Consulter le texte intégral de la thèse - Université de Poitiers
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T H E S E<br />
Pour l’obtention du Gra<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
D O C T E U R D E L ’ U N I V E R S I T É D E P O I T I E R S<br />
(Faculté <strong>de</strong>s Sciences Fondamenta<strong>le</strong>s et Appliquées)<br />
(Diplôme National – arrêté du 7 août 2006)<br />
Éco<strong>le</strong> Doctora<strong>le</strong> : Biologie Santé<br />
Secteur <strong>de</strong> Recherche : Biomolécu<strong>le</strong>s, pharmacologie, thérapeutique<br />
Présentée par<br />
Johanna BERTRAND<br />
********************<br />
Approches pharmacologiques <strong>de</strong> CFTR et <strong>de</strong> CaCC<br />
dans <strong>la</strong> mucoviscidose<br />
********************<br />
Directeurs <strong>de</strong> <strong>thèse</strong> : Pr. Frédéric BECQ et Dr. Caroline Norez<br />
********************<br />
Soutenue <strong>le</strong> 19 Novembre 2010<br />
<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Commission d’Examen<br />
********************<br />
JURY<br />
T. LEAL Docteur en Mé<strong>de</strong>cine, Cliniques St Luc, Belgique Rapporteur<br />
V. CHAPPE Associate Professor, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> Dalhousie, Canada Rapporteur<br />
A. BOURON Directeur <strong>de</strong> Recherche, CEA <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>, France Examinateur<br />
JF. FAIVRE Professeur <strong>de</strong>s <strong>Université</strong>s, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>, France Examinateur<br />
C. NOREZ Maître <strong>de</strong> Conférences, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>, France Examinateur<br />
F. BECQ Professeur <strong>de</strong>s <strong>Université</strong>s, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>, France Examinateur<br />
6
A maman, Gwenaël<strong>le</strong> et Doudou :<br />
Je vous aime tant.<br />
« En famil<strong>le</strong> on n'est jamais seul à possé<strong>de</strong>r son univers, à se<br />
possé<strong>de</strong>r !<br />
En famil<strong>le</strong> on est toujours là pour quelqu'un ! »<br />
Michel Dal<strong>la</strong>ire<br />
7
REMERCIEMENTS<br />
Ce travail a été effectué anciennement dans l’équipe Canaux Ioniques et Epithélium dirigée<br />
par <strong>le</strong> Pr. Frédéric Becq et <strong>de</strong>puis janvier 2008 dans l’équipe Physiopathologie et<br />
Pharmacologie <strong>de</strong>s canaux ioniques (PPCI) dirigée par <strong>le</strong> Dr. Christian Cognard. Cette équipe<br />
fait partie <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> Physiologie et Biologie Cellu<strong>la</strong>ires dirigé par <strong>le</strong> Pr. Frédéric Becq.<br />
Je remercie tout d’abord <strong>le</strong> Dr. Teresinha Leal et <strong>le</strong> Dr. Valérie Chappe d’avoir<br />
accepté d’être <strong>le</strong>s rapporteurs <strong>de</strong> ce manuscrit. J’associe à ces remerciements <strong>le</strong> Pr. Jean-<br />
François Faivre et <strong>le</strong> Dr. A<strong>le</strong>xandre Bouron pour avoir accepté <strong>de</strong> juger ce travail et <strong>de</strong> me<br />
faire l’honneur <strong>de</strong> participer à ce jury.<br />
Ce travail a été effectué sous <strong>la</strong> co-direction du Pr. Frédéric Becq et du Dr. Caroline<br />
Norez. Je tiens donc à remercier <strong>le</strong> Pr. Frédéric Becq <strong>de</strong> m’avoir accueillie dans son équipe,<br />
<strong>de</strong> m’avoir permis d’assister à <strong>de</strong> nombreux congrès et <strong>de</strong> m’avoir fait confiance. Merci <strong>de</strong><br />
m’avoir fait découvrir <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
Je tiens à exprimer ma profon<strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> au Dr. Caroline Norez, merci <strong>de</strong> m’avoir<br />
guidée tout au long <strong>de</strong> ma <strong>thèse</strong>, merci pour ton ai<strong>de</strong> scientifique, ta disponibilité et tes<br />
conseils avisés. Merci pour <strong>le</strong> soutien que tu m’as apporté dans <strong>le</strong> travail mais aussi en <strong>de</strong>hors.<br />
Merci pour toutes <strong>le</strong>s discussions scientifiques ou non (al<strong>le</strong>z Bastien !!!, <strong>le</strong>s soirées d’samedi<br />
soir…). Tu es pour moi un exemp<strong>le</strong> à suivre, et j’espère avoir été à <strong>la</strong> hauteur.<br />
Merci à tous <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> l’équipe PPCI, anciens ou présents, qui m’ont aidée et<br />
accompagnée tout au long <strong>de</strong> ma <strong>thèse</strong> :<br />
Je remercie <strong>le</strong> Pr. Christian Cognard <strong>de</strong> m’avoir accueillie au sein <strong>de</strong> l’équipe PPCI.<br />
Un grand merci au Dr. C<strong>la</strong>risse Van<strong>de</strong>brouck pour sa gentil<strong>le</strong>sse et ses précieux<br />
conseils scientifiques. Merci C<strong>la</strong>risse <strong>de</strong> m’avoir soutenue tout au long <strong>de</strong> ma <strong>thèse</strong>.<br />
Merci au Dr. C<strong>la</strong>ire Louault pour sa participation à mon projet <strong>de</strong> <strong>thèse</strong>, et pour sa<br />
bonne humeur.<br />
Merci au Dr. Thierry Ferreira pour sa gentil<strong>le</strong>sse et <strong>le</strong>s discussions passionnantes,<br />
scientifiques ou non que nous avons partagé. Merci Jenny pour ta gentil<strong>le</strong>sse.<br />
8
Do, ma do, merci d’avoir partagé avec moi <strong>le</strong>s doutes, <strong>le</strong>s bonheurs, <strong>le</strong>s joies et <strong>le</strong>s<br />
déceptions qui accompagnent souvent une <strong>thèse</strong>. Merci pour <strong>le</strong>s petites pauses thé et<br />
cigarettes, pour <strong>le</strong>s soirées PG, pour toutes <strong>le</strong>s discussions et <strong>le</strong>s fous rires que nous avons<br />
partagé. Même si nous n’avons pas encore écrit notre livre, je ne risque pas d’oublier toutes<br />
<strong>le</strong>s aventures <strong>de</strong> Do et Jo. Bonne chance pour l’année prochaine, je serai <strong>la</strong> pour te soutenir.<br />
Arnaud, merci pour ta gentil<strong>le</strong>sse et tes conseils. Bon courage pour ta <strong>thèse</strong>. Je te<br />
souhaite beaucoup <strong>de</strong> réussite et <strong>de</strong> bonheur avec ta petite famil<strong>le</strong>.<br />
Merci Luc <strong>de</strong> m’avoir permis d’acquérir plusieurs techniques et <strong>de</strong> m’avoir fait rire. Je<br />
n’ai qu’une chose à te dire, vive <strong>le</strong>s 79!!!<br />
Merci Fabrice pour ton ai<strong>de</strong>, ta gentil<strong>le</strong>sse et ta bonne humeur. Merci pour <strong>le</strong> travail<br />
important que tu as réalisé sur <strong>le</strong>s TRP pendant ta <strong>thèse</strong> et qui m’a permis d’avoir <strong>de</strong>s bases<br />
soli<strong>de</strong>s.<br />
Merci Sandra, pour ton ai<strong>de</strong> technique, ta bonne humeur, ta gentil<strong>le</strong>sse. Sous tes airs<br />
extravertis, j’ai découvert une personne avec un grand cœur et une gran<strong>de</strong> générosité. Gros<br />
bisous à toi et à tes <strong>de</strong>ux bouts <strong>de</strong> chou, Ezéchiel et Zacharie.<br />
Merci Mathil<strong>de</strong> pour ta simplicité, ta gentil<strong>le</strong>sse et ta bonne humeur. J’espère pouvoir<br />
encore mieux te connaître.<br />
Merci Charlotte pour ton soutien et ta gentil<strong>le</strong>sse.<br />
Merci aux nombreuses personnes, ingénieurs, doctorants, techniciens ou stagiaires qui<br />
sont passés dans l’équipe et qui m’ont tous apportée quelque choses : Patricia, Sabrina,<br />
Ludivine, Jessica, Najete, Nathalie, Eve, Char<strong>le</strong>s, Véronique, C<strong>la</strong>ire, Boris, Myriam, et ma<br />
petite Elise qui va bientôt revenir parmi nous, je l’espère.<br />
Merci au Dr. Vincent Thoreau pour son ai<strong>de</strong> scientifique avec <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> RT-PCR<br />
quantitative. Merci au Dr. Anne Cantereau pour son ai<strong>de</strong> au microscope confocal. Merci à<br />
C<strong>la</strong>udine Combes et Khadra Escriva <strong>de</strong> s’être occupées <strong>de</strong> mes petites souris. Je remercie<br />
éga<strong>le</strong>ment tous <strong>le</strong>s personnels <strong>de</strong> l’UMR 6187 qui ont facilité mon séjour au sein du<br />
<strong>la</strong>boratoire.<br />
Je remercie <strong>le</strong> professeur Hugo DeJonge (Erasmus University Medical Center,<br />
Rotterdam, Pays-Bas) <strong>de</strong> m’avoir permis <strong>de</strong> séjourner dans son <strong>la</strong>boratoire. Merci au docteur<br />
Martina Wilke pour son ai<strong>de</strong> précieuse au cours <strong>de</strong> mon séjour.<br />
9
Merci au Dr. Corinne Huchet Cadiou <strong>de</strong> m’avoir permis d’entrer dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
recherche, et d’avoir cru en moi. Nos chemins se sont séparés mais je n’ai pas oublié mes<br />
petites souris mdx. Merci éga<strong>le</strong>ment à Au<strong>de</strong>, A<strong>le</strong>xandra, Sophie et Pascal, pour <strong>le</strong>urs<br />
gentil<strong>le</strong>sses. J’espère que vous al<strong>le</strong>z tous bien.<br />
Merci C<strong>la</strong>udia et C<strong>la</strong>ire pour tous <strong>le</strong>s petits restos, <strong>le</strong>s soirées, <strong>le</strong>s fous rires que nous<br />
avons partagés. Je vous souhaite beaucoup <strong>de</strong> bonheur et <strong>de</strong> réussite pour <strong>la</strong> suite.<br />
Merci ma petite Marie pour tous mes petits séjours sympas à Paris.<br />
Merci F<strong>la</strong>vien, pour ton amour et ton soutien <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s jours, tout simp<strong>le</strong>ment merci<br />
d’embellir ma vie.<br />
Je remercie mon père et marie, pour <strong>le</strong>ur soutien et <strong>le</strong>ur confiance en moi.<br />
Je remercie ma sœur Gwenaël<strong>le</strong>, Jean-Louis, Martin et <strong>le</strong> futur petit Montastier, merci<br />
d’avoir toujours été <strong>la</strong> pour moi. Je remercie <strong>le</strong> <strong>de</strong>uxième homme <strong>de</strong> ma vie, mon petit frère<br />
Brice-Edouard, pour <strong>le</strong> bonheur qu’il m’apporte tous <strong>le</strong>s jours. Enfin, merci maman pour tout<br />
l’amour, <strong>le</strong> soutien et <strong>la</strong> confiance que tu m’as apporté. Merci à vous pour tout l’amour que<br />
vous me donnez. Je vous aime tant.<br />
Je remercie éga<strong>le</strong>ment Stéphane Mathieu et l’association « Mucovie », pour son<br />
soutien financier durant ces trois années <strong>de</strong> <strong>thèse</strong>.<br />
10
Petit Papa Noël,<br />
Je te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> juste <strong>de</strong>ux choses :<br />
un jour <strong>de</strong> répit sans traitement ni ma<strong>la</strong>die et<br />
un médicament mirac<strong>le</strong> pour guérir <strong>la</strong> mucoviscidose,<br />
qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> rien n'a rien et oui <strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s<br />
existent...<br />
Paro<strong>le</strong>s d’une ado<strong>le</strong>scente atteinte <strong>de</strong> mucoviscidose.<br />
Ces paro<strong>le</strong>s prononcées par une jeune patiente atteinte <strong>de</strong> mucoviscidose, résume<br />
l’espoir que fon<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s patients sur <strong>la</strong> découverte d’un traitement curatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
En effet, malgré <strong>la</strong> découverte du gène CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane conductance<br />
Regu<strong>la</strong>tor) et <strong>le</strong>s progrès effectués en matière <strong>de</strong> soins médicaux, <strong>la</strong> mucoviscidose reste une<br />
ma<strong>la</strong>die incurab<strong>le</strong> et l’espérance <strong>de</strong> vie moyenne <strong>de</strong>s personnes atteintes, bien qu’ayant été<br />
fortement augmentée durant <strong>le</strong>s <strong>de</strong>rnières années, n’excè<strong>de</strong> toujours pas à l’heure actuel<strong>le</strong><br />
l’âge <strong>de</strong> 46 ans.<br />
Le dysfonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR induit principa<strong>le</strong>ment un épaississement<br />
du mucus au niveau <strong>de</strong>s poumons qui ne peut plus être éliminé par l’organisme et qui va<br />
contribuer à un environnement favorab<strong>le</strong> au développement d’infections bactériennes. Pour<br />
fluidifier <strong>le</strong> mucus, il est nécessaire <strong>de</strong> restaurer <strong>la</strong> sécrétion chlorure dépendante du CFTR,<br />
et/ou d’activer une voie alternative <strong>de</strong> sécrétion chlorure à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />
épithéliums respiratoires.<br />
Le travail présenté dans ce manuscrit s’inscrit dans une thématique pharmacologique<br />
axée autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> modu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR et d’une thérapie alternative<br />
<strong>de</strong> sécrétion <strong>de</strong>s ions chlorure. Cette approche a pour objectif d’approfondir nos<br />
connaissances sur <strong>le</strong>s canaux présents à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s épithéliums afin <strong>de</strong><br />
découvrir <strong>de</strong>s agents pharmacologiques susceptib<strong>le</strong>s d’être utilisés dans un traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose.<br />
11
Remerciements<br />
Avant-propos<br />
Sommaire<br />
Liste <strong>de</strong>s figures<br />
Liste <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>aux<br />
Liste <strong>de</strong>s abréviations<br />
Historique<br />
SOMMAIRE<br />
I/ La mucoviscidose 13<br />
1. Historique et généralités 13<br />
2. Physiopathologie et manifestations cliniques 14<br />
2.1 Manifestations pulmonaires 15<br />
2.2 Manifestations intestina<strong>le</strong>s 15<br />
2.3 Manifestations pancréatiques 15<br />
2.4 Manifestations hépato-biliaire 16<br />
2.5 Manifestations génita<strong>le</strong>s 16<br />
2.6 Autres manifestations 16<br />
3. Diagnostic et Dépistage 17<br />
3.1 Diagnostic 17<br />
a. Test <strong>de</strong> <strong>la</strong> sueur 17<br />
b. Mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> potentiel nasal 17<br />
c. Diagnostic différentiel 18<br />
3.2 Dépistage 18<br />
a. Dépistage néonatal 18<br />
b. Dépistage prénatal 19<br />
4. Traitements palli<strong>la</strong>tifs actuels 19<br />
II/ Les transports épithéliaux 22<br />
III/ Le CFTR 25<br />
1. Voie <strong>de</strong> biosyn<strong>thèse</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage 25<br />
2. Structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage 26<br />
2.1 Les domaines transmembranaires TMD1 et TMD2 27<br />
2.2 Le domaine <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion R 27<br />
2.3 Les domaines <strong>de</strong> liaison aux nucléoti<strong>de</strong>s NBD1 et NBD2 28<br />
2.4 Les bouc<strong>le</strong>s intra-cytop<strong>la</strong>smiques et extracellu<strong>la</strong>ires 28<br />
12<br />
1<br />
2<br />
6<br />
9<br />
10<br />
13
3. Fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage 29<br />
3.1 CFTR : une protéine régu<strong>la</strong>trice 29<br />
3.2 CFTR : un canal chlorure 32<br />
a. Conductance et sé<strong>le</strong>ctivité du canal CFTR 32<br />
b. Mécanisme d’ouverture et <strong>de</strong> fermeture du canal CFTR 32<br />
c. Phosphory<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>le</strong>s PKA et <strong>le</strong>s PKC 33<br />
d. Régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>le</strong>s protéines phosphatases 34<br />
e. Régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par l’ATP 34<br />
f. Régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>le</strong>s seconds messagers 35<br />
4. Pharmacologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR 35<br />
4.1 Activateurs et potentiateur du CFTR 35<br />
a. Les activateurs et potentiateurs indirects du CFTR 35<br />
b. Les activateurs et potentiateurs directs du CFTR 36<br />
4.2 Inhibiteurs du CFTR 37<br />
5. Les différentes mutations <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR 40<br />
6. Stratégies <strong>de</strong> thérapies curatives 44<br />
6.1 Thérapie génique 44<br />
6.2 Thérapie cellu<strong>la</strong>ire 44<br />
6.3 Thérapie pharmacologique 45<br />
a. Thérapie pharmacologique du CFTR 45<br />
. Thérapie pharmacologique adaptée aux mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse I 46<br />
. Thérapie pharmacologique adaptée aux mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II 47<br />
. Thérapie adaptée aux mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II à V 49<br />
. Molécu<strong>le</strong>s à doub<strong>le</strong>s-activitées 51<br />
b. Thérapie pharmacologique par l’activation d’une voie 52<br />
alternative CaCC-dépendante<br />
IV/ Les canaux chlorure calcium dépendant (CaCC) 55<br />
1. Fonction <strong>de</strong>s CaCC 55<br />
1.1 Rô<strong>le</strong> physiologique <strong>de</strong>s CaCC 55<br />
1.2 Caractérisation et régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s CaCC 55<br />
a. Régu<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong> Ca 2+ et <strong>la</strong> CAMKII 44 56<br />
b. Régu<strong>la</strong>tion par l'IP4 et <strong>le</strong>s annexines 45 57<br />
c. Régu<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong> CFTR 45 57<br />
d. Autres régu<strong>la</strong>tion 46 58<br />
1.3 Pharmacologie <strong>de</strong>s CaCC 58<br />
a. Activateurs du CaCC 46 58<br />
b. Inhibiteurs <strong>de</strong>s CaCC 59<br />
2. Candidats molécu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s CaCC 60<br />
2.1 Les SLC26 62<br />
2.2 Les bestrophines 63<br />
2.3 Les TMEM16 66<br />
a. TMEM16a 54 66<br />
b. TMEM16b 58 69<br />
c. Les autres TMEM16 58 70<br />
Problématiques et objectifs<br />
13<br />
71
I/ Con<strong>texte</strong> scientifique et objectifs 71<br />
1. GPact-11a 71<br />
2. Guanabenz 72<br />
II/ Présentation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s 72<br />
Matériels et métho<strong>de</strong>s<br />
I/ Matériels utilisés 74<br />
1. Le matériel cellu<strong>la</strong>ire 74<br />
1.1 Cellu<strong>le</strong>s primaires humaines 74<br />
a. Origine <strong>de</strong>s prélèvements 44 74<br />
b. Iso<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s 45 75<br />
1.2 Lignées cellu<strong>la</strong>ires 75<br />
a. Les cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 et MM39 44 75<br />
b. Entretien <strong>de</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires 45 76<br />
c. La congé<strong>la</strong>tion et décongé<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires 44 76<br />
2. Les modè<strong>le</strong>s animaux 45 77<br />
II/ Techniques d’étu<strong>de</strong>s in vitro 78<br />
1. Les techniques <strong>de</strong> biologie molécu<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> biochimie 78<br />
1.1 Technique <strong>de</strong> transfection par « small interfering RNA » (siRNA) 78<br />
a. Principe 44 78<br />
b. Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> transfection 45 78<br />
1.2 Technique <strong>de</strong> Western Blot 79<br />
a. Principe 44 79<br />
b. Extraction et dosage <strong>de</strong>s protéines 45 79<br />
c. E<strong>le</strong>ctrophorèse et transfert sur membrane 44 80<br />
d. Saturation et hybridation <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane 44 82<br />
e. Révé<strong>la</strong>tion 45 82<br />
2. Technique <strong>de</strong> physiologie cellu<strong>la</strong>ire 83<br />
2.1 Mesure <strong>de</strong> l’activité calcique intracellu<strong>la</strong>ire 83<br />
a. Principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4 44 83<br />
b. Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> charge 45 84<br />
c. Analyse <strong>de</strong>s résultats 44 84<br />
2.2 Mesure du potentiel membranaire 85<br />
a. Principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> oxonol 44 85<br />
b. Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> charge 45 86<br />
c. Analyse <strong>de</strong>s résultats 44 86<br />
2.3 Efflux d’iodure 87<br />
a. Principe 44 87<br />
b. Protoco<strong>le</strong> 45 88<br />
c. Analyse <strong>de</strong>s résultats 44 89<br />
III/ Techniques d’étu<strong>de</strong>s ex vivo et in vivo 91<br />
1. La technique <strong>de</strong> chambre <strong>de</strong> Ussing 90<br />
14<br />
74
1.1 Principe 90<br />
1.2 Système expérimenta<strong>le</strong> 90<br />
1.3 Préparation <strong>de</strong>s tissus 91<br />
1.4 Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> dépo<strong>la</strong>risation 92<br />
2. Mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire 93<br />
2.1 Principe 93<br />
2.2 Protoco<strong>le</strong> et analyse 93<br />
IV/ Métho<strong>de</strong>s statistiques 94<br />
Résultats<br />
I/ I<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> d’activateurs <strong>de</strong> CFTR 95<br />
1. Con<strong>texte</strong> <strong>de</strong> travail 95<br />
2. Etu<strong>de</strong> d’un nouvel activateur <strong>de</strong> CFTR : <strong>le</strong> GPact-11a 97<br />
2.1 Artic<strong>le</strong> 97<br />
2.2 Résultats complémentaires 110<br />
a. Accessibilité du GPact-11a 44 110<br />
b. Effet du GPact-11a sur <strong>le</strong>s mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III 45 113<br />
3. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> structure-activité 44 114<br />
4. Discussion 116<br />
II/ Etu<strong>de</strong> d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation du CaCC 120<br />
1. Con<strong>texte</strong> <strong>de</strong> travail 120<br />
2. Con<strong>texte</strong> bibliographique 121<br />
2.2 TRPV 121<br />
2.3 TRPC 122<br />
3. Effet du guanabenz in vitro, ex vivo et in vivo 124<br />
3.1 Effet du guanabenz in vitro 124<br />
3.2 Effet du guanabenz ex vivo 127<br />
3.3 Effet du guanabenz in vivo 127<br />
4. Mécanisme d’action du guanabenz 129<br />
4.1 Le guanabenz : un agoniste 2-adrénergique 129<br />
4.2 Effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC et TRPV 130<br />
a. Effet <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong>s canaux TRPC et TRPV 44 130<br />
b. Effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC1 45 131<br />
c. Effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC6 44 134<br />
4.3 I<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation <strong>de</strong>s CaCC 136<br />
5. Discussion 137<br />
Conclusion généra<strong>le</strong>s et perspectives<br />
Bibliographie<br />
Annexes<br />
15<br />
95<br />
141<br />
146
LISTE DES FIGURES<br />
Figure 1 : Les différents organes atteints lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. ..................................................... 24<br />
Figure 2 : Mesure <strong>de</strong> ddp chez un patient CF et non-CF lors <strong>de</strong> l’administration sur <strong>la</strong> muqueuse nasa<strong>le</strong><br />
d’amilori<strong>de</strong>, d’une solution sans chlorure et d’ATP.............................................................................. 28<br />
Figure 3 : Essais cliniques en cours dans <strong>le</strong> traitement palliatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose........................... 31<br />
Figure 4 : Représentation schématique <strong>de</strong>s principaux transports présents à <strong>la</strong> membrane d’une cellu<strong>le</strong><br />
épithélia<strong>le</strong> <strong>de</strong> voies respiratoires. .......................................................................................................... 32<br />
Figure 5 : Le CFTR du gène à <strong>la</strong> protéine............................................................................................. 35<br />
Figure 6 : Biogenèse et routage intracellu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage. ..................................... 36<br />
Figure 7 : Schéma illustrant l’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR.......................................................... 37<br />
Figure 8 : Modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure tridimensionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR dans une conformation<br />
canal ouvert, proposé par <strong>le</strong> Dr Cal<strong>le</strong>baut. ............................................................................................ 39<br />
Figure 9: Rô<strong>le</strong>s présumés <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR dans <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> épithélia<strong>le</strong>. .......................................... 40<br />
Figure 10 : Modè<strong>le</strong> simplifié <strong>de</strong> l’activité du canal CFTR régulée par <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> son<br />
domaine régu<strong>la</strong>teur et <strong>la</strong> fixation d’ATP sur ses domaines NBDs........................................................ 43<br />
Figure 11 : Régu<strong>la</strong>tion du CFTR par <strong>le</strong>s récepteurs adénosine et purinergique (P2Y2)....................... 45<br />
Figure 12 : Structure chimique du CFTRinh-172. .................................................................................. 50<br />
Figure 13 : Répartitions <strong>de</strong>s mutations du gène CFTR.......................................................................... 51<br />
Figure 14 : C<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s mutations du gène CFTR. ...................................................................... 51<br />
Figure 15 : Tracés caractéristiques obtenus en canal unitaire, après stimu<strong>la</strong>tion par <strong>de</strong> <strong>la</strong> forskoline,<br />
pour <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage ou mutée F508<strong>de</strong>l............................................................................... 52<br />
Figure 16 : Schéma explicatif du fonctionnement <strong>de</strong> l’Ataluren........................................................... 56<br />
Figure 17 : Action du miglustat sur <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> calnexine................................................................. 58<br />
Figure 18 : Stratégie <strong>de</strong> création d’une molécu<strong>le</strong> hybri<strong>de</strong> à doub<strong>le</strong> activités correctrice et<br />
potentiatrice du CFTR........................................................................................................................... 62<br />
Figure 19 : Représentation schématique <strong>de</strong> l’importance du CaCC dans <strong>le</strong>s transports ioniques d’une<br />
cellu<strong>le</strong> épithélia<strong>le</strong>................................................................................................................................... 63<br />
Figure 20 : Schéma récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’activation du CaCC par <strong>le</strong> calcium. ........................................... 66<br />
Figure 21 : Schéma récapitu<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s CaCCs....................................... 67<br />
Figure 22 : Voie <strong>de</strong> signalisation intracellu<strong>la</strong>ire induite par l’activation <strong>de</strong>s récepteurs P2Y2............. 69<br />
Figure 23 : Arbres phylogénétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s SLC26…………………………………………..72<br />
Figure 24 : Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s différentes bestrophines <strong>de</strong>s vertébrés. ................................................... 73<br />
Figure 25 : Modè<strong>le</strong> présumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bestrophine 2.......................................................... 74<br />
Figure 26 : Rô<strong>le</strong>s présumés <strong>de</strong> <strong>la</strong> bestrophine 1 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s. ........................................................ 75<br />
16
Figure 27 : Arbres phylogénétique <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> TMEM16……………76<br />
Figure 28 : Modè<strong>le</strong> présumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A............................................... 77<br />
Figure 29 : Expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A dans <strong>le</strong>s tissus <strong>de</strong> souris. ........................................ 78<br />
Figure 30 : Structure chimique du GPact-11a. ...................................................................................... 81<br />
Figure 31 : Structure chimique du guanabenz....................................................................................... 82<br />
Figure 32 : Représentation schématique <strong>de</strong>s transports ioniques d’une cellu<strong>le</strong> épithélia<strong>le</strong>................... 83<br />
Figure 33 : Souris C57Bl/6 et 129/FVB utilisées dans nos étu<strong>de</strong>s........................................................ 87<br />
Figure 34 : Structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4-AM. ...................................................................................... 93<br />
Figure 35 : Principe <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4-AM dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s............................................ 93<br />
Figure 36 : Tracés et images XY représentant l’évolution <strong>de</strong> fluorescence <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4 en<br />
fonction du temps suite à l’application d’un agoniste........................................................................... 95<br />
Figure 37 : Structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> [DiSBAC2(3)]................................................................................... 95<br />
Figure 38 : Tracés et images XY représentant l’évolution <strong>de</strong> fluorescence <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> [DiSBAC2(3)]<br />
en fonction du temps suite à l’application d’un agoniste et d’un inhibiteur.......................................... 97<br />
Figure 39 : Représentation graphique <strong>de</strong>s efflux d’iodures................................................................... 99<br />
Figure 40 : Chambre <strong>de</strong> Ussing........................................................................................................... 101<br />
Figure 41 : Représentation schématique d’une chambre <strong>de</strong> Ussing.................................................... 101<br />
Figure 42 : Schéma <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s salivaires .................................................................... 103<br />
Figure 43 : Réaction entre <strong>le</strong> méthylglyoxal et l’-aminoazahétérocyc<strong>le</strong>........................................... 105<br />
Figure 44 : Exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> tracés d’efflux iodure représentant <strong>la</strong> potentialisation par <strong>le</strong> GPact-11a et<br />
l’inhibition par <strong>le</strong> GPinh-5a <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse forskoline (Fsk) dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CHO-CFTRwt (n = 4).106<br />
Figure 45 : Structure chimique du GPinh-5a et du GPact-11a............................................................ 107<br />
Figure 46: Effet du GPact-11a sur <strong>la</strong> membrane <strong>de</strong> l’épithélium colonique. ...................................... 120<br />
Figure 47 : Effet du GPact-11a sur l’épithélium colonique en présence et en absence <strong>de</strong> DTT. ........ 121<br />
Figure 48 : Effet du GPact-11a sur <strong>le</strong> colon en présence <strong>de</strong> DTT, <strong>de</strong> cystéine et <strong>de</strong> -cyclo<strong>de</strong>xtrine. 122<br />
Figure 49: Effet du GPact-11a sur <strong>de</strong>s mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III............................................................... 123<br />
Figure 50 : Evolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du GPact-11a vers <strong>le</strong> GPact-26a............................................... 124<br />
Figure 51 : Evaluation <strong>de</strong> l’effet du GPact-26a sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CHO-CFTRwt…………………...…114<br />
Figure 52 : Effet du GPact-26a sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s MM39 par <strong>la</strong> technique d’oxonol…………………115<br />
Figure 53 : Sécrétion salivaire induite par <strong>le</strong> GPact-26a sur <strong>le</strong>s souris cftr +/+ . .................................... 126<br />
Figure 54 : Structure chimique du GPinh-5a et du GPact-11a............................................................ 127<br />
Figure 55 : Motif structural minimum du pharmacophore supposé. ................................................... 128<br />
Figure 56 : Structure chimique <strong>de</strong>s quinolizium. ................................................................................ 128<br />
Figure 57 : Effet du guanabenz sur l’activation du CaCC dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF15……...................... 130<br />
Figure 58 : Arbre phylogénétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s canaux TRP humains. ........................................ 131<br />
Figure 59 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF15, CF-KM4 et MM39.<br />
............................................................................................................................................................. 134<br />
17
Figure 60 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s pulmonaires humaines... 135<br />
Figure 61 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s pulmonaires po<strong>la</strong>risées non-<br />
CF………………… ............................................................................................................................ 136<br />
Figure 62 : Effet du guanabenz sur l’épithélium colonique <strong>de</strong> souris cftr -/- . ....................................... 137<br />
Figure 63 : Sécrétion salivaire induite par <strong>le</strong> guanabenz sur <strong>de</strong>s souris cftr -/- . .................................... 138<br />
Figure 64 : Sécrétion salivaire induite par <strong>le</strong> guanabenz sur <strong>de</strong>s souris cftr -/- . .................................... 138<br />
Figure 65 : Comparaison <strong>de</strong>s effets du guanabenz, <strong>de</strong> <strong>la</strong> clonidine et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cirazoline<br />
sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC.................................................................................................................... 140<br />
Figure 66 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC en présence <strong>de</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium ou <strong>de</strong><br />
SKF...................................................................................................................................................... 141<br />
Figure 67 : Effet du siRNA contrô<strong>le</strong> et TRPC1 sur l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC1 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
CF-KM4, en comparaison avec une protéine <strong>de</strong> référence…………………………………………...132<br />
Figure 68 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC1 sur <strong>la</strong> mobilisation calcique induite par <strong>le</strong> guanabenz sur<br />
<strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC1…………………...132<br />
Figure 69 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC1 sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz dans <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC1………………133<br />
Figure 70 : Effet du siRNA contrô<strong>le</strong> et TRPC6 sur l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
CF-KM4, en comparaison avec une protéine <strong>de</strong> référence……………………………………...……134<br />
Figure 71 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC6 sur <strong>la</strong> mobilisation calcique induite par <strong>le</strong> guanabenz sur<br />
<strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC6……...……………135<br />
Figure 72 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC6 sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz dans <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC6………………135<br />
Figure 73 : Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracé représentatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation calcique induite par l’OAG et inhibée par<br />
<strong>le</strong> SKF96365 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4. ............................................................................................ 147<br />
Figure 74 : Effet <strong>de</strong> l’OAG sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4…….………………137<br />
Figure 75 : Structure chimique du guanabenz, du DAG et d’un dérivé actif <strong>de</strong> l’hyperforine. ......... 149<br />
Figure 76 : Répresentation schématique <strong>de</strong> l’effet du guanabenz, du GPact11a et du GPact-26a<br />
sur <strong>le</strong>s transports ioniques à <strong>la</strong> surface d’une cellu<strong>le</strong>........................................................................... 151<br />
Figure 77 : Structure chimique du GPinh-5a, GPact-11a et GPact-26a. ............................................. 153<br />
Figure 78 : Schéma représentatif <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s pharmacologiques existantes dans <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose. .................................................................................................................................... 155<br />
18
LISTE DES TABLEAUX<br />
Tab<strong>le</strong>au 1 : Traitements palliatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. 30<br />
Tab<strong>le</strong>au 2 : Exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tions envisagées entre <strong>le</strong> CFTR et d’autres protéines. 41<br />
Tab<strong>le</strong>au 3 : Tab<strong>le</strong>au non-exhaustif <strong>de</strong>s potentiateurs et activateurs <strong>de</strong> CFTR. 48<br />
Tab<strong>le</strong>au 4 : Tab<strong>le</strong>au récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> CFTR. 49<br />
Tab<strong>le</strong>au 5 : Tab<strong>le</strong>au récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s correcteurs <strong>de</strong> CFTR. 57<br />
Tab<strong>le</strong>au 6 : Récapitu<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s utilisab<strong>le</strong>s en thérapie pharmacologique. 60<br />
Tab<strong>le</strong>au 7: Tab<strong>le</strong>au récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s différentes molécu<strong>le</strong>s inhibitrices du CaCC. 70<br />
Tab<strong>le</strong>au 8 : Composition <strong>de</strong>s solutions A et B nécessaires à <strong>la</strong> transfection <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s par<br />
siRNA. 88<br />
Tab<strong>le</strong>au 9 : Composition du tampon <strong>de</strong> lyse. 90<br />
Tab<strong>le</strong>au 10 : Composition du cocktail d’inhibiteurs <strong>de</strong> protéases. 90<br />
Tab<strong>le</strong>au 11 : Composition du tampon <strong>de</strong> <strong>la</strong>emmli 2X. 90<br />
Tab<strong>le</strong>au 12 : Composition <strong>de</strong>s gels <strong>de</strong> polyacry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong>. 91<br />
Tab<strong>le</strong>au 13 : Composition du tampon d’é<strong>le</strong>ctrophorèse 10X. 91<br />
Tab<strong>le</strong>au 14 : Composition du tampon <strong>de</strong> transfert. 91<br />
Tab<strong>le</strong>au 15 : Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s anticorps primaires utilisés. 92<br />
Tab<strong>le</strong>au 16 : Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s anticorps secondaire utilisés. 92<br />
Tab<strong>le</strong>au 17 : Composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> Krebs. 94<br />
Tab<strong>le</strong>au 18 : Composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> Krebs sans Cl - . 96<br />
Tab<strong>le</strong>au 19 : Composition du milieu d’efflux pour <strong>le</strong>s systèmes d’expression endogènes. 99<br />
Tab<strong>le</strong>au 20 : Composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> Krebs « normal ». 102<br />
Tab<strong>le</strong>au 21 : Détermination <strong>de</strong> l’IC50 (concentration du composé inhibant 50 % <strong>de</strong> l'effet<br />
observé) <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxal <strong>le</strong>s plus efficaces, testés en efflux d’iodure. 106<br />
Tab<strong>le</strong>au 22: Résumé <strong>de</strong>s caractéristiques d’activation et d’inhibition <strong>de</strong>s canaux TRPV. 132<br />
Tab<strong>le</strong>au 23 : Résumé <strong>de</strong>s caractéristiques d’activation et d’inhibition <strong>de</strong>s canaux TRPC. 133<br />
19
4-PBA 4-phenylbutyrate<br />
LISTE DES ABREVIATIONS<br />
A9C Aci<strong>de</strong> anthracène-9-Carboxylique<br />
ABC ATP-binding Cassette<br />
ADN Aci<strong>de</strong> DésoxyriboNucléique<br />
ADNc ADN complémentaire<br />
ADO Récepteur adénosine<br />
AIF Apoptotic Inducing Factor<br />
AMPc A<strong>de</strong>nosine MonoPhosphate cyclique<br />
Anx Annexine<br />
ARN Aci<strong>de</strong> Ribonucléique<br />
ARNm ARN messager<br />
ATP A<strong>de</strong>nosine TriPhosphate<br />
CACC Canal chlorure activé par <strong>le</strong> Ca 2+<br />
CAM-kinase Calmoduline kinase<br />
CHIP C-terminus of Hsc70 Interacting Protein<br />
CF Cystic fibrosis<br />
CFTR Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regu<strong>la</strong>tor<br />
CFTR wt CFTR wild-type ou CFTR sauvage<br />
DAG DiacylGlycérol<br />
ddp Différence De Potentiel<br />
DHFR Dihydrofo<strong>la</strong>te reductase<br />
DIDS Aci<strong>de</strong> 4,4’-diisothiocyanato-stilbene-2,2’-disulfonique<br />
DMSO Diméthylsulfoxy<strong>de</strong><br />
DO Densité Optique<br />
Domaine PDZ Domaine PSD-95/D1g/Zo-1<br />
Domaine R Domaine regu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> CFTR<br />
DPC Aci<strong>de</strong> dipheny<strong>la</strong>mine-2-carboxylique<br />
DTT Dithiothreitol<br />
EDTA Ethy<strong>le</strong>n Diamine Tetraacetic Acid<br />
EGTA Ethy<strong>le</strong>n Glycol Tetraacetic Acid<br />
ENaC Epithelial Na + Channel<br />
ERAD ER Associated Degradation<br />
ERC ER Compartment<br />
A<br />
C<br />
D<br />
E<br />
20
ERQC ER Quality Control<br />
F508<strong>de</strong>l <strong>de</strong><strong>le</strong>tion d’une pheny<strong>la</strong><strong>la</strong>nine en position 508<br />
FFA Aci<strong>de</strong> Flufénamique<br />
Fluo-4-AM Fluo-4-acetoxymethyl ester<br />
Fsk Forskoline<br />
Glc Glucose<br />
GMPc Guanidine MonoPhosphate cyclique<br />
Gst Génistéine<br />
Hsc Heat Shock Cognate<br />
Hsp Heat Shock Protein<br />
IBMX Isobutylméthylxanthine<br />
IP3<br />
Inositol tris phosphate<br />
IP4<br />
Inositol tetrakisphosphate<br />
KO Knock Out<br />
MPB Sels <strong>de</strong> benzo[c]quinolizinium<br />
MSD Membrane Spanning Domain<br />
F<br />
G<br />
H<br />
I<br />
K<br />
M<br />
NBD Nuc<strong>le</strong>oti<strong>de</strong> Binding Domain<br />
NB-DNJ N-Butyl <strong>de</strong>oxynojirimycin, miglustat<br />
NFA Aci<strong>de</strong> Niflumique<br />
ORCC Outwardly rectifying Chlori<strong>de</strong> Channel<br />
OAG O<strong>le</strong>oyl-2-Acetyl-sn-Glycerol<br />
P2Y2 Récepteur purinergique <strong>de</strong> type 2<br />
PIP2 Phosphatidyl-inositol-diphosphate<br />
PKA Protéine Kinase A<br />
PKC Protéine Kinase C<br />
N<br />
O<br />
P<br />
21
PLC Phospholipase C<br />
PPase Phosphatase<br />
RAC Receptor Activated Channel<br />
RE Réticulum Endop<strong>la</strong>smique<br />
ROMK Renal Outer Medul<strong>la</strong>ry K + channel<br />
RT-PCR Reverse Transcription-Polymerase Chain Reaction<br />
Rte Résistance transépithelia<strong>le</strong><br />
RR Rouge <strong>de</strong> Ruthénium<br />
SDS Sodium Do<strong>de</strong>cyl Sulfate<br />
siRNA Short Interfering RNA sequence<br />
SITS Aci<strong>de</strong> 4-acetamido-4’-isothiocyanatostilbene-2,2’-disulfonique<br />
SOC Store Operated Channel<br />
STIM Stromal Interacting Mo<strong>le</strong>cu<strong>le</strong><br />
SVF Sérum <strong>de</strong> veaux fœtal<br />
TMD Domaine Transmembranaire<br />
TRPC Transient Receptor Potential Canonical<br />
TRPV Transient Receptor Potential Vanilloid<br />
TRPM Transient Receptor Potential Me<strong>la</strong>nostatin<br />
Ubc Ubiquitine<br />
UTP Uridine TriPhosphate<br />
WT Wild Type<br />
R<br />
S<br />
T<br />
U<br />
W<br />
22
I/ La mucoviscidose<br />
1. Historique et généralités<br />
La mucoviscidose est <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die génétique héréditaire à transmission autosomique<br />
récessive <strong>la</strong> plus fréquente dans <strong>le</strong>s popu<strong>la</strong>tions européennes. En France, un nouveau-né sur<br />
4600 est atteint <strong>de</strong> mucoviscidose. El<strong>le</strong> touche principa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s organes respiratoires et<br />
digestifs.<br />
Dès <strong>le</strong> Moyen Âge, on connaissait <strong>le</strong> sort funeste du nouveau-né dont <strong>la</strong> mère<br />
remarquait <strong>le</strong> « baiser salé », c'est-à-dire <strong>le</strong> goût salé <strong>la</strong>issé par un baiser sur <strong>le</strong> front <strong>de</strong><br />
l'enfant. Mais c'est en 1936, que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die est décrite pour <strong>la</strong> première fois sous <strong>le</strong> nom <strong>de</strong><br />
« fibrose kystique du pancréas et bronchectasie » par <strong>le</strong> pédiatre Guido Fanconi (Fanconi et<br />
al., 1936). El<strong>le</strong> ne fut considérée comme une entité pathologique distincte qu'en 1938 grâce au<br />
Dr Dorothy Hansine An<strong>de</strong>rsen (An<strong>de</strong>rsen et al., 1938). Le terme <strong>de</strong> mucoviscidose créé à<br />
partir <strong>de</strong>s termes « mucus » et « visqueux », fut utilisé pour <strong>la</strong> première fois en 1943 par <strong>le</strong> Dr.<br />
Sydney Farber (Farber et al., 1945). C’est en 1953 que <strong>le</strong> docteur Paul di Sant' Agnese<br />
découvre <strong>le</strong>s anomalies é<strong>le</strong>ctrolytiques dans <strong>la</strong> sueur <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s (augmentation importante<br />
du chlorure et du sodium et moins marquée du potassium), permettant d'envisager un<br />
