Un ange ne vaut pas un radis - Je me livre ... Eric Vincent

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Un ange ne vaut pas un radis
de vitesse, souffrant d'une perte d'équilibre manifeste. Il tourna la tête vers le point à l'origine
du problème : le bout de l'aile gauche était légèrement tordu mais les conséquences étaient
terribles. Ces mécaniques de précision ne souffraient pas le moindre dérèglement.
Le nuage noir le tamponna une dernière fois, attendant l'instant précis où Ange Aune
passerait devant une impasse. Le choc, très violent cette fois, ne lui laissa aucune chance. Il
alla valdinguer dans les poubelles (NDLA : eh oui ! Le paradis avait adopté l'invention de
notre préfet !) d'une impasse aux nuages d'habitations devenus miteux par manque
d'entretien.
Ange Aune était complètement estourbi. Sa vision ne cessait de danser, ses membres
disloqués ne lui étaient d'aucun secours pour se carapater en vitesse. Il avait échoué.
Personne ne lui viendrait en aide dans ce quartier mal famé, aux habitations tombant en
ruine, faute de bras pour les rénover. Il entendit de la musique qui n'avait rien de céleste.
"Le Paradisco… Je ne suis pas loin de cette boîte de nuit dont tout le monde parle sans y
avoir mis les ailes… Il existe vraiment…"
Même si des habitués du mystérieux établissement, en principe interdit, sortaient et le
découvraient en mauvaise posture, ils ne lèveraient pas le petit doigt pour le secourir. Son
poursuivant n'était pas fou : il l'avait contraint à se réfugier dans ce quartier où il n'avait pas
l'ombre d'une chance de trouver une âme charitable. C'était comme ça ! Même au paradis, le
quartier de saint Denis était l'un des plus chauds, des plus mal famés et des plus délabrés.
La porte droite du nuage noir s'ouvrit en se relevant par le haut : des portes en élytre ! La
classe, le nuage noir de sainte Mercedes ! Un ange au regard fier et sombre en descendit.
C'était un ange, à n'en point douter. Ses ailes le prouvaient.
A la limite de la perte de conscience, Ange Aune, incapable de réagir, fixa la forme
s'approchant de lui, une tenaille entre les mains.
- Ce n'est pas beau d'écouter les conversations interdites, énonça calmement l'ange menaçant.
"Cet accent lancinant et rythmé à la fois… Je le reconnais…" Songea le malheureux postier,
sur le point de subir un sort identique à celui de son collègue, Ange Aponais.
- Tu es… tu es… Ange… Ange ! Balbutia-t-il avant de recevoir un coup de tenaille en travers
de la tronche.
Patiemment, le tonton flingueur, reconnu par sa victime, entreprit de lui arracher les plumes
des ailes, une par une, notant si un changement de couleur affectait l'une d'elles (ou l'une
d'aile !). Il paraissait très calme alors qu'il accomplissait un crime au paradis. Il avait des nerfs
d'acier, cet ange-là !
Alors qu'il attaquait la seconde aile, privilégiant les plumes les plus longues, il y en eut une qui
vira au rouge écarlate.
- Gagné ! S'exclama-t-il.