Un ange ne vaut pas un radis - Je me livre ... Eric Vincent
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<strong>Un</strong> <strong>ange</strong> <strong>ne</strong> <strong>vaut</strong> <strong>pas</strong> <strong>un</strong> <strong>radis</strong><br />
En effectuant leur tournée quotidien<strong>ne</strong>, les <strong>ange</strong>s et les â<strong>me</strong>s déf<strong>un</strong>tes dévolues au ramassage<br />
des déchets pa<strong>radis</strong>iaques étaient tombés sur le corps déplumé d’Ange Au<strong>ne</strong>. La sécurité était<br />
intervenue pour empêcher <strong>un</strong> attroupe<strong>me</strong>nt autour de la macabre découverte mais la<br />
nouvelle s’était répandue com<strong>me</strong> u<strong>ne</strong> traînée de poudre. Bientôt, des hordes entières d’<strong>ange</strong>s<br />
et d’â<strong>me</strong>s déf<strong>un</strong>tes avaient accouru des rues voisi<strong>ne</strong>s pour assister à <strong>un</strong> spectacle qu’auc<strong>un</strong><br />
n’imaginait possible. Si le secret avait été conservé lors de l’assassinat d’Ange Aponais,<br />
l’information n’avait pu être classée « Confidentiel Défense » dans le cas du second <strong>me</strong>urtre.<br />
Saint Pierre avait été rapide<strong>me</strong>nt averti de cette seconde affaire. Sa première réaction fut de<br />
dépêcher Ange Ournal, l’apporteur de nouvelles, auprès du Seig<strong>ne</strong>ur afin que ce dernier<br />
revien<strong>ne</strong> au bercail et repren<strong>ne</strong> les commandes d’<strong>un</strong> navire en perdition. Décidé<strong>me</strong>nt, dès<br />
que Dieu prenait des vacances ou partait en tournée pour être acclamé par les foules, il s’en<br />
<strong>pas</strong>sait des vertes et des <strong>pas</strong> mûres au pa<strong>radis</strong>. Les <strong>ange</strong>s et les â<strong>me</strong>s vouées au repos éter<strong>ne</strong>l<br />
(enfin, il fallait quand mê<strong>me</strong> bosser <strong>un</strong> peu, contre <strong>un</strong> salaire dérisoire, qui plus est !) s’en<br />
donnaient à cœur joie et adoptaient les moindres us et coutu<strong>me</strong>s tordues des Terriens, les<br />
plus inventifs en la matière. Ils <strong>ne</strong> faisaient que des bêtises et de préférence, derrière l’église !<br />
(NDLA : je rends hommage à la chanteuse Annie Cordy, ayant chanté la chanson religieuse la<br />
plus sympathique du répertoire français !). Il n’y avait que Dieu pour re<strong>me</strong>ttre tout ceci dans<br />
le droit chemin.<br />
Assis sur son gigantesque nuage en for<strong>me</strong> de trô<strong>ne</strong>, Dieu dominait ses interlocuteurs, à<br />
défaut de domi<strong>ne</strong>r la situation. Le conseil d’administration au complet était ré<strong>un</strong>i en séance<br />
extraordinaire. A cette assemblée régulière s’ajoutaient des <strong>me</strong>mbres positionnés dans les<br />
étages inférieurs de la hiérarchie pa<strong>radis</strong>iaque mais requis en ce jour à cause de leurs<br />
compétences particulières. En comptant Dieu, ils étaient treize, <strong>un</strong> chiffre qui n’avait <strong>pas</strong><br />
porté chance à la famille suprê<strong>me</strong> quelques siècles auparavant.<br />
De là à conclure que le traître se cachait parmi les <strong>me</strong>mbres de l’assistance, il n’y avait qu’<strong>un</strong><br />
<strong>pas</strong> que je <strong>ne</strong> franchirai <strong>pas</strong>, pour d’évidentes questions de suspense. L’<strong>ange</strong> Endar<strong>me</strong>, chef<br />
de la sécurité et l’Ange Enéral, commandant des <strong>ange</strong>s avaient été priés d’assister aux débats<br />
et de rendre compte de leurs travaux. L’<strong>ange</strong> Enétique était égale<strong>me</strong>nt présent en tant que<br />
spécialiste des questions médicales. La presse pa<strong>radis</strong>iaque était représentée par son <strong>un</strong>ique et<br />
officiel journaliste, à savoir l’<strong>ange</strong> Ournal. Saint Pierre, en temps que responsable du pa<strong>radis</strong><br />
par intérim, <strong>me</strong>mbre perma<strong>ne</strong>nt du directoire, siégeait aux côtés de saint Marc, patron des<br />
deux <strong>ange</strong>s éradiqués de manière sauvage et de saint Thomas, grand vérificateur devant<br />
l’éter<strong>ne</strong>l, chargé de faire le tri entre <strong>me</strong>nsonge et vérité. Saint Innocent avait égale<strong>me</strong>nt été<br />
convié afin qu’il exami<strong>ne</strong> à la loupe son fichier d’â<strong>me</strong>s entrantes. <strong>Un</strong>e supercherie était<br />
quasi<strong>me</strong>nt inconcevable mais envisageable. <strong>Un</strong>e â<strong>me</strong> apparem<strong>me</strong>nt sai<strong>ne</strong> pouvait être entrée<br />
au pa<strong>radis</strong> en douce et se <strong>livre</strong>r à des exactions innommables, corrompant à tout va, instillant<br />
le péché dans les habitudes pa<strong>radis</strong>iaques.<br />
Saint Juste, le patron des <strong>ange</strong>s, était de la partie. Saint Luc et saint Matthieu, depuis qu’ils<br />
s’étaient illustrés dans l’écriture des évangiles, se chargeaient de taper les rapports en double<br />
exemplaire et saint Thomas se chargerait de vérifier que leurs versions corroboraient, pour<br />
ch<strong>ange</strong>r. Enfin, <strong>un</strong> saint spécial avait été convoqué ; aucu<strong>ne</strong> person<strong>ne</strong> de l’assistance, Dieu<br />
mis à part, <strong>ne</strong> connaissait sa véritable fonction au sein du pa<strong>radis</strong>. Saint <strong>Eric</strong>.