diagnostic spécifique à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die : <strong>le</strong> test <strong>de</strong> <strong>la</strong> sueur. En 1983, Quinton décrit <strong>le</strong> défaut <strong>de</strong><br />
perméabilité aux ions chlorure au niveau <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s sudoripares<br />
(Quinton, 1983). La même année Know<strong>le</strong>s observe <strong>le</strong> même phénomène au niveau <strong>de</strong><br />
l’épithélium pulmonaire (Know<strong>le</strong>s et al., 1983). En 1989, <strong>le</strong> gène impliqué dans <strong>la</strong><br />
mucoviscidose est isolé par <strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> Lap-Chee Tsui, Francis Collins et John Riordan. Il<br />
s'agit d'un gène localisé sur <strong>le</strong> chromosome 7 contenant 27 exons et codant un canal chlorure<br />
transmembranaire appelé CFTR pour Cystic Fibrosis Transmenbrane conductance Regu<strong>la</strong>tor<br />
(Kerem et al., 1989; Riordan et al., 1989; Rommens et al., 1989).<br />
Bien que <strong>le</strong> gène ait été découvert il y a plus <strong>de</strong> 20 ans, il n’existe toujours pas <strong>de</strong><br />
traitement capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> soigner <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die mais <strong>le</strong>s progrès dans <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s<br />
ont permis d’augmenter <strong>la</strong> qualité et l’espérance <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients. En effet, pour <strong>le</strong>s enfants<br />
qui naissent en 2008, l’espérance <strong>de</strong> vie est <strong>de</strong> 46 ans, alors qu'el<strong>le</strong> n’était que <strong>de</strong> 7 ans en<br />
1965.<br />
23
2. Physiopathologie et manifestations cliniques<br />
La mucoviscidose touche l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s tissus épithéliaux <strong>de</strong> l’organisme. Ces tissus<br />
se retrouvent dans <strong>de</strong> nombreux organes : <strong>le</strong>s voies respiratoires, <strong>le</strong> pancréas, <strong>le</strong> foie, l’arbre<br />
biliaire, l’intestin grê<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s canaux déférents <strong>de</strong>s organes génitaux masculins et <strong>le</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s<br />
sudoripares <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau (Figure 1).<br />
Figure 1 : Les différents organes atteints lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
(D’après Welsh, 1995 ; modifiée par Renaud Dérand, 2001)<br />
La sévérité <strong>de</strong>s manifestations cliniques varie selon <strong>le</strong>s mutations du gène CFTR, mais aussi<br />
selon <strong>de</strong>s facteurs génétiques et environnementaux.<br />
24
2.1 Manifestations pulmonaires<br />
Les manifestations pulmonaires sont <strong>la</strong> cause majeure <strong>de</strong> mortalité. L’absence <strong>de</strong><br />
CFTR à <strong>la</strong> membrane entraine <strong>la</strong> déshydratation et l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité du mucus<br />
qui conduisent à une obstruction chronique <strong>de</strong>s bronches. Les poussières et <strong>le</strong>s bactéries sont<br />
diffici<strong>le</strong>ment évacuées et <strong>le</strong>s propriétés antibactériennes du mucus sont diminuées. Tous ces<br />
éléments favorisent l’apparition d’une infection précoce <strong>de</strong>venant rapi<strong>de</strong>ment chronique<br />
associée à une réaction inf<strong>la</strong>mmatoire (Doring, 1996). Les premiers germes colonisant <strong>le</strong>s<br />
voies ariennes sont Haemophilus influenzae et Staphylococcus aureus, puis Pseudomonas<br />
aeruginosa à un sta<strong>de</strong> plus avancé. Le cerc<strong>le</strong> vicieux inf<strong>la</strong>mmation chronique et surinfection<br />
bactérienne aboutit à <strong>la</strong> fibrose sévère du tissu pulmonaire et en conséquence à une<br />
insuffisance respiratoire majeure.<br />
2.2 Manifestations intestina<strong>le</strong>s<br />
L’obstruction intestina<strong>le</strong> caractéristique <strong>de</strong> cette pathologie se manifeste dès <strong>le</strong>s<br />
premiers jours <strong>de</strong> vie chez 10 à 20% <strong>de</strong>s nouveaux-nés par un i<strong>le</strong>us méconial (rétention <strong>de</strong>s<br />
sel<strong>le</strong>s primitives). Le syndrome <strong>de</strong> l’occlusion intestina<strong>le</strong> dista<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment survenir chez<br />
l’enfant ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. Ces obstructions sont liées à une mauvaise hydratation <strong>de</strong>s sel<strong>le</strong>s.<br />
2.3 Manifestations pancréatiques<br />
L’insuffisance pancréatique exocrine est présente chez environ 90% <strong>de</strong>s patients. Chez<br />
<strong>le</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>le</strong>s canaux pancréatiques se bouchent et <strong>le</strong>s enzymes du pancréas (lipase,<br />
trypsine…) sont peu excrétées dans <strong>la</strong> lumière intestina<strong>le</strong>. Ces enzymes agressent alors <strong>le</strong><br />
tissu pancréatique et induisent <strong>la</strong> fibrose. Tous ces éléments sont responsab<strong>le</strong>s d’un défaut<br />
d’absorption <strong>de</strong>s graisses, <strong>de</strong>s protéines et <strong>de</strong>s vitamines liposolub<strong>le</strong>s (Davis et al., 1996). La<br />
ma<strong>la</strong>bsorption entraine alors une diarrhée chronique graisseuse, <strong>de</strong>s insuffisances <strong>de</strong><br />
croissance, un retard pubertaire, une anémie et <strong>de</strong>s troub<strong>le</strong>s carentiels.<br />
Un diabète « insulinoprive » peut éga<strong>le</strong>ment survenir à l’âge adulte, il touche environ<br />
15% <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. Il est causé par <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s ß <strong>de</strong>s ilots <strong>de</strong> Langerhans<br />
conduisant à un défaut <strong>de</strong> sécrétion d’insuline.<br />
25
2.4 Manifestations hépato-biliaire<br />
L’élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>la</strong> bi<strong>le</strong> induit l’obstruction <strong>de</strong>s canaux hépatiques et<br />
empêche son évacuation vers <strong>la</strong> vésicu<strong>le</strong> biliaire. El<strong>le</strong> se traduit dans 10 à 15% <strong>de</strong>s cas par une<br />
cirrhose biliaire. Une stéatose hépatique (accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s triglyceri<strong>de</strong>s), une hépatite<br />
néonata<strong>le</strong> et parfois même une hépatomégalie (atrophie hepatique) peuvent aussi être<br />
observées. De plus, <strong>la</strong> vésicu<strong>le</strong> biliaire est fréquemment atrophiée et on retrouve éga<strong>le</strong>ment<br />
dans certains cas une lithiase vésicu<strong>la</strong>ire.<br />
2.5 Manifestations génita<strong>le</strong>s<br />
Les manifestations génita<strong>le</strong>s posent un problème <strong>de</strong> plus en plus important avec<br />
l'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> survie <strong>de</strong>s patients. Chez <strong>la</strong> femme, une hypofertilité due à <strong>de</strong>s<br />
modifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ire cervica<strong>le</strong> (Oppenheimer et al., 1970) est observée, néanmoins <strong>le</strong>s<br />
grossesses <strong>de</strong> femmes atteintes ne sont plus rares. Chez l'homme, une stérilité causée par<br />
l’atrésie bi<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s canaux déférents est décrite. L'atrophie <strong>de</strong>s voies excrétrices <strong>de</strong>s<br />
spermatozoï<strong>de</strong>s (canal déférent et vésicu<strong>le</strong>s sémina<strong>le</strong>s) entraîne une azoospermie ou<br />
oligospermie sévère.<br />
2.6 Autres manifestations<br />
Les affections rhino-sinusiennes sont fréquentes. L’inf<strong>la</strong>mmation et l’infection<br />
chronique du mucus entraînent une sinusite chronique et <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> polypes nasaux. Une<br />
déshydratation causée par perte <strong>de</strong> sel au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> peau peut apparaitre lors <strong>de</strong> l’effort ou<br />
<strong>de</strong> forte cha<strong>le</strong>ur. Une cardiomyopathie probab<strong>le</strong>ment d'origine carentiel<strong>le</strong> peut être décrite<br />
ainsi qu'une hypertension artériel<strong>le</strong> pulmonaire.<br />
26
3. Diagnostic et dépistage<br />
3.1 Diagnostic<br />
a. Test <strong>de</strong> <strong>la</strong> sueur<br />
Le test <strong>de</strong> <strong>la</strong> sueur a été décrit pour <strong>la</strong> première fois en 1959 par Gibson et Cooke<br />
(GIBSON & COOKE, 1959). Chez <strong>le</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, <strong>le</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s sudoripares ont une teneur<br />
augmentée en ions sodium, potassium et chlorure. Le dosage <strong>de</strong>s ions chlorure dans <strong>la</strong> sueur<br />
<strong>de</strong>s patients représente donc l’examen <strong>le</strong> plus fiab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> dépistage <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. La<br />
sueur est obtenue grâce au passage d’un faib<strong>le</strong> courant à travers <strong>la</strong> peau entre <strong>de</strong>ux é<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong>s<br />
et à l’application d’un tampon <strong>de</strong> pilocarpine. Cette molécu<strong>le</strong> est un activateur <strong>de</strong>s voies<br />
cholinergiques, el<strong>le</strong> stimu<strong>le</strong> <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong> sueur ensuite recueillie sur un papier filtre (Chinet<br />
et al., 2000).<br />
Lorsque <strong>la</strong> concentration d’ions chlorure dans <strong>la</strong> sueur est supérieure à 60 mmol/l, <strong>le</strong> test est<br />
positif. Il doit être positif à <strong>de</strong>ux reprises pour affirmer <strong>le</strong> diagnostic <strong>de</strong> mucoviscidose. Une<br />
concentration inférieure à 40 mmol/l est norma<strong>le</strong>. Enfin, pour une concentration d’ions<br />
chlorure intermédiaire comprise entre 40 mmol/l et 60 mmol/l, <strong>le</strong> test est dit « limite » et<br />
nécessite <strong>de</strong>s examens complémentaires (Davis et al., 1996; Chinet et al., 2000). Le test <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
sueur est fiab<strong>le</strong> et sensib<strong>le</strong>, il est positif dans plus <strong>de</strong> 98% <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> mucoviscidose (2% <strong>de</strong><br />
faux positif).<br />
b. Mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> potentiel nasal<br />
Cette technique mise au point par Know<strong>le</strong>s (Know<strong>le</strong>s et al., 1995) puis standardisée<br />
consiste à mesurer <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> potentiel (DDP) <strong>de</strong> l'épithélium nasal et permet l'étu<strong>de</strong> in<br />
vivo <strong>de</strong>s transports ioniques transépithéliaux. En effet, <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur basa<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> DDP nasa<strong>le</strong> est<br />
plus é<strong>le</strong>ctronégative chez <strong>le</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s et sa variation lors <strong>de</strong> l’administration au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
muqueuse nasa<strong>le</strong> d’amilori<strong>de</strong>, un inhibiteur <strong>de</strong>s canaux sodiques, est plus é<strong>le</strong>vée (Figure 2).<br />
27
amilori<strong>de</strong><br />
Figure 2 : Mesure <strong>de</strong> ddp chez un patient CF et non-CF lors <strong>de</strong> l’administration sur <strong>la</strong> muqueuse nasa<strong>le</strong><br />
d’amilori<strong>de</strong>, d’une solution sans chlorure et d’ATP.<br />
(Modifiée d’après Taylor et al., 2009)<br />
La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> DDP nasa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> diagnostic <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose est simp<strong>le</strong><br />
d’emploi, peu couteuse et faci<strong>le</strong> à maitriser mais n'a pas d'intérêt dans <strong>le</strong>s formes typiques <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. Par contre, el<strong>le</strong> est intéressante dans <strong>le</strong>s formes cliniques atypiques associées à <strong>de</strong>s<br />
tests <strong>de</strong> <strong>la</strong> sueur « limites » ou pour un diagnostic précoce chez <strong>le</strong> nouveau-né.<br />
c. Diagnostic différentiel<br />
En cas d’affections respiratoires récidivantes ou chez <strong>le</strong>s hommes présentant une<br />
azoospermie, une hypop<strong>la</strong>sie <strong>de</strong>s vésicu<strong>le</strong>s sémina<strong>le</strong>s et/ou <strong>de</strong>s canaux déférents, <strong>la</strong> recherche<br />
<strong>de</strong> mutations du gène CFTR peut être envisagée (Moskowitz et al., 1993).<br />
3.2 Dépistage<br />
Patient CF Patient non-CF<br />
a. Dépistage néonatal<br />
ATP<br />
amilori<strong>de</strong><br />
-Cl - -Cl -<br />
Le dépistage néonatal <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose est systématique en France <strong>de</strong>puis<br />
novembre 2002. Ce test est fiab<strong>le</strong> et permet <strong>la</strong> prise en charge précoce <strong>de</strong>s enfants atteints. Il<br />
consiste à doser <strong>la</strong> trypsine immuno-réactive, une proenzyme secrétée par <strong>le</strong> pancréas et<br />
circu<strong>la</strong>nt dans <strong>le</strong> sang (Pitt, 2010). Il est réalisé à partir d’une goutte <strong>de</strong> sang séchée 3 jours<br />
ATP<br />
28
après <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> l’enfant. La détection d’un niveau <strong>de</strong> trypsine anorma<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé<br />
(>60µg/l) conduit à réaliser un génotypage afin <strong>de</strong> rechercher <strong>le</strong>s mutations <strong>le</strong>s plus<br />
fréquentes du CFTR. Lorsqu’une ou <strong>de</strong>ux mutations du CFTR sont mises en évi<strong>de</strong>nce, <strong>le</strong>s<br />
enfants subissent un test <strong>de</strong> <strong>la</strong> sueur, dans <strong>le</strong> mois suivant <strong>le</strong>ur naissance.<br />
b. Dépistage prénatal<br />
L’analyse <strong>de</strong> l’ADN du fœtus par une biopsie <strong>de</strong>s villosités choria<strong>le</strong>s peut être réalisée<br />
<strong>de</strong> façon fiab<strong>le</strong> à 10 semaines d’aménorrhée. Si cette analyse molécu<strong>la</strong>ire est impossib<strong>le</strong>, une<br />
amniocentèse peut être pratiquée à 18 semaines. Le dépistage prénatal est recommandé<br />
uniquement chez <strong>le</strong>s coup<strong>le</strong>s à risques, dans <strong>le</strong> cas d’antécé<strong>de</strong>nts familiaux ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
connaissance <strong>de</strong> l’hétérozygotie d’un membre du coup<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment être <strong>de</strong>mandée<br />
dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> découverte d’une obstruction intestina<strong>le</strong> ou <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> visualisation <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> vésicu<strong>le</strong> biliaire lors d’une écographie (Moskowitz et al., 1993).<br />
4. Traitements palliatifs actuels<br />
Actuel<strong>le</strong>ment, il n’existe pas <strong>de</strong> traitement curatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. Les traitements<br />
proposés sont <strong>de</strong>s traitements palliatifs multip<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>stinés à sou<strong>la</strong>ger <strong>le</strong>s symptômes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ma<strong>la</strong>die. Bien qu’ils aient permis d’augmenter <strong>de</strong> manière significative l’espérance et <strong>la</strong><br />
qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients, ils restent assez contraignants et nécessitent un suivi quotidien.<br />
Par exemp<strong>le</strong>, <strong>la</strong> kinésithérapie respiratoire est l’un <strong>de</strong>s traitements essentiels <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose. El<strong>le</strong> a pour objectif d'évacuer <strong>le</strong> mucus épais et visqueux qui obstrue <strong>le</strong>s<br />
bronches <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. Le kinésithérapeute pratique <strong>de</strong>s techniques d'accélération <strong>de</strong> flux<br />
respiratoire, il rééduque <strong>la</strong> toux pour qu'el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vienne plus efficace et apprend au patient <strong>le</strong>s<br />
techniques <strong>de</strong> drainage postural et <strong>de</strong> toi<strong>le</strong>tte bronchique qu'il faut pratiquer plusieurs fois par<br />
jour. De plus, l’utilisation d’un gi<strong>le</strong>t gonf<strong>la</strong>b<strong>le</strong> vibrant peut éga<strong>le</strong>ment être prescrite. Le gi<strong>le</strong>t<br />
est relié à un générateur et permet <strong>la</strong> compression <strong>de</strong> <strong>la</strong> cage thoracique <strong>de</strong>s patients 5 à 20<br />
fois par secon<strong>de</strong> afin <strong>de</strong> facilité <strong>la</strong> liquéfaction du mucus. En résumé, <strong>la</strong> kinésithérapie permet<br />
<strong>de</strong> désencombrer l’arbre bronchique <strong>de</strong> manière efficace et non-douloureuse mais reste<br />
29
particulièrement astreignante pour <strong>le</strong>s patients car el<strong>le</strong> doit être effectuée à raison d’une heure<br />
une à <strong>de</strong>ux fois par jour.<br />
En plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> kinésithérapie respiratoire, <strong>de</strong> nombreux traitements palliatifs<br />
supplémentaires sont développés actuel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>ger <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s<br />
respiratoires et digestifs <strong>de</strong>s patients. Ils sont résumés dans <strong>le</strong> Tab<strong>le</strong>au 1.<br />
Manifestations<br />
pulmonaires<br />
Manifestations<br />
digestives<br />
Traitements Médications<br />
Kinésithérapie respiratoire Gi<strong>le</strong>t gonf<strong>la</strong>b<strong>le</strong><br />
Fluidification du mucus<br />
Pulmozyme, solution saline<br />
hypertonique<br />
Anti-inf<strong>la</strong>mmatoires Ibuprofène<br />
Antibiothérapie TOBI, azithromycine, Cayston<br />
Vitamines AquADEKs<br />
Enzymes pancréatiques Pancrealipase<br />
Tab<strong>le</strong>au 1 : Traitements palliatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
(D’après http://www.cff.org)<br />
Ces traitements palliatifs continuent <strong>de</strong> représenter un <strong>la</strong>rge champ d’investigation et <strong>de</strong>s<br />
essais cliniques peuvent être menés.<br />
Par exemp<strong>le</strong>, un essai clinique <strong>de</strong> phase II permettant d’évaluer l’effet anti-inf<strong>la</strong>mmatoire du<br />
sildénafil (Dormer et al., 2005) est actuel<strong>le</strong>ment en cours aux Etats-Unis. Il inclut <strong>de</strong>s patients<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 14 ans atteint <strong>de</strong> mucoviscidose. Le sil<strong>de</strong>nafil est administré à une concentration <strong>de</strong><br />
20 mg, 3 fois par jours pendant 28 jours. L’effet anti-inf<strong>la</strong>mmatoire du sil<strong>de</strong>nafil est évalué en<br />
mesurant <strong>le</strong> taux d’inter<strong>le</strong>ukine 8 et d’é<strong>la</strong>stase présent dans <strong>le</strong>s expectorations <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />
Les premiers résultats seront connus en mai 2011 (http://clinicaltrials.gov). Il ne s’agit que<br />
d’un exemp<strong>le</strong>, actuel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> nombreux essais cliniques sont en cours (Figure 3).<br />
30
Ces traitements palliatifs continuent <strong>de</strong> représenter un <strong>la</strong>rge champ d’investigation et<br />
<strong>de</strong> nombreux essais cliniques sont en cours ().<br />
Fluidifiants<br />
Mucolytique<br />
Antiinf<strong>la</strong>mmatoires<br />
Anti-infectieux<br />
Anti-rejet<br />
Supplémentation<br />
nutritionnel<strong>le</strong><br />
Figure 3 : Essais cliniques en cours dans <strong>le</strong> traitement palliatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
(Modifiées d’après <strong>la</strong> Cystic Fibrosis Foundation)<br />
Cependant, <strong>le</strong>s traitements palliatifs visent à soigner seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose. Un espoir <strong>de</strong> traitement curatif repose sur <strong>le</strong> fait d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s différents<br />
transporteurs impliqués dans <strong>la</strong> déshydratation du mucus qui aboutit à <strong>la</strong> fibrose sévère <strong>de</strong>s<br />
poumons dans <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
Essais cliniques<br />
Pré-clinique Phase 1 Phase 2 Phase 3 Au patient<br />
GS9411<br />
N-acétylcystéine ora<strong>le</strong><br />
DHA<br />
Sildénafil<br />
Glutathion inhalé<br />
GSK SB 656933<br />
Ploglitazone<br />
Hydroxychloroquine<br />
Simvastatin<br />
GS 9310/11<br />
BAY G3939<br />
Solution saline hypertonique<br />
Denufosol<br />
Bronchitol<br />
SPI-8811<br />
Moli 1901<br />
Arikace<br />
KB001<br />
MP-376<br />
TIP<br />
Cyclosporine inhalé<br />
Liprotamase<br />
Pulmozyme<br />
Ibuprofen<br />
TOBI<br />
Azithromycine<br />
Cayston<br />
AquADEKs<br />
Pancrealipase<br />
31
II/ Les transports épithéliaux<br />
Les cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s voies aériennes possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s fonctions d’échanges très<br />
spécialisées grâce à l’expression <strong>de</strong> protéines <strong>de</strong> transport. Ces protéines sont responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong><br />
flux net d’ions et d’eau ainsi que du transport <strong>de</strong> petites molécu<strong>le</strong>s, d’aci<strong>de</strong>s aminés et <strong>de</strong><br />
sucres. La distribution <strong>de</strong>s transporteurs à <strong>la</strong> membrane <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s voies<br />
aériennes est asymétrique et participe à <strong>la</strong> fluidification du mucus (Figure 4).<br />
ATP ADP<br />
<br />
Figure 4 : Représentation schématique <strong>de</strong>s principaux transports présents à <strong>la</strong> membrane d’une cellu<strong>le</strong><br />
épithélia<strong>le</strong> <strong>de</strong> voies respiratoires.<br />
(ER : réticulum endop<strong>la</strong>smique, IP3 : Inositol tris phosphate, P2Y2R : Récepteur purinergique <strong>de</strong> type 2)<br />
(D’après www.abpi.org.uk)<br />
Ainsi, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s canaux ioniques tels que CFTR (Cystic Fibrosis Transmenbrane<br />
conductance Regu<strong>la</strong>tor), ENaC (Epithelial Na + Channel), <strong>le</strong>s canaux potassiques et <strong>de</strong>s<br />
transporteurs comme <strong>le</strong>s aquaporines est maintenant bien établi.<br />
<br />
<br />
Noyau<br />
Voies aériennes<br />
Tissu pulmonaire<br />
Les canaux potassiques : Il existe <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> canaux potassiques dans <strong>la</strong> membrane<br />
baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> : <strong>le</strong> canal <strong>de</strong> type SK4 et <strong>le</strong> canal KvLQT1. Le canal <strong>de</strong> type SK4 est activé par <strong>le</strong><br />
Ca 2+ mais éga<strong>le</strong>ment par <strong>de</strong>s agents pharmacologiques tels que <strong>le</strong> 1-EBIO et <strong>le</strong> chlorzoxazone<br />
(Warth et al., 1999). Le canal KvLQT1 est homologue d’un canal potassium cardiaque<br />
<br />
32
impliqué dans <strong>le</strong> syndrome du long Q-T. Il est aussi activé par <strong>le</strong> Ca 2+ mais surtout par<br />
phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>la</strong> PKA. Il est sé<strong>le</strong>ctivement inhibé par <strong>le</strong> chromanol 293B (B<strong>le</strong>ich et al.,<br />
1997). Il existe éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s canaux potassiques à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
épithélia<strong>le</strong>s, ils sont activés par l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration intracellu<strong>la</strong>ire en ions Ca 2+<br />
et inhibés par <strong>le</strong> barium.<br />
La pompe Na + /K + -ATPase : El<strong>le</strong> est indispensab<strong>le</strong> à tous <strong>le</strong>s transports ioniques épithéliaux.<br />
El<strong>le</strong> induit l’accumu<strong>la</strong>tion d’ions K + dans <strong>le</strong> cytop<strong>la</strong>sme et extru<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s ions Na + . El<strong>le</strong> est<br />
inhibée par <strong>le</strong>s digitaliques tels que l’ouabaïne.<br />
Le co-transport Na + /K + /2Cl - : Il est spécifique <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s et constitutivement<br />
actif. Il permet l’influx simultané d’un ion Na + , d’un ion K + et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ions Cl - . Il conditionne<br />
<strong>la</strong> sécrétion apica<strong>le</strong> d’ions chlorure en permettant l’accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> ces ions dans <strong>le</strong><br />
cytop<strong>la</strong>sme, il est spécifiquement inhibé par <strong>le</strong>s diurétiques (bumétani<strong>de</strong>, furosémi<strong>de</strong>).<br />
<br />
Les aquaporines : Ces protéines tétramériques sont <strong>de</strong>s protéines membranaires spécialisées<br />
dans <strong>le</strong> transport <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s d’eau. Les aquaporines permettent <strong>le</strong> passage <strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> part<br />
et d'autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane tout en empêchant <strong>le</strong>s ions <strong>de</strong> pénétrer dans <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s<br />
permettent aux cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s organes d'absorber, conserver ou excréter l’eau et jouent un rô<strong>le</strong><br />
majeur dans <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'hydratation mucus.<br />
Le canal sodium ENaC : Le canal ENaC a été cloné en 1994 (Canessa et al., 1994), il<br />
constitue <strong>la</strong> voie d’entrée <strong>de</strong>s ions sodium dans <strong>le</strong>s épithéliums du tube col<strong>le</strong>cteur du rein, <strong>de</strong>s<br />
voies aériennes et du tractus digestif. Dans <strong>le</strong>s poumons, <strong>le</strong> transport <strong>de</strong> sodium est essentiel<br />
pour <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du volume et <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition du liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> surface <strong>de</strong>s voies aériennes<br />
(Mall et al., 2004).<br />
Les canaux chlorure : Dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s po<strong>la</strong>risées, ils sont exclusivement présents<br />
dans <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong>. Les canaux chlorure dépendant du potentiel (ClC) sont <strong>la</strong>rgement<br />
exprimés dans l’organisme. Ils participent au maintien du potentiel <strong>de</strong> membrane et régu<strong>le</strong>nt<br />
<strong>le</strong>s transports transépithéliaux. Le canal chlorure activé par <strong>le</strong> calcium (CaCC) et <strong>le</strong> canal<br />
CFTR sont <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux protéines responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong>s ions chlorure vers <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong><br />
33
l’épithélium. Ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> canaux participent activement au contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition<br />
du liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> surface <strong>de</strong>s voies aériennes et <strong>de</strong> <strong>la</strong> salive (Tarran et al., 2002).<br />
Dans ce manuscrit, nous décrirons plus particulièrement <strong>le</strong>s canaux CFTR dans <strong>le</strong><br />
chapitre III et <strong>le</strong>s canaux CaCC dans <strong>le</strong> chapitre IV. En effet, <strong>la</strong> restauration d’une sécrétion<br />
chlorure au niveau <strong>de</strong>s épithéliums respiratoire représente un enjeu majeur pour <strong>le</strong><br />
développement <strong>de</strong> thérapie pharmacologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
34
III/ Le CFTR<br />
La protéine CFTR appartient à <strong>la</strong> superfamil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s transporteurs ABC (ATP Binding<br />
Cassette). Les membres <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> transporteurs sont retrouvés dans toutes <strong>le</strong>s<br />
espèces, al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s procaryotes aux eucaryotes. L’analyse <strong>de</strong>s séquences et <strong>le</strong>s éléments<br />
communs semb<strong>le</strong>nt indiquer que <strong>le</strong>s transporteurs ABC proviennent d'une protéine ancestra<strong>le</strong><br />
commune (Saurin et al., 1999). En utilisant l'hydrolyse <strong>de</strong> l'ATP, ces transporteurs sont<br />
capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> transporter à travers <strong>le</strong>s membranes cellu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s éléments très variab<strong>le</strong>s tels que<br />
<strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés, <strong>de</strong>s pepti<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s protéines, <strong>de</strong>s ions organiques et inorganiques, certaines<br />
toxines, voir même <strong>de</strong>s antibiotiques (Dean et al., 2001).<br />
1. Voie <strong>de</strong> biosyn<strong>thèse</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage<br />
Le gène codant pour <strong>la</strong> protéine CFTR, localisé sur <strong>le</strong> chromosome 7, mesure 250 kb<br />
et comprend 27 exons. Dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s, l’ARNm du canal CFTR est traduit en<br />
une protéine membranaire <strong>de</strong> 1480 aci<strong>de</strong>s aminés (Figure 5).<br />
Figure 5 : Le CFTR du gène à <strong>la</strong> protéine.<br />
R<br />
35
La biosyn<strong>thèse</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR débute par <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne protéique au<br />
niveau du comp<strong>le</strong>xe ribosomique vers <strong>le</strong> réticulum endop<strong>la</strong>smique (RE ; Figure 6, étape 1).<br />
<br />
<br />
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<br />
Figure 6 : Biogenèse et routage intracellu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage.<br />
Une fois <strong>la</strong> protéine CFTR synthétisée, el<strong>le</strong> acquiert sa conformation <strong>de</strong> protéine canal par <strong>de</strong>s<br />
modifications post-traductionnel<strong>le</strong>s qui vont lui permettre <strong>de</strong> quitter <strong>le</strong> RE (Figure 6, étape 2)<br />
ou, en cas <strong>de</strong> déficience, d’être dirigée vers <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> dégradation protéolytique (Figure 6,<br />
étape 3). Durant sa maturation dans <strong>le</strong> réticulum endop<strong>la</strong>smique <strong>la</strong> protéine CFTR est associée<br />
à <strong>de</strong>s protéines chaperonnes qui vont prévenir <strong>le</strong>s erreurs <strong>de</strong> repliements. El<strong>le</strong>s ne vont pas<br />
directement altérer <strong>le</strong> repliement mais plutôt <strong>le</strong> retar<strong>de</strong>r, pour prévenir <strong>le</strong> phénomène<br />
d’agrégation et permettre ainsi un meil<strong>le</strong>ur assemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s sous-unités <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR.<br />
Ensuite, au niveau <strong>de</strong> l’appareil <strong>de</strong> Golgi, <strong>la</strong> maturation fina<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR est<br />
réalisée. El<strong>le</strong> consiste en l’ajout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux glycanes sur <strong>le</strong>s asparagines en position 894 et 900<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> quatrième bouc<strong>le</strong> extracellu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine. Ce CFTR mature est dirigé par un<br />
système <strong>de</strong> vésicu<strong>le</strong>s vers <strong>la</strong> membrane p<strong>la</strong>smique (Figure 6, étape 4). Enfin, à <strong>la</strong> membrane<br />
p<strong>la</strong>smique, <strong>la</strong> protéine CFTR est rapi<strong>de</strong>ment internalisée en une réserve <strong>de</strong> protéines<br />
subapica<strong>le</strong>s (Figure 6, étape 5) qui pourra être recyclé (Figure 6, étape 6) ou envoyé vers une<br />
voie <strong>de</strong> dégradation lysosoma<strong>le</strong> (Figure 6, étape 7) en fonction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong>.<br />
2. Structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage<br />
<br />
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<br />
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<br />
<br />
La protéine CFTR est composée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fois six segments transmembranaires (TMD),<br />
et <strong>de</strong> trois domaines intracellu<strong>la</strong>ires : <strong>de</strong>ux domaines <strong>de</strong> liaison aux nucléoti<strong>de</strong>s notés NBD1<br />
<br />
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<br />
36
et NBD2 (Nuc<strong>le</strong>oti<strong>de</strong> Binding Domain), et un domaine régu<strong>la</strong>teur (Sheppard et al., 1999;<br />
Figure 7).<br />
Figure 7 : Schéma illustrant l’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR.<br />
MSD 1&2 : Membrane Spanning Domain 1&2 (domaines transmembranaires),<br />
NBD 1&2 : Nuc<strong>le</strong>oti<strong>de</strong> Binding Domain 1&2 (domaines <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong>s nucléoti<strong>de</strong>s),<br />
R : Regu<strong>la</strong>tory Domain (domaine régu<strong>la</strong>teur),<br />
P : Sites <strong>de</strong> phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong>s protéines kinases A et C.<br />
(D’apres http://physpharm.ohsu.edu/faculty/Dawson Lab)<br />
2.1 Les domaines transmembranaires TMD1 et TMD2<br />
Les <strong>de</strong>ux domaines transmembranaires interviennent dans <strong>la</strong> formation du pore. Le<br />
domaine TMD1 joue un rô<strong>le</strong> important dans <strong>la</strong> conductance et dans <strong>la</strong> sé<strong>le</strong>ctivité du canal<br />
CFTR (Davis et al., 1996). Les segments membranaires M1, M5, M6, et M12 sont impliqués<br />
dans <strong>la</strong> zone formant <strong>le</strong> pore (Tabcharani et al., 1992; McDonough et al., 1994; Schwiebert et<br />
al., 1998). Des changements <strong>de</strong> conformation du segment M6 (passage d’une hélice à un<br />
feuil<strong>le</strong>t ß) influent sur <strong>la</strong> sé<strong>le</strong>ctivité et l'ouverture du canal (Wig<strong>le</strong>y et al., 1998).<br />
2.2 Le domaine <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion R<br />
Ce domaine correspond aux résidus 590 à 831 codés par l’exon 13. Il est spécifique du<br />
canal CFTR. La phosphory<strong>la</strong>tion du domaine R par <strong>le</strong>s protéines kinases A et C (Yurko-<br />
Mauro & Reenstra, 1998) est nécessaire à l'ouverture du canal par <strong>le</strong> MgATP (Riordan et al.,<br />
<br />
<br />
37
1989). L’état déphosphorylé du domaine R maintient <strong>le</strong> canal fermé alors que <strong>de</strong>s<br />
modifications <strong>de</strong> conformation interviennent dans <strong>le</strong> passage à l’état ouvert (Cotten & Welsh,<br />
1997). Ce domaine est en fait composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sous-domaines :<br />
- <strong>le</strong> sous domaine RD1, al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s résidus 590 à 672. Cette séquence est impliquée<br />
dans <strong>la</strong> maturation <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine ainsi que dans l'ouverture du canal en modu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
interactions entre <strong>le</strong> domaine NBD1 et <strong>le</strong>s sites <strong>de</strong> phosphory<strong>la</strong>tion du domaine R (Pasyk et<br />
al., 1998).<br />
- <strong>le</strong> sous domaine RD2, al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s résidus 672 à 831. Cette portion du domaine R est<br />
constituée <strong>de</strong>s résidus sérines phosphory<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s qui jouent un rô<strong>le</strong> important dans <strong>le</strong><br />
fonctionnement du canal CFTR (Dulhanty & Riordan, 1994).<br />
2.3 Les domaines <strong>de</strong> liaison aux nucléoti<strong>de</strong>s NBD1 et NBD2<br />
Dans <strong>la</strong> séquence <strong>de</strong>s NBD se trouvent <strong>le</strong>s sites consensus <strong>de</strong> liaison à l'ATP, Walker<br />
A et B (Walker et al., 1982), ainsi qu’une séquence commune à tous <strong>le</strong>s transporteurs ABC :<br />
LSGGQXQR (ou motif C).<br />
Le motif C est situé à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong>s domaines NBD, proche <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong> l'ATP<br />
(C<strong>la</strong>ncy et al., 1997). Selon <strong>le</strong>s auteurs, <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong>s domaines NBD1 et NBD2 varient<br />
légèrement. Pour NBD1 <strong>la</strong> limite inférieure varie du résidu F434 (codé par l'exon 9) à L441,<br />
et <strong>la</strong> limite supérieure est comprise entre I586 (codé par l'exon 12) et K684 avec une<br />
extension possib<strong>le</strong> jusqu'à F650. Le domaine NBD2 est formé <strong>de</strong>s résidus L1127 à L1480<br />
(Bianchet et al., 1997). Les <strong>de</strong>ux domaines NBD coopèrent dans <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s<br />
mécanismes d'ouverture et <strong>de</strong> fermeture ATP-dépendants du canal CFTR. L’ouverture du<br />
canal nécessite <strong>la</strong> liaison d’une molécu<strong>le</strong> d’ATP sur <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux domaines mais seu<strong>le</strong> l’hydrolyse<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> d’ATP lié au NBD2 est impliquée dans l’ouverture du canal (Berger et al.,<br />
2005a).<br />
2.4 Les bouc<strong>le</strong>s intra-cytop<strong>la</strong>smiques et extracellu<strong>la</strong>ires<br />
Les bouc<strong>le</strong>s intracytop<strong>la</strong>smiques qui relient <strong>le</strong>s segments transmembranaires impliqués<br />
dans <strong>la</strong> formation du pore, ne participent pas directement aux mouvements ioniques. A<br />
38
l’inverse, <strong>le</strong>s résidus <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouc<strong>le</strong> extracellu<strong>la</strong>ire 1, influencent <strong>la</strong> sé<strong>le</strong>ctivité du canal (Seibert<br />
et al., 1997).<br />
Enfin, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modélisation molécu<strong>la</strong>ire sont menées. Depuis quelques années, afin<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>la</strong> structure tridimensionnel du CFTR. Tout d’abord, el<strong>le</strong>s ont permis <strong>de</strong> proposer<br />
différents modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> structure pour <strong>le</strong> domaine NBD1 (Cal<strong>le</strong>baut et al., 2004; Lewis et al.,<br />
2004) puis pour <strong>la</strong> protéine entière (Mornon et al., 2008; Serohijos et al., 2008). Récemment,<br />
<strong>le</strong> Dr Cal<strong>le</strong>baut a proposé un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> structure fermée et ouverte du CFTR (Mornon et al.,<br />
2009; Figure 8).<br />
Figure 8 : Modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure tridimensionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR dans une conformation<br />
canal ouvert, proposé par <strong>le</strong> Dr Cal<strong>le</strong>baut.<br />
MSD 1&2 : Membrane Spanning Domain 1&2 (domaines transmembranaires),<br />
NBD 1&2 : Nuc<strong>le</strong>oti<strong>de</strong> Binding Domain 1&2 (domaines <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong>s nucléoti<strong>de</strong>s),<br />
(D’après Cal<strong>le</strong>baut, 2009)<br />
Ces prédictions sont intéressantes car el<strong>le</strong>s fournissent une base molécu<strong>la</strong>ire pour une<br />
meil<strong>le</strong>ure compréhension du fonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR.<br />
3. Fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage<br />
3.1 CFTR : une protéine régu<strong>la</strong>trice<br />
39
Avant qu’on ne lui reconnaisse <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> canal chlorure, il était attribué au<br />
CFTR surtout <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s conductances membranaires (Egan et al.,<br />
1995). En effet, <strong>de</strong> nombreuses anomalies ont été observées au sein <strong>de</strong>s épithélia CF, incluant<br />
entre autre, une régu<strong>la</strong>tion altérée <strong>de</strong>s canaux chlorure ORCC (outwardly rectifying chlori<strong>de</strong><br />
channel) et une hyperabsorption <strong>de</strong>s ions sodium (Figure 9).<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
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Figure 9: Rô<strong>le</strong>s présumés <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR dans <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> épithélia<strong>le</strong>.<br />
ORCC : Outwardly Rectifying Chlori<strong>de</strong> Channel (canal chlorure rectifiant sortant),<br />
CFTR : Cystic fibrosis Transmembrane conductance Regu<strong>la</strong>tor<br />
ENaC : Epithelial Na + channel (canal sodique épithélial),<br />
ROMK : Renal Outer Medul<strong>la</strong>ry K + channel (canal potassique médul<strong>la</strong>ire externe),<br />
+ : activation ; - : inhibition.<br />
(Modifiée d’après Schwiebert et al., 1999)<br />
En effet, dans <strong>le</strong>s poumons CF, <strong>le</strong> défaut <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s ions chlorure associé à une<br />
hyperabsorption <strong>de</strong>s ions sodium contribuent à <strong>la</strong> déshydratation du mucus respiratoire<br />
(Boucher et al., 1986; Know<strong>le</strong>s et al., 1983). La régu<strong>la</strong>tion du canal sodique ENaC par <strong>le</strong><br />
CFTR a été observée dans <strong>le</strong>s tissus épithéliaux d’origine humaine au niveau <strong>de</strong>s voies<br />
aériennes et du côlon (Mall et al., 1998; Mall et al., 1999). Le transport <strong>de</strong> chlorure semb<strong>le</strong><br />
avoir un rô<strong>le</strong> crucial dans l’inhibition d’ENaC. Mais <strong>le</strong> mécanisme sous-jacent <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
régu<strong>la</strong>tion du canal ENaC par <strong>le</strong> CFTR est toujours discuté et reste encore incertain.<br />
<br />
Plus récemment, une étu<strong>de</strong> réalisée dans notre <strong>la</strong>boratoire, a mis en évi<strong>de</strong>nce, par <strong>de</strong>s<br />
techniques <strong>de</strong> co-immunoprécipitation et par l’extinction en siRNA, l’existence d’un coup<strong>la</strong>ge<br />
entre <strong>le</strong> canal CFTR et un canal calcique appartenant à <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s canaux TRP (Transient<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
40
Receptor Potential), <strong>le</strong> TRPC6. Il a été démontré que l’absence <strong>de</strong> coup<strong>la</strong>ge entre TRPC6 et <strong>le</strong><br />
CFTR dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF induisait un influx calcique anormal (Antigny et al., 2010).<br />
D'autres fonctions régu<strong>la</strong>trices <strong>de</strong> CFTR ont été décrites (transport d’ATP, modu<strong>la</strong>tion<br />
<strong>de</strong>s phénomènes d'exocytose/endocytose ou encore régu<strong>la</strong>tion du pH <strong>de</strong>s organel<strong>le</strong>s<br />
intracellu<strong>la</strong>ires...). Cependant, en dépit <strong>de</strong> nombreuses cib<strong>le</strong>s potentiel<strong>le</strong>s, peu <strong>de</strong> détails sur<br />
<strong>le</strong>s mécanismes molécu<strong>la</strong>ires impliqués ont été publiés (Tab<strong>le</strong>au 2).<br />
Protéine ou<br />
processus<br />
régulé<br />
Fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
protéine<br />
Aquaporine Canal H2O AQP3<br />
Libération <strong>de</strong><br />
l’ATP<br />
ORCC<br />
Conduite <strong>de</strong><br />
nucléoti<strong>de</strong>s<br />
ICl - régulé par<br />
AMPc<br />
CaCC IClCa<br />
Sécrétion <strong>de</strong><br />
HCO3 -<br />
Conductibilité et<br />
échange <strong>de</strong> HCO3 -<br />
NHE3 Echangeur Na + /H -<br />
Gène Rô<strong>le</strong> physiopathologique<br />
Inconnu<br />
Inconnu<br />
TMEM16 ?<br />
Bestrophine ?<br />
SLC26<br />
Perturbation <strong>de</strong> <strong>la</strong> perméabilité<br />
à l’eau<br />
Perturbation du signal<br />
paracrine<br />
Réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> conductance<br />
chlorure<br />
Conductance chlorure<br />
alternative<br />
Diminution <strong>de</strong> l’alcalinité <strong>de</strong>s<br />
secrétions<br />
NHE3 Hyperabsorption sodique<br />
ROMK Canal K + KCNJ1 Recyc<strong>la</strong>ge du K + rénal<br />
TRPV4 Entrée <strong>de</strong> Ca 2+ TRPV4<br />
TRPC6 Entrée <strong>de</strong> Ca 2+ TRPC6<br />
ENaC Canal Na + SCNN1A,B,D<br />
et G<br />
Expression <strong>de</strong><br />
cytokine<br />
Médiateurs <strong>de</strong><br />
l’inf<strong>la</strong>mmation<br />
Régu<strong>la</strong>tion du volume<br />
cellu<strong>la</strong>ire<br />
Régu<strong>la</strong>tion du volume<br />
vascu<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong><br />
mucus<br />
Déshydratation du liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
surface respiratoire (ASL)<br />
