prix correct pour leur employée <strong>domestique</strong>, c’est<br />

sûrement dû au manque de considération pour ce qu’elle fait. Une nourrice est parfois considérée<br />

comme <strong>un</strong>e espèce de « baby-sitter », et l’employeur ne voit dès lors auc<strong>un</strong>e objection à la payer <strong>un</strong><br />

salaire de 5 euros/heure. Nous avons parfois l’impression qu’il existe <strong>un</strong> « prix du marché » pour les<br />

employées de maison (bien que largement inférieur au salaire minimum légal) sur lequel se base<br />

l’employeur, la conscience tranquille.<br />

Une employeuse interrogée qui paie son employée de maison 800 euros par mois pour <strong>un</strong> horaire<br />

hebdomadaire de 45 heures nous a expliqué qu’<strong>un</strong>e puéricultrice dans <strong>un</strong>e crèche gagne environ<br />

900 à 950 euros nets par mois et que le travail de son employée est moins pénible que dans <strong>un</strong>e<br />

crèche. « Parfois, il n’y a pas de travail et elle peut se reposer ou faire <strong>un</strong>e sieste. Elle ne doit pas être<br />

tout le temps occupée, c’est donc moins stressant. » D’après la Brussels Nannies Agency, il est frappant<br />

de constater que les familles en Belgique n’aiment pas dépenser de l’argent pour qu’<strong>un</strong>e agence leur<br />

trouve le candidat idéal. Selon cette agence, les Britanniques sont davantage disposés à payer <strong>un</strong><br />

prix plus élevé pour <strong>un</strong>e bonne nourrice, parce que la formation de nourrice au Royaume-Uni a très<br />

bonne réputation. En Belgique, les familles préfèrent trouver quelqu’<strong>un</strong> par annonce ou par <strong>un</strong> canal<br />

informel, car la recherche et l’embauche coûtent dans ce cas moins cher.<br />

D’<strong>autre</strong>s sources nous indiquent également que les expatriés importent en Belgique les codes de<br />

comportement avec les <strong>domestique</strong>s en vigueur dans leur pays. Ainsi, dans de nombreux pays d’Asie,<br />

26 « Employers know we treat them as family and that we won’t say no and sometimes they really take advantage of that<br />

[… ] sometimes a thank you is nice but what we really need is cash. That’s why we are here and not with our families in<br />

the Philippines. »

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