SPECIAL MODE / fASHION FEATURE EVASION ... - Cote Magazine

Créer une montre seul ou presque
relève de l’utopie, diraient certains. La
success story d’Arny Kapshitzer, le
créateur d’AK Genève, est la preuve
même que les rêves les plus fous peuvent
devenir réalité.
Some would say that creating a fine
watch is an almost utopian act. And the
success story of Arny Kapshitzer, creator
of AK Geneva, proves that even the
wildest dreams can become reality.
Arny Kapshitzer, le créateur de la toute nouvelle marque horlogère AK Genève,
est, sans conteste, homme à se jouer des conventions. Un brin provocateur, il se
targue de n’avoir aucune formation horlogère, ni d’ancêtres dans le métier, ni
même de vocation ou d’attachement particulier pour les montres. Un discours
loin des us et coutumes du secteur. Rien de surprenant à cela : Arny Kapshitzer
est un personnage atypique. Rebelle et profondément humaniste, réfractaire à
l’autorité et utopiste, autodidacte et érudit, il aime brouiller les pistes. Pourfendeur
du système scolaire qu’il a quitté jeune, il a pour ambition de créer un jour une
fondation qui aurait pour but de favoriser la connaissance et l’éclosion des talents
en construisant des écoles en Suisse pour « rendre au terreau ce qu’il lui doit ».
Fou de Star Trek, il est intarissable sur le Quattrocento alors qu’il n’apprécie que
modérément l’art contemporain. Il ne porte pas de montre et vient de créer une
marque de Haute Horlogerie. Mais d’où vient cet extraterrestre ? Genevois né à
Rome de parents russes, il rêvait enfant de construire des voitures ou des fusées.
De son père, il a hérité la passion de la technique : bricoleur dans l’âme, il
démontait tout ce qui lui passait entre les mains et se passionnait pour le fonctionnement
des objets mécaniques. Sa mère, historienne de l’art, lui a transmis
son goût pour la culture en général et plus particulièrement pour la Renaissance
italienne. Il a arpenté les plus grands musées européens et revendique son penchant
pour le génie d’un Léonard. Un savant mélange qui, en un sens, le prédestinait
à la Haute Horlogerie. Car quel objet réunit davantage l’amour de l’art et la
maîtrise de la technique qu’une montre ? Et la «Warp HMS Automatique» est un
petit bijou du genre. Les collectionneurs ne le démentiront pas. La toute jeune
marque, dont le premier prototype a été fini d’assembler vingt minutes avant l’ouverture
de Bâle en avril 2008, connaît un succès fulgurant. De l’Inde, à Singapour,
de la Malaisie à Hong Kong, de la Russie à l’Espagne, l’Italie, l’Amérique latine
ou la Suisse, les commandes affluent. Il faut dire que le modèle n’est pas commun
et révolutionne les lois bien établies d’un monde quelque peu sclérosé. Une
boîte en forme de navette dont le saphir est bombé et la carrure entièrement en
fibre de carbone compressée, un cadran aux allures de vaisseau spatial, un bracelet
en caoutchouc perfluoré, la «Warp HMS Automatique» emprunte son design
et son âme à l’univers de la science-fiction dont Arny est particulièrement
féru. « J’ai créé un jouet pour adultes. J’ai exploré un monde aux antipodes des
codes de la Haute Horlogerie pour promouvoir une vision constructive du futur.
On ne peut pas vivre uniquement dans le passé, il faut savoir se tourner vers
l’avenir. » Car à ses détracteurs ou aux thuriféraires d’un ordre établi qui prônent
le classicisme et la tradition, il n’hésite pas à répondre, et, ce, à juste titre, que «
La légitimité n’est pas quelque chose dont on hérite mais quelque chose que l’on
forge. » Malgré ses airs de dilettante, le créatif invétéré est un travailleur acharné.
Un passionné qui regorge d’idées et de projets. Mais ce n’est pas après la notoriété
qu’Arny court. Sa montre, c’est un rêve de gosse devenu réalité. Très attaché
à sa famille, ses amis et à ceux qui l’ont soutenu dans son projet comme
Antonio Giordano son graphiste ou l’équipe de constructeurs de BECS Genève,
c’est avec ses proches qu’il veut partager son succès car, comme nous le confie
avec force et conviction, Arny Kaptshitzer, irréductible idéaliste : « le rêve ne se
vend pas, il se partage. »
Arny Kapshitzer, creator of the all-new watch brand AK Geneva, is a man who
likes to flout convention. He's a provocative character who also likes to point out
that he has no formal training as a watch-maker, nor a long line of ancestors in
the business, nor even a particular vocation or fondness for watches. A stance
that's guaranteed to ruffle a few feathers in the sector… But this should come as
no surprise from an atypical, rebellious character like Kapshitzer, a utopian free
thinker, and a self-taught expert to boot. A sworn enemy of the school system
that spat him out at an early age, he hopes one day to create a foundation for
knowledge-sharing and the promotion of new talent, by building schools throughout
Switzerland designed to "plough knowledge back into the fertile soil that
produced it."
Kapshitzer is a die-hard fan of Star Trek, but he's also a mine of knowledge on
the Italian Quattrocento, and an ambivalent sceptic when it comes to contemporary
art. He doesn't wear a watch, and he's just created his very own fine watch
brand. So when did Kapshitzer fall to Earth?
This citizen of Geneva was born in Rome, to Russian parents. As a child, he
dreamed of building cars or rockets. He inherited his father's passion for all
things technical: a mechanic at heart, he loved disassembling anything he could
lay his hands on, and adored studying the mechanisms of moving objects. His
mother was an art historian who passed on her love of culture in general, and
especially the Italian Renaissance. He grew up exploring the great museums of
Europe, and is an avowed admirer of the genius of Leonardo da Vinci. In many
ways, this eclectic mix of influences prepared him for a life as a watch-maker:
what other object combines such a love of art, and such a refined mastery of
mechanics?
The "Warp HMS Automatique" is certainly a gem of its kind, set to become one
of the great collectables of the future. The fledgling brand, whose first prototype
was finished last April, just twenty minutes before the opening of Basel 2008, has
enjoyed tremendous success. Orders have poured in from India, Singapore,
Malaysia and Hong Kong, Russia and Spain, Italy, Latin America, and
Switzerland – a handsome reward for this highly unusual model, that has revolutionised
the often rather static codes of an industry rooted in tradition. The shuttle-shaped
case features a highly convex sapphire glass, a middle made entirely
of compressed carbon fibre, a dial straight off a space ship, and a perforated
rubber strap. The Warp HMS Automatique is inspired (like its creator) by the
world of science fiction. "I've created a toy for adults", he explains. "I've explored
a world that is the polar opposite of the world of fine watch-making, to promote
a constructive vision of the future. One cannot live wholly in the past, you have
to know how to turn to the future, as well."
Kapshitzer has a ready answer for his detractors, or the supporters of the established
order, classicism and tradition: "Legitimacy is not something you inherit,
but something you forge for yourself." His dilettante appearance belies an inveterate
creativity, and a zeal for hard work. Arny is overflowing with ideas and new
projects, but he is not interested in notoriety for its own sake. His watch brand is
a kid's dream come true: and he wants more than anything to share its success
with his family, and the many friends and collaborators who supported him in the
project, such as his graphic designer Antonio Giordano, or the construction team
at BECS Geneva. "Dreams are not sold," he says, "but shared."
mars 2009 www.cote-magazine.ch
PORTRAIT
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