Tab<strong>le</strong>au 2 : Exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tions envisagées entre <strong>le</strong> CFTR et d’autres protéines.<br />
Mécanisme <strong>de</strong><br />
régu<strong>la</strong>tion proposé<br />
Inconnu<br />
Inconnu<br />
Mécanisme<br />
autocrine/paracrine<br />
Inconnu<br />
Direct et indirect<br />
Protéine<br />
d’échafaudage,<br />
indirect<br />
Protéine<br />
d’échafaudage<br />
NHERF<br />
Inconnu<br />
Inconnu<br />
Direct, indirect par<br />
<strong>le</strong> flux Cl -<br />
multip<strong>le</strong> Ma<strong>la</strong>die du poumon Inconnu<br />
41
La protéine CFTR sauvage semb<strong>le</strong> régu<strong>le</strong>r <strong>de</strong> nombreux autres canaux ioniques, notamment<br />
via <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> comp<strong>le</strong>xes multiprotéiques avec comme partenaires protéiques<br />
intermédiaires privilégiés <strong>de</strong>s protéines à domaines PDZ. Cependant, il semb<strong>le</strong> que toutes <strong>le</strong>s<br />
associations protéiques existantes impliquant CFTR ne soient pas encore déterminées in vivo.<br />
3.2 CFTR : un canal chlorure<br />
a. Conductance et sé<strong>le</strong>ctivité du canal CFTR<br />
Le CFTR est un canal sé<strong>le</strong>ctif pour <strong>le</strong>s anions permettant <strong>la</strong> diffusion passive d’ions<br />
chlorure. Les bouc<strong>le</strong>s intracytop<strong>la</strong>smiques qui relient <strong>le</strong>s segments transmembranaires<br />
impliqués dans <strong>la</strong> formation du pore, ne participent pas directement aux mouvements <strong>de</strong>s ions.<br />
À l’inverse, <strong>le</strong>s résidus <strong>de</strong> <strong>la</strong> première bouc<strong>le</strong> extracellu<strong>la</strong>ire, influencent <strong>la</strong> sé<strong>le</strong>ctivité du<br />
canal (Seibert et al., 1997). La partie du pore <strong>la</strong> plus resserrée a un diamètre d'environ 5,3 Å<br />
(Hanrahan et al., 1998).<br />
La conductance du canal varie entre 6 et 11pS en fonction du type cellu<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
température, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong>s ions. La séquence <strong>de</strong> perméabilité du canal CFTR est :<br />
Br - >Cl - >I - >F - . Cette séquence distingue CFTR <strong>de</strong>s autres canaux chlorure épithéliaux, dans<br />
<strong>le</strong>squels <strong>la</strong> perméabilité <strong>de</strong> l'iodure est plus importante que cel<strong>le</strong> du chlorure (Sheppard &<br />
Welsh, 1999).<br />
b. Mécanisme d’ouverture et <strong>de</strong> fermeture du canal CFTR<br />
La durée d'ouverture du canal est variab<strong>le</strong> en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température et du modè<strong>le</strong><br />
cellu<strong>la</strong>ire considéré. Pour <strong>de</strong>s températures physiologiques (35°C) <strong>la</strong> durée d’ouverture du<br />
canal est comprise entre 100 et 250 ms (Hanrahan et al., 1998).<br />
On distingue <strong>de</strong>ux étapes dans l’ouverture du canal :<br />
- <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion du domaine R. Son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> phosphory<strong>la</strong>tion détermine <strong>la</strong><br />
probabilité d’ouverture. Bien que <strong>le</strong>s résidus phosphory<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s du domaine R soient connus, <strong>le</strong>s<br />
résidus impliqués dans <strong>le</strong>s mécanismes d’ouverture et <strong>de</strong> fermeture du canal sont incertains<br />
(Hwang et al.,1993; Hwang et al., 1994; Figure 10).<br />
42
Figure 10 : Modè<strong>le</strong> simplifié <strong>de</strong> l’activité du canal CFTR régulée par <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> son domaine<br />
régu<strong>la</strong>teur et <strong>la</strong> fixation d’ATP sur ses domaines NBDs.<br />
MSD 1&2 : Membrane Spanning Domain 1&2 (domaines transmembranaires),<br />
NBD 1&2 : Nuc<strong>le</strong>oti<strong>de</strong> Binding Domain 1&2 (domaines <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong>s nucléoti<strong>de</strong>s),<br />
R : Regu<strong>la</strong>tory Domain (domaine régu<strong>la</strong>teur)<br />
PKA : protéine kinase A, PPases : phosphatases<br />
P : Sites <strong>de</strong> phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>la</strong> PKA<br />
(D’après Chen, 2006)<br />
- <strong>la</strong> liaison et l’hydrolyse <strong>de</strong> l’ATP sur <strong>le</strong>s sites NBD. El<strong>le</strong> entraîne une modification<br />
conformationnel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s domaines transmembranaires du canal CFTR. L’hydrolyse <strong>de</strong>s<br />
nucléoti<strong>de</strong>s triphosphates est indispensab<strong>le</strong> à l’ouverture du canal, et <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion<br />
préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong> par <strong>la</strong> PKA augmente cette réaction. Le canal déphosphorylé est incapab<strong>le</strong><br />
d'hydrolyser l'ATP. L'hydrolyse <strong>de</strong> l'ATP représente l’étape limitante à <strong>la</strong> fois pour<br />
l’ouverture et <strong>la</strong> fermeture du canal. Ces <strong>de</strong>ux événements interviennent sur <strong>de</strong>s sites<br />
différents d'une même molécu<strong>le</strong>. Le domaine NBD1 est <strong>le</strong> site d’hydrolyse <strong>de</strong> l'ATP couplé à<br />
l'ouverture du canal et <strong>le</strong> domaine NBD2 est <strong>le</strong> site d’hydrolyse <strong>de</strong> l'ATP permettant <strong>la</strong><br />
fermeture du canal.<br />
c. Phosphory<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>le</strong>s PKA et <strong>le</strong>s PKC<br />
La première étape <strong>de</strong> l’activation du canal CFTR passe par <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong>s<br />
protéines kinases A (Naren et al., 2003) <strong>de</strong> cinq résidus serines situés dans <strong>le</strong> domaine R. De<br />
plus, l'inhibition <strong>de</strong> <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion du CFTR par <strong>le</strong>s protéines kinases C (Yurko-Mauro &<br />
Reenstra, 1998), prévient une phosphory<strong>la</strong>tion ultérieure par <strong>la</strong> PKA. La phosphory<strong>la</strong>tion du<br />
CFTR par <strong>le</strong>s PKC semb<strong>le</strong> donc stimu<strong>le</strong>r <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>la</strong> PKA (Yurko-Mauro &<br />
43
Reenstra, 1998). Par conséquent, une phosphory<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> base par <strong>le</strong>s PKA et <strong>le</strong>s PKC est<br />
nécessaire à l'activation du CFTR.<br />
d. Régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>le</strong>s protéines phosphatases<br />
Très rapi<strong>de</strong>ment, après phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong>s PKA, <strong>la</strong> déphosphory<strong>la</strong>tion par <strong>de</strong>s<br />
protéines phosphatases inactive <strong>le</strong> canal. A l’inverse, l’inhibition <strong>de</strong>s protéines phosphatases<br />
endogènes, augmente l'efficacité <strong>de</strong> stimu<strong>la</strong>tion du canal CFTR et ra<strong>le</strong>ntit son retour à l'état<br />
désactivé.<br />
Chez <strong>le</strong>s eucaryotes, <strong>le</strong>s quatre principaux types <strong>de</strong> protéines phosphatases<br />
sérine/thréonine solub<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s protéines phosphatases PP1, PP2A, PP2B et PP2C. Les<br />
phosphatases PP2A et PP2C sont critiques pour <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR. Ces enzymes<br />
comportent <strong>de</strong>s motifs d'ancrage à <strong>la</strong> membrane, permettant <strong>la</strong> co-localisation avec CFTR<br />
(Becq et al., 1993). La protéine PP2A provoque une déphosphory<strong>la</strong>tion quasi complète du<br />
canal CFTR et <strong>le</strong>s phosphatases PP2C sont <strong>de</strong>s régu<strong>la</strong>teurs puissants <strong>de</strong> l'activité du canal<br />
CFTR. L’association <strong>de</strong> plusieurs phosphatases est donc nécessaire pour <strong>la</strong> désactivation<br />
complète du canal CFTR (Luo et al., 1998).<br />
e. Régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par l’ATP<br />
Une fois phosphorylé, l'ouverture du canal CFTR nécessite <strong>de</strong> l'ATP cytosolique et du<br />
magnésium. L’ADP et <strong>le</strong>s analogues non-hydrolysab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’ATP inhibent l’activation par<br />
l’ATP <strong>de</strong> manière compétitive, par interaction spécifique sur <strong>le</strong> domaine NBD2 (Riordan,<br />
1993).<br />
Bien que, <strong>la</strong> probabilité d'ouverture du canal augmente en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en<br />
ATP intracellu<strong>la</strong>ire, c’est <strong>le</strong> rapport entre ATP et ADP qui est <strong>le</strong> plus important dans <strong>la</strong><br />
régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR. Des changements dans l'état métabolique <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> qui<br />
modifient ce ratio régu<strong>le</strong>nt l'activité du canal (Welsh & Smith, 1993).<br />
44
f. Régu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>le</strong>s seconds messagers<br />
L'activation du canal CFTR par <strong>la</strong> PKA est stimulée par l'AMPc. Le niveau d'AMPc<br />
est contrôlé par <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce entre sa syn<strong>thèse</strong> par <strong>le</strong>s adény<strong>la</strong>te-cyc<strong>la</strong>ses et son hydrolyse par <strong>le</strong>s<br />
phosphodiestérases. Dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s provenant d'épithéliums respiratoires, l'activité du canal<br />
CFTR sauvage est particulièrement sensib<strong>le</strong> à l'activité <strong>de</strong> <strong>la</strong> phosphodiestérase <strong>de</strong> type III.<br />
L'inhibition <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> phosphodiestérase élève considérab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> niveau d'AMPc<br />
intracellu<strong>la</strong>ire, entraînant une augmentation importante <strong>de</strong> l'efflux <strong>de</strong> chlorure (Kel<strong>le</strong>y et al.,<br />
1995).<br />
Il est éga<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> d’activer <strong>le</strong> canal CFTR par <strong>de</strong>s mécanismes indépendants <strong>de</strong><br />
l’AMPc. Une étu<strong>de</strong> menée dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s provenant <strong>de</strong> carcinomes mammaires <strong>de</strong> souris,<br />
transfectées avec <strong>le</strong> gène codant pour <strong>le</strong> canal CFTR humain, a montré que l’ATP<br />
extracellu<strong>la</strong>ire peut activer <strong>le</strong> transport <strong>de</strong> chlorure. La stimu<strong>la</strong>tion du canal CFTR par <strong>de</strong>s<br />
analogues <strong>de</strong> l'ATP suggère une stimu<strong>la</strong>tion impliquant <strong>le</strong>s récepteurs adénosine et <strong>le</strong>s<br />
récepteurs purinergiques P2Y2 (Lazarowski & Boucher, 2009; Figure 11).<br />
Voies aériennes<br />
Figure 11 : Régu<strong>la</strong>tion du CFTR par <strong>le</strong>s récepteurs adénosine (ANO) et par <strong>le</strong>s récepteurs<br />
purinergique (P2Y2).<br />
(Modifiée d’après Lazarowski et al., 2009)<br />
La recherche d’agents pharmacologiques modu<strong>la</strong>nt l’activité du CFTR est donc basée<br />
sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s agissant sur <strong>le</strong>s différentes étapes <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine.<br />
45
4. Pharmacologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR<br />
La mutation du gène CFTR induit un défaut <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion chlorure à <strong>la</strong> membrane<br />
apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s. Afin <strong>de</strong> corriger ces altérations <strong>de</strong> transport ionique, l’une <strong>de</strong>s<br />
approches consiste à développer <strong>de</strong>s composés pharmacologiques agissant sur <strong>la</strong> protéine<br />
CFTR.<br />
4.1 Activateurs et potentiateur du CFTR<br />
Il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> modu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> CFTR : soit en agissant sur son système <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion,<br />
soit en agissant directement sur <strong>le</strong> canal.<br />
a. Les activateurs et potentiateurs indirects du CFTR<br />
Le CFTR peut être activé par <strong>de</strong>s agents qui augmentent <strong>le</strong> taux d’AMPc, tel que <strong>le</strong>s<br />
activateurs <strong>de</strong> l’a<strong>de</strong>ny<strong>la</strong>te cyc<strong>la</strong>se. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>la</strong> forskoline est un activateur connu du<br />
CFTR, issue <strong>de</strong> l'extrait d’une p<strong>la</strong>nte : Co<strong>le</strong>us forskohlii. El<strong>le</strong> est très utilisée comme outil<br />
pharmacologique en Recherche.<br />
Le taux d’AMPc dans une cellu<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment être augmenté par <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong><br />
phosphodiesterases, qui inhibent sa dégradation. Le rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s phosphodiesterases dans<br />
l’activation du CFTR a été démontré grâce à l’utilisation d’inhibiteurs spécifiques <strong>de</strong>s<br />
phosphodiesterases tel que <strong>le</strong> rolipram (inhibiteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> phosphodiesterase <strong>de</strong> type IV), <strong>la</strong><br />
milrinone et l’amrinone (inhibiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> phosphodiesterase <strong>de</strong> type III). Les étu<strong>de</strong>s réalisées<br />
sur ces molécu<strong>le</strong>s sont contradictoires. En effet, <strong>de</strong>s travaux ont mis en évi<strong>de</strong>nce l’activation<br />
du CFTR sauvage et muté par <strong>la</strong> milrinone et l’amrinone sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF issues <strong>de</strong><br />
l’épithélium respiratoire murin et humain (Al Nakkash & Hwang, 1999; Kel<strong>le</strong>y et al., 1996;<br />
Kel<strong>le</strong>y et al., 1997). Cependant, il a éga<strong>le</strong>ment été rapporté l’absence d’effet in vivo <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
milrinone sur <strong>le</strong>s voies aériennes CF murines et humaines (Smith et al., 1999). L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
ces résultats suggèrent un faib<strong>le</strong> potentiel <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> phosphodiesterases <strong>de</strong> type III et<br />
IV en tant que modu<strong>la</strong>teurs du CFTR.<br />
46
Dans <strong>le</strong> même temps, une <strong>de</strong>uxième alternative pour activer <strong>le</strong> CFTR a été i<strong>de</strong>ntifiée.<br />
En 1991, John W.Hanrahan et col<strong>la</strong>borateurs ont mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du CFTR par <strong>de</strong>s<br />
phosphates membranaires (Tabcharani et al., 1991). Plusieurs molécu<strong>le</strong>s commercia<strong>le</strong>s ont<br />
alors été testées pour <strong>le</strong>urs capacités à activer <strong>le</strong> CFTR par l’intermédiaire <strong>de</strong> l’inhibition <strong>de</strong>s<br />
phosphatases. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> <strong>le</strong>vamiso<strong>le</strong> et <strong>le</strong> bromotetramiso<strong>le</strong> ont été i<strong>de</strong>ntifiés comme <strong>de</strong>s<br />
activateurs du CFTR sauvage grâce à l’inhibition <strong>de</strong> phosphatases membranaire (Becq et al.,<br />
1993; Becq et al., 1994; Becq et al., 1996). Ces molécu<strong>le</strong>s sont surtout utilisées comme outils<br />
pharmacologiques.<br />
b. Les activateurs et potentiateurs directs du CFTR<br />
Le premier activateur direct <strong>de</strong> CFTR a été décrit en 1994 par Gribkoff et<br />
col<strong>la</strong>borateurs, il s’agit d’un composé benzimidazolone : <strong>le</strong> NS004 (Gribkoff et al., 1994). Le<br />
NS004 n’a pas d’effet sur <strong>le</strong> taux d’AMPc, ni sur <strong>le</strong>s phosphodiesterases ou <strong>le</strong>s phosphates. Il<br />
a été rapporté que <strong>le</strong> NS004 stimu<strong>le</strong> l’activité du CFTR sauvage dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s<br />
(Devor et al., 1996) et <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s recombinantes (Derand et al., 2003), avec une plus forte<br />
affinité pour <strong>le</strong> CFTR phosphorylé.<br />
Une étu<strong>de</strong> structure-activité a permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s dérivés benzimidazolones<br />
capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> stimu<strong>le</strong>r <strong>la</strong> sécrétion chlorure en chambre <strong>de</strong> Ussing via l’activation <strong>de</strong> canaux<br />
potassique h1K1 et du CFTR : 1-EBIO (1-ethyl-2-benzimidazolinone), DCEBIO (5, 6-<br />
dichloro-1-ethyl-1, 3-dihydro-2H-benzimidazol-2-one) et UCCF-853 (1-(3-chlorophenyl)-5-<br />
trifluorométhyl-3-hydrobenzimidazol-2-one). Ces dérivés benzimidazolones représentent <strong>de</strong>s<br />
outils intéressants pour <strong>la</strong> pharmacologie du CFTR.<br />
Depuis 1994, <strong>de</strong> nombreux activateurs et potentiateurs <strong>de</strong> CFTR ont été décrits dans <strong>la</strong><br />
littérature, certains ont été mis en évi<strong>de</strong>nce par <strong>de</strong>s approches conventionnel<strong>le</strong>s mais <strong>la</strong> plupart<br />
d’entre eux ont été découverts grâce au crib<strong>la</strong>ge à haut débit <strong>de</strong> banques <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s<br />
chimiques ou naturel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> mécanisme d’action <strong>de</strong> ces molécu<strong>le</strong>s n’est pas toujours élucidé<br />
(Tab<strong>le</strong>au 3).<br />
47
Famil<strong>le</strong>s Molécu<strong>le</strong>s Mécanisme d’action Références<br />
Xanthines<br />
Benzimidazolones<br />
F<strong>la</strong>vonoï<strong>de</strong>s<br />
IBMX, théophiline,<br />
aminophylline, DPMX,<br />
pentoxifylline, X-33,<br />
CPX et DAX<br />
NS004, 1-EBIO,<br />
DCEBIO et UCCF-853<br />
Genistéine,<br />
phytof<strong>la</strong>vones, et<br />
benzof<strong>la</strong>vones<br />
Tab<strong>le</strong>au 3 : Tab<strong>le</strong>au non-exhaustif <strong>de</strong>s potentiateurs et activateurs <strong>de</strong> CFTR.<br />
4.2 Inhibiteurs du CFTR<br />
Inhibition <strong>de</strong>s<br />
phosphodiesterases et action<br />
directe sur <strong>le</strong> domaine NBD1<br />
du CFTR<br />
Activation <strong>de</strong>s canaux<br />
potassiques et mécanisme<br />
direct sur CFTR inconnu<br />
Action directe sur <strong>le</strong>s sites<br />
G551 et G1349 du CFTR<br />
Il existe <strong>de</strong>ux types d’inhibiteurs agissant par liaison directe sur <strong>le</strong> CFTR : <strong>de</strong>s<br />
inhibiteurs allostériques qui vont entrainer <strong>la</strong> fermeture du canal et <strong>de</strong>s inhibiteurs qui vont<br />
pénétrer dans <strong>le</strong> canal CFTR lorsque celui-ci est en position ouverte et empêcher <strong>le</strong> passage<br />
<strong>de</strong>s ions chlorure, ils sont appelées « open-channel blocker ». Pour certaines molécu<strong>le</strong>s<br />
inhibitrices <strong>de</strong> CFTR, <strong>le</strong> mécanisme d’action reste encore inconnu (Tab<strong>le</strong>au 4).<br />
(Becq et al., 1994;<br />
Drumm et al., 1991)<br />
(Gribkoff et al., 1994)<br />
(Il<strong>le</strong>k et al., 1995)<br />
Benzoquinolizinium MPB Action direct sur G622 (Bil<strong>le</strong>t et al., 2010)<br />
Phloxine B<br />
Phénanthroline et<br />
benzoquinoline<br />
Anesthésiques<br />
généraux<br />
Dihydropyridine<br />
Phloxine B<br />
1, 10 phénantroline,<br />
5, 6 benzoquinoline<br />
Inhibition <strong>de</strong>s canaux<br />
potassique et mécanisme<br />
direct sur <strong>le</strong> CFTR sur <strong>le</strong>s<br />
sites G551 et G1349<br />
Inhibition <strong>de</strong>s<br />
phosphodiesterases<br />
et mécanisme direct sur <strong>le</strong><br />
CFTR inconnu<br />
(Cuthbert et al., 2003)<br />
(Cuthbert et al., 2003;<br />
Duszyk et al., 2001;<br />
Szkotak et al., 2004)<br />
Octanol Inconnu (Marcet et al., 2004)<br />
Nifédipine,nicardipine,<br />
nimodipine, isradine,<br />
nitrendipine, félodipine<br />
et niguldipine<br />
Activation <strong>de</strong>s canaux<br />
calciques voltage-dépendant<br />
et mécanisme direct sur <strong>le</strong><br />
CFTR inconnu<br />
(Pe<strong>de</strong>monte et al., 2005a)<br />
Dérivés NPPB NPPB-AM Inconnu (Wang et al., 2005)<br />
Isoxazolones et<br />
isoxazolines<br />
3-(2-benzyloxyphenyl)<br />
isoxazo<strong>le</strong>s, et<br />
isoxazolines<br />
Inconnu<br />
(Berger et al., 2005;<br />
Wang et al., 2007)<br />
48
Molécu<strong>le</strong>s Mécanisme d’action Références<br />
ADP, AMP et ions<br />
pyrophosphates<br />
Tab<strong>le</strong>au 4 : Tab<strong>le</strong>au récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> CFTR.<br />
Parmi ces molécu<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> Gly-H101, <strong>le</strong> GPinh-5a et <strong>le</strong> CFTRinh-172 sont <strong>le</strong>s composés<br />
<strong>le</strong>s plus sé<strong>le</strong>ctifs du CFTR.<br />
(An<strong>de</strong>rson & Welsh, 1992)<br />
F<strong>la</strong>vonoï<strong>de</strong>s Inhibiteurs allostériques<br />
(Melin et al., 2004)<br />
Toxine peptidique<br />
(Ful<strong>le</strong>r et al., 2007)<br />
DPC (Cunningham et al., 1992)<br />
Glibenc<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> et tolbutami<strong>de</strong> (Sheppard & Welsh, 1992)<br />
DIDS, DNDS et MOPS (Schultz et al., 1999)<br />
Phloxine B Bloqueur du canal ouvert<br />
(Cuthbert, 2003)<br />
GlyH-101 (Muanprasat et al., 2004)<br />
NPPB (Wang et al., 2005)<br />
Aci<strong>de</strong> niflumique et<br />
flufénamique<br />
(Verkman & Galietta, 2009)<br />
Ibuprofène (Devor & Schultz, 1998)<br />
Fluoxétine (Maertens et al., 1999)<br />
Furosémi<strong>de</strong>, bumétani<strong>de</strong> (Reddy & Quinton, 1999)<br />
Suramine (Bachmann et al., 1999)<br />
DIAO (Ito et al., 2001)<br />
Inconnu<br />
CFTRinh-172 (Ma et al., 2002)<br />
INH1 et INH2 (Muanprasat et al., 2007)<br />
GPinh-5a (Routaboul et al., 2007)<br />
Stéviol (Pariwat et al., 2008)<br />
PPQ-102<br />
(Tradtrantip et al., 2009)<br />
49
Pour exemp<strong>le</strong>, en 2002, <strong>le</strong> crib<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> 50000 molécu<strong>le</strong>s chimiques réalisé par l’équipe<br />
du Pr Verkman a permis l’i<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> d’inhibiteurs <strong>de</strong> CFTR : <strong>le</strong>s<br />
composés 2-thioxo-4-thiazolidinone. Le composé <strong>le</strong> plus efficace, <strong>le</strong> CFTRinh-172 présente un<br />
IC50 <strong>de</strong> 300 nM (Ma et al., 2002).<br />
Figure 12 : Structure chimique du CFTRinh-172.<br />
Cette molécu<strong>le</strong> est un inhibiteur très éfficace sé<strong>le</strong>ctif du CFTR (Ma et al., 2002). Cependant <strong>le</strong><br />
CFTRinh-172 n’est pas solub<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’eau et sa dissolution dans <strong>le</strong> DMSO (diméthylsulfoxy<strong>de</strong>)<br />
induit <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> toxicité à fortes concentrations.<br />
En conclusion, <strong>la</strong> pharmacologie <strong>de</strong>s modu<strong>la</strong>teurs du CFTR est très riche et comporte<br />
<strong>de</strong> nombreuses famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s différentes. Cette diversité reflète <strong>la</strong> comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
protéine CFTR et <strong>de</strong> ses différentes voies d’activations.<br />
5. Les différentes mutations <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR<br />
Depuis <strong>la</strong> découverte du gène codant pour <strong>la</strong> protéine CFTR en 1989, plus <strong>de</strong> 1700<br />
mutations ont été recensées. La plupart <strong>de</strong>s mutations sont <strong>de</strong>s mutations ponctuel<strong>le</strong>s qui<br />
impliquent seu<strong>le</strong>ment quelques nucléoti<strong>de</strong>s. La fréquence <strong>de</strong>s mutations varie selon <strong>le</strong>s<br />
popu<strong>la</strong>tions avec une distribution reflétant probab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s différences dans <strong>le</strong>urs<br />
apparitions durant l'évolution, dans <strong>le</strong>s pressions <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ction exercées et dans <strong>la</strong> migration<br />
<strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions. Parmi <strong>le</strong>s 1700 mutations recensées du gène CFTR, environ 40% sont <strong>de</strong>s<br />
mutations faux-sens, 9% <strong>de</strong>s mutations non-sens, 17% <strong>de</strong>s mutations entrainants un déca<strong>la</strong>ge<br />
du cadre <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture, 12% <strong>de</strong>s mutations altérant <strong>le</strong>s codons essentiels pour l’épissage, 14% <strong>de</strong>s<br />
mutations induisant <strong>de</strong>s variations dans <strong>la</strong> séquence du CFTR et <strong>le</strong>s 7% restant incluent <strong>de</strong>s<br />
mutations au niveau du promoteur et <strong>de</strong>s délétions inconnues (Figure 13).<br />
50
Figure 13 : Répartitions <strong>de</strong>s mutations du gène CFTR.<br />
(D’après http://www.genet.sickkids.on.ca/Home.html)<br />
Bien que ce<strong>la</strong> soit rare, on peut trouver plusieurs mutations peuvent apparaître sur <strong>le</strong><br />
même chromosome et <strong>de</strong>ux changements sur <strong>le</strong> même allè<strong>le</strong> peuvent provoquer <strong>de</strong>s<br />
phénotypes plus sévères ou au contraire avoir un effet <strong>de</strong> compensation.<br />
Au vue du grand nombre <strong>de</strong> mutations du gène CFTR, il était important <strong>de</strong> <strong>le</strong>s c<strong>la</strong>sser<br />
en catégorie. En 1993, Welsh et Smith proposent une c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> ces anomalies par<br />
rapport à <strong>la</strong> fonction canal chlorure (Welsh, 1993; Figure 14).<br />
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Figure 14 : C<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s mutations du gène CFTR.<br />
(Modifiée d’après Welsh, 1993)<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses I à III sont <strong>le</strong>s plus sévères, <strong>le</strong>s épithéliums affectés par ce<br />
type <strong>de</strong> mutations ne présentent peu ou pas d’activité <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR et ne répon<strong>de</strong>nt pas<br />
aux agonistes dépendant <strong>de</strong> l’AMPc.<br />
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51
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse I : Cette c<strong>la</strong>sse inclut <strong>le</strong>s mutations non-sens et <strong>le</strong>s mutations<br />
produisant un codon stop prématuré (mutation du site d’épissage ou mutation déca<strong>la</strong>nt <strong>la</strong><br />
phase <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture). Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s mutations G542X, R553X et W1282X sont <strong>de</strong>s mutations<br />
stop qui produisent un ARNm instab<strong>le</strong> et rapi<strong>de</strong>ment dégradé. Ces mutations résultent en une<br />
absence tota<strong>le</strong> ou partiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine.<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II : Ces mutations perturbent <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> maturation<br />
cellu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine et son cib<strong>la</strong>ge vers <strong>la</strong> membrane p<strong>la</strong>smique. Ainsi, <strong>la</strong> protéine est soit<br />
absente, soit présente en quantité réduite au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> (Cheng et al.,<br />
1990a). Cette c<strong>la</strong>sse inclut <strong>la</strong> mutation <strong>la</strong> plus fréquente dans <strong>la</strong> mucoviscidose, <strong>la</strong> délétion<br />
d’une phény<strong>la</strong><strong>la</strong>nine en position 508 du domaine NBD1 du CFTR : F508<strong>de</strong>l-CFTR. Ces<br />
mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II perturbent <strong>le</strong> repliement post-traductionnel <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR et<br />
cause son accumu<strong>la</strong>tion puis sa dégradation par <strong>le</strong> protéasome. Lorsque cette protéine est<br />
réadressée à <strong>la</strong> membrane p<strong>la</strong>smique par <strong>le</strong> biais d’agents pharmacologiques, el<strong>le</strong> est capab<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> fonctionner comme un canal chlorure. Cependant <strong>la</strong> probabilité d’ouverture du canal est<br />
fortement réduite (Haws et al., 1996; Hwang et al., 1997). De plus, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong> taux<br />
d’activation du F508<strong>de</strong>l-CFTR après phosphory<strong>la</strong>tion soit sept fois plus faib<strong>le</strong> que celui du<br />
CFTR sauvage (Wang et al., 2000; Figure 15).<br />
Figure 15 : Tracés caractéristiques obtenus en canal unitaire, après stimu<strong>la</strong>tion par <strong>de</strong> <strong>la</strong> forskoline, pour<br />
<strong>la</strong> protéine CFTR sauvage ou mutée F508<strong>de</strong>l.<br />
(D’après Chen et al., 2004)<br />
La protéine F508<strong>de</strong>l-CFTR présente donc à <strong>la</strong> fois un défaut d’adressage et d’activation. Dans<br />
<strong>le</strong>s popu<strong>la</strong>tions caucasiennes et nord-européennes, <strong>la</strong> mutation F508<strong>de</strong>l-CFTR est retrouvée<br />
chez 92% <strong>de</strong>s patients et 70% <strong>de</strong>s patients sont homozygotes pour cette délétion. Cette<br />
52
mutation représente 48% <strong>de</strong>s allè<strong>le</strong>s CF dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion afro-américaine et 30% dans <strong>le</strong>s<br />
popu<strong>la</strong>tions américaines d’origine asiatique.<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III : Les protéines mutées sont correctement localisées à <strong>la</strong><br />
membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s mais présentent un défaut d’activation (Cutting et al., 1990;<br />
Becq et al., 1994). Par exemp<strong>le</strong>, dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse III sont incluent <strong>le</strong>s mutants G551D ou<br />
G1349D, ils sont situées respectivement dans <strong>le</strong> domaine NBD1 et NBD2 et modifient <strong>la</strong><br />
liaison et l’hydrolyse <strong>de</strong> l’ATP ainsi que <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion du domaine R.<br />
Les patients présentant <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses IV à VI développent généra<strong>le</strong>ment un<br />
phénotype intermédiaire et moins sévère que pour <strong>le</strong>s trois c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> mutations précé<strong>de</strong>ntes.<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse IV : Certains segments <strong>de</strong>s domaines transmembranaires<br />
participent à <strong>la</strong> formation du pore ionique. Les mutations faux-sens situées dans ces régions<br />
produisent une protéine correctement positionnée, qui présente une activité <strong>de</strong> sécrétion<br />
chlorure (Sheppard et al., 1993). Cependant, <strong>le</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> ces canaux sont<br />
différentes <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>s du canal CFTR endogène avec une diminution du flux d'ions et une<br />
sé<strong>le</strong>ctivité modifiée. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s mutations R117H, R334W et R234P font parties <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
c<strong>la</strong>sse III.<br />
Depuis <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> Welsh et Smith, d'autres c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> mutations ont été<br />
proposées afin <strong>de</strong> disséquer <strong>le</strong>s défauts biochimiques associés aux diverses mutations. La<br />
c<strong>la</strong>sse I a ainsi été subdivisé en c<strong>la</strong>sse V et en c<strong>la</strong>sse VI.<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse V : Les mutations <strong>de</strong> cette c<strong>la</strong>sse sont responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
production d’une protéine avec une activité et une régu<strong>la</strong>tion norma<strong>le</strong> mais avec un taux <strong>de</strong><br />
syn<strong>thèse</strong> diminué. Cette c<strong>la</strong>sse inclut <strong>de</strong>s mutations dans <strong>le</strong> promoteur et <strong>de</strong>s mutations qui<br />
modifient l’épissage alternatif et provoquent une syn<strong>thèse</strong> inefficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine.<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse VI : Cette c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> mutation produit un CFTR tronqué dans<br />
son domaine C-terminal. Le CFTR muté est internalisé plus rapi<strong>de</strong>ment à <strong>la</strong> membrane<br />
apica<strong>le</strong> (Haardt et al., 1999).<br />
53
Ce type <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification permet <strong>de</strong> prédire <strong>le</strong> phénotype <strong>de</strong>s patients CF en accord<br />
avec <strong>le</strong>ur génotype. El<strong>le</strong> permet donc <strong>de</strong> proposer un type <strong>de</strong> médication adapté et<br />
personnalisé pour chaque groupe <strong>de</strong> patients.<br />
6. Stratégies <strong>de</strong> thérapies curatives<br />
Bien qu’actuel<strong>le</strong>ment, il n’existe aucun traitement curatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose,<br />
différentes stratégies thérapeutiques sont mise en p<strong>la</strong>ce.<br />
6.1 Thérapie génique<br />
El<strong>le</strong> consiste à introduire une ou plusieurs copies du gène CFTR normal dans <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s du patient. Les copies du gène peuvent être intégrées dans <strong>de</strong>s vecteurs viraux ou<br />
synthétiques. Les vecteurs viraux permettent d’incorporer <strong>le</strong> gène <strong>de</strong> manière efficace dans <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s mais peuvent déc<strong>le</strong>ncher <strong>de</strong>s réactions immunitaires contre <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’hôte<br />
ayant intégrées <strong>le</strong> virus. Il faut donc diminuer l’immunogénicité <strong>de</strong> ces vecteurs avant <strong>de</strong><br />
pouvoir <strong>le</strong>s utiliser.<br />
L’utilisation <strong>de</strong> vecteurs synthétiques tota<strong>le</strong>ment artificiels représente donc une bonne<br />
alternative pour l’intégration du gène car ils ont l’avantage d’être moins toxiques et moins<br />
immunogènes pour <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s. Cependant <strong>le</strong>ur stabilité est faib<strong>le</strong> et <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> copies du<br />
gène intégrée dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s du patient ainsi que son expression au cours du temps restent<br />
limitée (Kennedy, 2002; Weiss & Pi<strong>le</strong>wski, 2003).<br />
6.2 Thérapie cellu<strong>la</strong>ire<br />
L’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> thérapie cellu<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> mucoviscidose reste encore lointaine. El<strong>le</strong><br />
consiste à imp<strong>la</strong>nter <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s saines dans <strong>le</strong> système respiratoire <strong>de</strong>s patients<br />
ou à corriger <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s pathologiques par transfert <strong>de</strong> gène ex vivo et réimp<strong>la</strong>ntation. Pour<br />
ce<strong>la</strong>, l’utilisation <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s souches d’origines embryonnaires ou adultes est nécessaire et<br />
pose encore <strong>de</strong>s problèmes éthiques.<br />
54
6.3 Thérapie pharmacologique<br />
Différentes approches pharmacologiques sont développées actuel<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong><br />
traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. La première consiste à corriger <strong>le</strong> défaut <strong>de</strong> sécrétion chlorure<br />
dépendante du CFTR. La secon<strong>de</strong> consiste à activer une voie alternative <strong>de</strong> sécrétion d’ions<br />
chlorures non-dépendante du CFTR (cf figure 12).<br />
a. Thérapie pharmacologique du CFTR<br />
La c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> Welsh et Smith (Welsh & Smith, 1993) permet <strong>de</strong> prédire <strong>le</strong><br />
phénotype <strong>de</strong>s patients CF. La thérapie pharmacologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose va donc<br />
s’orienter vers <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> médications adaptées et personnalisées pour chaque groupe <strong>de</strong><br />
patients. En effet, pour <strong>le</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II, l’i<strong>de</strong>ntification d’agents pharmacologiques<br />
permettant <strong>de</strong> corriger l’adressage <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR est nécessaire. De <strong>la</strong> même façon, <strong>le</strong>s<br />
molécu<strong>le</strong>s qui stimu<strong>le</strong>nt l’activité du CFTR muté sont plus adaptées pour <strong>le</strong>s mutations <strong>de</strong><br />
c<strong>la</strong>sse III et IV ou pour <strong>le</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II en combinaison avec un correcteur.<br />
. Thérapie pharmacologique adaptée aux mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse I<br />
Les mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse I incluent <strong>de</strong>s mutations non-sens et <strong>de</strong>s mutations produisant<br />
un codon stop prématuré. Pour <strong>le</strong>s patients présentant ce type <strong>de</strong> mutation, <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong><br />
molécu<strong>le</strong> permettant <strong>de</strong> supprimer cet arrêt précoce <strong>de</strong> <strong>la</strong> transcription présente un intérêt<br />
thérapeutique majeur. Ces recherches ont été initiées avec <strong>la</strong> gentamicine, un aminoglycosi<strong>de</strong><br />
bactérien (Bedwell et al., 1997; Wilschanski et al., 2003) qui se lie à l’ARN ribosomique <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> hôte et augmente <strong>le</strong> taux d’erreur <strong>de</strong> <strong>le</strong>cture par <strong>le</strong> ribosome. Il a été démontré, par<br />
<strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> potentiel nasal, que l’exposition à court terme <strong>de</strong> l’épithélium<br />
nasal à <strong>la</strong> gentamicine corrige <strong>le</strong>s anomalies éléctrophysiologiques chez <strong>le</strong>s patients présentant<br />
un codon stop (Wilschanski et al., 2003).<br />
Plus récemment, PTC-thérapeutique a développé une petite molécu<strong>le</strong> pharmacologique, <strong>le</strong><br />
PTC-124 (aci<strong>de</strong> benzoïque 3-[5-(2-fluorophenyl)-1,2,4-oxadiazol-3-yl]) renommé ataluren.<br />
Cette molécu<strong>le</strong> a été <strong>de</strong>ssinée dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> diminuer <strong>la</strong> sensibilité <strong>de</strong>s ribosomes afin qu’ils<br />
ignorent <strong>le</strong> codon stop prématuré. Récemment, une étu<strong>de</strong> clinique a été réalisée en France afin<br />
55
d’évaluer <strong>le</strong>s effets, <strong>la</strong> pharmacodisponibilité et <strong>la</strong> toxicité <strong>de</strong> l’ataluren chez <strong>de</strong>s enfants<br />
présentant <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse I. Les premiers résultats ont mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>la</strong><br />
molécu<strong>le</strong> a été bien tolérée par <strong>le</strong>s enfants. De plus, il a été démontré que <strong>le</strong> traitement avec<br />
Ataluren permet <strong>la</strong> production d’un CFTR fonctionnel localisé à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s (Sermet-Gau<strong>de</strong>lus et al., 2010). Cette molécu<strong>le</strong> apparaît donc très intéressante pour <strong>le</strong><br />
traitement <strong>de</strong>s patients portant <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse I (Figure 16).<br />
Transcription<br />
normal<br />
Transcription<br />
Transcription incomplète<br />
incomplète<br />
Transcription facilitée par Ataluren<br />
Signal stop prématuré<br />
Signal stop normal<br />
Ataluren facilite <strong>la</strong> transcription<br />
Signal stop normal<br />
Signal stop normal<br />
Figure 16 : Schéma explicatif du fonctionnement <strong>de</strong> l’Ataluren<br />
(Modifié d’après www.ptcbio.com)<br />
. Thérapie pharmacologique adaptée aux mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II<br />
La mutation <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II F508<strong>de</strong>l-CFTR est <strong>la</strong> plus fréquemment retrouvée chez <strong>le</strong>s<br />
patients. Cette mutation perturbe <strong>la</strong> maturation <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR et induit sa dégradation<br />
par <strong>le</strong> protéasome. Cependant, lorsque cette protéine est adressée à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong>, el<strong>le</strong><br />
est capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> fonctionner comme un canal chlorure. Les efforts se concentrent donc à <strong>la</strong><br />
recherche <strong>de</strong> composés pouvant augmenter <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> protéines CFTR à <strong>la</strong> membrane <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s, ces molécu<strong>le</strong>s sont appelées correcteur <strong>de</strong> CFTR (Tab<strong>le</strong>au 5).<br />
Protéine fonctionnel<strong>le</strong><br />
Protéine tronquée<br />
Protéine fonctionnel<strong>le</strong><br />
56
Molécu<strong>le</strong>s Mécanisme d’action Références<br />
IBMX, sil<strong>de</strong>nafil, var<strong>de</strong>nafil,<br />
zaprinast et KM11060<br />
Thapsigargine et curcumin<br />
4-PBA, <strong>de</strong>oxyspergualine,<br />
geldanamycine et herbimycine A<br />
Inhibiteurs <strong>de</strong>s phosphodiesterases<br />
Inhibiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> pompe calcium<br />
ATP-ase<br />
Inhibiteurs <strong>de</strong>s protéines<br />
chaperonnes<br />
Miglustat Inhibiteurs <strong>de</strong> glucosidases<br />
Tab<strong>le</strong>au 5 : Tab<strong>le</strong>au récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s correcteurs <strong>de</strong> CFTR.<br />
Pour exemp<strong>le</strong>, en 2006, notre <strong>la</strong>boratoire a i<strong>de</strong>ntifié une nouvel<strong>le</strong> molécu<strong>le</strong> capab<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
corriger l’adressage défectueux <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine F508<strong>de</strong>l-CFTR, il s’agit du miglustat ou NB-<br />
DNJ (N-butyl<strong>de</strong>oxynojirimcyn ; Norez et al., 2006). Cette molécu<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment appelée<br />
Zavesca ® est déjà indiquée pour <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Gaucher <strong>de</strong><br />
type 1 (Ficicioglu, 2008). Le miglustat est un inhibiteur <strong>de</strong> l’-1,2 glucosidase du réticulum<br />
endop<strong>la</strong>smique (McCormack & Goa, 2003). Le fait d’inhiber l’-1,2 glucosidase provoque<br />
une accumu<strong>la</strong>tion du CFTR muté sous sa forme glycosylée GlcNAc2Man9Glc3. Cette forme<br />
n’est alors pas reconnue par <strong>le</strong>s protéines chaperonnes tel<strong>le</strong> que <strong>la</strong> calnexine, ce qui lui permet<br />
<strong>de</strong> sortir du réticulum endop<strong>la</strong>smique (Figure 17).<br />
(Drumm et al., 1991;<br />
Dormer et al., 2005;<br />
Lubamba et al., 2008;<br />
Poschet et al., 2007;<br />
Robert et al., 2008)<br />
(Egan et al., 2002;<br />
Egan et al., 2004)<br />
(Rubenstein et al., 1997;<br />
Choo-Kang & Zeitlin, 2001;<br />
Jiang et al., 1998;<br />
Norez et al., 2008b;<br />
Norez et al., 2008a)<br />
(Norez et al., 2006;<br />
Norez et al., 2009;<br />
Lubamba et al., 2009)<br />
Dynasore Inhibiteurs <strong>de</strong> l’endocytose (Young et al., 2009)<br />
Bortezomib Inhibiteur du protéasome (Vij et al., 2006)<br />
Correcteurs 2a, 3a, 4a et 4b (Pe<strong>de</strong>monte et al., 2005b)<br />
Bithiazo<strong>le</strong>s et pyrazolythiazo<strong>le</strong>s (Ye et al., 2010)<br />
Inconnu<br />
Aci<strong>de</strong> anthranlilque et g<strong>la</strong>fénine (Robert et al., 2010)<br />
VX-325 ET VX-809<br />
(Van Goor et al., 2006;<br />
Rowe et al., 2010)<br />
57
Mannose<br />
Glucose<br />
ERp57<br />
Glucosidases<br />
I and II<br />
Site ER <strong>de</strong> sortie exit site du RE<br />
Calnexine<br />
Glucosidase II<br />
Figure 17 : Action du miglustat sur <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> calnexine.<br />
(Modifiée d’après Ellgaard, 2003)<br />
Une fois cette étape franchie, <strong>la</strong> protéine F508<strong>de</strong>l-CFTR va suivre <strong>le</strong> cheminement du CFTR<br />
non-muté jusqu’à <strong>la</strong> membrane p<strong>la</strong>smique.<br />
Ribosome<br />
Comp<strong>le</strong>xe du translocon<br />
Chaîne protéique<br />
N-glycanes<br />
UDP-glycoprotein<br />
glucosyltransferase<br />
a1,2-mannosidase I<br />
EDEM<br />
ERAD<br />
Comp<strong>le</strong>xe du<br />
translocon<br />
Récemment, il a été démontré que l’exposition journalière <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s nasa<strong>le</strong>s humaines CF à<br />
