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Le personnel domestique : un autre regard

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Partie II : La recherche | 61<br />

d’Amérique du Sud et d’Afrique, il est courant pour la classe moyenne d’avoir en service <strong>un</strong>e <strong>domestique</strong><br />

à temps plein à très bas prix. Ces familles n’ont pas toujours suffisamment connaissance des normes<br />

belges et ne sont pas toujours conscientes du fait qu’occuper <strong>un</strong>e employée de maison à plein<br />

temps en Belgique n’est pas si courant et qu’<strong>un</strong>e telle <strong>domestique</strong> doit être payée à <strong>un</strong> certain tarif.<br />

Tous les employeurs ne pensent pourtant pas qu’<strong>un</strong>e employée de maison doit être la meilleure<br />

marché possible. Dans l’enquête, la moitié des répondants a jugé raisonnable le salaire minimum légal<br />

d’<strong>un</strong> <strong>domestique</strong> (1387,49 euros). Deux répondants ont même déclaré qu’ils trouvaient le salaire minimum<br />

des employées de maison trop bas pour pouvoir vivre décemment. Un employeur a affirmé être<br />

disposé à payer plus pour <strong>un</strong>e <strong>domestique</strong> qui s’occuperait également de la garde d’enfants à domicile.<br />

Un <strong>autre</strong> employeur a invoqué l’ancienneté comme motif pour payer <strong>un</strong> prix supérieur. Quatre<br />

répondants trouvaient le salaire minimum des employées de maison trop élevé pour l’employeur.<br />

Mais parmi ces quatre-là, la moitié était disposée à embaucher leur <strong>domestique</strong> moins d’heures pour<br />

réduire les coûts.<br />

Nous avons également pu déduire de discussions sur des blogs et forums d’expatriés que certains<br />

employeurs ou employeurs potentiels tiennent compte des besoins de leur employé et défendent<br />

cette position. D’<strong>autre</strong> part, certains employeurs sont peu conscients de leur responsabilité vis-à-vis<br />

de l’employé et se placent dans la position du client qui souhaite <strong>un</strong>iquement payer pour <strong>un</strong> service<br />

si celui-ci correspond intégralement à ce qu’il recherche. Ces employeurs posent des exigences illimitées<br />

et se laissent facilement aller à la critique. Une bonne campagne de sensibilisation est dès lors<br />

nécessaire à leur égard, mais ils doivent alors être identifiables et accessibles.<br />

Des questions sont également posées au niveau des charges patronales qu’implique <strong>un</strong>e embauche<br />

légale. Dans le cadre de notre enquête, <strong>un</strong>e employeuse interrogée et dont la <strong>domestique</strong> clandestine<br />

travaillait au noir nous a dit être en principe contre le travail au noir et vouloir aider son<br />

employée à obtenir <strong>un</strong> statut légal. Au moment décisif, elle ne semblait cependant plus disposée à<br />

payer <strong>un</strong> prix correct : « Vous payez 2200 euros et au bout du compte, il ne lui reste que 1000 euros nets. Un<br />

contrat légal revient donc trop cher pour ce qu’elles en retirent ». Elle croyait également à <strong>un</strong>e extension<br />

du système des titres-services : « L’état a davantage intérêt à subsidier qu’à louper des impôts à cause du<br />

travail au noir ». <strong>Le</strong>s entretiens que nous avons menés pour cette enquête nous ont appris que certains<br />

employeurs, sur le conseil de leur avocat, tentent de réduire au maximum les coûts en ayant<br />

recours à la déduction maximale pour le gîte et le couvert. L’embauche d’<strong>un</strong> <strong>domestique</strong> interne à<br />

temps plein ne leur coûte alors pas plus de 1000 euros bruts.<br />

Dans <strong>un</strong>e relation de travail entre employeur et <strong>domestique</strong> sans papiers, il n’existe souvent auc<strong>un</strong><br />

règlement formel pour les aspects normalement réglementés dans <strong>un</strong>e relation de travail officielle,<br />

tels que les soins de santé du travailleur. Nous avons néanmoins constaté que les employeurs font<br />

parfois de leur mieux pour trouver <strong>un</strong> accord avec les <strong>domestique</strong>s sans papiers, même si ces arrangements<br />

ne sont jamais idéaux. Plusieurs employeurs nous ont notamment expliqué qu’ils payaient<br />

les frais médicaux de leur employée de maison et les conduisaient chez le médecin si nécessaire.<br />

Un employeur nous a expliqué qu’il préférait payer le médecin, parce qu’il savait qu’<strong>autre</strong>ment, son<br />

employée de maison n’irait pas chez le docteur à cause du prix trop élevé de la consultation. Toutes<br />

les <strong>domestique</strong>s ne sont pas au courant de la procédure d’« aide médicale urgente » du CPAS pour<br />

les sans-papiers. Au chapitre 3 de la première partie, nous avons déjà expliqué comment certaines<br />

<strong>domestique</strong>s internes sans papiers n’avaient pas accès aux soins médicaux parce que leur employeur<br />

refusait qu’elles comm<strong>un</strong>iquent leur adresse, condition pour pouvoir prétendre à la procédure d’« aide<br />

médicale urgente ».

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