100 µM <strong>de</strong> miglustat pendant 2 mois induisait une correction stab<strong>le</strong>, progressive et réversib<strong>le</strong><br />
du F508-CFTR (Norez et al., 2009). De plus, il a été mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> miglustat inhibe<br />
l’hyperabsorption <strong>de</strong> sodium (Noel et al., 2008) et régu<strong>le</strong> l’homéostasie calcique (Antigny et<br />
al., 2008). L’efficacité du miglustat a éga<strong>le</strong>ment été démontrée in vivo sur un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
souris cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l . En effet, l’administration intra-nasa<strong>le</strong> <strong>de</strong> miglustat normalise <strong>le</strong>s<br />
conductances sodium et chlorure (Lubamba et al., 2009). Des investigations supplémentaires<br />
ont mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> miglustat diminue l’expression <strong>de</strong> l’inter<strong>le</strong>ukine-8 et <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s<br />
d’adhésions ICAM-1 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s bronchiques CF infectées par Pseudomonas aeruginosa<br />
58
(Dechecchi et al., 2008). Le miglustat est actuel<strong>le</strong>ment en essai clinique <strong>de</strong> phase II<br />
(http://www.actelion.com).<br />
Les composés quinzoline i<strong>de</strong>ntifiés lors du screening d’une librairie <strong>de</strong> composés<br />
développés par Vertex Pharmaceutique présentent éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s propriétés intéressantes en<br />
vue d’un développement clinique. En effet, il a été décrit que l’incubation <strong>de</strong> 10 µmol/L du<br />
composés quinzoline VRT-325 pendant 16 heures corrige <strong>la</strong> réponse forskoline du F508<strong>de</strong>l-<br />
CFTR. Cette réponse est maintenue pendant 36 heures après l’élimination <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> puis<br />
diminue (Van Goor et al., 2006). Il a été démontré récemment que <strong>le</strong> composé VRT-325<br />
augmente <strong>la</strong> sécrétion chlorure sur un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s po<strong>la</strong>risés <strong>de</strong> tyroï<strong>de</strong> <strong>de</strong> rat (FRT),<br />
alors qu’il n’a pas d’effet sur un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s bronchiques humaines<br />
po<strong>la</strong>risées (Bebok et al., 2005; Rowe et al., 2010). Ce travail suggère l’importance du modè<strong>le</strong><br />
utilisé pour <strong>la</strong> détection du réadressage du F508<strong>de</strong>l-CFTR. Le composé VRT-325 ne fait pas<br />
encore l’objet d’un essai clinique.<br />
Par contre, <strong>le</strong> composé VX-809 éga<strong>le</strong>ment développé par Vertex Pharmaceutique et formulé<br />
pour une administration ora<strong>le</strong> fait l’objet d’un essai clinque <strong>de</strong> phase II débuté en mars 2009.<br />
Il s’agit d’un essai clinique multicentrique (Etats-Unis, Canada, Belgique, Al<strong>le</strong>magne et Pays-<br />
Bas) randomisé et en doub<strong>le</strong> aveug<strong>le</strong> incluant 90 patients porteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> mutation F508<strong>de</strong>l-<br />
CFTR. Les résultats <strong>de</strong> cet essai ne sont pas encore disponib<strong>le</strong>s mais il a été rapporté que <strong>le</strong><br />
VX-809 restore <strong>la</strong> fonction du F508<strong>de</strong>l-CFTR (http://www.vpharm.com).<br />
. Thérapie pharmacologique adaptée aux mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II à V<br />
Il existe <strong>de</strong> nombreuses molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> stimu<strong>le</strong>r <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine<br />
CFTR (cf 4.1 activateurs et potentiateurs du CFTR) mais seu<strong>le</strong>ment un petit nombre non<br />
toxiques et spécifiques du CFTR pourraient être utilisées en thérapie pharmacologique<br />
(Tab<strong>le</strong>au 6).<br />
59
Famil<strong>le</strong>s Molécu<strong>le</strong>s Potentialisation Sta<strong>de</strong> Publications<br />
Ginsenosi<strong>de</strong>,<br />
limonoi<strong>de</strong> et<br />
vitamine C<br />
Epices<br />
Dérivé sulfamoylé<br />
et Phenylglycine<br />
substittuée<br />
Ginsenosi<strong>de</strong>,<br />
limonoi<strong>de</strong> et<br />
vitamine C<br />
Curcumin et<br />
capaisine<br />
SF-03 et PG-01<br />
Pyrrolopyrazines RP107 et RP108<br />
Hydroxybenzoate<br />
Analogue <strong>de</strong><br />
l’ATP<br />
Butyl-phydroxybenzoate<br />
Analogue <strong>de</strong><br />
l’ATP<br />
wt-, G551D- et<br />
F508<strong>de</strong>l-CFTR<br />
wt-, G551D- et<br />
F508<strong>de</strong>l-CFTR<br />
wt-, G551D- et<br />
F508<strong>de</strong>l-CFTR<br />
wt-, G551D- et<br />
F508<strong>de</strong>l-CFTR<br />
wt- et F508<strong>de</strong>l-<br />
CFTR<br />
wt-, G551D- et<br />
F508<strong>de</strong>l-CFTR<br />
Tab<strong>le</strong>au 6 : Récapitu<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s potentiel<strong>le</strong>ment utilisab<strong>le</strong>s en thérapie pharmacologique.<br />
Pour exemp<strong>le</strong>, Vertex Pharmaceutique a i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>s pyrazo<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> stimu<strong>le</strong>r <strong>la</strong><br />
fonction du canal CFTR, ces molécu<strong>le</strong>s peuvent donc agir sur <strong>le</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III, IV,<br />
V et sur <strong>le</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>ment réadressées à <strong>la</strong> membrane par un correcteur<br />
<strong>de</strong> CFTR. Par exemp<strong>le</strong>, il a été décrit que <strong>le</strong> pyrazo<strong>le</strong> VX-770 augmente, in vitro, <strong>la</strong><br />
probabilité d’ouverture et <strong>la</strong> conductance chlorure du G551D-CFTR. Le VX-770 est <strong>le</strong><br />
premier potentiateur <strong>de</strong> CFTR en essai clinique sur <strong>de</strong>s patients CF portant <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong><br />
c<strong>la</strong>sse III. L’essai clinique <strong>de</strong> phase IIa a été conduit sur <strong>de</strong>s patients portant <strong>la</strong> mutation<br />
G551D. Il s’agit d’un essai randomisé, en doub<strong>le</strong> aveug<strong>le</strong> sur <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 14 jours. Au<br />
bout <strong>de</strong> seu<strong>le</strong>ment 14 jours <strong>de</strong> traitement avec 150 mg <strong>de</strong> VX-770, <strong>le</strong>s premiers résultats<br />
communiqués montrent une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong>s ions chlorure dans <strong>la</strong> sueur,<br />
une augmentation significative du potentiel nasal, et du volume expiratoire forcé en 1 secon<strong>de</strong><br />
(FEV1) par rapport aux patients p<strong>la</strong>cebo. De plus, <strong>le</strong> composé a été bien toléré chez<br />
l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s patients traités (http://www.vpharm.com).<br />
Préclinique<br />
Préclinique<br />
(Sousa et al., 2007;<br />
DeCarvalho et al., 2002;<br />
Fischer et al., 2004)<br />
(Ai et al., 2004;<br />
Berger et al., 2005b)<br />
Préclinique (Pe<strong>de</strong>monte et al., 2005c)<br />
Préclinique (Noel et al., 2006)<br />
Préclinique (Ge et al., 2009)<br />
Préclinique (Miki et al., 2010)<br />
Pyrazo<strong>le</strong> VX-770 G551D-CFTR Phase IIa (http://www.vpharm.com)<br />
60
. Molécu<strong>le</strong>s à doub<strong>le</strong>-activité<br />
Le crib<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> petit composé cib<strong>la</strong>nt <strong>le</strong> CFTR, a permis d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s agents ayant<br />
une doub<strong>le</strong> action sur <strong>le</strong> CFTR, à <strong>la</strong> fois correcteur et potentiateur du F508<strong>de</strong>l-CFTR. En<br />
effet, ces molécu<strong>le</strong>s sont capab<strong>le</strong>s à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> corriger l’adressage <strong>de</strong> F508<strong>de</strong>l-CFTR et <strong>de</strong><br />
stimu<strong>le</strong>r <strong>la</strong> sécrétion d’ions chlorure par <strong>le</strong> F508<strong>de</strong>l-CFTR. Parmi eux, quelques molécu<strong>le</strong>s<br />
présentent <strong>de</strong>s propriétés intéressantes tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s aminoarylthiazo<strong>le</strong>s et <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />
benzoquinolizinium (Derand et al., 2001).<br />
Il a été démontré que <strong>le</strong>s composés aminoarylthiazo<strong>le</strong>s augmentent <strong>la</strong> réponse à <strong>la</strong> forskoline<br />
du F508<strong>de</strong>l-CFTR (Becq, 2010). Des effets simi<strong>la</strong>ires sont observés sur <strong>le</strong>s mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse<br />
III, G551D, G1349D et D1152H. Cependant, <strong>le</strong>s aminoarylthiazo<strong>le</strong>s ne sont pas capab<strong>le</strong>s<br />
d’activer <strong>le</strong> CFTR en absence <strong>de</strong> forskoline. Au contraire, <strong>le</strong>s dérivés MPB sont <strong>de</strong>s<br />
activateurs directs du CFTR sauvage et du CFTR portant <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse II (F508<strong>de</strong>l)<br />
et <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III (G551D) (Becq et al., 1999; Derand et al., 2001; Dormer et al., 2001;<br />
Marivingt-Mounir et al., 2004; Norez et al., 2008a). Certains MPB sont éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s<br />
correcteurs efficaces du F508<strong>de</strong>l-CFTR. Ils inhibent <strong>la</strong> dégradation du CFTR muté et<br />
favorisent donc sa relocalisation à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s CF (Stratford<br />
et al., 2003; Norez et al., 2008a). Ces agents présentent un intérêt thérapeutique majeur car ils<br />
peuvent à <strong>la</strong> fois restaurer <strong>le</strong> F508-CFTR à <strong>la</strong> membrane mais éga<strong>le</strong>ment stimu<strong>le</strong>r son activité,<br />
cependant certains d’entre eux présentent une toxicité é<strong>le</strong>vée.<br />
Des travaux récents montrent <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> combiner une molécu<strong>le</strong> potentiatrice et<br />
une molécu<strong>le</strong> correctrices <strong>de</strong> CFTR afin d’obtenir un agent à doub<strong>le</strong>-activité. En 2009, une<br />
molécu<strong>le</strong> hybri<strong>de</strong> contenant un fragment du potentiateur PG-01 et un fragment du correcteur<br />
corr4a relié par un pont ester a été crée par Mills et col<strong>la</strong>borateurs (Figure 18). Le clivage <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> hybri<strong>de</strong> par <strong>le</strong>s enzymes intestina<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s conditions physiologiques permet <strong>de</strong><br />
libérer <strong>le</strong> potentiateur et <strong>le</strong> correcteur actifs (Mills et al., 2010).<br />
61
Figure 18 : Stratégie <strong>de</strong> création d’une molécu<strong>le</strong> hybri<strong>de</strong> à doub<strong>le</strong> activités correctrice et<br />
potentiatrice du CFTR.<br />
(Modifiée d’après Mills, 2010)<br />
Ces premier résultats ont mis en évi<strong>de</strong>nce l’intérêt <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s multiligands<br />
dans <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> thérapie pour <strong>le</strong>s patients portant une mutation F508<strong>de</strong>l-CFTR qui<br />
représentent plus <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s patients CF.<br />
En conclusion, ces résultats sont très encourageants car ils démontrent qu’une<br />
pharmacothérapie personnalisée <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR adaptée à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> mutations peut<br />
être efficace et mesurab<strong>le</strong>. Mais, il existe encore d’autres moyens <strong>de</strong> restaurer <strong>la</strong> sécrétion<br />
chlorure au niveau <strong>de</strong>s épithéliums, notamment par l’activation <strong>de</strong> voies alternatives <strong>de</strong><br />
sécrétion d’ions chlorures non-dépendante du CFTR.<br />
dépendante<br />
Fragment correcteur Fragment potentiateur<br />
b. Thérapie pharmacologique par l’activation d’une voie alternative CaCC-<br />
L’utilisation d’activateurs <strong>de</strong>s canaux chlorure calcium-dépendant (CaCC) s’inscrit<br />
dans cette secon<strong>de</strong> stratégie, en effet ils ont <strong>la</strong> capacité d’activer <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong> chlorure dans<br />
<strong>le</strong>s tissus mucoviscidosiques (Figure 19). Le chapitre III présentera <strong>le</strong>s CaCC en détails.<br />
62
CaCC<br />
Figure 19 : Représentation schématique <strong>de</strong> l’importance du CaCC dans <strong>le</strong>s transports ioniques d’une<br />
cellu<strong>le</strong> épithélia<strong>le</strong>.<br />
En 2003, Molichem Medicines a obtenu une autorisation <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s patients CF<br />
avec un pepti<strong>de</strong> polycyclique appelé Moli1901 (déjà connu sous <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> duramycine ou <strong>de</strong><br />
2622U90). Moli 1901 augmente <strong>la</strong> sécrétion d’ions chlorure lorsqu’il est appliqué à <strong>la</strong> surface<br />
apica<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’épithélium respiratoire. Le pepti<strong>de</strong> interagit avec <strong>le</strong>s phospholipi<strong>de</strong>s<br />
membranaires et augmente <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> calcium intracellu<strong>la</strong>ire qui active <strong>la</strong> voie<br />
alternative <strong>de</strong> sécrétion chlorure. Les résultats <strong>de</strong>s essais cliniques <strong>de</strong> phase I et II montrent<br />
que <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> stimu<strong>le</strong> <strong>le</strong> transport <strong>de</strong>s ions chlorures in vivo au niveau <strong>de</strong> l’épithélium nasal.<br />
De plus, ce traitement apparaît sans danger pour <strong>le</strong>s patients ado<strong>le</strong>scents et adultes présentant<br />
une altération modéré <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur fonction pulmonaire (Grasemann et al., 2007; Zeitlin et al.,<br />
2004). En 2009, une nouvel<strong>le</strong> étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> phase II a été annoncée afin d’évaluer <strong>le</strong><br />
traitement <strong>de</strong> patients CF avec une solution inhalée <strong>de</strong> Moli1901. Il s’agit d’une étu<strong>de</strong> en<br />
doub<strong>le</strong>-aveug<strong>le</strong>, conduite dans 9 pays européens, qui inclue <strong>de</strong>s ado<strong>le</strong>scents et <strong>de</strong>s adultes.<br />
L’efficacité et <strong>la</strong> tolérance du traitement, avec 3 concentrations différentes <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> sur<br />
une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 8 semaines suivie d’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 4 semaines sans traitement va être évaluée<br />
De plus, <strong>le</strong> <strong>de</strong>nufosol, un agoniste <strong>de</strong>s récepteurs purinergique P2Y2, stimu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong><br />
sécrétion <strong>de</strong> chlorure via l’activation du CaCC a été proposé. Cette molécu<strong>le</strong> a été évaluée au<br />
cours d’un essai clinique <strong>de</strong> phase II, dans 14 centres clinques aux Etats-Unis, sur 90 patients<br />
présentant un phénotype CF intermédiaire. Après 4 semaines <strong>de</strong> traitement avec 20 à 60 mg<br />
CFTR<br />
63
<strong>de</strong> <strong>de</strong>nufosol, il a été décrit une augmentation significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction pulmonaire <strong>de</strong>s<br />
patients traités par rapport aux patients p<strong>la</strong>cebo. En novembre 2009, Inspire Pharmaceuticals a<br />
débuté un essai clinique randomisé <strong>de</strong> phase III. Les 450 patients enrôlés dans l’essai clinique<br />
présentent une fonction pulmonaire re<strong>la</strong>tivement bonne. Les patients sont traités avec 60 mg<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>nufosol, 3 fois par jours ou avec <strong>le</strong> p<strong>la</strong>cebo. Les résultats seront connus début 2011. Au<br />
vu <strong>de</strong>s résultats encourageants obtenus dans <strong>le</strong>s essais clinques <strong>de</strong> phase II, cet agent parait<br />
très intéressant, cependant son action sur <strong>de</strong>s patients présentant <strong>de</strong>s dysfonctions pulmonaires<br />
sévères reste encore inconnue.<br />
ISM therapeutic développe actuel<strong>le</strong>ment un analogue <strong>de</strong> l’inositol polyphosphate : <strong>la</strong><br />
prodrogue INO-4995. Une prodrogue est une substance pharmacologique administrée sous<br />
une forme inactive et métabolisée in vivo en une molécu<strong>le</strong> active. L’INO-4995 est un<br />
régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong>s canaux ioniques, il inhibe l’absorption <strong>de</strong> sodium, augmente l’activité <strong>de</strong>s<br />
canaux CaCC dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s CF (Rudolf et al., 2003). L’INO-4995 est une<br />
petite molécu<strong>le</strong> avec une durée d’action longue (plus <strong>de</strong> 24 heures après l’administration). La<br />
molécu<strong>le</strong> a été décrite comme étant non toxique et bien tolérée sur <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s animaux. De<br />
plus, il a été démontré que l’effet <strong>de</strong> l’INO-4995 sur <strong>le</strong> courant <strong>de</strong> court-circuit est plus<br />
important dans <strong>le</strong>s tissus issu <strong>de</strong> patients CF que <strong>de</strong> donneur non-CF. Les auteurs proposent<br />
que l’INO-4995 peut-être utilisé en combinaison avec d’autres traitements existants, comme<br />
<strong>le</strong> <strong>de</strong>nufosol. Un essai clinique préliminaire <strong>de</strong> phase II sur <strong>le</strong>s patients CF a été initié.<br />
Ces premiers résultats encourageants confirment que <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> modu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong>s<br />
CaCC représente une approche contournée intéressante dans <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> traitements<br />
pharmacologiques pour <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
64
IV/ Les canaux chlorure calcium dépendant (CaCC)<br />
1. Fonction <strong>de</strong>s CaCC<br />
1.1 Rô<strong>le</strong> physiologique <strong>de</strong>s CaCC<br />
Les CaCC endogènes ont été i<strong>de</strong>ntifiés dans <strong>de</strong> nombreux types cellu<strong>la</strong>ires et<br />
contrô<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>s fonctions (Hartzell et al., 2005). Ils ont un rô<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> transduction<br />
olfactive, gustative et visuel<strong>le</strong>, ils régu<strong>le</strong>nt l’excitabilité cardiaque et neurona<strong>le</strong> (Frings et al.,<br />
2000), <strong>la</strong> contraction <strong>de</strong>s musc<strong>le</strong>s lisses (Leb<strong>la</strong>nc et al., 2005) et <strong>le</strong>s fonctions endothélia<strong>le</strong>s<br />
(Kunzelmann et al., 2009). Ils sont indispensab<strong>le</strong>s pour <strong>la</strong> reproduction et <strong>la</strong> sécrétion<br />
épithélia<strong>le</strong> (Kidd & Thorn, 2000).<br />
Les cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s voies respiratoires coexpriment <strong>le</strong> CaCC et <strong>le</strong> CFTR au niveau <strong>de</strong><br />
<strong>le</strong>urs membranes apica<strong>le</strong>s (Boucher et al., 1989). La sécrétion <strong>de</strong> mucus au niveau <strong>de</strong><br />
l’épithélium respiratoire est donc contrôlée à <strong>la</strong> fois par <strong>le</strong> CFTR et par <strong>le</strong> CaCC. Le CFTR<br />
contrô<strong>le</strong> <strong>la</strong> quantité basa<strong>le</strong> <strong>de</strong> mucus alors que <strong>le</strong> CaCC agit comme un régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong><br />
l’épaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> couche muqueuse (pour revue Hartzell et al., 2005).<br />
1.2 Caractérisation et régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s CaCC<br />
Les canaux CaCC sont re<strong>la</strong>tivement non-sé<strong>le</strong>ctifs. Ils se caractérisent par une séquence<br />
<strong>de</strong> perméabilité anionique SCN - > NO3 - > I - > Br - > Cl - >F - (Qu & Hartzell, 2000). Le courant<br />
CaCC est dépendant du voltage. Les canaux CaCC s’activent <strong>le</strong>ntement par dépo<strong>la</strong>risation et<br />
sont inactivés par hyperpo<strong>la</strong>risation. Ils présentent une rectification sortante <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur re<strong>la</strong>tion<br />
courant/voltage (Nilius et al., 1997).<br />
Selon <strong>le</strong> type cellu<strong>la</strong>ire <strong>la</strong> conductance unitaire <strong>de</strong>s canaux peut varier <strong>de</strong> 1 à 14 pS.<br />
Cependant, <strong>la</strong> dépendance au potentiel diminue lorsque <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> calcium (Ca 2+ ) augmente<br />
fortement (Arreo<strong>la</strong> et al., 1995). En effet, <strong>le</strong>s courants dépendants du CaCC sont éga<strong>le</strong>ment<br />
activés par l’entrée <strong>de</strong> calcium extracellu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> libération <strong>de</strong> calcium du réticulum<br />
65
endop<strong>la</strong>smique et <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion par <strong>la</strong> protéine kinase dépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> calmoduline : <strong>la</strong><br />
CaMK II (pour revue Hartzell et al, 2005; Figure 20).<br />
Figure 20 : Schéma récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’activation du CaCC par <strong>le</strong> calcium.<br />
(Modifié d’après Hartzell, 2005)<br />
a. Régu<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong> Ca 2+ et <strong>la</strong> CaMK II<br />
Le seuil d’activation du canal se situe entre 0.2 et 5 µM <strong>de</strong> calcium intracellu<strong>la</strong>ire libre<br />
(Hartzell et al., 2005). Les CaCC présents au niveau <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s salivaires, <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s endothélia<strong>le</strong>s pulmonaires, <strong>de</strong>s myocytes ventricu<strong>la</strong>ires, et <strong>de</strong>s hépatocytes sont<br />
activés directement par <strong>le</strong> calcium. Ce<strong>la</strong> qui suggère que <strong>le</strong> CaCC possè<strong>de</strong> un site <strong>de</strong> fixation<br />
du calcium. Les CaCC peuvent éga<strong>le</strong>ment être activés par une phosphory<strong>la</strong>tion via <strong>la</strong> CaMK<br />
II. En effet, dans <strong>de</strong> nombreux types cellu<strong>la</strong>ires, tels que <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s pancréatiques CFPAC-1<br />
et <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s coloniques T84, <strong>le</strong> canal est stimulé directement par <strong>le</strong> calcium et indirectement<br />
par <strong>la</strong> CaMK II. L’utilisation d’inhibiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> CaMK II, tels que <strong>le</strong> calmidazomium et <strong>le</strong><br />
trifluoroperazine sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s T84 empêche l’activation du CaCC (pour revue Hartzell et<br />
al., 2005 ; Figure 21).<br />
66
Figure 21 : Schéma récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s CaCCs.<br />
(Modifié d’après Hartzell, 2005)<br />
b. Régu<strong>la</strong>tion par l’IP4 et <strong>le</strong>s annexines<br />
La stimu<strong>la</strong>tion du CaCC par <strong>la</strong> CaMK II est inhibée par l’inositol 3,4,5,6-<br />
tetrakisphosphate (IP4 ; Xie et al., 1998; Nilius et al., 1998). L’IP4 est synthétisé par <strong>la</strong> voie <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> phospholipase C (PLC). La régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s CaCCs par l’IP4 régu<strong>le</strong> <strong>la</strong> cinétique d’activation<br />
<strong>de</strong>s CaCCs (Ho et al., 2001; Figure 21).<br />
Les annexines sont <strong>de</strong>s phospholipi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s protéines fixant <strong>le</strong> calcium. El<strong>le</strong>s sont situées à<br />
<strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s épithéliums sécrétoires (Kaetzel et al., 1994). Il a été décrit que <strong>le</strong>s<br />
annexines ont <strong>la</strong> capacité d’inhiber <strong>le</strong>s CaCC dans l’oocyte <strong>de</strong> xénope (Jorgensen et al., 1997)<br />
et au niveau <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s (Chan et al., 1994; Kaetzel et al., 1994). L’action <strong>de</strong>s<br />
annexines sur <strong>le</strong>s CaCC est synergique avec l’effet <strong>de</strong> l’IP4. Une faib<strong>le</strong> concentration en<br />
annexine-IV (Anx-IV) augmente <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> l’IP4 à bloquer <strong>le</strong> courant (Xie et al., 1996;<br />
Figure 21).<br />
c. Régu<strong>la</strong>tion par <strong>le</strong> CFTR<br />
Le CFTR interagit au moins fonctionnel<strong>le</strong>ment avec un grand nombre <strong>de</strong> protéines<br />
dont <strong>le</strong> CaCC (Kunzelmann, 2001). Dans <strong>le</strong>s oocytes <strong>de</strong> xénope, l’expression du CFTR réduit<br />
<strong>le</strong> courant chlorure calcium-dépendant. De plus, il a été démontré une augmentation du<br />
courant dans <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s issues <strong>de</strong>s patients CF (C<strong>la</strong>rke et al., 1992).<br />
Les auteurs montrent que <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion du CaCC par <strong>le</strong> CFTR implique <strong>la</strong> partie C-terminal du<br />
67
domaine R du CFTR (Wei et al., 2001) alors que son domaine PDZ n’est pas impliqué<br />
(Kunzelmann, 2001).<br />
d. Autres régu<strong>la</strong>tions<br />
Il a été décrit que <strong>la</strong> diminution du pH intracellu<strong>la</strong>ire inhibe <strong>le</strong>s CaCCs (Arreo<strong>la</strong> et al.,<br />
1995). Il a éga<strong>le</strong>ment été mis en évi<strong>de</strong>nce que l’activation du CaCC dans un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
cellu<strong>le</strong>s muscu<strong>la</strong>ires lisses <strong>de</strong> l’artère mésentérique <strong>de</strong> rat nécessite du GMPc (Matchkov et<br />
al., 2004).<br />
1.3 Pharmacologie <strong>de</strong>s CaCC<br />
a. Activateurs <strong>de</strong>s CaCC<br />
Les CaCC sont activés par <strong>le</strong> calcium : toutes <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s d’augmenter <strong>le</strong><br />
taux <strong>de</strong> calcium dans <strong>le</strong> cytosol sont donc <strong>de</strong>s activateurs potentiels <strong>de</strong>s CaCC. Les<br />
ionophores calciques, tel que l’A23187, sont utilisés pour l’activation <strong>de</strong>s CaCC. L’A23187<br />
est un antifongique qui permet <strong>le</strong> passage <strong>de</strong>s cations diva<strong>le</strong>nts à travers <strong>le</strong>s membranes<br />
cellu<strong>la</strong>ires grâce à <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s pores membranaires (Abbott et al., 1979).<br />
L’histamine est éga<strong>le</strong>ment capab<strong>le</strong> d’activer <strong>le</strong>s CaCC par <strong>la</strong> libération du calcium du<br />
réticulum endop<strong>la</strong>smique (Antigny et al., 2008).<br />
Les CaCC sont éga<strong>le</strong>ment activés par <strong>le</strong>s nucléoti<strong>de</strong>s triphosphate ATP et UTP, au niveau <strong>de</strong>s<br />
épithéliums respiratoires (Know<strong>le</strong>s et al., 1991; Tarran et al., 2002). Ces nucléoti<strong>de</strong>s stimu<strong>le</strong>nt<br />
<strong>le</strong>s récepteurs purinergiques P2Y2 couplés aux protéines GqP2Y. Ces protéines G activent <strong>la</strong><br />
PLC qui hydrolyse un phopholipi<strong>de</strong> membranaire, <strong>le</strong> PIP2 (phosphatidyl-inositol-<br />
diphosphate) en inositol 1,4,5-trisphosphate (IP3) et en DAG (diacylglycérol). L'IP3 se fixe<br />
sur ses récepteurs au niveau du RE et provoque <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> calcium. L’activation <strong>de</strong>s<br />
protéines GpP2Y induit donc une casca<strong>de</strong> d’évènements qui abouti à l’augmentation du taux<br />
<strong>de</strong> calcium cytosolique et par conséquent à l’activation <strong>de</strong>s CaCC (Figure 22).<br />
68
ATP ou UTP<br />
Figure 22 : Voie <strong>de</strong><br />
signalisation intracellu<strong>la</strong>ire induite par l’activation <strong>de</strong>s récepteurs P2Y2.<br />
PLC : phospholipase C, IP3 : inositol 1,4,5-trisphosphate, RE : reticulum endop<strong>la</strong>smique.<br />
b. Inhibiteurs <strong>de</strong>s CaCC<br />
(Modifié d’après www.inspirepharm.com)<br />
L’i<strong>de</strong>ntification d’inhibiteurs sé<strong>le</strong>ctifs du CaCC est nécessaire pour mieux comprendre<br />
<strong>la</strong> structure du pore, pour analyser <strong>la</strong> distribution du canal dans <strong>le</strong>s tissus et pour affiner <strong>le</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> purification du canal. Cependant, il n’existe pas d’inhibiteur spécifique du<br />
CaCC. Les inhibiteurs <strong>le</strong>s plus utilisés pour inhiber <strong>le</strong> CaCC sont l’aci<strong>de</strong> niflumique, l’aci<strong>de</strong><br />
flufénamique et <strong>le</strong> DIDS (Schultz et al., 1999). Le Tab<strong>le</strong>au 7 résume <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />
molécu<strong>le</strong>s utilisées pour inhiber <strong>le</strong>s CaCC.<br />
De plus, une étu<strong>de</strong> récente a mis en évi<strong>de</strong>nce, grâce au crib<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> produits naturels, un<br />
nouvel inhibiteur <strong>de</strong>s CaCC : l’aci<strong>de</strong> tannique. Cette molécu<strong>le</strong> inhibe <strong>le</strong> CaCC dans différents<br />
modè<strong>le</strong>s cellu<strong>la</strong>ires, avec une IC50 <strong>de</strong> 6 µM et ne présente pas d’effet sur <strong>le</strong> CFTR. Ce<br />
composé fait partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s gallotannins présents dans <strong>le</strong> vin rouge et <strong>le</strong> thé vert<br />
(Namkung et al., 2010).<br />
Récepteur P2Y 2<br />
PLC<br />
Cytosol Protéine G<br />
IP 3<br />
Ca 2+<br />
RE<br />
69
Inhibiteurs Tissus Mécanisme d’action Publications<br />
NFA<br />
FFA<br />
DIDS<br />
Trachéal, pulmonaire,<br />
muscu<strong>la</strong>ire et neuronal<br />
Trachéal, muscu<strong>la</strong>ire et<br />
neuronal<br />
Trachéal, pulmonaire,<br />
muscu<strong>la</strong>ire, intestinal et<br />
neuronal<br />
SITS Muscu<strong>la</strong>ire et neuronal<br />
DPC Trachéal, muscu<strong>la</strong>ire<br />
A9C Muscu<strong>la</strong>ire<br />
Tab<strong>le</strong>au 7: Tab<strong>le</strong>au récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s différentes molécu<strong>le</strong>s inhibitrices du CaCC.<br />
NFA : aci<strong>de</strong> niflumique, FFA : aci<strong>de</strong> flufénamique, DIDS : aci<strong>de</strong> 4,4’-diisothiocyanato-stilbene-2,2’-<br />
disulfonique, SITS : aci<strong>de</strong> 4-acetamido-4’-isothiocyanatostilbene-2,2’-disulfonique, DPC : aci<strong>de</strong> dipheny<strong>la</strong>mine-<br />
2-carboxyl, A9C : anthracène-9-carboxylique, NPPB, Tamo : tamoxifène, Glib : glibenc<strong>la</strong>mi<strong>de</strong>.<br />
La nature <strong>de</strong>s canaux CaCC est encore inconnu et <strong>le</strong>ur pharmacologie est peu<br />
spécifique. Cependant, l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité molécu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s CaCC pourrait permettre<br />
<strong>de</strong> développer une pharmacologie plus efficace et plus spécifique.<br />
2. Candidats molécu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s CaCC<br />
De nombreux candidats molécu<strong>la</strong>ires du CaCC ont été proposés puis écartés, tels que<br />
<strong>le</strong>s canaux ClC-3 et CLCA.<br />
blocage non voltage-dépendant du<br />
pore du canal<br />
(White & Aylwin, 1990;<br />
Qu & Hartzell, 2001)<br />
blocage non voltage-dépendant (White & Aylwin, 1990)<br />
blocage voltage-dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
partie externe et interne du canal<br />
(Schultz et al., 1999;<br />
Qu & Hartzell, 2001)<br />
(MADDY, 1964;<br />
Cabantchik & Greger, 1992)<br />
(Qu & Hartzell, 2001;<br />
Baron et al., 1991)<br />
(Qu & Hartzell, 2001;<br />
Baron et al., 1991)<br />
NPPB Pulmonaire (Wangemann et al., 1986)<br />
blocage non voltage-dépendant<br />
Tamo. Pulmonaire (Hartzell et al., 2005)<br />
Glib. Muscu<strong>la</strong>ire<br />
(Schultz et al., 1996;<br />
Schultz et al., 1999)<br />
Les gènes ClC ont été clonés pour <strong>la</strong> première fois à partir <strong>de</strong> l’organe é<strong>le</strong>ctrique <strong>de</strong> <strong>la</strong> raie<br />
Torpedo marmorata, puis i<strong>de</strong>ntifiée chez <strong>le</strong>s procaryotes et <strong>le</strong>s eucaryotes. Il existe 7<br />
70
membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s ClC, <strong>de</strong> ClC1 à 7. Le ClC-3 a plus particulièrement été étudié<br />
comme candidat molécu<strong>la</strong>ire du CaCC car il est exprimé <strong>de</strong> façon prédominante au niveau <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s (pour revue Jentsch et al., 2002). De plus, <strong>de</strong>s expériences réalisées sur<br />
<strong>de</strong>s souris invalidées pour <strong>le</strong> gène ClC-3 (Arreo<strong>la</strong> et al., 2002) ont décrit une absence <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
conductance chlorure activée par <strong>la</strong> CaMK II dans ce modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> souris (Robinson et al.,<br />
2004). Cependant, <strong>le</strong> courant chlorure calcium dépendant est présent chez <strong>le</strong>s souris ClCn3 -/- ,<br />
et présente <strong>de</strong>s propriétés simi<strong>la</strong>ires à celui observé dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> souris sauvages<br />
(Arreo<strong>la</strong> et al., 2002). D’autres étu<strong>de</strong>s ont mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong>s canaux ClC-3 participent à<br />
l’acidification <strong>de</strong>s vésicu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’appareil <strong>de</strong> Golgi et <strong>de</strong>s endosomes (Gentzsch et al., 2003).<br />
Ces résultats suggèrent que <strong>le</strong>s canaux ClC-3 ne sont pas <strong>de</strong> bons candidats molécu<strong>la</strong>ires du<br />
CaCC.<br />
La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s canaux chlorures activés par <strong>le</strong> calcium (CLCA) en tant que<br />
un candidat molécu<strong>la</strong>ire du CaCC est très controversée (Eggermont, 2004; Jentsch et al.,<br />
2002). En effet, <strong>la</strong> transfection d’ADNc codant pour différentes protéines CLCA, dans<br />
différents types cellu<strong>la</strong>ires, induit l’activation d’un courant calcium dépendant (Gandhi et al.,<br />
1998; Elb<strong>le</strong> et al., 1997; Gruber et al., 1998). Les protéines CLCA présentent cependant une<br />
forte homologie <strong>de</strong> structure avec <strong>de</strong>s protéines d'adhésion cellu<strong>la</strong>ire, et au moins un membre<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> est c<strong>la</strong>irement une protéine sécrétée (Pauli et al., 2000). De plus, el<strong>le</strong>s présentent<br />
<strong>de</strong>s sensibilités différentes au calcium et au potentiel ainsi qu’une pharmacologie différente.<br />
En effet, il a été décrit sur un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s tumora<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> courant CaCC n’est pas<br />
sensib<strong>le</strong> aux agents sulfhydri<strong>le</strong>s tel que <strong>le</strong> DTT (dithiothréitol) alors que <strong>le</strong> courant CLCA est<br />
tota<strong>le</strong>ment bloqué par ces agents (Papassotiriou et al., 2001). Plusieurs types cellu<strong>la</strong>ires<br />
présentent <strong>le</strong> CaCC natif mais n'expriment pas <strong>de</strong> protéines CLCA (Papassotiriou et al.,<br />
2001). Les canaux CLCA, en tant que candidat molécu<strong>la</strong>ire du CaCC, ont donc été écartés.<br />
Récemment trois famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> protéines, <strong>le</strong>s SLC26, <strong>le</strong>s bestrophines et <strong>le</strong>s protéines<br />
TMEM16 ont été i<strong>de</strong>ntifiées comme <strong>de</strong> bons candidats molécu<strong>la</strong>ires car el<strong>le</strong>s possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
nombreuses caractéristiques <strong>de</strong>s canaux CaCC.<br />
71
1.1 Les SLC26<br />
La famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s transporteurs SLC26 est constituée <strong>de</strong> 11 membres : SLC26A1 à<br />
SLC26A11 (pour revue Dorwart et al., 2008; Figure 23)<br />
.<br />
Figure 23 : Arbres phylogénétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s SLC26,<br />
en noir chez l’homme et en rouge chez <strong>la</strong> souris.<br />
(D’après Dorwart et al., 2008)<br />
Parmi <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> SLC26, seul <strong>le</strong> canal SLC26A9 a été décrit comme un bon<br />
candidat molécu<strong>la</strong>ire du CaCC car il est fortement exprimé au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s ciliées bronchiques et alvéo<strong>la</strong>ires ainsi qu’au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> muqueuse<br />
gastrique (Lohi et al., 2003).<br />
Le canal SLC26A9 a d’abord été décrit comme un échangeur Cl - /HCO3 - (Curci et al., 1994),<br />
puis comme un canal chlorure avec une perméabilité faib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> bicarbonate. Il est régulé<br />
par <strong>le</strong>s WNKs (With No lysine Kinases ; Dorwart et al., 2008). De plus, <strong>la</strong> protéine SLC26A9<br />
présente un domaine d’interaction PDZ (Lohi et al., 2003). Des étu<strong>de</strong>s récentes ont décrit une<br />
interaction physique et une régu<strong>la</strong>tion croisée entre <strong>le</strong> SLC26A9 et <strong>le</strong> CFTR. En effet, il a été<br />
mis en évi<strong>de</strong>nce sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s bronchiques humaines que SLC26A9 stimu<strong>le</strong> l’expression et<br />
<strong>la</strong> fonction du CFTR (Avel<strong>la</strong> et al., 2010). D’autre part, il a éga<strong>le</strong>ment été décrit que <strong>le</strong><br />
SLC26A9 est constitutivement actif à <strong>la</strong> membrane et nécessite un CFTR fonctionnel<br />
(Bertrand et al., 2009). Donc même si <strong>le</strong> SLC26A9 ne constitue pas <strong>le</strong> candidat molécu<strong>la</strong>ire<br />
72
<strong>de</strong>s CaCC, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ce canal représentent un intérêt majeur pour <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
régu<strong>la</strong>tion du CFTR.<br />
1.2 Les bestrophines<br />
Les bestrophines ont été présentées pour <strong>la</strong> première fois comme <strong>de</strong>s canaux chlorure<br />
par Sun et col<strong>la</strong>borateurs, en 2002 (Sun et al., 2002). Précé<strong>de</strong>mment, <strong>le</strong> gène Best avait été<br />
i<strong>de</strong>ntifié en 1992 comme responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> dystrophie macu<strong>la</strong>ire héréditaire appelée dystrophie<br />
macu<strong>la</strong>ire vitelliforme (Petrukhin et al., 1998). Il existe 4 sous types <strong>de</strong> bestrophines, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
bestrophine 1 à <strong>la</strong> bestrophine 4 (Qu et al., 2003; Figure 24).<br />
Figure 24 : Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s différentes bestrophines <strong>de</strong>s vertébrés.<br />
Bestrophines <strong>de</strong> xénope (x), d’humain (h), <strong>de</strong> souris (m), <strong>de</strong> poisson lune (f), <strong>de</strong> rat (r), et <strong>de</strong> poisson zèbre (z).<br />
(D’après Qu et al, 2003)<br />
Les bestrophines sont exprimées dans un grand nombre <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s et non-<br />
épithélia<strong>le</strong>s. Les bestrophines 1 et 2 sont présentes dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s voies<br />
aériennes, du colon et <strong>de</strong>s reins. La bestrophine 1 est exprimée en gran<strong>de</strong> quantité au niveau<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s pigments rétiniens. On trouve <strong>la</strong><br />
bestrophine 2 dans <strong>le</strong>s cils olfactifs <strong>de</strong>s neurones sensoriels (Kunzelmann et al., 2009).<br />
Dans <strong>le</strong>s épithéliums respiratoires, <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> bestrophine 2 est plus important que <strong>le</strong> taux <strong>de</strong><br />
bestrophine 1. La bestrophine 2 semb<strong>le</strong> avoir un rô<strong>le</strong> particulier dans <strong>le</strong>s épithéliums. Des<br />
étu<strong>de</strong>s bioinformatiques montrent <strong>de</strong>s différences fonctionnel<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s bestrophines 2 et 4<br />
73
et <strong>le</strong>s autres bestrophines (Mi<strong>le</strong>nkovic et al., 2008). En effet, une séquence C-terminal<br />
inhibitrice est présente dans <strong>le</strong>s bestrophines 3 mais pas dans <strong>le</strong>s bestrophines 2 et 4.<br />
Différents modè<strong>le</strong>s contradictoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong>s bestrophines ont été décrits. La<br />
Figure 25 présente un modè<strong>le</strong> présumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bestrophine 2.<br />
Figure 25 : Modè<strong>le</strong> présumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bestrophine 2.<br />
(D’après Hartzell et al., 2008)<br />
En 2004, <strong>le</strong>s bestrophines ont été i<strong>de</strong>ntifiées comme <strong>la</strong> nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> canaux<br />
CaCC dans <strong>de</strong> nombreux systèmes d’expression hétérologue (Qu & Hartzell, 2004).<br />
Cependant, <strong>de</strong> façon surprenante, <strong>le</strong>s souris knock-out (KO) bestrophines 2 ne montrent<br />
aucune variation apparente <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur phénotype à l’exception d’une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression<br />
intraocu<strong>la</strong>ire (Bakall et al., 2008).<br />
De même, <strong>le</strong>s souris knock-out bestrophines 1 ne présentent pas <strong>de</strong> phénotype anormal. Ces<br />
animaux se reproduisent, grandissent norma<strong>le</strong>ment et ne présentent pas <strong>de</strong> problèmes<br />
apparents à l’exception d’une légère diminution <strong>de</strong> sécrétion <strong>de</strong>s ions chlorure dépendante du<br />
calcium (Barro-Soria et al., 2008). Seu<strong>le</strong> une stimu<strong>la</strong>tion avec <strong>de</strong> faib<strong>le</strong>s concentrations<br />
d’ATP permet <strong>de</strong> détecter une diminution <strong>de</strong> sécrétion chlorure chez <strong>le</strong>s souris knock-out<br />
bestrophines 1. En effet, une stimu<strong>la</strong>tion avec <strong>de</strong>s concentrations en ATP plus é<strong>le</strong>vées induit<br />
une sécrétion chlorure i<strong>de</strong>ntique chez <strong>le</strong>s souris sauvages et knock-out bestrophine 1 (Barro-<br />
Soria et al., 2008). Ces résultats suggèrent que <strong>le</strong>s bestrophines joueraient plutôt un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
modu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong> chlorure que celui <strong>de</strong> canal ionique.<br />
74
Des étu<strong>de</strong>s supplémentaires montrent éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s bestrophines peuvent être <strong>de</strong>s<br />
régu<strong>la</strong>teurs d’autres canaux ioniques tel que <strong>le</strong>s canaux calciques voltage-dépendant (Yu et<br />
al., 2008).<br />
Des étu<strong>de</strong>s récentes suggèrent que <strong>la</strong> bestrophine agit comme un canal chlorure au<br />
niveau du réticulum endop<strong>la</strong>smique afin d’équilibrer <strong>le</strong>s charges négatives produites lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
libération et <strong>de</strong> <strong>la</strong> recapture du calcium (Barro-Soria et al., 2010). El<strong>le</strong>s joueraient éga<strong>le</strong>ment<br />
un rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalisation calcique via une interaction avec <strong>la</strong> protéine Stim1<br />
au niveau du réticulum endop<strong>la</strong>smique. Ceci pourrait expliquer que <strong>la</strong> bestrophines 1 est à <strong>la</strong><br />
fois un canal calcique activé par <strong>le</strong> calcium et un régu<strong>la</strong>teur d’autres canaux ioniques (Figure<br />
26).<br />
Figure 26 : Rô<strong>le</strong>s présumés <strong>de</strong> <strong>la</strong> bestrophine 1 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s.<br />
P2Y2 : récepteur purinergique <strong>de</strong> type 2<br />
PLC: phospholipase C,<br />
SERCA : calcium ATPase du réticulum endop<strong>la</strong>smique,<br />
CAMK : protéine calmoduline kinase,<br />
PAK2 et PP2A : protéine kinase et phosphatase,<br />
Best1 : protéine bestrophine 1,<br />
ORAI-1 et Stim1 : canaux calciques (store-operated)<br />
(Modifiée d’après Kunzelmann et al., 2009)<br />
75
1.3 Les TMEM16<br />
En 2008 trois étu<strong>de</strong>s ont proposé <strong>la</strong> protéine TMEM16A (anoctamine 1 ou ANO1)<br />
et/ou <strong>la</strong> protéine TMEM16B (anoctamine 2 ou ANO2) comme <strong>de</strong>s candidats molécu<strong>la</strong>ires<br />
potentiels (Caputo et al., 2008; Schroe<strong>de</strong>r et al., 2008; Yang et al., 2008) du CaCC.<br />
Les protéines TMEM16 font partie d’une famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> 10 protéines TMEM16<br />
(TMEM16A-K ou ANO1-10).<br />
Figure 27 : Arbres phylogénétique <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> TMEM16 chez <strong>la</strong> souris.<br />
(D’après Flores et al., 2009)<br />
Ces protéines sont très conservées chez <strong>le</strong>s eucaryotes. Les protéines TMEM16A, F, G, H, J<br />
et K sont exprimées dans <strong>le</strong>s tissus épithéliaux, <strong>le</strong>s protéines TMEM16B, C, D et E sont<br />
exprimées dans <strong>le</strong>s tissus neuronaux et <strong>le</strong>s musc<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s sont surexprimées lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
prolifération cellu<strong>la</strong>ire et dans <strong>le</strong>s cancers (pour revue Kunzelmann et al., 2009).<br />
a. TMEM16A<br />
En 2008, par une approche bioinformatique (Yang et al., 2008), une approche <strong>de</strong><br />
clonage (Schroe<strong>de</strong>r et al., 2008) et une approche <strong>de</strong> génomique (Caputo et al., 2008), <strong>le</strong>s<br />
chercheurs ont mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>la</strong> protéine TMEM16A induisait une sécrétion d’ions<br />
chlorure activée par <strong>le</strong> calcium.<br />
76
La protéine TMEM16A présente 8 domaines transmembranaires (TMD), une bouc<strong>le</strong> p<br />
et <strong>de</strong>s domaines N-terminal et C-terminal cytosoliques (Figure 28).<br />
Figure 28 : Modè<strong>le</strong> présumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A.<br />
(D’après Hartzell et al., 2009)<br />
La séquence <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> domaine <strong>de</strong> liaison directe au<br />
calcium. On peut donc émettre l’hypo<strong>thèse</strong> que <strong>la</strong> dépendance au calcium est médiée par une<br />
autre protéine ou par une sous-unité additionnel<strong>le</strong> encore inconnue du canal. Il est éga<strong>le</strong>ment<br />
possib<strong>le</strong> que <strong>de</strong>s régions du TMEM16A riches en charge négatives soient impliquées dans <strong>la</strong><br />
fixation du calcium (Galietta, 2009). La protéine TMEM16A possè<strong>de</strong> plusieurs isoformes<br />
produites par un épissage alternatif du gène. Il existe une forme abc qui correspond à 70% <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> forme retrouvée dans un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s bronchiques et une forme ac qui correspond au<br />
30% restant. De plus, il a été démontré que <strong>la</strong> forme ac est plus sensib<strong>le</strong> au calcium. Ces<br />
résultats suggèrent que l’épissage alternatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A est peut-être <strong>le</strong><br />
mécanisme <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s propriétés du canal et serait à l’origine <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong><br />
courant et <strong>de</strong> sensibilité au calcium générés par <strong>le</strong> CaCC (Galietta, 2009).<br />
L’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A dans un oocyte <strong>de</strong> Xénope ou dans <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> mammifères induit un courant chlorure calcium dépendant rassemb<strong>la</strong>nt <strong>le</strong>s<br />
propriétés du courant induit par <strong>le</strong>s canaux CaCC. De plus, il a été décrit que <strong>la</strong> protéine<br />
77
TMEM16A présente une séquence <strong>de</strong> perméabilité anionique NO3 – > I – > Br – > Cl – >F –<br />
simi<strong>la</strong>ire à cel<strong>le</strong> rapportée pour <strong>le</strong> CaCC.<br />
La protéine TMEM16A est exprimée <strong>de</strong> façon prédominante dans <strong>le</strong>s tissus<br />
épithéliaux (Figure 29).<br />
Figure 29 : Expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A dans <strong>le</strong>s tissus <strong>de</strong> souris.<br />
(D’après Kunzelmann et al., 2009)<br />
Une étu<strong>de</strong> récente basée sur <strong>la</strong> quantification <strong>de</strong>s ARNm <strong>de</strong>s principaux candidats<br />
molécu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s CaCC a mis en évi<strong>de</strong>nce une expression prédominante <strong>de</strong> l’ARNm<br />
TMEM16A dans <strong>le</strong>s poumons <strong>de</strong> souris CF (Braun et al., 2010). Il a aussi été décrit que <strong>la</strong><br />
protéine TMEM16A contribue à l’activation d’un courant et d’une sécrétion chlorure calcium-<br />
dépendante dans <strong>le</strong>s tissus épithéliaux <strong>de</strong>s voies respiratoires, coloniques, pancréatiques,<br />
salivaires et hépatocytaires chez <strong>la</strong> souris. Les souris n’exprimant pas TMEM16A<br />
(TMEM16A -/- ) présentent un défaut <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s ions chlorure et une pathologie simi<strong>la</strong>ire à<br />
<strong>la</strong> mucoviscidose. En effet, il a été observé chez <strong>le</strong>s souris TMEM16A -/- un rétrécissement et<br />
une accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> mucus dans <strong>la</strong> trachée. Ces observations représentent une preuve <strong>de</strong><br />
l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance mucociliaire <strong>de</strong>s voies respiratoires<br />
chez <strong>la</strong> souris. Le défaut <strong>de</strong> TMEM16A touche éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s salivaires et<br />
pancréatiques, <strong>le</strong>s hépatocytes et l’intestin.<br />
Cependant, au niveau <strong>de</strong>s voies aériennes et probab<strong>le</strong>ment éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s autres<br />
épithéliums <strong>de</strong>s souris TMEM16A -/- , <strong>la</strong> sécrétion chlorure calcium-dépendante n’est pas<br />
complètement absente, ce qui suggère qu’un autre membre <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s TMEM16<br />
contribue à <strong>la</strong> conductance chlorure calcium dépendante dans ces tissus (Schreiber et al.,<br />
2010). Malheureusement, <strong>le</strong>s observations à plus long terme sont impossib<strong>le</strong>s, en effet, <strong>le</strong>s<br />
souris TMEM16A -/- meurent très rapi<strong>de</strong>ment après <strong>la</strong> naissance. A l’heure actuel<strong>le</strong>, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
78
sont en cours sur l’extinction conditionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A grâce au système Cre-<br />
LoxP. Il s’agit dans un premier temps <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s souris porteuses d’un allè<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>quel<br />
<strong>de</strong>ux sites loxP, p<strong>la</strong>cés dans <strong>le</strong>s séquences introniques, encadrent <strong>le</strong> gène d’intérêt. Les souris<br />
sont alors croisées avec une souris transgénique exprimant <strong>la</strong> recombinase (Cre) dans un type<br />
cellu<strong>la</strong>ire particulier. La recombinase entraîne l’excision <strong>de</strong>s séquences situées entre <strong>le</strong>s sites<br />
loxP et donc induit une mutation nul<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> type cellu<strong>la</strong>ire dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> transgène<br />
s’exprime.<br />
Des essais sont actuel<strong>le</strong>ment en cours, et permettront si ils aboutissent à une meil<strong>le</strong>ure<br />
compréhension du rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TMEM16A.<br />
En résumé, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> simi<strong>la</strong>rité entre <strong>le</strong> courant produit par <strong>la</strong> protéine TMEM16A et<br />
<strong>le</strong> courant produit par <strong>le</strong> CaCC suggère que <strong>le</strong> TMEM16A est un bon candidat molécu<strong>la</strong>ire<br />
pour <strong>le</strong> CaCC. Cependant, bien que <strong>le</strong>s résultats obtenus soit encourageants, il est nécessaire<br />
<strong>de</strong> rester pru<strong>de</strong>nt. En effet, différents scenari sont possib<strong>le</strong>s, TMEM16A est peut être <strong>la</strong> seu<strong>le</strong><br />
protéine nécessaire pour former <strong>le</strong>s canaux CaCC mais el<strong>le</strong> peut aussi constituer seu<strong>le</strong>ment<br />
une partie du canal et nécessiter un assemb<strong>la</strong>ge avec d’autres protéines non i<strong>de</strong>ntifiées.<br />
Fina<strong>le</strong>ment, bien que ce<strong>la</strong> soit moins probab<strong>le</strong> nous ne pouvons pas exclure <strong>la</strong> possibilité que<br />
<strong>la</strong> protéine TMEM16A ne fasse pas partie du CaCC mais serait nécessaire à l’activation ou au<br />
transport du canal CaCC.<br />
b. TMEM16B<br />
Schroe<strong>de</strong>r et col<strong>la</strong>borateurs ont mis en évi<strong>de</strong>nce que l’expression hétérologue <strong>de</strong><br />
TMEM16B produit un courant apparenté au courant chlorure calcium dépendant. Le<br />
TMEM16B est exprimé au niveau <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s olfactives et <strong>de</strong>s photorécepteurs, il joue donc<br />
un rô<strong>le</strong> important dans <strong>la</strong> transduction sensoriel<strong>le</strong>.<br />
La protéine TMEM16B présente une séquence <strong>de</strong> perméabilité anionique SCN – > I – > NO3 – ><br />
Br – >Cl – proche <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> observée pour <strong>le</strong> CaCC. En effet ils présentent une conductance<br />
unitaire respectivement <strong>de</strong> 0.8 pS et <strong>de</strong> 8.3 pS. De plus, <strong>la</strong> cinétique du courant produit par<br />
TMEM16B est plus rapi<strong>de</strong>, et <strong>la</strong> protéine TMEM16B est moins sensib<strong>le</strong> au calcium.<br />
Les différences entre <strong>le</strong>s courants TMEM16A et B peuvent être uti<strong>le</strong>s pour mieux comprendre<br />
<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> structure et <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> ces protéines. En effet, comparer <strong>le</strong>s structures<br />
primaires <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux protéines pourrait permettre <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong>s simi<strong>la</strong>rités et <strong>le</strong>s<br />
79
divergences qui peuvent être associées à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> domaines <strong>de</strong> liaison au calcium, <strong>la</strong><br />
sensibilité au voltage et <strong>le</strong> transport <strong>de</strong>s ions.<br />
c. Les autres TMEM16<br />
Très peu <strong>de</strong> choses sont connues sur <strong>le</strong>s autres protéines TMEM16. Le TMEM16C est<br />
particulièrement exprimé au niveau du système nerveux, mais son rô<strong>le</strong> physiologique est<br />
encore inconnu. La mutation du TMEM16E est impliquée dans une pathologie, <strong>la</strong> dysp<strong>la</strong>sie<br />
<strong>de</strong> Gnathodiaphyseal : un syndrome <strong>de</strong> lésions fibro-osseuses <strong>de</strong>s mâchoires et <strong>de</strong> fragilité <strong>de</strong>s<br />
os (Tsutsumi et al., 2004). Les protéines TMEM16F et K sont exprimées <strong>de</strong> façon ubiquitaire<br />
et <strong>la</strong> protéine TMEM16G est exprimée au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> prostate. Cependant, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> ou non <strong>de</strong><br />
ces protéines dans <strong>la</strong> conductance chlorure restent encore inconnue.<br />
Bien que <strong>le</strong> candidat molécu<strong>la</strong>ire du CaCC ne soit pas encore i<strong>de</strong>ntifié, <strong>de</strong>s pistes<br />
encourageantes sont actuel<strong>le</strong>ment explorées et el<strong>le</strong>s soulèvent l’intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> pharmacologie du<br />
CaCC dans <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
80
Le travail présenté dans ce manuscrit a été réalisé, sous <strong>la</strong> co-direction du Docteur<br />
Caroline Norez et du Professeur Frédéric Becq, à l’Institut <strong>de</strong> Physiologie et Biologie<br />
Cellu<strong>la</strong>ires (IPBC, UMR 6187/CNRS) <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>, dirigé par <strong>le</strong> Professeur<br />
Frédéric Becq. Mes travaux <strong>de</strong> <strong>thèse</strong> sont soutenus financièrement par l’association<br />
«Mucovie».<br />
I/ Con<strong>texte</strong> scientifique et objectifs<br />
Le groupe CFTR <strong>de</strong> l’équipe Physiopathologie et Pharmacologie <strong>de</strong>s Canaux Ioniques<br />
dans <strong>le</strong>quel j’ai réalisé ma <strong>thèse</strong> a pour thématique principa<strong>le</strong> <strong>la</strong> pharmacologie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose. Dans ce con<strong>texte</strong>, <strong>de</strong>s col<strong>la</strong>borations mises en p<strong>la</strong>ce avant mon arrivée avaient<br />
permis l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux molécu<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> GPact-11a et <strong>le</strong> guanabenz. Ces <strong>de</strong>ux molécu<strong>le</strong>s<br />
ont été testées grâce à une station <strong>de</strong> crib<strong>la</strong>ge robotisée disponib<strong>le</strong> au <strong>la</strong>boratoire.<br />
1. GPact-11a<br />
En 2002, débutait une col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Pr Jean-Luc Décout du Département <strong>de</strong><br />
Pharmacochimie Molécu<strong>la</strong>ire, UMR 5063, <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong>. Cette col<strong>la</strong>boration<br />
visait à i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s effets d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s sur l’activité du CFTR : <strong>le</strong>s<br />
adduits méthylglyoxal-alpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong>. Une première étu<strong>de</strong> avait permis <strong>de</strong> mettre<br />
en évi<strong>de</strong>nce <strong>le</strong> caractère inhibiteur <strong>de</strong> certains composés dont <strong>le</strong> GPinh-5a (Routaboul et al.,<br />
2007). Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> poursuite du crib<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s, un nouveau composé est<br />
apparu comme présentant non pas un effet inhibiteur mais un effet potentiateur du CFTR : <strong>le</strong><br />
GPact-11a (Figure 30).<br />
Figure 30 : Structure chimique du GPact-11a.<br />
81
Le premier objectif <strong>de</strong> ma <strong>thèse</strong> a donc été <strong>de</strong> confirmer <strong>le</strong>s effets in vitro, ex vivo et in vivo<br />
du GPact-11a sur différents modè<strong>le</strong>s cellu<strong>la</strong>ires et animaux, puis d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s pistes sur son<br />
mécanisme d’action.<br />
2. Guanabenz<br />
Une col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Pr Marc Blon<strong>de</strong>l <strong>de</strong> l’unité INSERM U613, Génétique<br />
molécu<strong>la</strong>ire et génétique épidémiologique <strong>de</strong> Brest a été mise en p<strong>la</strong>ce en 2004 afin<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier l’effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux chlorure. Lors du test d’efflux d’iodure, <strong>le</strong><br />
guanabenz (Wytensin ® ) était apparu comme un activateur du CaCC (Figure 31).<br />
Figure 31 : Structure chimique du guanabenz.<br />
Une première étu<strong>de</strong> réalisée en 2008 par Norez et col<strong>la</strong>borateurs a décrit l’effet activateur du<br />
CaCC du guanabenz par une entrée <strong>de</strong> Ca 2+ extracellu<strong>la</strong>ire (Norez et al., 2008c). Le second<br />
objectif <strong>de</strong> ma <strong>thèse</strong> a donc été <strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong>s effets ex vivo et in vivo du guanabenz et<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier son mécanisme d’action.<br />
II/ Présentations <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
Ce manuscrit retrace donc <strong>le</strong>s principaux résultats obtenus pendant mes trois années <strong>de</strong><br />
<strong>thèse</strong> axées sur <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s pharmacologiques capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong><br />
restaurer <strong>la</strong> sécrétion chlorure au niveau <strong>de</strong>s épithéliums mucoviscidosiques et <strong>de</strong> chercher à<br />
comprendre <strong>le</strong>ur mécanisme d’action. L’objectif étant <strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s<br />
thérapeutiques dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
El<strong>le</strong> comprend <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s distinctes (Figure 32) :<br />
- l’i<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> d’activateurs <strong>de</strong> CFTR.<br />
- l’i<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation du CaCC.<br />
82
Figure 32 : Représentation schématique <strong>de</strong>s transports ioniques d’une cellu<strong>le</strong> épithélia<strong>le</strong>.<br />
L’étu<strong>de</strong> re<strong>la</strong>tive à chaque famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s à suivi <strong>le</strong> même protoco<strong>le</strong> :<br />
- détermination <strong>de</strong>s effets in vitro <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> grâce aux techniques <strong>de</strong> mesure<br />
d’efflux d’iodure radioactif et <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s variations du potentiel membranaire par<br />
l’utilisation d’une son<strong>de</strong> fluorescente. Ces expériences sont réalisées à <strong>la</strong> fois sur différentes<br />
lignées cellu<strong>la</strong>ires épithélia<strong>le</strong>s mucoviscidosique ou non (MM39, CF-KM4, CF15…) et sur<br />
<strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s issues <strong>de</strong> biopsies pulmonaires humaines obtenues grâce aux col<strong>la</strong>borations avec<br />
<strong>le</strong> CHU La Mi<strong>le</strong>trie <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong> (biopsies non-CF) et l’Hôpital Foch <strong>de</strong> Surnesnes (biopsies<br />
CF).<br />
- détermination <strong>de</strong>s effets ex vivo <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> grâce aux mesures <strong>de</strong>s courants<br />
transépithéliaux en chambre <strong>de</strong> Ussing. Ces expériences sont réalisées sur du colon <strong>de</strong> souris<br />
sauvages ou portant une mutation du gène CFTR.<br />
- détermination <strong>de</strong>s effets in vivo <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> grâce aux mesures <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion<br />
salivaire <strong>de</strong> souris sauvages ou mutées.<br />
- recherche du mécanisme d’action <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s pharmacologique,<br />
par <strong>de</strong>s essais sur différents mutants <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR ou par l’extinction d’une protéine<br />
d’intérêt par une stratégie <strong>de</strong> siRNA.<br />
CaCC<br />
CFTR<br />
La syn<strong>thèse</strong> <strong>de</strong> nos travaux sera réalisée dans <strong>la</strong> partie Discussions et Perspectives.<br />
83
I/ Matériels utilisés<br />
1. Le matériel cellu<strong>la</strong>ire<br />
Dans cette étu<strong>de</strong>, nous avons utilisé <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s humaines fraîchement dissociées<br />
issues <strong>de</strong> poumon CF et non-CF. Ces cellu<strong>le</strong>s représentent un bon modè<strong>le</strong> d’étu<strong>de</strong> mais <strong>le</strong>ur<br />
utilisation est limitée par <strong>la</strong> disponibilité réduite du matériel. Nous avons donc utilisé en<br />
complément différentes lignées cellu<strong>la</strong>ires qui ont l’avantage d’être toujours à disposition au<br />
<strong>la</strong>boratoire.<br />
1.1 Cellu<strong>le</strong>s primaires humaines<br />
a. Origine <strong>de</strong>s prélèvements<br />
Les fragments <strong>de</strong> tissus non mucoviscidosiques sont fournis par <strong>le</strong> service <strong>de</strong><br />
chirurgie cardiothoracique du CHU La Mi<strong>le</strong>trie <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong> en col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Dr<br />
Christophe Jay<strong>le</strong>. Ils sont pré<strong>le</strong>vés lors <strong>de</strong> lobectomies indiquées généra<strong>le</strong>ment dans <strong>de</strong>s cas<br />
<strong>de</strong> carcinomes pulmonaires. Ils sont conservés à 4°C dans une solution dites <strong>de</strong><br />
« décontamination » contenant du DMEM/HAM-F12 supplémenté avec <strong>de</strong>s antibiotiques : <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> pénicilline/streptomycine (1 mg/ml), <strong>de</strong> l’amphotéricine B (100 µg/ml) et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
gentamycine (0,5 mg/ml).<br />
Les fragments <strong>de</strong> tissus mucoviscidosiques sont fournis par <strong>le</strong> service <strong>de</strong> chirurgie<br />
thoracique <strong>de</strong> l’Hôpital Foch <strong>de</strong> Surnesnes avec <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration du Dr Bonnette. Ils sont<br />
pré<strong>le</strong>vés lors <strong>de</strong> transp<strong>la</strong>ntations pulmonaires. Ils sont éga<strong>le</strong>ment conservés à 4°C dans <strong>la</strong><br />
solution <strong>de</strong> « décontamination » supplémentée avec <strong>de</strong>ux antibiotiques : <strong>de</strong> <strong>la</strong> ceftazidime<br />
(500 µg/ml) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ticarciline (500 µg/ml).<br />
L’obtention <strong>de</strong> ces prélèvements est conforme à <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion française et approuvé<br />
par <strong>le</strong> comité <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s personnes OUESTIII.<br />
84
. Iso<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
Au <strong>la</strong>boratoire, <strong>le</strong>s échantillons pulmonaires sont rapi<strong>de</strong>ment disséqués sous <strong>la</strong> loupe<br />
binocu<strong>la</strong>ire à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ciseaux <strong>de</strong> microdissection. Après l'ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s tissus conjonctifs, du<br />
carti<strong>la</strong>ge et <strong>de</strong>s tissus muscu<strong>la</strong>ires lisses, <strong>le</strong>s tissus épithéliaux sont découpés en petits<br />
morceaux. Les cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s sont ensuite dissociées mécaniquement en passant <strong>le</strong> tissu<br />
bronchique à plusieurs reprises dans <strong>de</strong>s pipettes pasteur <strong>de</strong> diamètre décroissant. Les cellu<strong>le</strong>s<br />
sont ensuite ensemencées sur <strong>de</strong>s boites <strong>de</strong> culture dans un milieu <strong>de</strong> culture DMEM/HAM-<br />
F12 contenant <strong>de</strong> l’insuline (5 µg/ml), <strong>de</strong> <strong>la</strong> transferine (7,5 µg/ml), <strong>de</strong> l’hydrocortisone (10 -6<br />
M), <strong>de</strong> <strong>la</strong> triiodothyronine (3,10 -8 M), <strong>de</strong> <strong>la</strong> L-glutamine (1 mM), <strong>de</strong> l’EGF (25 ng/ml), <strong>de</strong><br />
l’ECGS (2 µg/ml) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pénicilline /streptomycine (100 µg/ml). Les cellu<strong>le</strong>s pourront être<br />
utilisées au bout <strong>de</strong> quelques heures nécessaires à <strong>le</strong>ur adhésion dans <strong>la</strong> boite. Cette partie est<br />
réalisée au <strong>la</strong>boratoire par <strong>le</strong> Dr Luc Dannhoffer.<br />
1.2 Lignées cellu<strong>la</strong>ires<br />
a. Les cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 et MM39<br />
Pour cette étu<strong>de</strong> nous avons utilisé :<br />
- <strong>la</strong> lignée cellu<strong>la</strong>ire CF-KM4 : lignée d’origine trachéa<strong>le</strong> g<strong>la</strong>ndu<strong>la</strong>ire humaine<br />
transformée par <strong>le</strong> virus SV40 et provenant d’un patient homozygote pour <strong>la</strong> mutation<br />
F508<strong>de</strong>l-CFTR (Kammouni et al., 1999).<br />
- <strong>la</strong> lignée cellu<strong>la</strong>ire MM39 : lignée d’origine trachéa<strong>le</strong> g<strong>la</strong>ndu<strong>la</strong>ire humaine<br />
transformé par <strong>le</strong> virus SV40 et provenant d’un patient non mucoviscidosique (Merten et al.,<br />
1996).<br />
- <strong>la</strong> lignée cellu<strong>la</strong>ire CHO (Chinese Hamster Ovary) : système d’expression<br />
d’hétérologue, <strong>le</strong> clone initial CHO-K1 dérive <strong>de</strong> l’ovaire d’un hamster chinois adulte (Puck<br />
et al., 1957). Les lignées CHO que nous avons utilisées expriment <strong>de</strong> façon stab<strong>le</strong> <strong>le</strong> CFTR<br />
sauvage (CHO-CFTRwt).<br />
85
. Entretien <strong>de</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires<br />
Les lignées sont cultivées à 37°C sous une atmosphère humi<strong>de</strong> composée <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong><br />
CO2 et <strong>de</strong> 95% d’O2. Les cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 et <strong>le</strong>s MM39 sont cultivées dans un milieu <strong>de</strong><br />
culture DMEM/HAM-F12 avec rouge <strong>de</strong> phénol (Gibco ® ) contenant <strong>de</strong> l’amphotéricine B (2<br />
µg/ml), du glucose (Routaboul et al., 2007), du sodium pyruvate (0,22 g/L), <strong>de</strong> l’ultroser G<br />
100X (1%), <strong>de</strong> l’épinéphrine (10 µg/ml), <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminées (L-cystéine, iso<strong>le</strong>ucine, <strong>le</strong>ucine,<br />
valine : 0,1 g/L) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pénicilline/streptomycine (100 U/ml, 100 µg/ml). Les cellu<strong>le</strong>s CHO<br />
sont cultivées dans un milieu MEM modifié avec glutamax (Gibco ® ) enrichi par 7% <strong>de</strong> SVF<br />
(sérum <strong>de</strong> veaux fœtal). Ce milieu est complété <strong>de</strong> méthotrexate (Aménoptérine, Sigma) :100<br />
µM pour <strong>le</strong>s CHO CFTR wt et 150 µM pour <strong>le</strong>s CHO F508<strong>de</strong>l-CFTR. Le méthotrexate est un<br />
inhibiteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> DHFR, enzyme nécessaire à <strong>la</strong> syn<strong>thèse</strong> <strong>de</strong>s purines. Le p<strong>la</strong>smi<strong>de</strong> intégrant <strong>la</strong><br />
séquence codante du gène CF contient un gène <strong>de</strong> résistance au méthotrexate, ainsi, seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s transfectées vont donc survivre et proliférer<br />
Le repiquage <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s s’effectue une fois par semaine lorsque <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s sont à<br />
80% <strong>de</strong> confluence cellu<strong>la</strong>ire. Apres avoir éliminé <strong>le</strong> surnageant, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s sont rincées avec<br />
du milieu HBSS (Ca 2+ /Mg 2+ free) puis incubées en présence <strong>de</strong> trypsine (2,5 g/l) /EDTA (0,2<br />
g/l, Sigma). Une fois <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s décrochées <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur support p<strong>la</strong>stique, l’action <strong>de</strong> <strong>la</strong> trypsine<br />
est stoppée par l’ajout <strong>de</strong> 35 ml <strong>de</strong> milieu <strong>de</strong> culture. Les cellu<strong>le</strong>s sont ensuite centrifugées à<br />
1100 rpm pendant 7 minutes et <strong>le</strong> culot est resuspendu dans du milieu <strong>de</strong> culture. Les cellu<strong>le</strong>s<br />
peuvent alors être ensemencées dans différents supports suivant <strong>le</strong> type d’expérience à<br />
réaliser. Pour <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 et MM39, <strong>le</strong>s f<strong>la</strong>cons <strong>de</strong> routine sont préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>ment traités<br />
avec du col<strong>la</strong>gène <strong>de</strong> type I (0,1 mg/ml).<br />
c. La congé<strong>la</strong>tion et décongé<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires<br />
Pour <strong>la</strong> congé<strong>la</strong>tion, <strong>le</strong> culot est resuspendu dans du milieu <strong>de</strong> culture contenant 30%<br />
<strong>de</strong> DMSO suivant <strong>le</strong> type cellu<strong>la</strong>ire. Les échantillons sont ensuite congelés dans <strong>de</strong>s cryotubes<br />
pendant 48h à -80°C afin d’effectuer un refroidissement progressif, puis dans l’azote liqui<strong>de</strong><br />
(-180°C). Ils peuvent être ainsi conservés <strong>de</strong> nombreux mois.<br />
La décongé<strong>la</strong>tion doit être rapi<strong>de</strong> afin que <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s restent <strong>le</strong> moins longtemps<br />
possib<strong>le</strong> en contact avec <strong>le</strong> DMSO. Ainsi <strong>le</strong> contenu du cryotube est immédiatement versé<br />
dans un grand volume <strong>de</strong> milieu <strong>de</strong> culture et centrifugé à 1100 rpm pendant 7 minutes.<br />
86
2. Les modè<strong>le</strong>s animaux<br />
Les animaux nécessaires à notre étu<strong>de</strong> sont fournis par <strong>le</strong> Centre d’E<strong>le</strong>vage, <strong>de</strong> Typage<br />
et d’Archivage animal (CNRS-CDTA, Orléans). Deux souches <strong>de</strong> souris ont été utilisées pour<br />
cette étu<strong>de</strong> (Figure 33) :<br />
- <strong>de</strong>s souris sauvages (wild type : WT) C57BL/6 cftr +/+ et <strong>de</strong>s souris invalidées pour <strong>le</strong><br />
gène cftr (knock-out : KO) C57BL/6 cftr -/- . Cette souche a été crée à partir <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s souches<br />
embryonnaires dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> gène cftr a été interrompu au niveau <strong>de</strong> l’exon 10 grâce à<br />
l’insertion par recombinaison homologue d’une cassette néomycine résistante (Snouwaert et<br />
al., 1992).<br />
- <strong>de</strong>s souris sauvages (WT) 129/FVB cftr +/+ et <strong>de</strong>s souris portant <strong>la</strong> mutation F508<strong>de</strong>l-<br />
CFTR 129/FVB cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l . Cette souche a été crée à partir <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s souches<br />
embryonnaires grâce à une technique <strong>de</strong> « Hit and run » : dans ces cellu<strong>le</strong>s, l’exon 10 non<br />
muté a été remp<strong>la</strong>cé par un exon contenant <strong>la</strong> mutation F508<strong>de</strong>l-CFTR par doub<strong>le</strong><br />
recombinaison homologue et sé<strong>le</strong>ction grâce à <strong>de</strong>s cassettes <strong>de</strong> résistance (van Doorninck et<br />
al., 1995).<br />
Les souris sont soumises à un cyc<strong>le</strong> luminosité/obscurité <strong>de</strong> 12h/12h. El<strong>le</strong>s reçoivent à<br />
volonté une alimentation soli<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’eau contenant 30 g/l <strong>de</strong> Movicol ® afin <strong>de</strong> prévenir<br />
l’obstruction intestina<strong>le</strong> léta<strong>le</strong> fréquente chez <strong>le</strong>s souris C57BL/6 cftr -/- .<br />
Figure 33 : souris C57Bl/6 et 129/FVB utilisées dans nos étu<strong>de</strong>s. De gauche à droite:<br />
129/FVB cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l , 129/FVB cftr +/+ , C57BL/6 cftr -/- et C57BL/6 cftr +/+ .<br />
87
II/ Techniques d’étu<strong>de</strong>s in vitro<br />
1. Les techniques <strong>de</strong> biologie molécu<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> biochimie<br />
1.1 Technique <strong>de</strong> transfection <strong>de</strong> « petit ARN interferants» (siRNA)<br />
a. Principe<br />
La technique <strong>de</strong> siRNA permet d’éteindre l’expression d’une protéine d’intérêt grâce à<br />
<strong>de</strong> petits ARN doub<strong>le</strong> brins pouvant se lier spécifiquement à une séquence d'ARN messager<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine cib<strong>le</strong> et ainsi empêcher son expression en clivant cet ARN.<br />
b. Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> transfection<br />
Les siRNA et <strong>le</strong>s milieux utilisés pour <strong>la</strong> transfection sont fournis par Santa Cruz<br />
Biotechnologie. L’ensemb<strong>le</strong> du protoco<strong>le</strong> est réalisé sous une hotte à flux <strong>la</strong>minaire.<br />
Les cellu<strong>le</strong>s sont cultivées dans <strong>de</strong>s boites <strong>de</strong> pétries en p<strong>la</strong>stique et sont transfectées<br />
lorsqu’el<strong>le</strong>s atteignent 60% <strong>de</strong> confluence. Les siRNA sont dilués dans 330 µl <strong>de</strong> milieu <strong>de</strong><br />
dilution et utilisés à une concentration <strong>de</strong> 0,5 g/ml.<br />
Pour une boite <strong>de</strong> 35 mm <strong>de</strong> diamètre : <strong>de</strong>ux solutions A et B sont préparées.<br />
Solution A<br />
Milieu <strong>de</strong> transfection 100 µl<br />
siRNA 8 µl<br />
Solution B<br />
Milieu <strong>de</strong> transfection 100 µl<br />
Réactif <strong>de</strong> transfection 6 µl<br />
Tab<strong>le</strong>au 8 : Composition <strong>de</strong>s solutions A et B nécessaires à <strong>la</strong> transfection <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s par siRNA.<br />
Les solutions A et B sont mé<strong>la</strong>ngées et incubées 45 minutes à température ambiante.<br />
Au bout <strong>de</strong> 45 minutes, 0,8 ml <strong>de</strong> milieu <strong>de</strong> transfection sont ajoutés à <strong>la</strong> solution AB. Les<br />
cellu<strong>le</strong>s sont ensuite rincées avec 2 ml <strong>de</strong> milieu <strong>de</strong> transfection. Puis <strong>la</strong> solution AB est<br />
déposée sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s et incubée pendant 7 heures. Au bout <strong>de</strong> 7 heures, 1 ml <strong>de</strong> milieu 2<br />
fois supplémenté en milieu <strong>de</strong> croissance et en antibiotiques sont rajoutés sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s.<br />
88
El<strong>le</strong>s sont incubées pendant 24 heures. Ensuite <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s sont rincées et incubées dans un<br />
milieu <strong>de</strong> culture standard. Les cellu<strong>le</strong>s sont utilisées dans notre protoco<strong>le</strong> 48 heures après <strong>la</strong><br />
transfection.<br />
L’extinction <strong>de</strong>s ARN messager par <strong>le</strong> siRNA est ensuite vérifiée par RT-PCR quantitative<br />
(Dr Vincent Thoreau, IPBC).<br />
1.2 Technique <strong>de</strong> Western Blot<br />
a. Principe<br />
Cette technique permet <strong>de</strong> séparer <strong>le</strong>s protéines en fonction <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur poids molécu<strong>la</strong>ire<br />
(KDa). En effet, <strong>le</strong>s protéines sont extraites, séparées sur un gel <strong>de</strong> polyacry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> par<br />
é<strong>le</strong>ctrophorèse et transférées sur une membrane. La membrane est ensuite traitée avec un<br />
anticorps primaire correspondant à <strong>la</strong> protéine recherchée puis avec un anticorps secondaire<br />
couplé à un fluorochrome, un isotope ou une enzyme.<br />
b. Extraction et dosage <strong>de</strong>s protéines<br />
Les cellu<strong>le</strong>s sont rincées 3 fois dans un tampon PBS puis récupérées à l’ai<strong>de</strong> d’un<br />
grattoir dans 100 µl <strong>de</strong> tampon <strong>de</strong> lyse (Tab<strong>le</strong>au 9) additionné d’inhibiteur <strong>de</strong> protéases<br />
(Tab<strong>le</strong>au 10). Les cellu<strong>le</strong>s sont ensuite broyées à travers l’aiguil<strong>le</strong> d’une seringue à insuline<br />
puis <strong>le</strong> lysat cellu<strong>la</strong>ire est centrifugé à 14000 rpm pendant 5 minutes à 4°C. Le surnageant est<br />
alors pré<strong>le</strong>vé et dosé par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bradford afin <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> quantité tota<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
protéines contenues dans <strong>le</strong> lysat.<br />
Le Kit Bio-Rad Assay pour Bradford est dilué au 1/5 dans <strong>de</strong> l’eau distillée puis filtré<br />
à 0,8 µM. Les échantillons <strong>de</strong> protéines sont dilués au 1/10 : 10 µl <strong>de</strong> lysat protéique + 5 ml<br />
<strong>de</strong> réactif <strong>de</strong> Bradford. Le mé<strong>la</strong>nge est incubé pendant 15 minutes à température ambiante<br />
puis <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité optique (DO) est mesurée au spectrophotomètre à 595 nm. La concentration<br />
protéique est obtenue en reportant <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> DO sur une courbe étalon réalisée<br />
préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>ment.<br />
89
Tampon <strong>de</strong> lyse<br />
Tris-HCl 50 mM<br />
NaCl 150 mM<br />
EDTA 1 mM<br />
DTT 1 mM<br />
Triton X-100 1%<br />
SDS 0,1%<br />
Na-Déoxycho<strong>la</strong>te 1%<br />
Tab<strong>le</strong>au 9 : Composition du tampon <strong>de</strong> lyse.<br />
Inhibiteurs <strong>de</strong> protéases<br />
Benzamidine 0,2 mg/ml<br />
Pepstatine A 1 µg/ml<br />
Phénylméthylsulfonyl fluori<strong>de</strong> (PMSF) 0,1 mM<br />
Aprotinine 20 µg/ml<br />
Leupeptine 20 µg/ml<br />
Tab<strong>le</strong>au 10 : Composition du cocktail d’inhibiteurs <strong>de</strong> protéases.<br />
c. E<strong>le</strong>ctrophorèse et transfert sur membrane<br />
Les échantillons protéiques sont dénaturés dans un volume égal <strong>de</strong> tampon <strong>de</strong> <strong>la</strong>emmli<br />
2X (Tab<strong>le</strong>au 11) pendant 20 minutes à température ambiante.<br />
Tampon du <strong>la</strong>emmli 2X<br />
Tris-HCl (pH 6,8) 0,38 g<br />
SDS 10% (p/v) 11,5 ml<br />
1-thioglycerol 5% 2,5 ml<br />
Glycerol 7,5 ml<br />
B<strong>le</strong>u <strong>de</strong> bromophénol 0,1% (p/v) 0,5 ml<br />
H2O 0,38 g<br />
Tab<strong>le</strong>au 11 : Composition du tampon <strong>de</strong> <strong>la</strong>emmli 2X.<br />
90
Ils sont ensuite déposés sur un gel avec un marqueur <strong>de</strong> poids molécu<strong>la</strong>ire coloré<br />
(Rainbow TM Recombinant, GE). Les échantillons sont concentrés dans un gel <strong>de</strong><br />
polyacry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> 5% et séparé dans un gel <strong>de</strong> polyacry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> 7% (Tab<strong>le</strong>au 12). Les gels sont<br />
coulés l’un après l’autre dans une cassette Invitrogen <strong>de</strong> 1 mm d’épaisseur. La migration <strong>de</strong>s<br />
protéines a lieu dans un tampon d’é<strong>le</strong>ctrophorèse (Tab<strong>le</strong>au 13) à 34 mA pendant environ 1<br />
heure.<br />
Tab<strong>le</strong>au 12 : Composition <strong>de</strong>s gels <strong>de</strong> polyacry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong>.<br />
Tab<strong>le</strong>au 13 : Composition du tampon d’é<strong>le</strong>ctrophorèse 10X.<br />
Les protéines séparées par é<strong>le</strong>ctrophorèse sont ensuite transférées sur une membrane<br />
<strong>de</strong> PVDF. Le gel d’acry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> est p<strong>la</strong>cé sur <strong>la</strong> membrane préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>ment incubée 45 minutes<br />
dans un tampon <strong>de</strong> transfert afin <strong>de</strong> former un « sandwich » (2 mousses, papier wattman, gel,<br />
membrane, papier wattman, 2 mousses).<br />
Gel <strong>de</strong> séparation 7% Gel <strong>de</strong> concentration 7%<br />
H2O 2,6 ml 2,6 ml<br />
Tampon 4X pour gel <strong>de</strong> séparation 1,5 ml -<br />
Tampon 4X pour gel <strong>de</strong> concentration - 1 ml<br />
Acry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong>-Bisacry<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> 1,05 ml 400 µl<br />
TEMED 6 µl 4µl<br />
Persulfate d'ammonium 10 % (p/v) 60 µl 40 µl<br />
Le montage est effectué dans un dispositif Invitrogen. Le transfert a lieu dans du<br />
tampon <strong>de</strong> transfert (Tab<strong>le</strong>au 14) à 30 mV et 150 mA pendant 2 heures.<br />
CAPS 10X<br />
CAPS 22,19 g<br />
H2O qsp 1 L<br />
pH 11,8<br />
Tampon d'é<strong>le</strong>ctrophorèse 10X<br />
Tris base 0,025 M<br />
Glycine 0,192 M<br />
SDS (p/v) 0,1 %<br />
Tab<strong>le</strong>au 14 : Composition du tampon <strong>de</strong> transfert.<br />
Tampon <strong>de</strong> transfert<br />
Méthanol 100 % 20 ml<br />
CAPS 10X 20 ml<br />
H2O 160 ml<br />
91
d. Saturation et hybridation <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane<br />
Les sites non spécifiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane sont ensuite saturés pendant 3 heures à 4°C<br />
dans une solution <strong>de</strong> PBS-Tween 0,1% contenant 5% <strong>de</strong> <strong>la</strong>it écrémé. La membrane est ensuite<br />
rincée 3 fois avec du PBS-Tween 0,1% puis mise à incuber avec l’anticorps primaire<br />
correspondant à <strong>la</strong> protéine étudiée toute <strong>la</strong> nuit à 4°C (Tab<strong>le</strong>au 15).<br />
Anticorps Dilution Provenance<br />
Lapin anti-TRPC1 polyclonal 1/200e Sigma<br />
Chèvre anti-TRPC6 polyclonal 1/300e Santa Cruz Biotech<br />
Souris anti-GAPDH polyclonal 1/200e Invitrogen<br />
Tab<strong>le</strong>au 15 : Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s anticorps primaires utilisés.<br />
Le <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main, <strong>la</strong> membrane est rincée <strong>de</strong> nouveau 3 fois avec du PBS-Tween 0,1%.<br />
El<strong>le</strong> est ensuite incubée pendant 1 heure avec un anticorps secondaire dirigé contre <strong>le</strong> type<br />
d’immunoglobuline <strong>de</strong> l’anticorps primaire (Tab<strong>le</strong>au 16) et dilué dans du PBS-Tween 0,1%<br />
contenant 3% <strong>de</strong> <strong>la</strong>it. L’anticorps secondaire est couplé à <strong>la</strong> peroxydase.<br />
Anticorps Dilution Provenance<br />
IgG d’âne anti-<strong>la</strong>pin 1/10000e Amersham Biosciences<br />
IgG <strong>de</strong> mouton anti-chèvre 1/10000e Santa Cruz Biotech<br />
IgG <strong>de</strong> mouton anti-souris 1/10000e Amersham Biosciences<br />
Tab<strong>le</strong>au 16 : Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s anticorps secondaire utilisés.<br />
e. Révé<strong>la</strong>tion<br />
Avant <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> membrane est rincée 3 fois avec du PBS-Tween 0,1%. La<br />
révé<strong>la</strong>tion est une réaction enzymatique par chémiluminescence, effectuée grâce au kit ECL<br />
(Milipore). La révé<strong>la</strong>tion se fait par autoradiographie en apposant un film photographique<br />
Hyperfilm ECL (Amercham Biosciences) sur <strong>la</strong> membrane.<br />
92
2. Technique <strong>de</strong> physiologie cellu<strong>la</strong>ire<br />
2.1 Mesure <strong>de</strong> l’activité calcique intracellu<strong>la</strong>ire<br />
a. Principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4<br />
La son<strong>de</strong> Fluo-4 (Figure 34) ou acetomethly-ester (Fluo-4-AM , Fluoprobes ®) est une<br />
son<strong>de</strong> fluorescente qui dérive par modification chimique <strong>de</strong> ché<strong>la</strong>teurs calciques tels que<br />
l’EGTA ou <strong>le</strong> BAPTA, ce qui explique sa propriété <strong>de</strong> liaison spécifique du calcium.<br />
Figure 34 : Structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4-AM.<br />
La son<strong>de</strong> possè<strong>de</strong> un groupement ester qui lui permet <strong>de</strong> pénétrer et <strong>de</strong> s’accumu<strong>le</strong>r<br />
dans <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong>. Une fois dans <strong>le</strong> cytop<strong>la</strong>sme, <strong>le</strong> groupement ester est hydrolysé par <strong>de</strong>s<br />
estérases intracellu<strong>la</strong>ires. La son<strong>de</strong> alors libérée <strong>de</strong> ce groupement ester va se lier<br />
spécifiquement au calcium (Figure 35).<br />
Membrane p<strong>la</strong>smique<br />
Excitation du<br />
Fluo-4 à 488 nm<br />
Ca2+ Ca lié aux<br />
protéines<br />
2+ lié aux<br />
protéines<br />
Fluo-4 liposolub<strong>le</strong><br />
car estérifiée<br />
Fluo-4 liposolub<strong>le</strong><br />
Ca2+ Ca libre 2+ libre<br />
Estérases<br />
cellu<strong>la</strong>ire<br />
Fluo-4 s<br />
Fluo-4 -<br />
Ca2+ Ca2+ Emission du Fluo-4 à<br />
522 nm<br />
(forme liée)<br />
Figure 35 : Principe <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4-AM dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s.<br />
93
La longueur d’on<strong>de</strong> d’excitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4 se situe à 488 nm et cel<strong>le</strong><br />
d’émission à 522 nm. La quantité <strong>de</strong> fluorescence émise est directement proportionnel<strong>le</strong> à <strong>la</strong><br />
quantité <strong>de</strong> calcium intracellu<strong>la</strong>ire libre.<br />
b. Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> charge<br />
Les cellu<strong>le</strong>s sont incubées pendant 20 minutes à température ambiante dans une<br />
solution <strong>de</strong> Krebs (Tab<strong>le</strong>au 17) contenant 3 µM <strong>de</strong> Fluo-4-AM, el<strong>le</strong>s sont ensuite rincées et<br />
disposées sur un support adapté sous <strong>le</strong> microscope confocal.<br />
L’activité calcique est enregistrée par <strong>le</strong> microscope confocal équipé d’un <strong>la</strong>ser<br />
Argon/Krypton 15 mW (Biorad, MRC 1024, Hemel Hempstead, UK).<br />
Krebs<br />
NaCl 118,4 mM<br />
KCl 4,7 mM<br />
CaCl2<br />
KH2PO4<br />
MgSO4<br />
NaHCO3<br />
c. Analyse <strong>de</strong>s résultats<br />
2,5 mM<br />
1,2 mM<br />
1,2 mM<br />
25 mM<br />
Glucose 11,7 mM<br />
pH 7.4<br />
Tab<strong>le</strong>au 17 : Composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> Krebs.<br />
Le signal fluorescent est analysé sous <strong>le</strong> logiciel Software Lasershap 3.2 (Bio-Rad).<br />
Les résultats sont exprimés en (F/Fo)-1 ou F correspond au signal fluorescent et Fo à<br />
l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence basa<strong>le</strong>.<br />
Le système d’acquisition permet <strong>la</strong> sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> zone d’intérêt : différentes cellu<strong>le</strong>s au<br />
sein d’un même champ cellu<strong>la</strong>ire. Les variations <strong>de</strong> fluorescence au sein <strong>de</strong> chaque zone sont<br />
retransmises sous forme d’intensité <strong>de</strong> fluorescence en fonction <strong>de</strong> fonction du temps (Figure<br />
36).<br />
94
[Ca 2+ [Ca ] i<br />
2+ [Ca ] i<br />
2+ ] i<br />
200<br />
150<br />
100<br />
50<br />
Molécu<strong>le</strong> agoniste<br />
Zone d’intérêt<br />
0.0 2.5 5.0 7.5<br />
Temps (min)<br />
Figure 36 : Tracés et images XY représentant l’évolution <strong>de</strong> fluorescence <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Fluo-4 en fonction du<br />
temps suite à l’application d’un agoniste.<br />
Les résultats sont exploités après normalisation <strong>de</strong> l’aire sous <strong>la</strong> courbe, calculée sous<br />
<strong>le</strong> logiciel Origin 5.0, et présentés sous forme d’histogramme.<br />
2.2 Mesure du potentiel membranaire<br />
a. Principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> oxonol<br />
La son<strong>de</strong> oxonol (Figure 37) ou bis-(1,3-diethylthiobarbituric acid)trimethine oxonol<br />
([DiSBAC2(3)] Mo<strong>le</strong>cu<strong>la</strong>r Probes, Eugene, OR) est une son<strong>de</strong> fluorescente sensib<strong>le</strong> aux<br />
variations du potentiel membranaire.<br />
Figure 37 : Structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> [DiSBAC2(3)].<br />
95
L’oxonol est une son<strong>de</strong> chargée négativement. El<strong>le</strong> est capab<strong>le</strong> d’entrer dans <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s dépo<strong>la</strong>risées et <strong>de</strong> se lier aux protéines membranaires intracellu<strong>la</strong>ires. L’augmentation<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité d’oxonol dans <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> va provoquer une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence<br />
émise. A l’inverse, l’hyperpo<strong>la</strong>risation, provoque une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité d’oxonol dans<br />
<strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> et donc une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence.<br />
La longueur d’on<strong>de</strong> d’excitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> oxonol se situe à 546 nm et cel<strong>le</strong><br />
d’émission à 580 nm. La fluorescence augmente lors que <strong>la</strong> membrane est dépo<strong>la</strong>risée et<br />
inversement, <strong>la</strong> fluorescence diminue lorsque <strong>la</strong> membrane est hyperpo<strong>la</strong>risée.<br />
b. Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> charge<br />
Pour facilité <strong>le</strong> transport <strong>de</strong> Cl - , <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s sont incubées pendant 20 minutes à<br />
température ambiante dans une solution <strong>de</strong> Krebs (Tab<strong>le</strong>au 18) dépourvue <strong>de</strong> Cl - et contenant<br />
250 nM d’oxonol, el<strong>le</strong>s sont ensuite disposées dans un support adapté sous <strong>le</strong> microscope<br />
confocal.<br />
Krebs sans Cl -<br />
Na gluconate 101 mM<br />
K acetate 5 mM<br />
Ca gluconate 2 mM<br />
Mg acetate 2 mM<br />
Mannitol 50 mM<br />
Glucose 5 mM<br />
Hepes-Tris 5 mM<br />
pH 7.4<br />
Tab<strong>le</strong>au 18 : Composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> Krebs sans Cl - .<br />
c. Analyse <strong>de</strong>s résultats<br />
La mesure d’oxonol est réalisée grâce à une station <strong>de</strong> microscopie confoca<strong>le</strong><br />
(FV1000, Olympus) équipée d’un microscope inversé à fluorescence (IX-81, Olympus).<br />
L’acquisition <strong>de</strong>s signaux et <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong>s images sont réalisés à l’ai<strong>de</strong> du logiciel<br />
d’acquisition Fluoview v1.6. L’acquisition se fait à température ambiante et <strong>la</strong> fluorescence<br />
basa<strong>le</strong> est enregistrée pendant 3 minutes avant l’addition <strong>de</strong> <strong>la</strong> drogue. Le système<br />
96
d’acquisition permet <strong>la</strong> sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong>s différentes cellu<strong>le</strong>s au sein d’un même champ cellu<strong>la</strong>ire.<br />
Les variations <strong>de</strong> fluorescence au sein <strong>de</strong> chaque zone sont retransmises sous forme<br />
d’intensité <strong>de</strong> fluorescence en fonction du temps. Les résultats sont présentés en pourcentage<br />
<strong>de</strong> variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence (Fx) selon l’équation : Fx = ([Ft – Fo]/Fo) x 100 ou Ft et Fo sont<br />
respectivement l’intensité <strong>de</strong> fluorescence à un temps t et au temps t0 correspondant à<br />
l’addition <strong>de</strong> <strong>la</strong> drogue sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s (Figure 38). Les résultats sont exploités sous <strong>le</strong> logiciel<br />
Origin 5.0.<br />
[(Ft-F0)/F0]*100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
Figure 38 : Tracés et images XY représentant l’évolution <strong>de</strong> fluorescence <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> [DiSBAC2(3)] en<br />
fonction du temps suite à l’application d’un agoniste et d’un inhibiteur.<br />
2.3 Efflux d’iodure<br />
0<br />
-20<br />
a. Principe<br />
Molécu<strong>le</strong> agonist Inhibiteur<br />
0 5 10 15<br />
Temps (min)<br />
La technique <strong>de</strong>s efflux <strong>de</strong> radiotraceurs est un bon outil d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonctionnalité<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s canaux ioniques. Pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s canaux chlorure, l’utilisation <strong>de</strong> l’iodure<br />
radioactif 125 I - est préférée au chlorure 36 Cl - pour plusieurs raisons : il a une courte <strong>de</strong>mi-vie<br />
(30 jours pour l’isotope 125 I - contre 300000 ans pour <strong>le</strong> 36 Cl - ), il est environ 10 fois moins<br />
97
onéreux que <strong>le</strong> 36 Cl - et <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s canaux chlorure présentent une plus gran<strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ctivité à<br />
l’iodure (PI/PCl > 1,5).<br />
Cette technique repose sur <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> concentrations en traceur <strong>de</strong><br />
part et d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane cellu<strong>la</strong>ire. Cette mesure est rendue possib<strong>le</strong> par l’émission<br />
d’un rayonnement γ que l’on peut ensuite détecter par voie externe. Le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
technique <strong>de</strong>s efflux est <strong>le</strong> suivant : une petite quantité <strong>de</strong> radiotraceur est ajoutée dans <strong>le</strong><br />
compartiment extracellu<strong>la</strong>ire ; <strong>le</strong> traceur finit par s’équilibrer <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
membrane p<strong>la</strong>smique. La mesure <strong>de</strong> l’activité du transporteur s’effectue ensuite en<br />
déterminant <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> radiotraceur qui sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong> après l’ajout <strong>de</strong> différents agents<br />
pharmacologiques.<br />
b. Protoco<strong>le</strong><br />
Les cellu<strong>le</strong>s, mises en culture dans <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques 24 puits, sont rincées plusieurs fois<br />
avec du milieu d’efflux (Tab<strong>le</strong>au 19) pour éliminer <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s mortes. El<strong>le</strong>s sont ensuite<br />
incubées avec 500 µl <strong>de</strong> solution <strong>de</strong> charge (1 µCi/ml <strong>de</strong> 125 INa dans du milieu d’efflux)<br />
pendant 1 heure, au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> l’iodure radioactif s’équilibre <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
membrane. La solution <strong>de</strong> charge contient un excès d’io<strong>de</strong> non radioactif par rapport à l’io<strong>de</strong><br />
radioactif afin <strong>de</strong> saturer <strong>le</strong>s sites <strong>de</strong> fixation aspécifique l’io<strong>de</strong>. Toutes <strong>le</strong>s étapes suivantes<br />
sont automatisées et réalisées à l’ai<strong>de</strong> d’un robot MultiPROBE ® II (Packard). Après <strong>la</strong> phase<br />
d’incubation, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s sont rincées avec <strong>le</strong> milieu d’efflux afin d’éliminer toutes <strong>la</strong><br />
radioactivité non incorporée, puis p<strong>la</strong>cées en présence <strong>de</strong> 500 µl <strong>de</strong> solution d’efflux. Le<br />
surnageant est ensuite col<strong>le</strong>cté toutes <strong>le</strong>s minutes dans <strong>de</strong>s tubes à hémolyse (pour un<br />
comptage ultérieur) et <strong>le</strong> milieu est remp<strong>la</strong>cé par un volume équiva<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> milieu d’efflux. Les<br />
prélèvements <strong>de</strong>s trois premières minutes correspon<strong>de</strong>nt à l’efflux basal <strong>de</strong> radiotraceur (sortie<br />
passive <strong>de</strong>s ions 125 I). Les six prélèvements suivants sont obtenus en présence <strong>de</strong>s agents<br />
pharmacologiques à tester. La sortie <strong>de</strong> l’iodure est ainsi mesurée pendant 9 minutes. A <strong>la</strong><br />
dixième minute, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s sont lysées pendant environ 30 minutes sous agitation grâce à<br />
l’ajout <strong>de</strong> 500 µl <strong>de</strong> NaOH (0,1N) / 0,1% SDS (pH 7,4). Cette étape permet <strong>de</strong> récupérer <strong>la</strong><br />
radioactivité résiduel<strong>le</strong> contenue dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s. Enfin l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s fractions col<strong>le</strong>ctées<br />
dans <strong>le</strong>s tubes à hémolyses sont mesurées en coups par minute (cpm) grâce à un compteur<br />
gamma (Cobra ® II, Packard).<br />
98
Milieu d’efflux<br />
NaCl 136,9 mM<br />
KCl 5,4 mM<br />
KH2PO4<br />
NaH2PO4<br />
NaHCO3<br />
CaCl2<br />
MgCl2<br />
MgSO4<br />
0,3 mM<br />
0,3 mM<br />
4,2 mM<br />
1,8 mM<br />
0,8 mM<br />
0,4 mM<br />
HEPES 10 mM<br />
Glucose 5,6 mM<br />
Tab<strong>le</strong>au 19 : Composition du milieu d’efflux pour <strong>le</strong>s systèmes d’expression endogènes.<br />
c. Analyse <strong>de</strong>s résultats<br />
Les résultats en cpm sont exprimés sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> sortie d’iodure<br />
radioactif (k) exprimé en min -1 et calculés d’après <strong>la</strong> formu<strong>le</strong> suivante : k = [ln( 125 I t1) – ln<br />
( 125 I t2)]/ t2-t1. 125 I t1 : cpm au temps t1, 125 I t2 : cpm au temps t2 (Figure 39).<br />
k (min-1)<br />
0.25<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
Agent à tester<br />
k pic<br />
0.05<br />
kbasal 0.00<br />
0 1 2 3 4 5 6 7 8<br />
Temps (min)<br />
Figure 39 : Représentation graphique <strong>de</strong>s efflux d’iodures.<br />
Afin <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s variations correspondantes à <strong>la</strong> sortie passive <strong>de</strong><br />
radioéléments, <strong>le</strong>s résultats sont exprimés en kpic-kbasal.<br />
99
III/ Techniques d’étu<strong>de</strong>s ex vivo et in vivo<br />
1. La technique <strong>de</strong> chambre <strong>de</strong> Ussing<br />
1.1 Principe<br />
Le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> Ussing repose sur <strong>la</strong> propriété d’étanchéité <strong>de</strong><br />
l’épithélium, ainsi que sur l’existence d’une asymétrie <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong><br />
transport. Il en résulte un flux d’ions et <strong>de</strong> solutés au travers du tissu. La technique <strong>de</strong><br />
chambre <strong>de</strong> Ussing est utilisée pour étudier <strong>le</strong>s transports ioniques au travers d’un épithélium<br />
d’un grand nombre <strong>de</strong> tissus ou <strong>de</strong> culture <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s.<br />
1.2 Système expérimenta<strong>le</strong><br />
Le système utilisé est composé <strong>de</strong> 6 chambres <strong>de</strong> Ussing (Easymount ® , EM-CSYS-6,<br />
Physiologic Instruments) thermorégulées (37°C) par un bloc chauffant et oxygénées par un<br />
mé<strong>la</strong>nge 95% O2 et 5% CO2. Les inserts sont montés entre <strong>de</strong>ux hémi-chambres en p<strong>le</strong>xig<strong>la</strong>s.<br />
Cel<strong>le</strong>s-ci indépendantes peuvent contenir <strong>la</strong> même solution expérimenta<strong>le</strong> ou <strong>de</strong>ux solutions<br />
différentes. Cette séparation permet aussi l’addition <strong>de</strong> drogues sur <strong>la</strong> face désirée (apica<strong>le</strong>,<br />
baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux). Le système est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux paires d’é<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong>s d’agar KCl<br />
3M reliées à un voltmètre : une paire d’é<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong>s <strong>de</strong> voltage pour mesurer <strong>la</strong> différence <strong>de</strong><br />
potentiel (ddp) développée par <strong>le</strong> tissu en cours d’étu<strong>de</strong> et une paire d’é<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong>s <strong>de</strong> courant<br />
pour mesurer <strong>le</strong> courant <strong>de</strong> court-circuit (Isc pour short circuit current). El<strong>le</strong>s sont situées dans<br />
chacune <strong>de</strong>s hémi-chambres <strong>de</strong> part et d’autre du tissu (Figure 40 ; Figure 41). Afin <strong>de</strong><br />
mesurer <strong>le</strong> courant <strong>de</strong> court-circuit, <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> « voltage c<strong>la</strong>mp » est utilisée :<br />
l’épithélium est « court-circuité » par l’injection d’un courant permettant <strong>de</strong> maintenir <strong>la</strong> ddp<br />
transepithelia<strong>le</strong> à 0 mV. Le courant <strong>de</strong> court-circuit correspond à <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur du courant<br />
nécessaire pour annu<strong>le</strong>r <strong>la</strong> ddp. Les é<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong>s sont reliées à un amplificateur par <strong>le</strong> biais d’un<br />
pré-amplificateur (VCC MC2, Physiologic Instruments). L’amplificateur est relié à<br />
l’ordinateur par <strong>le</strong> biais d’une interface (DI-720-P, Physiologic Instruments). Les<br />
enregistrements sont réalisés à l’ai<strong>de</strong> du logiciel Acquire Analyse 2.3 (DATAQ ® Instruments<br />
100
Inc). Périodiquement, un voltage déterminé par l’expérimentateur et non nul (+2 mV lors <strong>de</strong><br />
nos expériences) est imposé afin d’obtenir une estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance transépithelia<strong>le</strong><br />
(Rte). Cel<strong>le</strong>-ci pourra être obtenue par l’équation d’Ohm : Rte( )= U(mV)/ Isc(µA).<br />
Hémi-chambre<br />
Insèrt <strong>de</strong> 2mm²<br />
contenant <strong>le</strong> tissu<br />
Figure 40 : Chambre <strong>de</strong> Ussing<br />
Figure 41 : Représentation schématique d’une chambre <strong>de</strong> Ussing<br />
1.3 Préparation <strong>de</strong>s tissus<br />
Enfin d’éviter l’utilisation d’anesthésiques chimiques, <strong>le</strong>s souris sont sacrifiées <strong>le</strong> plus<br />
rapi<strong>de</strong>ment possib<strong>le</strong> par dislocation cervica<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s sont ensuite p<strong>la</strong>cées en décubitus dorsal<br />
pour <strong>le</strong> prélèvement du côlon.<br />
Système<br />
d’oxygénation<br />
E<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong> <strong>de</strong> voltage<br />
E<strong>le</strong>ctro<strong>de</strong> <strong>de</strong> courant<br />
101
Une ouverture ventra<strong>le</strong> est pratiquée, <strong>de</strong> l’extrémité inférieure du sternum jusqu’au<br />
pubis. Une portion <strong>de</strong> côlon <strong>de</strong> 2 cm environ est pré<strong>le</strong>vée et p<strong>la</strong>cée immédiatement dans une<br />
solution froi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Krebs (Tab<strong>le</strong>au 20). A l’ai<strong>de</strong> d’une seringue sans aiguil<strong>le</strong> remplie <strong>de</strong> Krebs,<br />
<strong>le</strong> contenu du côlon est éliminé. La couche muscu<strong>la</strong>ire est ôtée et <strong>le</strong> fragment <strong>de</strong> côlon est<br />
coupé longitudina<strong>le</strong>ment. Il est p<strong>la</strong>cé dans un insert qui est ensuite introduit entre <strong>le</strong>s 2 hémi-<br />
chambres. Il est nécessaire d’attendre entre 15 et 40 minutes pour que <strong>le</strong> courant <strong>de</strong> court-<br />
circuit basal soit stab<strong>le</strong> avant <strong>de</strong> commencer l’enregistrement. Cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>tence est due<br />
à <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion du tissu et au temps nécessaire pour que <strong>le</strong>s échanges se stabilisent.<br />
Krebs « normal »<br />
NaCl 107 mM<br />
KCl 4,5 mM<br />
CaCl2<br />
NaH2PO4<br />
Na2HPO4<br />
MgSO4<br />
NaHCO3<br />
1,2 mM<br />
0,2 mM<br />
1,8 mM<br />
1,2 mM<br />
25 mM<br />
Glucose 12 mM<br />
pH 7.4<br />
Tab<strong>le</strong>au 20 : Composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> Krebs « normal ».<br />
1.4 Protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong> dépo<strong>la</strong>risation<br />
Afin <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> mesure d’un courant chlorure induit par <strong>le</strong> CFTR, un protoco<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
dépo<strong>la</strong>risation est appliqué au niveau du tissu. En effet, un gradient <strong>de</strong> concentrations en ions<br />
chlorure favorisant <strong>la</strong> sécrétion d’ion chlorure est créé en utilisant une solution <strong>de</strong> Krebs<br />
dépourvue d’ions chlorure sur <strong>la</strong> face apica<strong>le</strong> (107 mM K-gluconate, 4.5 mM KCl, 25 mM<br />
NaHCO3, 1 mM MgS04, 1.8 mM Na2HPO4, 0.2 mM NaH2PO4, 5.75 mM, Ca-gluconate et 12<br />
mM D-glucose) et une solution <strong>de</strong> Krebs « normal » sur <strong>la</strong> face baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> du tissu (111.5<br />
mM KCl, 25 mM NaHCO3, 1 mM MgS04, 1.8 mM Na2HPO4, 0.2 mM NaH2PO4, 1.25 mM<br />
CaCl2 et 12 mM D-glucose).<br />
102
2. Mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire<br />
2.1 Principe<br />
La sécrétion salivaire est une technique fiab<strong>le</strong> et peu onéreuse qui permet d’évaluer in<br />
vivo l’effet <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s modu<strong>la</strong>trices du CFTR et du CaCC. En effet, <strong>le</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s salivaires<br />
<strong>de</strong>s souris cftr -/- sont réfractaires à <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion ß-adrénergique (Sato & Sato, 1984). En se<br />
basant sur cette donnée, Best et Quinton ont mis au point en 2005 une technique <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> sécrétion salivaire chez <strong>la</strong> souris (Best & Quinton, 2005). En effet, ils ont mis en évi<strong>de</strong>nce<br />
qu’il existe <strong>de</strong>ux voies <strong>de</strong> signalisation induisant <strong>la</strong> sécrétion salivaire, une voie dépendante<br />
<strong>de</strong>s récepteurs ß-adrénergique, l’activation <strong>de</strong> cette voie induit une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
quantité d’AMPc intracellu<strong>la</strong>ire et par conséquent une activation <strong>de</strong>s canaux CFTR et une<br />
voie dépendante <strong>de</strong>s récepteurs muscarinique, l’activation <strong>de</strong> cette voie induit une<br />
augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> Ca 2+ et par conséquent une activation <strong>de</strong>s CaCC (Figure 42).<br />
CFTR<br />
2.2 Protoco<strong>le</strong> et analyse<br />
Figure 42 : Schéma <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s salivaires<br />
Les souris sont anesthésiées par l’injection intrapéritonéa<strong>le</strong> d’une solution <strong>de</strong> NaCl<br />
0.9% contenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> kétamine (10 mg/ml) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> xy<strong>la</strong>zine (1,5mg/ml) à raison <strong>de</strong> 100µl<br />
pour 10 grammes <strong>de</strong> poids vif. Une fois endormies, <strong>le</strong>s souris sont p<strong>la</strong>cées en décubitus dorsal<br />
et maintenues dans cette position à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ruban adhésif.<br />
<br />
Cl -<br />
AMPc<br />
Cl -<br />
Ca 2+<br />
βAR M<br />
CaCC<br />
Isoprénaline Acétylcholine<br />
Atropine<br />
103
Les drogues sont dissoutes dans du NaCl 0,9% et injectées par voie sous cutanée dans <strong>la</strong> face<br />
externe <strong>de</strong> <strong>la</strong> joue. La salive est recueillie grâce à <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong><strong>le</strong>ttes <strong>de</strong> papier Whatman <strong>de</strong> 2<br />
mm <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge et 25 mm <strong>de</strong> long. El<strong>le</strong>s sont p<strong>la</strong>cées dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> l’animal contre <strong>la</strong> joue<br />
qui a reçue l’injection. Toutes <strong>le</strong>s 3 minutes, <strong>la</strong> ban<strong>de</strong><strong>le</strong>tte est remp<strong>la</strong>cée par une autre<br />
ban<strong>de</strong><strong>le</strong>tte et p<strong>la</strong>cée dans un tube eppendorf. La masse <strong>de</strong> salive secrétée pendant <strong>le</strong>s 3<br />
minutes est calculée en soustrayant <strong>le</strong> poids du tube avant et après <strong>la</strong> col<strong>le</strong>cte. La sécrétion <strong>de</strong><br />
salive est représentée sous forme d’une vitesse <strong>de</strong> sécrétion exprimée en µg <strong>de</strong> salive par<br />
minutes et par gramme <strong>de</strong> souris. La masse tota<strong>le</strong> <strong>de</strong> salive secrétée en réponse à <strong>la</strong> drogue est<br />
éga<strong>le</strong>ment calculée en additionnant toutes <strong>le</strong>s masses col<strong>le</strong>ctées et en rapportant cette somme<br />
au poids <strong>de</strong> l’animal, el<strong>le</strong> est exprimée en mg par gramme <strong>de</strong> souris.<br />
IV/ Métho<strong>de</strong>s statistiques<br />
Les résultats sont exprimés selon <strong>le</strong>ur moyenne ± SEM, <strong>la</strong> significativité statistique<br />
entre <strong>le</strong>s différentes conditions est calculée par <strong>le</strong> test <strong>de</strong> stu<strong>de</strong>nt (t test) : ns : non significatif ;<br />
* : P
I/ I<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> d’activateurs<br />
<strong>de</strong> CFTR<br />
1. Con<strong>texte</strong> <strong>de</strong> travail<br />
Le groupe CFTR <strong>de</strong> l’équipe PPCI dans <strong>le</strong>quel j’ai réalisé ma <strong>thèse</strong> a pour thématique<br />
principa<strong>le</strong> <strong>la</strong> pharmacologie du CFTR. Ses axes <strong>de</strong> recherche reposent sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong><br />
molécu<strong>le</strong>s pouvant activer, inhiber ou corriger <strong>la</strong> protéine CFTR sauvage ou mutée.<br />
Lors <strong>de</strong> mon arrivée, <strong>le</strong>s effets inhibiteurs d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s adduits<br />
méthylglyoxal-alpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong> avaient été i<strong>de</strong>ntifiés suite à une col<strong>la</strong>boration avec<br />
<strong>le</strong> Département <strong>de</strong> Pharmacochimie Molécu<strong>la</strong>ire, UMR 5063, <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Grenob<strong>le</strong><br />
dirigé par <strong>le</strong> Pr Jean-Luc Décout. Il s’agit <strong>de</strong> composés hétérocyc<strong>le</strong>s non-toxiques et solub<strong>le</strong>s<br />
dans l’eau obtenus par <strong>la</strong> réaction entre <strong>le</strong> méthylglyoxal et l’-aminoazahétérocyc<strong>le</strong><br />
(Routaboul et al., 2002 ; Figure 43).<br />
Figure 43 : Réaction entre <strong>le</strong> méthylglyoxal et l’-aminoazahétérocyc<strong>le</strong>.<br />
(D’après Routaboul et al., 2002)<br />
Cette réaction induit <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux isomères a et b, l’isomère a représente <strong>la</strong> forme<br />
majoritaire du mé<strong>la</strong>nge et l’isomère b, <strong>la</strong> forme minoritaire.<br />
Les composés issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction sont actifs sur <strong>le</strong>s protéines CFTR sauvages, F508<strong>de</strong>l<br />
corrigées, G551D, G1349D et présentent <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’agir à <strong>de</strong> faib<strong>le</strong>s concentrations<br />
(Tab<strong>le</strong>au 21).<br />
méthylglyoxal<br />
-aminoazahétérocyc<strong>le</strong><br />
a : Isomère majoritaire<br />
b : Isomère minoritaire<br />
105
Tab<strong>le</strong>au 21 : Détermination <strong>de</strong> l’IC50 (concentration du composé inhibant 50 % <strong>de</strong> l'effet observé) <strong>de</strong>s<br />
adduits méthylglyoxal <strong>le</strong>s plus efficaces, testés en efflux d’iodure.<br />
Moyenne ± SEM, avec n = 4 à 8 pour chaque conditions testées. Les cellu<strong>le</strong>s F508<strong>de</strong>l-CFTR sont incubées avant<br />
l’expérience pendant 24h à 27°C. Les expériences sont réalisées en présence <strong>de</strong> 1 µM forskoline (WT-CFTR), 10<br />
µM forskoline + 30 µM génistéine (G551D-CFTR) ou 10 µM forskoline + 250 µM MPB-91 (G1349D-CFTR).<br />
Lors du crib<strong>la</strong>ge et <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> structure-activité sur cette famil<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> composé GPact-11a a été i<strong>de</strong>ntifié, non pas comme un inhibiteur, mais<br />
comme un potentiateur du CFTR (Figure 44).<br />
Figure 44 : Exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> tracés d’efflux iodure représentant <strong>la</strong> potentialisation par <strong>le</strong> GPact-11a et<br />
l’inhibition par <strong>le</strong> GPinh-5a <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse forskoline (Fsk) dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CHO-CFTRwt (n = 4).<br />
IC50<br />
Molécu<strong>le</strong>s WT-CFTR F508<strong>de</strong>l-CFTR G551D-CFTR G1349D-CFTR<br />
5a<br />
(GPinh-5a)<br />
93,3 ± 1,3 pM 67,3 ± 1,3 pM 43,1 ± 1,5 nM 72,3 ± 1,1 pM<br />
8a,b 15,7 ± 1,1 nM 8.7 ± 1,2 nM 190 ± 2 nM 79,4 ± 2 nM<br />
7a,b 2,3 ± 1,5 nM 6,3 ± 2,1 nM 154 ± 2 nM 7,0 ± 1,1 nM<br />
3a,b 11,2 ± 1,6 µM 7,0 ± 1,4 M 35,5 ± 1,6 µM 9,0 ± 1,8 M<br />
4a,b 11,9 ± 1,7 µM 6,0 ± 3,3 M 110 ± 2 µM 2,9 ± 1,4 M<br />
k (min -1 )<br />
0.50<br />
0.25<br />
0.00<br />
0 2 4 6 8 10<br />
Temps (min)<br />
Fsk 1µM + GPact-11a 3µM<br />
Fsk 1µM<br />
Fsk 1µM + GPinh-5a 1µM<br />
106
Ces résultats sont d’autant plus surprenants que <strong>le</strong> GPact-11a présente une structure chimique<br />
très proche du GPinh-5a, qui a été décrit comme l’inhibiteur <strong>le</strong> plus efficace <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s (Figure 45).<br />
A<br />
HO<br />
O<br />
OH<br />
GPinh-5a<br />
Figure 45 : Structure chimique du GPinh-5a et du GPact-11a.<br />
Il est alors apparu intéressant <strong>de</strong> confirmer et <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r l’effet activateur du GPact-11a<br />
par différentes techniques et sur différents modè<strong>le</strong>s cellu<strong>la</strong>ires.<br />
Dans une première étu<strong>de</strong>, nous avons donc mis en avant l’effet in vitro, ex vivo et in vivo du<br />
GPact-11a (Bertrand et al., 2010)<br />
2. Etu<strong>de</strong> d’un nouvel activateur <strong>de</strong> CFTR : <strong>le</strong> GPact-11a<br />
2.1 Artic<strong>le</strong> 1<br />
N<br />
N<br />
COO<br />
OH<br />
HN<br />
N<br />
N<br />
OH<br />
B<br />
N<br />
N<br />
HN<br />
N<br />
N<br />
GPact-11a<br />
COO<br />
OH<br />
OH<br />
GPact<br />
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
2.2 Résultats complémentaires<br />
Des expériences additionnel<strong>le</strong>s ont été conduites afin d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong> mécanisme<br />
d’action du GPact-11a et <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s différences d’EC50 (concentration du composé<br />
nécessaire pour obtenir 50% d’effet) obtenues in vitro (EC50 = 2,1 ± 1,3 µM) ou ex vivo (EC50<br />
= 175.6 ± 1,1 µM) dans l’artic<strong>le</strong> 1.<br />
a. Accessibilité du GPact-11a<br />
Dans l’artic<strong>le</strong> 1, nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce, par l’utilisation <strong>de</strong> nystatine (agent<br />
antifongique qui perméabilise <strong>le</strong>s membranes), que <strong>le</strong> GPact-11a agit sur une conductance à <strong>la</strong><br />
membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’épithélium colonique. Pourtant, l’addition <strong>de</strong> GPact-11a, uniquement<br />
au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> du tissu, n’induit qu’une faib<strong>le</strong> augmentation du courant <strong>de</strong><br />
court-circuit ( Isc = 2,26 ± 1,01 µA/cm², n = 7 ; Figure 46).<br />
A<br />
Isc (µA/cm²)<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
amilori<strong>de</strong> 100µM<br />
GPact-11a 1mM<br />
apical<br />
baso<strong>la</strong>teral<br />
Glibenc<strong>la</strong>mi<strong>de</strong> 500µM<br />
10 min<br />
Figure 46: Effet du GPact-11a sur <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> et/ou baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’épithélium colonique.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> mesure du courant <strong>de</strong> court-circuit en chambre <strong>de</strong> Ussing sur <strong>le</strong> côlon <strong>de</strong> souris cftr +/+ .<br />
B- Histogrammes présentant <strong>le</strong>s moyennes <strong>de</strong> courant <strong>de</strong> court-circuit induites par GPact-11a (1 mM) sur <strong>le</strong><br />
côlon <strong>de</strong> souris cftr +/+ au niveau <strong>de</strong>s membranes apica<strong>le</strong> (ap) et baso<strong>la</strong>tera<strong>le</strong> (bl) en comparaison d’une<br />
application <strong>de</strong> GPact-11a au niveau <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux membranes (ap + bl).<br />
Au contraire, ajouté au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong> du tissu, <strong>le</strong> GPact-11a induit une<br />
augmentation du courant <strong>de</strong> court-circuit ( Isc = 9,05 ± 1,71 µA/cm², n = 5) non<br />
B<br />
∆Isc (µA/cm²)<br />
15 **<br />
10<br />
5<br />
0<br />
GPact-11a ap + bl<br />
ns<br />
16 7 5<br />
GPact-11a ap<br />
GPact-11a bl<br />
120
significativement différente <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> obtenue lorsqu’il est présent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
membrane ( Isc = 11,89 ± 1,69 µA/cm², n = 16 ; Figure 46).<br />
Ces résultats suggèrent soit un mécanisme d’action indirect du GPact-11a via une protéine<br />
présente au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane baso<strong>la</strong>téra<strong>le</strong>, soit un problème d’accessibilité du GPact-<br />
11a au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong>.<br />
Afin <strong>de</strong> tester <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> hypo<strong>thèse</strong>, <strong>le</strong> mucus du coté apical a été perméabilisé avec<br />
un détergent spécifique : <strong>le</strong> dithiothreitol (DTT) qui réduit <strong>le</strong>s ponts disulfures (Ohara et al.,<br />
1993). Les résultats sont présentés Figure 47.<br />
Figure 47 : Effet du GPact-11a sur l’épithélium colonique en présence et en absence <strong>de</strong> DTT.<br />
Histogrammes présentant <strong>le</strong>s moyennes <strong>de</strong> courant <strong>de</strong> court-circuit induits par <strong>le</strong> GPact-11a (1 mM) sur <strong>le</strong> côlon<br />
<strong>de</strong> souris cftr +/+ en présence ou en absence <strong>de</strong> DTT. ap : GPact-11a appliqué au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong>,<br />
ap + bl : GPact-11a appliqué au niveau <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux membranes.<br />
Lorsque <strong>le</strong> mucus est solubilisé, <strong>le</strong> GPact-11a ajouté en apical induit une augmentation du<br />
courant <strong>de</strong> court-circuit ( Isc = 10,4 ± 2,2 µA/cm², n=7) i<strong>de</strong>ntique à cel<strong>le</strong> obtenue lorsqu’il<br />
est présent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane ( Isc = 11,89 ± 1,69 µA/cm², n = 16 ; Figure 47).<br />
L’absence d’effet du GPact-11a lorsqu’il est ajouté uniquement au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane<br />
apica<strong>le</strong> correspond donc bien à un défaut d’accessibilité ou à une dégradation du GPact-11a<br />
par l’un <strong>de</strong>s composants du mucus.<br />
∆Isc (µA/cm²)<br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
GPact-11a ap + bl<br />
**<br />
ns<br />
16 7 7<br />
GPact-11a ap<br />
GPact-11a ap + DTT<br />
121
Afin d’augmenter l’accessibilité du GPact-11a au niveau <strong>de</strong>s tissus, l’équipe du Pr<br />
Décout nous a fourni <strong>de</strong> <strong>la</strong> cystéine et <strong>de</strong> <strong>la</strong> -cyclo<strong>de</strong>xtrine dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s<br />
comp<strong>le</strong>xes molécu<strong>la</strong>ires avec <strong>le</strong> GPact-11a. En effet, <strong>la</strong> cystéine possè<strong>de</strong> un groupement thiol<br />
qui permet <strong>de</strong> réduire <strong>le</strong>s mucines composant <strong>le</strong> mucus. Les cyclo<strong>de</strong>xtrines quant à el<strong>le</strong>s, sont<br />
<strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s-cages d’origines naturel<strong>le</strong>s qui vont encapsu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> GPact-11a et masquer ses<br />
charges ioniques (Figure 48).<br />
Figure 48 : Effet du GPact-11a sur <strong>le</strong> colon en présence <strong>de</strong> DTT, <strong>de</strong> cystéine et <strong>de</strong> -cyclo<strong>de</strong>xtrine.<br />
Histogrammes présentant <strong>le</strong>s moyennes <strong>de</strong> courant <strong>de</strong> court-circuit induit par GPact-11a (1 mM) sur <strong>le</strong> côlon <strong>de</strong><br />
souris cftr +/+ en présence soit <strong>de</strong> DTT (10 mM), <strong>de</strong> cysteine ou <strong>de</strong> -cyclo<strong>de</strong>xtrine (1 mM). ap : GPact-11a<br />
appliqué au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong>.<br />
Les résultats obtenus ne montrent pas d’amélioration <strong>de</strong> l’accessibilité du GPact-11a en<br />
présence <strong>de</strong> cystéine ou <strong>de</strong> cyclo<strong>de</strong>xtrine (Figure 48). Cependant, il s’agit <strong>de</strong> résultats<br />
préliminaires, il est nécessaire <strong>de</strong> faire varier <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> ces molécu<strong>le</strong>s pour favoriser<br />
<strong>la</strong> formation <strong>de</strong> comp<strong>le</strong>xes avec <strong>le</strong> GPact-11a afin <strong>de</strong> confirmer ces résultats. De plus, d’autres<br />
molécu<strong>le</strong>s, tel que <strong>le</strong> tryptophane qui rendrait <strong>le</strong> GPact-11a plus hydrophobe, doivent encore<br />
être testées.<br />
∆Isc (µA/cm²)<br />
14<br />
12<br />
10<br />
8<br />
6<br />
4<br />
2<br />
0<br />
GPact-11a ap<br />
7 7 4 3<br />
GPact-11a ap + DTT<br />
GPact-11a ap + Cysteine<br />
GPact-11a + γ-Cyclo<strong>de</strong>xtrin<br />
GPact-11a ap + bl<br />
122
. Effet du GPact-11a sur <strong>le</strong>s mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III<br />
L’utilisation d’activateurs <strong>de</strong> CFTR est une pharmacologie adaptée plus<br />
particulièrement aux mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III. En effet, avec ce type <strong>de</strong> mutations, CFTR est<br />
correctement localisé à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s mais présente un défaut d’activation.<br />
Le GPact-11a a donc éga<strong>le</strong>ment été testé sur <strong>de</strong>s mutants CFTR <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III (Figure 49).<br />
A<br />
kpeak-kbasal (min-1)<br />
0.3<br />
0.2<br />
0.1<br />
0.0<br />
0 2 4 6 8 10<br />
Temps (min)<br />
G551D-CFTR<br />
Fsk10µM<br />
+1µM GPact-11a<br />
+10µM GPact-11a<br />
+100µM GPact-11a<br />
+ Gst 30µM<br />
G551D-CFTR<br />
Figure 49: Effet du GPact-11a sur <strong>de</strong>s mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse III.<br />
G1349D-CFTR<br />
A- Efflux d’iodure induit par <strong>de</strong>s concentrations croissantes <strong>de</strong> GPact-11a sur <strong>le</strong> mutant G551D-CFTR en<br />
présence <strong>de</strong> forskoline (Fsk) 10 µM. B- Histogrammes résumant l’effet du GPact-11a sur <strong>le</strong>s mutants G551D-,<br />
G1349D- et G551D/G1349D(2GD)-CFTR. Les cocktails forskoline + genistéine (Gst) ou forskoline + MPB-91<br />
sont utilisés comme contrô<strong>le</strong>s positifs, n = 4 pour chaque condition testée.<br />
2GD-CFTR<br />
La Figure 49 démontre l’absence d’effet potentiateur du GPact-11a sur <strong>le</strong>s mutants <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse<br />
III, G551D-, G1349D- et sur <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> mutant G551D/G1349D-CFTR. Les mutants G551D et<br />
G1349D sont situés respectivement dans <strong>le</strong> domaine NBD1 et NBD2 et modifient <strong>la</strong> liaison et<br />
l’hydrolyse <strong>de</strong> l’ATP ainsi que <strong>la</strong> phosphory<strong>la</strong>tion du domaine R. L’absence d’effet du GPact-<br />
11a sur ces mutants nous permet d’émettre une hypo<strong>thèse</strong> sur <strong>le</strong> mécanisme d’action <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
molécu<strong>le</strong>. En effet, <strong>le</strong> GPact-11a pourrait interagir directement avec <strong>le</strong> CFTR sur l’un <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux sites <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong> l’ATP. Pour vali<strong>de</strong>r cette hypo<strong>thèse</strong>, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s complémentaires<br />
seront nécessaires, notamment <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> « binding » entre <strong>le</strong> GPact-11a et <strong>la</strong><br />
protéine CFTR et <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> mutagénèse dirigée pour i<strong>de</strong>ntifier son site <strong>de</strong> fixation.<br />
B<br />
kpeak-kbasal (min -1 )<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
Fsk + GPact-11a<br />
Fsk + Gst or MPB-91<br />
123
3. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> structure-activité<br />
Les composés inhibiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxal-alpha-<br />
aminoazahétérocyc<strong>le</strong> présentent une efficacité <strong>de</strong> l’ordre du picomo<strong>la</strong>ire, au contraire <strong>le</strong><br />
GPact-11a présente une efficacité <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> dizaine <strong>de</strong> micromo<strong>la</strong>ires. Une étu<strong>de</strong><br />
structure-activité a donc été réalisée en col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Pr Jean-Luc Décout afin<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier l’activateur <strong>le</strong> plus actif <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong>.<br />
Grâce à cette stratégie, <strong>le</strong> GPact-26a a été i<strong>de</strong>ntifié comme activateur du CFTR. Il ne diffère<br />
du GPact-11a que par <strong>le</strong> remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaine hydrophobe propyl par une chaine<br />
hydrophobe allyl (Figure 50).<br />
GPact-11a<br />
Figure 50 : Evolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du GPact-11a vers <strong>le</strong> GPact-26a.<br />
Dans un premier temps, grâce aux efflux d’iodure, nous avons démontré que <strong>le</strong> GPact-<br />
26a active <strong>le</strong> CFTR sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CHO-CFTRwt, avec une EC50 <strong>de</strong> 7,5 µM (Figure 51).<br />
% d'activation maxima<strong>le</strong><br />
125 EC50 = 7.5 ± 1.7 µM<br />
100<br />
75<br />
50<br />
25<br />
0<br />
-7 -6 -5 -4<br />
Log[GPact-26a] (M)<br />
Figure 51 : Evaluation <strong>de</strong> l’effet du GPact-26a sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CHO-CFTRwt<br />
par <strong>la</strong> technique d’efflux iodure.<br />
GPact-11a GPact-26a<br />
Courbe dose-réponse <strong>de</strong> l’efflux d’iodure induit par <strong>le</strong> GPact-26a sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CHO-CFTRwt, n = 4.<br />
124
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, par <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> fluorescence avec <strong>la</strong> son<strong>de</strong> oxonol,<br />
nous avons déterminé l’effet du GPact-26a sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s trachéa<strong>le</strong>s humaines MM39 qui<br />
expriment <strong>le</strong> CFTR <strong>de</strong> manière endogène (Figure 52).<br />
A<br />
Fx<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
-20<br />
Fsk<br />
GPact-26a<br />
CFTR inh-172<br />
0 2 4 6 8 10 12 14<br />
Temps (min)<br />
Figure 52 : Effet du GPact-26a sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s MM39 par <strong>la</strong> technique d’oxonol.<br />
Exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> tracés représentatifs obtenus après l’addition <strong>de</strong> 100 µM <strong>de</strong> GPact-26 sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s MM39 en<br />
présence (A) ou en absence (B) <strong>de</strong> 1 µM forskoline (Fsk), n = 12 cellu<strong>le</strong>s pour chaque expériences.<br />
La Figure 52 montre que l’addition <strong>de</strong> GPact-26a induit une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence<br />
en présence <strong>de</strong> forskoline mais éga<strong>le</strong>ment en absence <strong>de</strong> forskoline. Cette réponse est inhibée<br />
par un inhibiteur spécifique du CFTR, <strong>le</strong> CFTRinh-172. Le GPact-26a est donc à <strong>la</strong> fois un<br />
potentiateur et un activateur <strong>de</strong> CFTR.<br />
Bien que l’EC50 in vitro du GPact-26a ne soit pas plus efficace que cel<strong>le</strong> du GPact-<br />
11a, une étu<strong>de</strong> plus approfondie <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> à tout <strong>de</strong> même été menée in vivo. Nous avons<br />
déterminé l’effet du GPact-26a, in vivo, sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> souris cftr +/+ par <strong>la</strong> technique <strong>de</strong><br />
mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire sur <strong>de</strong>s souris sauvages (Figure 53).<br />
B<br />
Fx<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
-10<br />
GPact-26a<br />
CFTR inh-172<br />
0 2 4 6 8 10<br />
Temps (min)<br />
125
A<br />
Moyenne <strong>de</strong> secretion<br />
salivaire (µg.min-1.g-1)<br />
18<br />
12<br />
6<br />
0<br />
Figure 53 : Sécrétion salivaire induite par <strong>le</strong> GPact-26a sur <strong>le</strong>s souris cftr +/+ .<br />
A- Tracés représentant <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire tota<strong>le</strong> induite par <strong>le</strong> GPact-26a en présence ou en<br />
absence d’isoprénaline. B- Histogrammes représentant <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire tota<strong>le</strong> induite par <strong>le</strong><br />
GPact-26a en présence ou en absence d’isoprénaline.<br />
L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces résultats révè<strong>le</strong>nt un effet activateur in vitro mais aussi in vivo d’un<br />
second composé <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxal-alpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong> : <strong>le</strong><br />
GPact-26a. Ces résultats font l’objet d’une publication en cours d’écriture.<br />
4. Discussion<br />
Isoprénaline 10µM (N=9)<br />
Iso + GPact-26a 30µM (N=10)<br />
GPact-26a 30µM (N=5)<br />
0 3 6 9 12 15 18 21 24 27 30<br />
Temps (min)<br />
L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces travaux a permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>ux nouveaux activateurs<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR, <strong>le</strong> GPact-11a et <strong>le</strong> GPact-26a.<br />
0.4 *<br />
De part <strong>le</strong>urs caractères hydrosolub<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs absences <strong>de</strong> toxicité, <strong>le</strong>s GPact représentent <strong>de</strong>s<br />
candidats intéressants pour <strong>le</strong> développement d’une thérapie pharmacologique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose. Bien que <strong>le</strong> GPact-11a présente une EC50 re<strong>la</strong>tivement é<strong>le</strong>vée, il est sé<strong>le</strong>ctif du<br />
CFTR. En effet, <strong>le</strong> GPact-11a n’a aucun effet sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF non corrigées ou sur <strong>le</strong>s<br />
souris cftr -/- . D’autre part, <strong>le</strong> GPact-11a active <strong>le</strong> CFTR en absence d’une préactivation par <strong>la</strong><br />
forskoline, contrairement à <strong>de</strong> nombreuses molécu<strong>le</strong>s pharmacologiques (Il<strong>le</strong>k et al., 1995;<br />
Pe<strong>de</strong>monte et al., 2005a; Noel et al., 2006). Il apparaît donc à <strong>la</strong> fois, comme un activateur et<br />
un potentiateur du CFTR. De plus, lors <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, nous avons démontré que <strong>le</strong> GPact-11a<br />
présente un effet activateur sur <strong>le</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires et <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s issues <strong>de</strong> biopsies<br />
B<br />
Sécretion salivaire tota<strong>le</strong> (mg.g -1 )<br />
0.3<br />
0.2<br />
0.1<br />
0.0<br />
Isoprenaline 10µM<br />
Iso + GPact-26a 30µM<br />
GPact-26a 30µM<br />
9 10 5<br />
126
pulmonaires portant <strong>la</strong> mutation F508<strong>de</strong>l-CFTR, or peu d’activateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine F508<strong>de</strong>l-<br />
CFTR ont été caractérisés et proposés pour thérapie.<br />
L’absence d’effet du GPact-11a sur <strong>le</strong> taux d’AMPc et sur <strong>le</strong>s mutants G551D-,<br />
G1349D- et <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> mutant G551D/G1349D, suggère un effet direct <strong>de</strong> ce composé sur <strong>le</strong><br />
CFTR. Les mutations G551D et G1349D sont situés respectivement dans <strong>le</strong>s domaines NBD1<br />
et NBD2 au niveau <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> liaisons et d’hydrolyse <strong>de</strong> l’ATP. Dans <strong>la</strong> littérature, <strong>la</strong><br />
génistéine a éga<strong>le</strong>ment été décrite comme incapab<strong>le</strong> <strong>de</strong> stimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> CFTR portant <strong>la</strong> mutation<br />
G1349D et <strong>la</strong> doub<strong>le</strong> mutation G551D/G1349D (Derand et al., 2002; Melin et al., 2004). En<br />
effet, <strong>la</strong> glycine 551 dans <strong>le</strong> domaine NBD1 est un site important pour l’inhibition du CFTR<br />
par <strong>la</strong> génistéine alors que <strong>la</strong> glycine 1349 dans <strong>le</strong> domaine NBD2 est un site majeur pour<br />
l’activation du CFTR par <strong>la</strong> génistéine. La genisteine agit avec un « effet cloche » sur <strong>le</strong><br />
CFTR, en effet el<strong>le</strong> active CFTR pour <strong>de</strong>s concentrations inférieur à 50 µM mais <strong>de</strong>vient<br />
inhibitrice pour <strong>de</strong>s concentrations plus é<strong>le</strong>vées (Derand et al., 2002; Lans<strong>de</strong>ll et al., 2000;<br />
Melin et al., 2004). Bien que <strong>le</strong> GPact-11a ne soit pas inhibiteur <strong>de</strong> CFTR à fortes<br />
concentration, <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxal-alpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong> auquel il<br />
appartient comprend à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>s inhibiteurs et <strong>de</strong>s activateurs <strong>de</strong> CFTR. L’hypo<strong>thèse</strong> d’une<br />
action directe du GPact-11a sur <strong>le</strong> CFTR et plus particulièrement sur <strong>le</strong>s sites <strong>de</strong> fixations <strong>de</strong><br />
l’ATP peut donc être émise. Bien que cette hypo<strong>thèse</strong> doit encore être vérifiée, el<strong>le</strong> renforce<br />
l’intérêt <strong>de</strong> ces molécu<strong>le</strong>s pour <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
Les composés GPinh-5a, GPact-11a et GPact-26a sont issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction entre <strong>de</strong>ux<br />
composés <strong>le</strong> méthylglyoxal et un composé 9-propy<strong>la</strong>dénine. Ils sont constitués d’un noyau<br />
aromatique <strong>de</strong> bases puriques (en b<strong>le</strong>u, Figure 54) avec <strong>de</strong> part et d’autres, une chaine propyl<br />
hydrophobe (en rouge, Figure 54) et un noyau hydrophi<strong>le</strong> (en noir, Figure 54) formé par <strong>la</strong><br />
con<strong>de</strong>nsation du méthylglyoxal et <strong>de</strong> <strong>la</strong> 9-propy<strong>la</strong>dénine (Figure 54).<br />
HO<br />
OH<br />
O<br />
N<br />
N<br />
HN<br />
N<br />
N<br />
COO<br />
OH<br />
OH<br />
Figure 54 : Structure chimique du GPinh-5a et du GPact-11a.<br />
N<br />
N<br />
HN<br />
N<br />
N<br />
COO<br />
OH<br />
OH<br />
127
En col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Pr Jean-Luc Décout, nous avons émis l’hypo<strong>thèse</strong> que <strong>la</strong> partie<br />
hydrophi<strong>le</strong> chargée <strong>de</strong> ces molécu<strong>le</strong>s constituerait <strong>le</strong> pharmacophore. Le motif structural<br />
minimum du pharmacophore serait alors constitué <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction carboxylique COO - et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
fonction azotée HN +, communes au GPinh-5a et au GPact-11a (Figure 55).<br />
Figure 55 : Motif structural minimum du pharmacophore supposé.<br />
Ce pharmacophore se fixerait aux aci<strong>de</strong>s aminés chargés au niveau <strong>de</strong>s sites NBD1 ou NBD2<br />
du CFTR. Cette hypo<strong>thèse</strong> est corroborée par <strong>le</strong> fait que d’autres modu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> CFTR<br />
possè<strong>de</strong>nt éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>ux charges opposés au niveau <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs structures chimiques, tel que<br />
<strong>le</strong>s quinolizinium comme <strong>le</strong> MPB-91 et <strong>le</strong> MPB-104 (Figure 56 ; Becq, 2006).<br />
Figure 56 : Structure chimique <strong>de</strong>s quinolizium.<br />
Cette hypo<strong>thèse</strong> est éga<strong>le</strong>ment soutenue par <strong>le</strong> fait qu’un grand nombre d’inhibiteurs <strong>de</strong><br />
CFTR possè<strong>de</strong>nt une fonction carboxylique, parmi eux, <strong>la</strong> phloxine B (Pe<strong>de</strong>monte et al.,<br />
2005a), l’ibuprofène (Devor & Schultz, 1998), l’aci<strong>de</strong> niflumique, l’aci<strong>de</strong> flufénamique<br />
(Verkman & Galietta, 2009), et <strong>le</strong> CFTRinh-172 (cf figure 13 ; Ma et al., 2002).<br />
La chaine hydrophobe (en rouge Figure 54) qui diffère entre <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong><br />
déterminerait quand à el<strong>le</strong> l’effet inhibiteur ou activateur du composé. Les activateurs<br />
permettraient après fixation une stabilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme ouverte du canal CFTR alors que <strong>le</strong>s<br />
inhibiteurs déstabiliseraient cette forme ouverte aboutissant à <strong>la</strong> fermeture du canal. Partant <strong>de</strong><br />
ce principe, <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> structure-activité sont actuel<strong>le</strong>ment menées dans <strong>le</strong> but<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> nouveaux modu<strong>la</strong>teurs du CFTR.<br />
N +<br />
O -<br />
128
En conclusion, <strong>de</strong> part <strong>le</strong>urs différentes caractéristiques (hydrosolub<strong>le</strong>s, peu toxiques,<br />
spécifiques), <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s activatrices <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxal-alpha-<br />
aminoazahétérocyc<strong>le</strong> apparaissent comme une alternative séduisante <strong>de</strong> thérapie<br />
pharmacologique. En effet, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un traitement commun avec un activateur, tel<br />
que <strong>le</strong> GPact-11a, et un correcteur <strong>de</strong> CFTR représente une stratégie intéressante pour <strong>le</strong>s<br />
patients présentant une mutation F508<strong>de</strong>l, soit plus <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />
129
II/ Etu<strong>de</strong> d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation du CaCC<br />
1. Con<strong>texte</strong> <strong>de</strong> travail<br />
Une étu<strong>de</strong> réalisée dans notre <strong>la</strong>boratoire en 2008 a mis en évi<strong>de</strong>nce un nouvel<br />
activateur du CaCC : <strong>le</strong> guanabenz (Norez et al., 2008c). Cette molécu<strong>le</strong> active <strong>le</strong> CaCC par<br />
une entrée <strong>de</strong> Ca 2+ extracellu<strong>la</strong>ire avec une EC50 <strong>de</strong> 831 nM sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s<br />
nasa<strong>le</strong>s humaines CF (CF15 ; Figure 57).<br />
A<br />
k (min -1 )<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
guanabenz 100µM<br />
basal<br />
0 2 4 6 8<br />
Temps (min)<br />
Figure 57 : Effet du guanabenz sur l’activation du CaCC dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF15.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracés représentatifs <strong>de</strong> l’activation d’un efflux d’iodure sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF15 stimulées par <strong>le</strong><br />
guanabenz ou non stimulées (Boucher et al., 1986), n = 20. B- Courbe dose-réponse correspondante (n = 4).<br />
(Norez et al., 2008c)<br />
Plus récemment, lors <strong>de</strong> son doctorat au sein <strong>de</strong> notre groupe, Fabrice Antigny a<br />
démontré une dérégu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’homéostasie calcique dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF (Antigny et al.,<br />
2008). Lors d’une secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong>, il a aussi démontré <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s canaux TRP (TRPC1,<br />
C6, V1, V2 et V3) dans nos lignées cellu<strong>la</strong>ires et en particulier il a mis en évi<strong>de</strong>nce une<br />
activité plus importante <strong>de</strong> TRPC6 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF (Antigny et al., 2010).<br />
La secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> qui m’a été confiée, a donc eu pour but, d’une part <strong>de</strong> confirmer<br />
l’effet du guanabenz sur différents modè<strong>le</strong>s cellu<strong>la</strong>ires, sur <strong>de</strong>s tissus murins et in vivo sur<br />
différents modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> souris. D’autre part, d’étudier s’il existait une re<strong>la</strong>tion entre TRPC6 et<br />
l’activation du CaCC par <strong>le</strong> guanabenz.<br />
B<br />
k peak-k basal (min -1 )<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
EC 50 = 831 ± 0.94 nM<br />
0.00<br />
-9 -7 -5 -3<br />
Log [Guanabenz] (M)<br />
130
2. Con<strong>texte</strong> bibliographique<br />
Les canaux TRP ont été isolés chez <strong>la</strong> Drosophi<strong>le</strong> (Sun et al., 2002). L’iso<strong>la</strong>tion du<br />
gène trp a conduit à l’i<strong>de</strong>ntification d’un canal perméab<strong>le</strong> au calcium activé par une voie<br />
impliquant <strong>la</strong> rhodopsine et <strong>la</strong> phospholipase C. La superfamil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s TRP contient <strong>de</strong><br />
nombreuses entités (Figure 58).<br />
Figure 58 : Arbre phylogénétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s canaux TRP humains.<br />
Il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> regrouper ces différentes protéines en trois c<strong>la</strong>sses appelées TRPC<br />
(pour canonical), TRPV (pour vanilloid) et TRPM (pour me<strong>la</strong>statin). Il existe d’autres canaux<br />
qui peuvent être apparentés aux TRP (TRPA, TRPP, TRP-N, TRP-ML) mais dont<br />
l’homologie <strong>de</strong> séquence est restreinte à quelques segments transmembranaires (C<strong>la</strong>pham et<br />
al., 2003).<br />
1.1 TRPV<br />
La famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s TRPV compte 6 membres (TRPV1-TRPV6). Les TRPV1 à TRPV4<br />
sont <strong>de</strong>s canaux cationiques non sé<strong>le</strong>ctifs et faib<strong>le</strong>ment perméab<strong>le</strong>s au Ca 2+ . Les canaux<br />
TRPV1 à V3 sont sensib<strong>le</strong>s aux fortes températures (Benham et al., 2003) et <strong>le</strong>s TRPV4 sont<br />
activés par <strong>le</strong> gonf<strong>le</strong>ment cellu<strong>la</strong>ire (Arniges et al., 2004).<br />
131
Les propriétés <strong>de</strong>s canaux TRPV5 et TRPV6 sont différentes. Ils possè<strong>de</strong>nt une forte<br />
sé<strong>le</strong>ctivité pour <strong>le</strong> Ca 2+ et sont régulés par <strong>le</strong> Ca 2+ intracellu<strong>la</strong>ire (Nilius et al., 2000). Ils<br />
jouent un rô<strong>le</strong> important dans <strong>le</strong>s transports transépithéliaux <strong>de</strong> Ca 2+ et agissent comme une<br />
voie d’influx <strong>de</strong> Ca 2+ dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s non excitab<strong>le</strong>s (Nijenhuis et al., 2003). Les canaux<br />
TRPV sont inhibés par <strong>le</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium (Tab<strong>le</strong>au 22).<br />
Protéines Activation Inhibition<br />
TRPV1<br />
Capsaicin, 2-APB, dépo<strong>la</strong>risation, forte température<br />
>43°C<br />
Rouge <strong>de</strong> ruthénium<br />
Capsazepine<br />
TRPV2 Forte température >53°C Rouge <strong>de</strong> ruthénium<br />
TRPV3<br />
TRPV4<br />
2-ABP<br />
23°C53°C<br />
Gonf<strong>le</strong>ment cellu<strong>la</strong>ire<br />
PMA<br />
TRPV5 Constitutivement actif<br />
TRPV6 Constitutivement actif<br />
Rouge <strong>de</strong> ruthénium<br />
La 3+<br />
Rouge <strong>de</strong> ruthénium<br />
La 3+ , Gd 3+<br />
Rouge <strong>de</strong> ruthénium<br />
Pb 2+ , Cu 2+ , Gd 3+<br />
Rouge <strong>de</strong> ruthénium<br />
La 3+ , Cd 3+ , Mg 2+<br />
Tab<strong>le</strong>au 22: Résumé <strong>de</strong>s caractéristiques d’activation et d’inhibition <strong>de</strong>s canaux TRPV.<br />
1.2 TRPC<br />
La famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s TRPC compte 7 membres : <strong>de</strong> TRPC1 à TRPC7.<br />
Les canaux TRPC1, TRPC4 et TRPC5 sont très simi<strong>la</strong>ires structurel<strong>le</strong>ment et<br />
fonctionnel<strong>le</strong>ment. Le canal TRPC1 a été <strong>le</strong> premier TRPC i<strong>de</strong>ntifié chez <strong>le</strong>s mammifères, il<br />
est exprimé au niveau neuronal, dans <strong>le</strong>s musc<strong>le</strong>s et dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s bronchiques<br />
humaines (Corteling et al., 2004). Les canaux TRPC1, TRPC4 et TRPC5 sont fortement<br />
perméab<strong>le</strong>s au Ca 2+ et activab<strong>le</strong>s par <strong>la</strong> déplétion <strong>de</strong>s stocks calciques intracellu<strong>la</strong>ires (SOC :<br />
Store-Operated Channel, Ga<strong>la</strong>n et al., 2010 ; Wor<strong>le</strong>y et al., 2007 ; Beech, 2005). Cependant,<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ont décrit que lorsque <strong>la</strong> protéine TRPC1 est exprimée <strong>de</strong> manière hétérologue,<br />
el<strong>le</strong> peut être activée <strong>de</strong> manière indépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> vidange <strong>de</strong>s stocks calciques<br />
intracellu<strong>la</strong>ires (Montell, 2005).<br />
Le TRPC2 est un pseudogène chez l’homme, c'est-à-dire qu’il possè<strong>de</strong> une séquence d’ADN<br />
associée à un gène fonctionnel mais qui n’est pas transcrit à cause <strong>de</strong> mutations ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte<br />
<strong>de</strong> séquences <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion (Wes et al., 1995).<br />
132
Les canaux TRPC3, TRPC6 et TRPC7 possè<strong>de</strong>nt entre eux 75 % d’homologie au niveau <strong>de</strong>s<br />
aci<strong>de</strong>s aminés et une sensibilité commune au DAG (Hofmann et al., 1999). Les canaux<br />
TRPC3 et TRPC6 sont <strong>de</strong>s RAC (Receptor Activated Channel), <strong>le</strong>ur activation n’est pas<br />
dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> vidange calcique (Bou<strong>la</strong>y et al., 1997) et ils sont activés par <strong>le</strong> DAG (Tab<strong>le</strong>au<br />
23). Cependant, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s recentes montrent que <strong>le</strong>s canaux TRPC3 et TRPC6 sont<br />
éga<strong>le</strong>ment regulés par <strong>la</strong> proteine STIM1 (Ga<strong>la</strong>n et al., 2010 ; Wor<strong>le</strong>y et al., 2007). Les<br />
canaux TRPC3 et TRPC6 sont localisés à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s<br />
po<strong>la</strong>risées. Enfin, <strong>le</strong> canal TRPC7 est <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier TRPC découvert. En 2004, Lievremont et<br />
col<strong>la</strong>borateurs ont montré que TRPC7 pouvait être à <strong>la</strong> fois un RAC et un SOC (Lievremont<br />
et al., 2004; Tab<strong>le</strong>au 23).<br />
Protéines Activation Inhibition<br />
TRPC1 SOC<br />
Gd 3+ , La 3+ ,<br />
2-APB, SKF96365<br />
TRPC2 Analogue du DAG 2-APB<br />
TRPC3 RAC, OAG<br />
TRPC4 SOC<br />
TRPC5<br />
TRPC6<br />
SOC,<br />
La 3+ , Gd 3+<br />
RAC, OAG,<br />
AIF4, flufenamate, hyperforine, H2O2<br />
TRPC7 RAC, OAG<br />
Gd 3+ , La 3+ ,<br />
2-ABP, SKF96365, Pyr3<br />
La 3+ ,<br />
2-ABP<br />
La 3+ ,<br />
SKF96365<br />
Gd 3+ , La 3+ , amilori<strong>de</strong>,<br />
2-ABP, SKF96365<br />
La 3+ ,<br />
SKF96365, amilori<strong>de</strong><br />
Tab<strong>le</strong>au 23 : Résumé <strong>de</strong>s caractéristiques d’activation et d’inhibition <strong>de</strong>s canaux TRPC.<br />
En résumé <strong>le</strong>s canaux TRPV et TRPC possè<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s caractéristiques et <strong>la</strong> localisation<br />
nécessaires pour jouer un rô<strong>le</strong> dans l’entrée du calcium induite par <strong>le</strong> guanabenz dans nos<br />
modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s humaines.<br />
Au cours <strong>de</strong> ce travail, nous avons décrit l’effet in vitro, ex vivo et in vivo du<br />
guanabenz. Ensuite, nous avons déterminé son mécanisme d’action, en nous basant sur <strong>le</strong>s<br />
données bibliographiques et sur <strong>le</strong>s résultats obtenus par notre <strong>la</strong>boratoire (Antigny et al.,<br />
2010).<br />
133
3. Effet du guanabenz in vitro, ex vivo et in vivo<br />
3.1 Effet du guanabenz in vitro<br />
Dans un premier temps, nous avons cherché à confirmer l’effet du guanabenz, sur nos<br />
modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s trachéa<strong>le</strong>s humaines CF (Kammouni et al., 1999) et non-CF<br />
(MM39). Les résultats obtenus sont résumés dans <strong>la</strong> Figure 59.<br />
A guanabenz<br />
guanabenz + DIDS<br />
B<br />
B<br />
0.25 basal<br />
k (min -1 k (min )<br />
-1 )<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
CF-KM4<br />
0 2 4 6 8<br />
Temps (min)<br />
Figure 59 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF15, CF-KM4 et MM39.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracés représentatifs <strong>de</strong> l’activation d’un efflux d’iodure induit par <strong>le</strong> guanabenz et inhibé par <strong>le</strong><br />
DIDS dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4. B- Histogrammes récapitu<strong>la</strong>tifs <strong>de</strong> l’effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF15,<br />
CF-KM4 et MM39. Les concentrations utilisées sont 100 µM <strong>de</strong> guanabenz et 500 µM <strong>de</strong> DIDS, n = 4 pour<br />
chaque condition testée.<br />
La Figure 59 montre que <strong>le</strong> guanabenz active un efflux d’iodure, inhibé par <strong>le</strong> DIDS, dans <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s mucoviscidosiques nasa<strong>le</strong>s CF15, trachéa<strong>le</strong>s CF-KM4 et non-mucoviscidosiques<br />
trachéa<strong>le</strong>s MM39. Cet efflux est inhibé par <strong>le</strong> DIDS, un inhibiteur <strong>de</strong>s canaux CaCC. Cette<br />
première série d’expériences confirme que <strong>le</strong> guanabenz est un activateur du CaCC dans <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s et démontre que son effet est indépendant <strong>de</strong>s caractéristiques<br />
mucoviscidosiques <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s.<br />
kpeak-kbasal (min -1 kpeak-kbasal (min )<br />
-1 )<br />
-0.05<br />
guanabenz guanabenz<br />
+ + DIDS DIDS<br />
basal basal<br />
guanabenz guanabenz<br />
+ + DIDS DIDS<br />
basal basal<br />
guanabenz guanabenz<br />
+ + DIDS DIDS<br />
basal basal<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous avons déterminé l’effet du guanabenz sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
fraîchement dissociées issues <strong>de</strong> biopsies pulmonaires humaines, grâce aux mesures <strong>de</strong><br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
CF15 CF-KM4 MM39<br />
n = 4<br />
134
variations <strong>de</strong> fluorescence avec <strong>la</strong> son<strong>de</strong> oxonol. Ce test a été réalisé sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s non-CF<br />
et <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF homozygotes ou hétérozygote pour <strong>la</strong> mutation F508<strong>de</strong>l (F508<strong>de</strong>l/H1085R ;<br />
F508<strong>de</strong>l/R1066C) : ces mutants correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s mutants d’adressage <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine<br />
CFTR. Cette technique a été préférée aux efflux d’iodure car el<strong>le</strong> permet <strong>de</strong> manipu<strong>le</strong>r sur un<br />
nombre restreint <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s. Les résultats obtenus sont présentés Figure 60.<br />
A B<br />
Fx<br />
40 guanabenz<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
-10<br />
DIDS<br />
n = 3<br />
0 5<br />
Temps (min)<br />
10<br />
Figure 60 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s pulmonaires humaines.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracé représentatif <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluorescence induit par <strong>le</strong> guanabenz et inhibé par <strong>le</strong><br />
DIDS sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s issues <strong>de</strong> poumons non-CF. B- Histogrammes représentants l’effet du guanabenz sur <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s humaines non-CF et <strong>de</strong> CF portant différentes mutations d’adressage. Les concentrations<br />
utilisées sont 100 µM <strong>de</strong> guanabenz et 500 µM <strong>de</strong> DIDS.<br />
Ces résultats montrent que <strong>le</strong> guanabenz induit une augmentation <strong>de</strong> fluorescence inhibée par<br />
<strong>le</strong> DIDS dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s pulmonaires humaines fraîchement dissociées non-CF ou CF. Cette<br />
<strong>de</strong>uxième série d’expériences confirme par une secon<strong>de</strong> technique l’effet non-<br />
mucoviscidosique-dépendant <strong>de</strong> l’activation du CaCC par <strong>le</strong> guanabenz. D’autre part, ces<br />
résultats montrent que <strong>le</strong> guanabenz active <strong>le</strong>s CaCC non seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires<br />
épithélia<strong>le</strong>s mais aussi <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s fraîchement dissociées.<br />
F508<strong>de</strong>l/H1085R<br />
F508<strong>de</strong>l/H1085R<br />
F508<strong>de</strong>l/H1085R<br />
F508<strong>de</strong>l/H1085R<br />
F508<strong>de</strong>l/R1066C<br />
F508<strong>de</strong>l/R1066C<br />
F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l<br />
F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l<br />
Ensuite, afin <strong>de</strong> constituer une monocouche <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s po<strong>la</strong>risées, <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s humaines issues <strong>de</strong> biopsies pulmonaires non-CF ont été mises en culture sur <strong>de</strong>s<br />
inserts (Corning, pore 4 µM) constitués d’une membrane semi-perméab<strong>le</strong> <strong>de</strong> polycarbonate en<br />
interface air-liqui<strong>de</strong> : ces conditions permettent <strong>de</strong> recréer un environnement physiologique<br />
∆Fx ∆Fx<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
non-CF<br />
CF<br />
6 13 7 6<br />
135
nécessaire pour <strong>le</strong> développement d’un épithélium. Les inserts montés en chambre <strong>de</strong> Ussing,<br />
nous permettent <strong>de</strong> déterminer l’effet du guanabenz sur un épithélium reconstitué <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s<br />
po<strong>la</strong>risées (Figure 61).<br />
A B<br />
10µA/cm 2<br />
5min<br />
Figure 61 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s pulmonaires po<strong>la</strong>risées non-CF.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracé représentatif <strong>de</strong> l’augmentation du courant <strong>de</strong> court-circuit (Isc) obtenue après l’addition <strong>de</strong><br />
guanabenz en présence d’amilori<strong>de</strong> et inhibé par <strong>le</strong> DIDS. B- Histogramme récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’effet du guanabenz<br />
sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s humaines po<strong>la</strong>risées. Les concentrations utilisées sont 100 µM <strong>de</strong> guanabenz, 500 µM <strong>de</strong> DIDS<br />
et 100 µM d’amilori<strong>de</strong>.<br />
L’amilori<strong>de</strong>, un inhibiteur <strong>de</strong>s canaux ENaC, est utilisé pour tester <strong>la</strong> viabilité <strong>de</strong> nos inserts.<br />
La Figure 61 montre que <strong>le</strong> guanabenz induit une augmentation du courant <strong>de</strong> court-circuit<br />
inhibée par <strong>le</strong> DIDS sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s po<strong>la</strong>risées issues <strong>de</strong> poumons humains. Ces résultats sont<br />
concordants avec ceux publiés précé<strong>de</strong>mment (Norez et al., 2008c) démontrant un effet du<br />
guanabenz sur un épithélium reconstitué à partir <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> lignées CF, CF15. Ces<br />
éléments démontrent que l’effet activateur <strong>de</strong> CaCC du guanabenz n’est pas dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
po<strong>la</strong>risation <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s.<br />
Amilori<strong>de</strong><br />
guanabenz<br />
En conclusion, nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> guanabenz active <strong>le</strong>s canaux CaCC<br />
dans l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s cellu<strong>la</strong>ires utilisés, qu’ils soient CF ou non-CF, po<strong>la</strong>risés ou non<br />
d’origine nasa<strong>le</strong>, trachéa<strong>le</strong> ou pulmonaire. Des expériences additionnel<strong>le</strong>s ont ensuite été<br />
conduites, dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong>s effets du guanabenz ex vivo et in vivo sur <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong> souris cftr -/- et cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l .<br />
DIDS<br />
∆Isc (µA/cm 2 )<br />
25<br />
0<br />
-50<br />
-75<br />
-100<br />
5<br />
amilori<strong>de</strong><br />
5<br />
guanabenz<br />
136
3.2 Effet du guanabenz ex vivo<br />
Dans un premier temps, <strong>le</strong>s effets ex vivo du guanabenz sur l’épithélium colonique <strong>de</strong><br />
souris cftr -/- ont été testés par <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> chambre <strong>de</strong> Ussing (Figure 62).<br />
A<br />
A<br />
Isc (µA/cm²)<br />
5<br />
0<br />
-5<br />
-10<br />
-15<br />
3µM<br />
1µM<br />
10µM<br />
30µM<br />
Guanabenz<br />
100µM<br />
300µM<br />
500µM<br />
10min<br />
Figure 62 : Effet du guanabenz sur l’épithélium colonique <strong>de</strong> souris cftr -/- .<br />
A- Tracé représentatif <strong>de</strong> l’augmentation dose-dépendante du courant <strong>de</strong> court-circuit induite par <strong>de</strong>s<br />
concentrations croissantes <strong>de</strong> guanabenz, après <strong>la</strong> solubilisation du mucus apical par 10 mM <strong>de</strong> dithiothreitol.<br />
B- Courbe dose-réponse correspondante. Ces expériences sont réalisées en présence d’amilori<strong>de</strong>, un inhibiteur<br />
du canal sodium ENaC, présent comme <strong>le</strong> CFTR à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s.<br />
La Figure 62 met en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> guanabenz induit une augmentation dose-dépendante du<br />
courant <strong>de</strong> court-circuit chez <strong>le</strong>s souris cftr -/- avec une EC50 <strong>de</strong> 93 µM. Le guanabenz est donc<br />
un activateur, ex vivo, du CaCC sur <strong>le</strong> colon <strong>de</strong> souris cftr -/- .<br />
3.3 Effet du guanabenz in vivo<br />
Les effets in vivo du guanabenz sur <strong>le</strong> CaCC ont ensuite été testés par <strong>la</strong> technique <strong>de</strong><br />
mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire sur <strong>le</strong>s souris cftr -/- (Figure 63). Le guanabenz a été testé en<br />
présence d’acétylcholine qui permet une activation <strong>de</strong>s CaCC chez ces souris (Best &<br />
Quinton, 2005). La Figure 63 démontre que <strong>le</strong> guanabenz potentialise <strong>la</strong> sécrétion salivaire<br />
induite par l’acétylcholine chez <strong>le</strong>s souris cftr -/- . Cette potentialisation est dose-dépendante, et<br />
<strong>de</strong>vient significativement différente pour 500 µM <strong>de</strong> guanabenz.<br />
B<br />
B<br />
% d'activation maxima<strong>le</strong><br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
EC50 = 93 ± 1.3 µM<br />
-6 -5 -4 -3<br />
Log [Guanabenz] (M)<br />
137
A<br />
Figure 63 : Sécrétion salivaire induite par <strong>le</strong> guanabenz sur <strong>de</strong>s souris cftr -/- .<br />
A- Tracé représentant <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire tota<strong>le</strong> induite par <strong>le</strong> guanabenz en présence ou en<br />
absence d’acétylcholine. B- Histogrammes représentant <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire tota<strong>le</strong> induite par<br />
<strong>le</strong> guanabenz en présence d’acétylcholine.<br />
Les souris cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l représentant un meil<strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> d’étu<strong>de</strong> pour <strong>la</strong><br />
mucoviscidose que <strong>le</strong>s souris cftr -/- , nous avons réalisé <strong>de</strong>s expériences i<strong>de</strong>ntiques sur ce type<br />
<strong>de</strong> souris. Les résultats sont présentés Figure 64.<br />
A<br />
Moyenne <strong>de</strong> secretion<br />
salivaire (µg.min-1.g-1)<br />
Moyenne <strong>de</strong> secretion<br />
salivaire (µg.min-1.g-1)<br />
60 Acetylcholine 100µM (N=14)<br />
40<br />
20<br />
0<br />
100 Acetylcholine 100µM (N=24)<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
+ Guanabenz 500µM (N=14)<br />
0 3 6 9 12 15<br />
Temps (min)<br />
+ Guanabenz 700µM (N=9)<br />
6 9 12 15 18 21<br />
Temps (min)<br />
Figure 64 : Sécrétion salivaire induite par <strong>le</strong> guanabenz sur <strong>de</strong>s souris cftr -/- .<br />
A- Tracé représentant <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire tota<strong>le</strong> induite par <strong>le</strong> guanabenz en présence ou en<br />
absence d’acétylcholine. B- Histogrammes représentant <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion salivaire tota<strong>le</strong> induite par<br />
<strong>le</strong> guanabenz en présence d’acétylcholine.<br />
B<br />
Sécretion salivaire tota<strong>le</strong><br />
(mg.g -1 )<br />
B<br />
Sécretion salivaire tota<strong>le</strong><br />
(mg.g -1 )<br />
0.4<br />
0.3<br />
0.2<br />
0.1<br />
0.0<br />
0.6<br />
0.4<br />
0.2<br />
0.0<br />
24 23<br />
Acetylcholine 100µM<br />
+ Guanabenz 100µM<br />
+ Guanabenz 500µM<br />
*<br />
14 7 14<br />
Acetylcholine 100µM<br />
+ Guanabenz 500µM<br />
+ Guanabenz 700µM<br />
*<br />
9<br />
138
La Figure 64 montre que <strong>le</strong> guanabenz potentialise <strong>la</strong> sécrétion salivaire induite par<br />
l’acétylcholine chez <strong>le</strong>s souris cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l . Cette potentialisation <strong>de</strong>vient significativement<br />
différente pour 700µM <strong>de</strong> guanabenz.<br />
L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s résultats présentés Figure 63 et Figure 64 démontrent que <strong>le</strong> guanabenz est un<br />
activateur, in vivo, du CaCC dans <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> souris cftr -/- et cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l .<br />
En conclusion <strong>de</strong> cette première partie, nous avons démontré l’efficacité in vitro, ex<br />
vivo et in vivo du guanabenz sur différentes lignées cellu<strong>la</strong>ires et différents modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong> souris<br />
CF ou non. Ces résultats bien que préliminaires sont encourageants dans <strong>le</strong> cadre du<br />
développement d’une pharmacologie alternative pour <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
4. Mécanisme d’action du guanabenz<br />
Le guanabenz est une molécu<strong>le</strong> commercialisée pour être un agoniste 2-adrénergique.<br />
Nous nous sommes donc intéressés à <strong>la</strong> possib<strong>le</strong> implication <strong>de</strong>s récepteurs 2-adrénergiques<br />
dans <strong>la</strong> réponse du guanabenz. Ayant précé<strong>de</strong>mment démontré que l’action du guanabenz se<br />
faisait via une entrée <strong>de</strong> calcium extracellu<strong>la</strong>ire (Norez et al., 2008c). Nous avons par <strong>la</strong> suite<br />
testé l’effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC et TRPV qui possè<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s caractéristiques<br />
nécessaires pour jouer un rô<strong>le</strong> dans l’entrée <strong>de</strong> calcium induite par <strong>le</strong> guanabenz.<br />
4.1 Le guanabenz : un agoniste 2-adrénergique<br />
Le guanabenz est un agoniste 2-adrénergique utilisé pour <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong><br />
l’hypertension (Wytensin ® ). Pour tester l’implication <strong>de</strong> ces récepteurs dans <strong>la</strong> réponse au<br />
guanabenz, nous avons déterminé l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> clonidine, un agoniste 2-adrénergique, et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
cirazoline, un antagoniste 2-adrénergique et un agoniste 1-adrénergique sur <strong>le</strong>s canaux<br />
CaCC (Figure 65).<br />
139
A B<br />
k peak-k basal (min -1 )<br />
0.25<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
guanabenz<br />
Figure 65 : Comparaison <strong>de</strong>s effets du guanabenz, <strong>de</strong> <strong>la</strong> clonidine et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cirazoline<br />
sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC.<br />
A- Histogrammes représentants l’efflux d’iodure induit par <strong>le</strong> guanabenz, <strong>la</strong> clonidine et <strong>la</strong> cirazoline.<br />
B- Histogrammes représentants <strong>la</strong> fluorescence induite par <strong>le</strong> guanabenz, <strong>la</strong> clonidine et <strong>la</strong> cirazoline. Les<br />
concentrations utilisées sont 100 µM <strong>de</strong> guanabenz, 100 µM <strong>de</strong> clonidine et 100 µM <strong>de</strong> cirazoline.<br />
Par <strong>de</strong>ux techniques différentes, nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce dans <strong>la</strong> Figure 65 que <strong>la</strong><br />
clonidine et <strong>la</strong> cirazoline ne présentent aucun effet sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC. Bien que<br />
<strong>de</strong>mandant a être confirmés (autres agonistes 2-adrénergiques, différentes concentrations…),<br />
ces résultats semb<strong>le</strong>nt démontrer que l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz est<br />
indépendante <strong>de</strong>s récepteurs 2-adrénergiques.<br />
4.2 Effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC et TRPV<br />
a. Effet <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong>s canaux TRPC et TRPV<br />
Afin <strong>de</strong> déterminer l’implication <strong>de</strong>s canaux TRPC et TRPV dans l’activation <strong>de</strong>s<br />
CaCC par <strong>le</strong> guanabenz, nous avons utilisé <strong>de</strong>ux inhibiteurs spécifiques : <strong>le</strong> rouge <strong>de</strong><br />
ruthénium (RR), un inhibiteur <strong>de</strong>s canaux TRPV et <strong>le</strong> SKF96365, un inhibiteur <strong>de</strong>s canaux<br />
TRPC (Figure 66).<br />
**<br />
ns<br />
clonidine<br />
ns<br />
cirazoline<br />
basal<br />
n = 12<br />
∆Fx<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
-10<br />
63<br />
guanabenz<br />
43<br />
clonidine<br />
33<br />
cirazoline<br />
140
Figure 66 : Effet du guanabenz sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC en présence <strong>de</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium ou <strong>de</strong> SKF.<br />
Histogrammes représentants l’efflux d’iodure (A) et l’augmentation <strong>de</strong> fluorescence (B) induits par <strong>le</strong> guanabenz<br />
en présence <strong>de</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium (RR) et <strong>de</strong> SKF96365. Les concentrations utilisées sont 100 µM <strong>de</strong><br />
guanabenz, 50 µM <strong>de</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium et 10 µM <strong>de</strong> SKF96365.<br />
La Figure 66 montre, par <strong>de</strong>ux techniques différentes, que l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong><br />
guanabenz est inhibée uniquement par <strong>le</strong> SKF96365 alors que <strong>le</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium ne<br />
présente aucun effet. Le SKF96365 est un inhibiteur spécifique <strong>de</strong>s canaux TRPC, ces<br />
résultats suggèrent donc une action du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC.<br />
Précé<strong>de</strong>mment, notre <strong>la</strong>boratoire a décrit <strong>la</strong> présence dans ces trois modè<strong>le</strong>s cellu<strong>la</strong>ires<br />
(CF15, CF-KM4 et MM39) <strong>de</strong>s canaux TRPC1 et TRPC6 (Antigny et al., 2010). Dans <strong>la</strong><br />
secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous nous sommes donc intéressés plus particulièrement à<br />
l’effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC1 et TRPC6 par <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une stratégie <strong>de</strong><br />
siRNA.<br />
A B<br />
% d'activation maxima<strong>le</strong><br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
guanabenz<br />
b. Effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC1<br />
Par <strong>la</strong> transfection <strong>de</strong> siRNA TRPC1, nous avons induit l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine<br />
TRPC1 dans notre modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 et avons ensuite mesuré <strong>la</strong> mobilisation<br />
calcique et l’activation <strong>de</strong>s CaCC induites par <strong>le</strong> guanabenz dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s transfectées<br />
avec <strong>le</strong> siRNA TRPC1 en comparaison <strong>de</strong>s réponses obtenues dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s transfectées<br />
avec du siRNA contrô<strong>le</strong> (Ctrl) ou <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s non-traitées (NT). Dans un premier temps, nous<br />
avons vérifié l’extinction <strong>de</strong> notre protéine d’intérêt par western-blot. Les résultats sont<br />
présentés Figure 67.<br />
ns<br />
+ RR<br />
***<br />
+ SKF<br />
ns<br />
basal<br />
n = 12<br />
% d'activation maxima<strong>le</strong><br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
guanabenz<br />
ns<br />
+ RR<br />
***<br />
37 17 21<br />
+ SKF<br />
141
A B<br />
86 KDa<br />
70 KDa<br />
NT<br />
siRNA<br />
Ctrl<br />
Figure 67 : Effet du siRNA contrô<strong>le</strong> et TRPC1 sur l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC1 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-<br />
KM4, en comparaison avec une protéine <strong>de</strong> référence.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> western-blot représentatif <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC1 en présence <strong>de</strong> siRNA TRPC1.<br />
B- Histogrammes représentant <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> protéine TRPC1 par rapport à <strong>la</strong> protéine <strong>de</strong> référence.<br />
La Figure 67 montre une extinction <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC1. Dans ces<br />
expériences une protéine <strong>de</strong> référence, <strong>la</strong> protéine Hsp70 a été utilisé et une transfection par<br />
un siRNA contrô<strong>le</strong> a servi <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> négatif. Le siRNA TRPC1 permet donc une extinction<br />
efficace mais partiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC1.<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous avons mesuré <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong> calcium induite par <strong>le</strong><br />
guanabenz sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>ment transfectées avec <strong>le</strong> siRNA contrô<strong>le</strong> ou <strong>le</strong><br />
siRNA TRPC1 (Figure 68).<br />
siRNA<br />
TRPC1<br />
WB: TRPC1<br />
WB: Hsp70<br />
A B<br />
10mM<br />
50s<br />
Guanabenz<br />
siRNA Ctrl<br />
siRNA TRPC1<br />
Figure 68 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC1 sur <strong>la</strong> mobilisation calcique induite par <strong>le</strong> guanabenz sur <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC1.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> représentatif <strong>de</strong> l’augmentation du calcium intracellu<strong>la</strong>ire induite par <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion avec 100 µM <strong>de</strong><br />
guanabenz. B- Histogramme représentant <strong>la</strong> normalisation <strong>de</strong> l’aire sons <strong>la</strong> courbe en réponse à <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion.<br />
Ratio TRPC1/Hsp70<br />
1.25<br />
1.00<br />
0.75<br />
0.50<br />
0.25<br />
0.00<br />
Aires sous <strong>la</strong> courbe<br />
normalisées<br />
NT<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
siRNA Ctrl<br />
siRNA Ctrl<br />
siRNA TRPC1<br />
ns<br />
16 14<br />
siRNA TRPC1<br />
n = 3<br />
142
Le guanabenz induit une mobilisation du calcium extracellu<strong>la</strong>ire i<strong>de</strong>ntique dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
CF-KM4 transfectées par <strong>le</strong> siRNA contrô<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> siRNA TRPC1. Le canal TRPC1 ne semb<strong>le</strong><br />
donc pas impliqué dans l’entrée <strong>de</strong> calcium extracellu<strong>la</strong>ire induite par <strong>le</strong> guanabenz.<br />
Dans un troisième temps, nous avons étudié l’activation du CaCC par <strong>le</strong> guanabenz sur<br />
<strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non par <strong>le</strong> siRNA TRPC1 (Figure 69).<br />
A<br />
k (min -1 )<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
n = 4<br />
0 2 4 6 8<br />
Temps (min)<br />
Figure 69 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC1 sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
CF-KM4 transfectées ou non avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC1.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracés représentatifs <strong>de</strong> l’activation d’un efflux d’iodure induit par 100 µM <strong>de</strong> guanabenz sur <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non. B- Histogrammes récapitu<strong>la</strong>tifs l’activation du CaCC par 100 µM <strong>de</strong><br />
guanabenz, inhibée par 10µM <strong>de</strong> SKF96365 sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non.<br />
Le guanabenz induit une activation du CaCC non significativement différentes dans <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées par du siRNA TRPC1, du siRNA contrô<strong>le</strong> ou non transfectées.<br />
Le canal TRPC1 ne semb<strong>le</strong> donc pas impliqué dans l’activation du CaCC induite par <strong>le</strong><br />
guanabenz.<br />
En conclusion, <strong>le</strong> siRNA TRPC1 induit une extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC1 mais<br />
aucune modification <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation calcique et <strong>de</strong> l’activation du CaCC induit par <strong>le</strong><br />
guanabenz. Ces résultats suggèrent que <strong>le</strong> mécanisme d’action du guanabenz est indépendant<br />
du TRPC1.<br />
guanabenz<br />
NT<br />
siRNA Ctrl<br />
siRNA TRPC1<br />
B<br />
% d'activation maxima<strong>le</strong><br />
125<br />
100<br />
75<br />
50<br />
25<br />
0<br />
NT siRNA Ctrl siRNA TRPC1<br />
guanabenz<br />
+ SKF<br />
basal<br />
ns<br />
guanabenz<br />
+ SKF<br />
basal<br />
ns<br />
guanabenz<br />
+ SKF<br />
basal<br />
n = 4<br />
143
c. Effet du guanabenz sur <strong>le</strong>s canaux TRPC6<br />
De <strong>la</strong> même façon, nous avons étudié l’effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 sur<br />
<strong>la</strong> mobilisation calcique et l’activation <strong>de</strong>s CaCC induites par <strong>le</strong> guanabenz.<br />
Dans un premier temps, nous avons vérifié l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 après<br />
transfection avec du siRNA TRPC6 par western-blot. La protéine ß-tubuline a servi <strong>de</strong><br />
protéine référence lors <strong>de</strong> ces expériences. Les résultats sont présentés Figure 70.<br />
Figure 70 : Effet du siRNA contrô<strong>le</strong> et TRPC6 sur l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-<br />
KM4, en comparaison avec une protéine <strong>de</strong> référence.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> gel représentatif <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 en présence <strong>de</strong> siRNA TRPC6.<br />
B- Histogrammes représentant <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> protéine TRPC6 par rapport à <strong>la</strong> protéine <strong>de</strong> référence.<br />
Nous avons démontré que <strong>le</strong> siRNA TRPC6 induit l’extinction d’environ 50% <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine<br />
TRPC6.<br />
A B<br />
100 KDa<br />
55 KDa<br />
NT<br />
siRNA<br />
TRPC6<br />
WB: TRPC6<br />
WB: ß-Tubulin<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous avons testé l’effet du siRNA TRPC6 sur <strong>la</strong><br />
mobilisation calcique induite par <strong>le</strong> guanabenz (Figure 71). Nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce que<br />
l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 provoque une diminution d’environ 40% <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation<br />
calcique induite par <strong>le</strong> guanabenz. Le canal TRPC6 semb<strong>le</strong> donc impliqué dans l’entrée <strong>de</strong><br />
calcium extracellu<strong>la</strong>ire induite par <strong>le</strong> guanabenz.<br />
Ratio TRPC6/βtubulin<br />
1.25<br />
1.00<br />
0.75<br />
0.50<br />
0.25<br />
0.00<br />
NT<br />
***<br />
siRNA TRPC6<br />
n = 2<br />
144
A<br />
10mM<br />
50s<br />
Guanabenz<br />
siRNA Ctrl<br />
siRNA TRPC6<br />
Figure 71 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC6 sur <strong>la</strong> mobilisation calcique induite par <strong>le</strong> guanabenz sur <strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC6.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> représentatif <strong>de</strong> l’augmentation du calcium intracellu<strong>la</strong>ire induite par <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion avec 100 µM <strong>de</strong><br />
guanabenz. B- Histogramme représentant <strong>la</strong> normalisation <strong>de</strong> l’aire sons <strong>la</strong> courbe en réponse à <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion.<br />
B<br />
Aires sous <strong>la</strong> courbe<br />
normalisées<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
siRNA Ctrl<br />
***<br />
34 33<br />
siRNA TRPC6<br />
145
Enfin, nous avons testé l’effet du siRNA TRPC6 sur l’activation du CaCC induite par <strong>le</strong><br />
guanabenz (Figure 72).<br />
A<br />
k (min -1 )<br />
0.4<br />
0.3<br />
0.2<br />
0.1<br />
guanabenz<br />
0.0<br />
n = 4<br />
0 2 4 6 8<br />
Temps (min)<br />
NT<br />
siRNA Ctrl<br />
siRNA TRPC6<br />
Figure 72 : Effet <strong>de</strong> l’extinction <strong>de</strong> TRPC6 sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />
CF-KM4 transfectées ou non avec un siRNA contrô<strong>le</strong> ou un siRNA TRPC6.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracés représentatifs <strong>de</strong> l’activation d’un efflux d’iodure induit par 100 µM <strong>de</strong> guanabenz sur <strong>de</strong>s<br />
cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non. B- Histogrammes récapitu<strong>la</strong>tifs l’activation du CaCC par 100 µM <strong>de</strong><br />
guanabenz, inhibée par 10 µM <strong>de</strong> SKF96365 sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 transfectées ou non.<br />
Nous avons montré que cette diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation calcique s’accompagne<br />
d’une diminution d’environ 50% <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz. Les 50% <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
réponse restant sont inhibé par <strong>le</strong> SKF96365.<br />
L’extinction même partiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine TRPC6 induit à <strong>la</strong> fois une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mobilisation <strong>de</strong> calcium et d’activation <strong>de</strong>s CaCC induite par <strong>le</strong> guanabenz. Ces résultats<br />
suggèrent que <strong>le</strong> canal TRPC6 est impliqué dans l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz en<br />
permettant une entrée du calcium extracellu<strong>la</strong>ire dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s. Notre travail a donc permis<br />
l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> <strong>la</strong> cib<strong>le</strong> ou d’une <strong>de</strong>s cib<strong>le</strong>s du guanabenz : <strong>le</strong> canal calcique TRPC6.<br />
4.3 I<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation <strong>de</strong>s CaCC<br />
Le canal TRPC6 est impliqué dans l’activation <strong>de</strong>s CaCC par <strong>le</strong> guanabenz,<br />
l’activation <strong>de</strong> ce canal peut donc être considérée comme une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation <strong>de</strong>s<br />
CaCC dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s. Pour vérifier cette hypo<strong>thèse</strong>, nous avons testé l’effet<br />
B<br />
% d'activation maxima<strong>le</strong><br />
125<br />
100<br />
75<br />
50<br />
25<br />
0<br />
guanabenz<br />
+ SKF<br />
basal<br />
NT siRNA Ctrl siRNA TRPC6<br />
ns<br />
guanabenz<br />
+ SKF<br />
basal<br />
***<br />
guanabenz<br />
+ SKF<br />
basal<br />
4
d’un activateur connu du canal TRPC6, l’OAG (O<strong>le</strong>oyl-2-Acetyl-sn-Glycerol), sur<br />
l’activation <strong>de</strong>s CaCC.<br />
Nous avons d’abord vérifié que l’OAG induit une mobilisation <strong>de</strong> calcium inhibée par<br />
<strong>le</strong> SKF96365 dans notre modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s CF-KM4 (Figure 73).<br />
Figure 73 : Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracé représentatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation calcique induite par l’OAG et inhibée par <strong>le</strong><br />
(Figure 74).<br />
50nM<br />
100s<br />
SKF96365 dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4.<br />
Ensuite, nous avons testé l’effet <strong>de</strong> l’OAG sur l’activation du CaCC en efflux d’iodure<br />
A B<br />
k (min -1 )<br />
0.20<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
OAG<br />
basal<br />
0.00<br />
n = 4<br />
0 2 4 6 8<br />
Temps (min)<br />
k (min -1 )<br />
Figure 74 : Effet <strong>de</strong> l’OAG sur l’activation <strong>de</strong>s CaCC sur <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF-KM4.<br />
A- Exemp<strong>le</strong> <strong>de</strong> tracés représentatifs <strong>de</strong> l’activation d’un efflux d’iodure induite par 100 µM d’OAG.<br />
B- Histogramme récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> 100 µM d’OAG en présence <strong>de</strong> 10 µM CFTRinh-172, <strong>de</strong> 10 µM <strong>de</strong><br />
OAG<br />
+SKF<br />
0.15<br />
0.10<br />
0.05<br />
0.00<br />
-0.05<br />
OAG<br />
-172<br />
inh<br />
OAG+CFTR<br />
OAG+DIDS<br />
OAG+RR<br />
DIDS, <strong>de</strong> 50 µM <strong>de</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium et <strong>de</strong> 10 µM <strong>de</strong> SKF96365.<br />
ns<br />
ns<br />
*** *** ***<br />
OAG+SKF<br />
basal<br />
n = 4<br />
147
Nous avons démontré que l’OAG induit l’activation d’un efflux d’iodure inhibé par <strong>le</strong> DIDS<br />
mais pas par <strong>le</strong> CFTRinh-172. L’OAG est donc un activateur <strong>de</strong>s CaCC. De plus, cette réponse<br />
est inhibée par <strong>le</strong> SKF96365 mais pas par <strong>le</strong> rouge <strong>de</strong> ruthénium. Ces résultats suggèrent que<br />
l’OAG est un activateur <strong>de</strong>s CaCC par l’intermédiaire <strong>de</strong> l’activation du canal TRPC6.<br />
Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> découverte d’une cib<strong>le</strong> du guanabenz, notre étu<strong>de</strong> a donc permis<br />
l’i<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation <strong>de</strong>s CaCC via <strong>le</strong> canal TRPC6. Cette<br />
découverte présente un intérêt thérapeutique dans <strong>la</strong> mucoviscidose en proposant <strong>le</strong> TRPC6<br />
comme nouvel<strong>le</strong> cib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s approches pharmacologiques. Ce travail fait l’objet d’un<br />
artic<strong>le</strong> en cours d’écriture.<br />
5. Discussion<br />
Le guanabenz (Wytensin ® ) est une molécu<strong>le</strong> prescrite pour <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong><br />
l’hypertension. Précé<strong>de</strong>mment, nous avions démontré que <strong>le</strong> guanabenz permettait l’activation<br />
<strong>de</strong>s canaux chlorure calcium-dépendants dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s nasa<strong>le</strong>s CF, CF15.<br />
Cette nouvel<strong>le</strong> étu<strong>de</strong>, nous a permis dans un premier temps <strong>de</strong> confirmer l’effet<br />
activateur du CaCC par <strong>le</strong> guanabenz en utilisant <strong>de</strong>s lignées cellu<strong>la</strong>ires trachéa<strong>le</strong>s CF et non<br />
CF (CF-KM4 et MM39) et <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s humaines bronchiques fraichement dissociées issues<br />
<strong>de</strong> poumons CF ou non-CF. En effet nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> guanabenz est un<br />
activateur <strong>de</strong> CaCC aussi bien sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s CF présentant différentes mutations<br />
d’adressage <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR (F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l ; F508<strong>de</strong>l/H1085R ; F508<strong>de</strong>l/R1066C)<br />
que sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s non-CF, sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s po<strong>la</strong>risées ou non et sur plusieurs modè<strong>le</strong>s<br />
cellu<strong>la</strong>ires (trachéal, nasal et bronchique). Nous avons ensuite démontré l’activation du CaCC<br />
par <strong>le</strong> guanabenz ex vivo sur du colon <strong>de</strong> souris cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l et in vivo grâce à <strong>de</strong>s mesures<br />
<strong>de</strong> sécrétion salivaire.<br />
Ces résultats sont prometteurs et ouvrent <strong>de</strong>s pistes pour une nouvel<strong>le</strong> application<br />
pharmacologique du guanabenz dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. En effet, bien que <strong>la</strong> voie<br />
<strong>de</strong>s CaCC ait été proposée comme une alternative dans <strong>la</strong> mucoviscidose, peu d’agent ont été<br />
développé. L’exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus abouti concerne Moli1901 qui fait aujourd’hui l’objet d’essais<br />
148
cliniques ayant donnés <strong>de</strong>s résultats encourageants. Ces essais montrent que <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong><br />
stimu<strong>le</strong> <strong>le</strong> transport <strong>de</strong>s ions chlorures in vivo au niveau <strong>de</strong> l’épithélium nasal. De plus, <strong>le</strong><br />
traitement est apparu sans danger pour <strong>le</strong>s patients ado<strong>le</strong>scents et adultes présentant une<br />
altération modérée <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur fonction pulmonaire (Grasemann et al., 2007; Zeitlin et al., 2004).<br />
D’autre part, il n’existe à l’heure actuel<strong>le</strong> que peu d’activateurs connus du CaCC. Ces<br />
résultats concernant <strong>le</strong> guanabenz, s’ils venaient à se confirmer sur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s non-<br />
épithélia<strong>le</strong>s, apporterait alors un nouvel outil dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> scientifique et pourrait être<br />
intéressants dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> pathologie ou une déficience <strong>de</strong> l’activité du CaCC a été observée.<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, nous avons cherché à i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong> mécanisme d’action du<br />
guanabenz. Nous avons démontré par l’utilisation <strong>de</strong> clonidine et <strong>de</strong> cirazoline,<br />
respectivement un agoniste et un antagoniste 2-adrénergique, que <strong>le</strong> guanabenz agit <strong>de</strong> façon<br />
indépendante <strong>de</strong>s récepteurs adrénergiques. En effet, <strong>la</strong> clonidine et <strong>la</strong> cirazoline n’activent<br />
pas <strong>le</strong> CaCC, au contraire du guanabenz.<br />
Dans <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> guanabenz active <strong>le</strong> CaCC,<br />
via l’entrée <strong>de</strong> calcium extracellu<strong>la</strong>ire par <strong>le</strong> canal TRPC6. Le mécanisme d’action du<br />
guanabenz sur <strong>le</strong> TRPC6 reste inconnu, sa structure chimique ne présente pas d’analogie avec<br />
<strong>le</strong>s activateurs connus du TRPC6 tel que <strong>le</strong> DAG (diacylglycérol ; Figure 75).<br />
Guanabenz<br />
Figure 75 : Structure chimique du guanabenz, du DAG et d’un dérivé actif <strong>de</strong> l’hyperforine.<br />
En 2007, un composé <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s phloroglucinols, l’hyperforine a été décrite comme<br />
étant un nouvel activateur spécifique du TRPC6 (Leuner et al., 2007). Récemment une étu<strong>de</strong><br />
structure-activité <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s a été réalisée afin d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong><br />
pharmacophore nécessaire à l’activation du canal TRPC6 (Leuner et al., 2010). Cette étu<strong>de</strong> a<br />
mis en évi<strong>de</strong>nce l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure 2,4-diacylphloroglucinols pour l’activation du<br />
TRPC6 (Leuner et al., 2010). Cependant <strong>le</strong> guanabenz ne présente pas d’analogie <strong>de</strong> structure<br />
149
avec <strong>le</strong>s 2,4- diacylphloroglucinols (Figure 75). Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> structure-activité à partir <strong>de</strong><br />
dérivés du guanabenz est donc en cours en col<strong>la</strong>boration avec l’équipe du Dr Marc Blon<strong>de</strong>l<br />
(INSERM U613, équipe génétique molécu<strong>la</strong>ire et génétique épidémiologique <strong>de</strong> Brest) afin<br />
<strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong> pharmacophore <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong> et <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s plus<br />
spécifiques du TRPC6.<br />
L’i<strong>de</strong>ntification d’un nouvel activateur <strong>de</strong> TRPC6 présente éga<strong>le</strong>ment un intérêt<br />
thérapeutique. En effet, <strong>le</strong> TRPC6 semb<strong>le</strong> jouer un rô<strong>le</strong> critique dans <strong>la</strong> constriction <strong>de</strong>s<br />
petites artères et artério<strong>le</strong>s (Welsh et al., 2002), il a aussi été décrit comme ayant un rô<strong>le</strong><br />
important dans <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion du volume vascu<strong>la</strong>ire (Inoue et al., 2001) et dans <strong>la</strong> contraction<br />
du musc<strong>le</strong> lisse bronchique (Gosling et al., 2005). Il a éga<strong>le</strong>ment été décrit comme étant<br />
impliqué dans l’hypertension pulmonaire (Loot et al., 2010), <strong>le</strong>s ma<strong>la</strong>dies cardiovascu<strong>la</strong>ires<br />
(Rowell et al., 2010) et <strong>la</strong> glomérulosclérose foca<strong>le</strong> segmentaire (Winn et al., 2005). De plus,<br />
il semb<strong>le</strong> jouer un rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> nombreux cancer tel que <strong>le</strong> cancer du sein<br />
(Guilbert et al., 2008), <strong>le</strong> cancer <strong>de</strong>s poumons (Zhang et al., 2010), <strong>le</strong>s cancers <strong>de</strong> l’œsophage<br />
et <strong>de</strong> l’estomac (Prevarskaya et al., 2007). Or à ce jour, <strong>la</strong> pharmacologie du TRPC6 reste<br />
pauvre. Depuis sa découverte en 2007 (Leuner et al., 2007) l’hyperforine a été décrite comme<br />
ayant <strong>de</strong>s effets neurobiologiques positifs en vue d’une thérapie pour <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die d’Alzheimer<br />
(Griffith et al., 2010). Ces travaux ouvrent <strong>de</strong>s perspectives intéressantes pour <strong>de</strong> potentiel<strong>le</strong>s<br />
applications du guanabenz.<br />
En conclusion, cette secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> a permis <strong>de</strong> mettre en lumière l’intérêt que pouvait<br />
représenter <strong>le</strong> guanabenz dans <strong>la</strong> mucoviscidose tout en re<strong>le</strong>vant une nouvel<strong>le</strong> voie origina<strong>le</strong><br />
d’activation du CaCC via TRPC6. L’i<strong>de</strong>ntification d’un nouvel agent pharmacologique<br />
activateur du TRPC6 et indirectement du CaCC ainsi que d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation du<br />
CaCC représente une avancée scientifique importante pouvant se répercuter sur <strong>de</strong><br />
nombreuses pathologies.<br />
150
Conclusions généra<strong>le</strong>s et perspectives<br />
La mucoviscidose est une ma<strong>la</strong>die héréditaire, causée par <strong>la</strong> mutation du canal CFTR.<br />
L’objectif principal <strong>de</strong> <strong>la</strong> thérapie pharmacologique consiste donc à restaurer <strong>la</strong> sécrétion <strong>de</strong>s<br />
ions chlorures au niveau <strong>de</strong>s épithéliums mucoviscidosiques. Les étu<strong>de</strong>s présentées dans ce<br />
manuscrit ont été axées sur <strong>de</strong>ux famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> restaurer cette sécrétion<br />
chlorure. La première famil<strong>le</strong> <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s étudiées agit en activant <strong>la</strong> protéine CFTR (Figure<br />
76) : <strong>le</strong> membre <strong>le</strong> plus efficace <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong> est <strong>le</strong> GPact-11a. Le second composé étudié<br />
active une voie alternative <strong>de</strong> sécrétion <strong>de</strong>s ions chlorure dépendante du CaCC (Figure 76), il<br />
s’agit du guanabenz.<br />
Activateur du CaCC :<br />
Guanabenz<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Activateurs du CFTR :<br />
GPact-11a et GPact-26a<br />
Figure 76 : Répresentation schématique <strong>de</strong> l’effet du guanabenz, du GPact11a et du GPact-26a<br />
sur <strong>le</strong>s transports ioniques à <strong>la</strong> surface d’une cellu<strong>le</strong>.<br />
La première partie <strong>de</strong> ma <strong>thèse</strong> correspond à l’étu<strong>de</strong> d’une nouvel<strong>le</strong> famil<strong>le</strong><br />
d’activateurs <strong>de</strong> CFTR, <strong>le</strong>s adduits méthylglyoxal-alpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong>, en<br />
col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Département <strong>de</strong> Pharmacochimie Molécu<strong>la</strong>ire dirigé par <strong>le</strong> Pr Jean-Luc<br />
Décout. Bien que <strong>le</strong>s premières molécu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> cette famil<strong>le</strong> aient été caractérisée comme <strong>de</strong>s<br />
inhibiteurs <strong>de</strong> CFTR, i.e <strong>le</strong> GPinh-5a (Routaboul et al., 2007), cette nouvel<strong>le</strong> étu<strong>de</strong> nous a<br />
permis i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>ux activateur : <strong>le</strong> GPact-11a et <strong>le</strong> GPact-26a. En effet, nous avons décrit<br />
l’effet activateur du GPact-11a sur différentes lignées cellu<strong>la</strong>ires (EC50 <strong>de</strong> 2 µM), et sur <strong>de</strong>s<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
151
cellu<strong>le</strong>s issues <strong>de</strong> biopsies pulmonaires non-CF ou CF préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>ment corrigées par <strong>le</strong><br />
miglustat. Nous avons éga<strong>le</strong>ment démontré que <strong>le</strong> GPact-11a stimu<strong>le</strong> ex vivo et in vivo<br />
l’activité du CFTR. Cependant <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s complémentaires ont démontré un défaut<br />
d’accessibilité du GPact-11a à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’épithélium colonique causé par<br />
l’épaisse couche <strong>de</strong> mucus au niveau subapical. La première perspective <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>,<br />
consiste donc à <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> comp<strong>le</strong>xes avec <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> solubiliser ou<br />
d’encapsu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> GPact-11a. Dans <strong>la</strong> littérature, <strong>de</strong>s travaux ont décrit une amélioration <strong>de</strong><br />
l’absorption intestina<strong>le</strong> lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> co-administration d’un composé d’intérêt avec un agent<br />
mucolytique ou un surfactant non-ionique (Takatsuka et al., 2006a; Takatsuka et al., 2006b;<br />
Takatsuka et al., 2008). Bien que <strong>le</strong>s premiers résultats préliminaires que nous avons obtenus<br />
avec <strong>la</strong> cystéine et <strong>la</strong> cyclo<strong>de</strong>xtrine ne soient pas concluant, nous allons continuer ces<br />
expériences en testant avec différents types d’agents mucolytiques et <strong>de</strong> surfactants non-<br />
ioniques.<br />
La perspective <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>, consiste à réaliser <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> gavage intrapéritonéa<strong>le</strong><br />
et ora<strong>le</strong> <strong>de</strong> souris cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l avec <strong>le</strong> GPact-11a et un correcteur <strong>de</strong> CFTR tel que <strong>le</strong><br />
miglustat. Ces expériences <strong>de</strong> gavages permettront d’évaluer <strong>le</strong>s effets d’un traitement à long<br />
terme sur <strong>la</strong> survie et <strong>la</strong> sécrétion salivaire <strong>de</strong>s souris. Les résultats <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> pourraient<br />
avoir un intérêt majeur dans l’optique d’une bithérapie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose et d’un futur essai<br />
clinique.<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, une étu<strong>de</strong> structure-activité <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxal-<br />
alpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong> a permis l’i<strong>de</strong>ntification d’une autre molécu<strong>le</strong> activatrice du<br />
CFTR : <strong>le</strong> GPact-26a (EC50 = 7.5 µM). L’effet activateur <strong>de</strong> cette molécu<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment été<br />
confirmé ex vivo et in vivo. Nous allons donc poursuivre l’étu<strong>de</strong> structure-activité que nous<br />
réalisons en col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong> Pr Jean-Luc Décout afin d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s plus<br />
efficaces et spécifiques du CFTR.<br />
Dans un troisième temps, <strong>la</strong> recherche du mécanisme d’action <strong>de</strong> ces composés représente une<br />
perspective importante. Des pistes sur <strong>le</strong> mécanisme d’action du GPact-11a ont été i<strong>de</strong>ntifiées<br />
lors <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong>. L’absence d’effet du GPact-11a sur <strong>le</strong> taux d’AMPc et son inefficacité à<br />
stimu<strong>le</strong>r <strong>la</strong> sécrétion chlorure <strong>de</strong>s mutants G551D-, G1349D-, et du doub<strong>le</strong> mutant<br />
G551D/G1349D-CFTR suggèrent un effet direct <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> domaine NBD1 et/ou<br />
NDB2 du CFTR au niveau <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> fixations et d’hydrolyse <strong>de</strong> l’ATP. Cette famil<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
molécu<strong>le</strong>s comprend à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>s inhibiteurs et <strong>de</strong>s activateurs <strong>de</strong> CFTR, <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur<br />
152
inhibiteur et <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur activateur ont une structure chimique très proche, il est donc probab<strong>le</strong><br />
qu’ils se lient sur <strong>le</strong> même site <strong>de</strong> fixation et y entrainent <strong>de</strong>ux actions opposées (Figure 77).<br />
A<br />
HO<br />
Figure 77 : Structure chimique du GPinh-5a, GPact-11a et GPact-26a.<br />
La partie hydrophi<strong>le</strong> et chargée commune à ces trois molécu<strong>le</strong>s (entourée en noir, Figure 77)<br />
constituerait <strong>le</strong> site <strong>de</strong> fixation du GPact-11a sur <strong>le</strong> CFTR et <strong>la</strong> chaine hydrophobe qui diffère<br />
(entourée en rouge, Figure 77) déterminerait l’effet inhibiteur ou activateur.<br />
Afin d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong> site <strong>de</strong> fixation exacte du GPact-11a sur <strong>le</strong> CFTR, <strong>de</strong>s expériences<br />
complémentaires <strong>de</strong> « binding » doivent être menées, et pour ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong><br />
mutagénèses dirigées seront nécessaires. Ce type d’expérience est déjà réalisé, dans notre<br />
équipe, par Arnaud Bil<strong>le</strong>t, dans <strong>le</strong> but d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong> site <strong>de</strong> fixation du MBP-91 sur <strong>le</strong> CFTR.<br />
Nous disposons donc <strong>de</strong>s compétences et <strong>de</strong>s outils nécessaires pour <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> cette<br />
étu<strong>de</strong>. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s constructions récentes <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s en trois dimensions du CFTR<br />
réalisées entre autres par <strong>le</strong> Dr Cal<strong>le</strong>baut (Mornon et al., 2008; Mornon et al., 2009)<br />
permettraient <strong>de</strong>s approches d’étu<strong>de</strong>s in silico pour l’i<strong>de</strong>ntification du site <strong>de</strong> liaison du<br />
GPact-11a sur <strong>le</strong> CFTR.<br />
La secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> mon travail <strong>de</strong> <strong>thèse</strong> est basée sur l’étu<strong>de</strong> d’un nouvel activateur<br />
du CaCC, <strong>le</strong> guanabenz, i<strong>de</strong>ntifié en col<strong>la</strong>boration avec l’équipe <strong>de</strong> génétique molécu<strong>la</strong>ire et<br />
génétique épidémiologique du Dr Marc Blon<strong>de</strong>l. Tout d’abord, nous avons confirmé l’effet<br />
activateur du guanabenz sur <strong>le</strong> CaCC en utilisant <strong>de</strong>ux lignées cellu<strong>la</strong>ires trachéa<strong>le</strong>s et<br />
bronchiques humaines CF et non CF. Puis nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> guanabenz<br />
stimu<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion chlorure CaCC ex vivo et in vivo.<br />
De plus, <strong>la</strong> recherche du mécanisme d’action du guanabenz a permis l’i<strong>de</strong>ntification d’une<br />
nouvel<strong>le</strong> voie d’activation du CaCC via une entrée <strong>de</strong> calcium extracellu<strong>la</strong>ire par <strong>le</strong> canal<br />
TRPC6.<br />
O<br />
N<br />
N<br />
HN<br />
N<br />
OH<br />
GPinh-5a<br />
COO<br />
OH<br />
N<br />
OH<br />
GPact-11a<br />
GPact-11a GPact-26a<br />
153
Nous avons démontré une re<strong>la</strong>tion entre <strong>le</strong> CaCC et <strong>le</strong> TRPC6 cependant nous ne pouvons pas<br />
conclure quand à <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>-ci. En effet, l’interaction entre ces <strong>de</strong>ux canaux peut être<br />
physique ou uniquement fonctionnel<strong>le</strong>. Une étu<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte réalisée dans notre équipe par<br />
Fabrice Antigny a déjà mis en évi<strong>de</strong>nce un coup<strong>la</strong>ge fonctionnel entre <strong>le</strong> canal TRPC6 et <strong>le</strong><br />
CFTR dans un comp<strong>le</strong>xe molécu<strong>la</strong>ire (Antigny et al., 2010). De plus, plusieurs étu<strong>de</strong>s<br />
précé<strong>de</strong>ntes ont mis en évi<strong>de</strong>nce une re<strong>la</strong>tion entre <strong>le</strong> canal CFTR et <strong>le</strong> CaCC (Kunzelmann et<br />
al., 1997; Wei et al., 2001). On peut donc envisager que <strong>le</strong>s canaux TRPC6, CaCC et CFTR<br />
fassent partie du même comp<strong>le</strong>xe molécu<strong>la</strong>ire. De plus, nous émettons l’hypo<strong>thèse</strong> que<br />
l’augmentation <strong>de</strong> calcium provoquée par <strong>le</strong> guanabenz est un phénomène local et sous<br />
membranaire, dans ce cas <strong>le</strong> TRPC6 et <strong>le</strong> CaCC seraient physiquement proches. Cependant<br />
nous ne pouvons pas exclure l’hypo<strong>thèse</strong> que <strong>le</strong> TRPC6 induit une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
quantité tota<strong>le</strong> <strong>de</strong> calcium dans <strong>la</strong> cellu<strong>le</strong>. L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces hypo<strong>thèse</strong>s seront testées afin<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> lien qui unit ces <strong>de</strong>ux protéines.<br />
Un gavage <strong>de</strong> souris cftr -/- et cftr F508<strong>de</strong>l/F508<strong>de</strong>l au guanabenz peut éga<strong>le</strong>ment être envisagé afin<br />
d’évaluer <strong>le</strong>s effets d’un traitement à long terme sur <strong>la</strong> survie <strong>de</strong>s souris. Des gavages <strong>de</strong><br />
souris au guanabenz ont déjà été réalisés, dans l’équipe du Dr Marc Blon<strong>de</strong>l, sur un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
souris présentant une ma<strong>la</strong>die à prions. Le gavage au guanabenz ne pas induit d’effets<br />
secondaires indésirab<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s animaux (Tribouil<strong>la</strong>rd-Tanvier et al., 2008).<br />
A plus long terme, <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité molécu<strong>la</strong>ire du CaCC dans nos modè<strong>le</strong>s <strong>de</strong><br />
cellu<strong>le</strong>s trachéa<strong>le</strong>s apparait comme une perceptive séduisante. Il serait d’abord nécessaire<br />
pour cette étu<strong>de</strong> d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s protéines TMEM16, bestrophines et SL26 présentent dans nos<br />
cellu<strong>le</strong>s. Par exemp<strong>le</strong>, une étu<strong>de</strong> récente a permis <strong>la</strong> quantification <strong>de</strong>s ARNm <strong>de</strong> différents<br />
candidats molécu<strong>la</strong>ire du CaCC dans plusieurs tissus, par <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> RT-PCR<br />
quantitative (Braun et al., 2010).<br />
L’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces résultats nous permettent aujourd’hui d’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> nouveaux<br />
champs d’investigation et <strong>de</strong> découverte <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose. La pharmacologie<br />
associée à <strong>la</strong> mucoviscidose est <strong>de</strong> plus en plus riche et diversifiée (Figure 78).<br />
154
Figure 78 : Schéma représentatif <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s pharmacologiques existantes dans <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mucoviscidose.<br />
Les c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> mutation <strong>de</strong> <strong>la</strong> protéine CFTR sont encerclée en b<strong>le</strong>u et numérotée <strong>de</strong> I à IV.<br />
ENac : canaux sodiques épithéliaux, RE : réticulum endop<strong>la</strong>smique, GI et GII : glucosidases I et II,<br />
HSP : protéine <strong>de</strong> choc thermique, IBMX : isobutyl méthlyxanhine, MPB : benzoquinolizinium,<br />
PDE : phosphodiesterases, SERCA : pompe calcium ATPase, Ub : ubiquitine.<br />
Au vue du grand nombre <strong>de</strong> cib<strong>le</strong>s pharmacologiques pour <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose,<br />
il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s thérapies multip<strong>le</strong>s associant par exemp<strong>le</strong> un correcteur <strong>de</strong><br />
CFTR, et un activateur <strong>de</strong>s CaCC afin <strong>de</strong> potentialiser au maximum <strong>la</strong> sécrétion chlorure au<br />
niveau <strong>de</strong>s épithéliums.<br />
En conclusion, dans notre étu<strong>de</strong>, l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nouvel<strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong><br />
molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> restaurer <strong>la</strong> sécrétion chlorure au niveau <strong>de</strong>s épithéliums CF et d’une<br />
voie d’activation du CaCC apparaissent désormais comme autant <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s stratégies <strong>de</strong><br />
traitement pharmacologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
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I<strong>de</strong>ntification of a novel water solub<strong>le</strong> activator of wild-type and F508<strong>de</strong>l CFTR: GPact-<br />
11a.<br />
J Bertrand, B Boucher<strong>le</strong>, A Bil<strong>le</strong>t, P Melin, L Dannhoffer, C Van<strong>de</strong>brouck, C Jay<strong>le</strong>, C<br />
Routaboul, M Molina, J Décout, F Becq and C Norez. Eur Respir J. 36, 311-322. 2010 Jan<br />
28. DOI : 10.1183/09031936.00122509.<br />
TRPC6 links Ca 2+ mishandling to CFTR channel dysfunction in cystic fibrosis.<br />
F Antigny, C Norez, L Dannhoffer, J Bertrand, D Raveau, P Corbi, C Jay<strong>le</strong>, F Becq, and C<br />
Van<strong>de</strong>brouck. Am J Respir Cell Mol Bio. 2010 Marsh 4. DOI :10.1165/rcmb.2009-0347OC.<br />
179
Présentations ora<strong>le</strong>s:<br />
LISTE DES COMMUNICATIONS<br />
- I<strong>de</strong>ntification of TRPC6 as a novel potential target to activate CaCC in human CF<br />
airway epithelial cells.<br />
The 33 rd European Cystic Fibrosis Conference, 16-19 June 2010, Va<strong>le</strong>ncia, France.<br />
Résumé publié : Journal of Cystic Fibrosis (volume 9, Juin 2010) S16<br />
- Pharmacological activation of Ca 2+ -<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt Cl - channels in human and mouse<br />
epithelial cells.<br />
5 ème congrès <strong>de</strong> Physiologie, Pharmacologie et thérapeutique, 23-25 Marsh 2010, Bor<strong>de</strong>aux,<br />
France.<br />
Résumé publié : Fundamental and Clinical Pharmacology (volume 24, Avril 2010) 8 et 348<br />
- Pharmacological characterization of a novel water-solub<strong>le</strong> activator of F508<strong>de</strong>l-CFTR.<br />
The 32 nd European Cystic Fibrosis Conference, 10-13 June 2009, Brest, France.<br />
Résumé publié : Journal of Cystic Fibrosis (volume 8, Juin 2009) S25<br />
Résumé récompensé par <strong>le</strong> prix du jeune chercheur.<br />
- GPact-11a: new CFTR activator.<br />
2 nd European CF Young Investigator Meeting, 27-29 August 2008, Lil<strong>le</strong>, France.<br />
Présentations poster:<br />
- I<strong>de</strong>ntification of TRPC6 as a novel potential target to activate CaCC in human CF<br />
airway epithelial cells.<br />
The 33 rd European Cystic Fibrosis Conference, 16-19 June 2010, Va<strong>le</strong>ncia, France.<br />
Résumé publié : Journal of Cystic Fibrosis (volume 9, Juin 2010) S16<br />
- Evaluation of a novel activator of Ca 2+ -<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt Cl - channel in Cystic Fibrosis and<br />
knock-out mo<strong>de</strong>ls : guanabenz<br />
The 23 nd annual North American Cystic Fibrosis Conference, 15-17 October 2009,<br />
Minneapolis, USA.<br />
Résumé publié : Pediatric Pulmonology (2009) 261<br />
- Pharmacological characterization of a novel water-solub<strong>le</strong> activator of F508<strong>de</strong>l-CFTR.<br />
The 32 nd European Cystic Fibrosis Conference, 10-13 June 2009, Brest, France.<br />
180
Résumé publié : Journal of Cystic Fibrosis (volume 8, Juin 2009) S25<br />
Résumé récompensé par <strong>le</strong> prix du jeune chercheur.<br />
- Evaluation <strong>de</strong>s effets ex vivo et in vivo d’un nouvel activateur du courant chlorure<br />
Ca 2+ -dépendant : <strong>le</strong> guanabenz<br />
10 ème Colloque <strong>de</strong>s Jeunes chercheurs en mucoviscidose, 16 Marsh 2009, Paris, France.<br />
- In vivo evaluation and mechanism of action of a new CFTR activator: GPact-11a.<br />
The 22 nd annual North American Cystic Fibrosis Conference, 23-25 October 2008, Or<strong>la</strong>ndo,<br />
USA.<br />
Résumé publié : Pediatric Pulmonology (2008)58<br />
- GPact-11a: new CFTR activator.<br />
2 nd European CF Young Investigator Meeting, 27-29 August 2008, Lil<strong>le</strong>, France.<br />
- Découverte d’un nouvel activateur sé<strong>le</strong>ctif <strong>de</strong> CFTR : <strong>le</strong> GPact-11a.<br />
9 ème Colloque <strong>de</strong>s Jeunes chercheurs en mucoviscidose, 21 Marsh 2008, Paris, France.<br />
181
Johanna BERTRAND<br />
Née <strong>le</strong> 12/08/1984 à Niort (79)<br />
Adresse personnel<strong>le</strong> : Adresse professionnel<strong>le</strong> :<br />
Rési<strong>de</strong>nce Compostel<strong>le</strong> Institut <strong>de</strong> Physiologie et <strong>de</strong> Biologie Cellu<strong>la</strong>ire<br />
8 bou<strong>le</strong>vard Marat CNRS UMR 6187, PBS<br />
Appt D 135 Pô<strong>le</strong> Biologie Santé <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong><br />
86000 <strong>Poitiers</strong>, France 1, rue Georges Bonnet<br />
86022 <strong>Poitiers</strong> Ce<strong>de</strong>x<br />
Tel: 06 88 09 19 86 Tél: 05 49 45 39 31<br />
Couriel: johanna.bertrand@etu.univ-poitiers.fr<br />
FORMATION<br />
2007 : MASTER Science Biologiques et Médica<strong>le</strong>s <strong>Université</strong> NANTES<br />
Option biologie, biotechnologies et recherche thérapeutique.<br />
2005 : LICENCE Biologie Biochimie <strong>Université</strong> NANTES<br />
Option biologie cellu<strong>la</strong>ire et physiologie anima<strong>le</strong>.<br />
2004 : DEUG Science <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>Université</strong> LA ROCHELLE<br />
ACTIVITE DE RECHERCHE<br />
Depuis Septembre 2007 : Doctorat<br />
Projet : Thérapie pharmacologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> mucoviscidose.<br />
Co-direction scientifique : Pr Fré<strong>de</strong>ric Becq et Dr Caroline Norez.<br />
Institut <strong>de</strong> Physiologie et <strong>de</strong> Biologie Cellu<strong>la</strong>ires, UMR CNRS 6187, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong>, France.<br />
Avril 2006 - Juin 2007 : Stage MASTER<br />
Projet : Thérapie pharmacologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> dystrophie muscu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Duchenne.<br />
Direction scientifique : Dr Corinne Huchet-Cadiou.<br />
UMR CNRS 6204, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> NANTES, France.<br />
Mai - Juin 2005 : Stage LICENCE<br />
Projet : Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong>s protéines contracti<strong>le</strong>s.<br />
Direction scientifique : Dr Corinne Huchet-Cadiou.<br />
UMR CNRS 6204, <strong>Université</strong> <strong>de</strong> NANTES, France.<br />
DOMAINES DE COMPETENCES<br />
Techniques:<br />
Techniques <strong>de</strong> biochimie et biologie molécu<strong>la</strong>ire :<br />
182
Transfection <strong>de</strong> siRNA, RT-PCR, Immunoprécipitation et Western-Blotting.<br />
Techniques <strong>de</strong> biologie cellu<strong>la</strong>ire :<br />
Culture cellu<strong>la</strong>ire.<br />
Techniques <strong>de</strong> physiologie cellu<strong>la</strong>ire :<br />
Mesure <strong>de</strong> calcium (Fluo-4), mesure <strong>de</strong> potentiel membranaire (Oxonol) et mesure <strong>de</strong> courant<br />
transepitheliaux sur cellu<strong>le</strong>s po<strong>la</strong>risées en chambre <strong>de</strong> Ussing.<br />
Techniques <strong>de</strong> physiologie anima<strong>le</strong> :<br />
Mesure <strong>de</strong> sécrétion salivaire sur <strong>la</strong> souris et <strong>le</strong> rat, mesure <strong>de</strong> courant transepitheliaux sur organes<br />
isolés en chambre <strong>de</strong> Ussing, prélèvement et microdissection manuel<strong>le</strong> <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s muscu<strong>la</strong>ires<br />
sque<strong>le</strong>ttiques (souris), mesure <strong>de</strong> contraction muscu<strong>la</strong>ire (fibres perméabilisées, musc<strong>le</strong> isolé) et tests<br />
<strong>de</strong> motricité sur <strong>la</strong> souris (Grip strength - Wire test - Rotarod test- Dép<strong>la</strong>cement -Curiosité).<br />
Manipu<strong>la</strong>tion et Expérimentation sur animaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>boratoire :<br />
Dissection et manipu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> souris, prélèvement sanguin, gavage et gestion <strong>de</strong> l’é<strong>le</strong>vage <strong>de</strong> souris<br />
(entretien et reproduction).<br />
Informatique :<br />
Photoshop, confocal assitant, Acquire et analyse, Origin, GraphPrism et logiciels courants sous<br />
windows.<br />
Langues étrangères:<br />
Ang<strong>la</strong>is : lu parlé écrit notion<br />
Espagnol : lu parlé notion<br />
RESPONSABILITES COLLECTIVES<br />
2008-2010 : Trésorière <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Doctorants en Biologie et Environnement <strong>de</strong> <strong>Poitiers</strong><br />
2008-2009 : Membre du comité <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong> <strong>la</strong> gazette <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> Physiologie <strong>de</strong> Biologie<br />
Cellu<strong>la</strong>ire.<br />
FONCTION D’ENCADREMENT<br />
2009 : Encadrement d’un étudiant en troisième année <strong>de</strong> licence Physiologie Animal et Neuroscience.<br />
Stage <strong>de</strong> 6 semaines « Mesure <strong>de</strong> l’effet in vivo du GPact-11a sur <strong>le</strong> rat par <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> sécrétion<br />
salivaire ».<br />
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ACTIVITES D’ENSEIGNEMENT<br />
2010-2011 8 h <strong>de</strong> travaux pratiques <strong>de</strong> physiologie (Licence 3)<br />
2009-2010 18 h <strong>de</strong> cours magistraux <strong>de</strong> biologie cellu<strong>la</strong>ire (Licence 3)<br />
28 h <strong>de</strong> travaux pratiques <strong>de</strong> physiologie (Master 1)<br />
8 h <strong>de</strong> travaux pratiques <strong>de</strong> physiologie (Licence 3)<br />
2008-2009 6 h <strong>de</strong> travaux dirigés <strong>de</strong> biologie cellu<strong>la</strong>ire (Licence 2)<br />
PRIX<br />
12 h <strong>de</strong> travaux pratiques <strong>de</strong> physiologie (Licence 2)<br />
Prix du jeune chercheur à <strong>la</strong> 32 ième « European Cystic Fibrosis Conference » du 10 au 13 Juin 2009,<br />
Brest, France.<br />
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Titre : Approches pharmacologiques <strong>de</strong> CFTR et <strong>de</strong> CaCC dans <strong>la</strong> mucoviscidose<br />
Résumé<br />
La mucoviscidose résulte <strong>de</strong> <strong>la</strong> mutation du gène codant pour <strong>la</strong> protéine CFTR<br />
(Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regu<strong>la</strong>tor) induisant un défaut <strong>de</strong> sécrétion <strong>de</strong>s<br />
ions chlorure à <strong>la</strong> membrane apica<strong>le</strong> <strong>de</strong>s épithéliums respiratoires, digestifs et reproducteurs.<br />
L’objectif <strong>de</strong> ce travail était <strong>de</strong> caractériser <strong>de</strong>s molécu<strong>le</strong>s capab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> restaurer une<br />
sécrétion chlorure dans <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s mucoviscidosiques in vitro, ex vivo et in vivo. Dans un<br />
premier temps, nous avons i<strong>de</strong>ntifié <strong>de</strong>ux composés <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s adduits méthylglyoxa<strong>la</strong>lpha-aminoazahétérocyc<strong>le</strong><br />
(ie <strong>le</strong> GPact-11a et <strong>le</strong> GPact-26a) comme activateurs non-toxiques<br />
et hydrosolub<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s CFTR sauvages et F508<strong>de</strong>l. Dans une secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, nous<br />
avons i<strong>de</strong>ntifié un nouvel activateur <strong>de</strong>s canaux TRPC6 : <strong>le</strong> guanabenz. Nous avons mis en<br />
évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong> guanabenz induit l’activation <strong>de</strong>s canaux chlorures calcium-dépendant<br />
(CaCC) via une entrée <strong>de</strong> calcium extracellu<strong>la</strong>ire par <strong>le</strong> canal TRPC6.<br />
La restauration <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion chlorure grâce à l’activation du F508<strong>de</strong>l-CFTR ou du<br />
CaCC représente une approche pharmacologique efficace et mesurab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> mucoviscidose. De plus, l’i<strong>de</strong>ntification d’une nouvel<strong>le</strong> voie d’activation du CaCC via<br />
TRPC6 représente une avancée scientifique pouvant se répercuter sur d’autres pathologies.<br />
Mots clés : Pharmacologie, CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regu<strong>la</strong>tor),<br />
CaCC (Calcium Activated Chlori<strong>de</strong> Channel), mucoviscidose, souris transgéniques.<br />
Summary<br />
Cystic Fibrosis (CF) is a genetic disor<strong>de</strong>r characterized by mutations on the CFTR<br />
(Cystic Fibrosis Tran membrane conductance Regu<strong>la</strong>tor) protein resulting in a failure of<br />
CFTR <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt chlori<strong>de</strong> conductance in epithelial cells.<br />
The aim of this work was focused on i<strong>de</strong>ntifying compounds ab<strong>le</strong> to restore chlori<strong>de</strong><br />
secretion in Cystic Fibrosis mo<strong>de</strong>l using in vitro, ex vivo and in vivo techniques. Firstly, we<br />
i<strong>de</strong>ntified two methylglyoxal-alpha-aminoazaheterocyc<strong>le</strong> adducts (GPact-11a and GPact-26a)<br />
as new water-solub<strong>le</strong> and non-toxic wt- and F508<strong>de</strong>l-CFTR activators. In a second part of this<br />
study, we i<strong>de</strong>ntified guanabenz as a new TRPC6 channel activator. We <strong>de</strong>monstrated that<br />
guanabenz activates CaCC by an entry of extracellu<strong>la</strong>r calcium through TRPC6 channel.<br />
Restoration of chlori<strong>de</strong> secretion by the activation of F508<strong>de</strong>l-CFTR or CaCC<br />
represents an effective and measurab<strong>le</strong> pharmacological approach for Cystic Fibrosis<br />
treatments. Furthermore, i<strong>de</strong>ntification of TRPC6 as a new target to activate CACC represents<br />
a scientific breakthrough with several therapeutic applications.<br />
Keywords: Pharmacology, CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regu<strong>la</strong>tor),<br />
CaCC (Calcium Activated Chlori<strong>de</strong> Channel), Cystic Fibrosis, transgenic mice.<br />
Travaux réalisés au sein <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> Physiologie et Biologie Cellu<strong>la</strong>ires,<br />
CNRS, UMR 6187,<br />
1, rue Georges Bonnet, 86022 POITIERS ce<strong>de</strong>x<br />
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