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Un ange ne vaut pas un radis - Je me livre ... Eric Vincent

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<strong>Un</strong> <strong>ange</strong> <strong>ne</strong> <strong>vaut</strong> <strong>pas</strong> <strong>un</strong> <strong>radis</strong><br />

- Merci Seig<strong>ne</strong>ur, répondit I<strong>ne</strong> en se laissant choir lourde<strong>me</strong>nt sur <strong>un</strong> nuage de moleski<strong>ne</strong>.<br />

- <strong>Un</strong> petit gâteau aux flocons de <strong>ne</strong>ige ? Proposa le Seig<strong>ne</strong>ur en tendant u<strong>ne</strong> assiette de<br />

douceurs.<br />

I<strong>ne</strong> se pencha en avant et prit u<strong>ne</strong> portion d'<strong>un</strong> air étonné, ses yeux allant rapide<strong>me</strong>nt du<br />

Tout Puissant à saint Juste, son responsable hiérarchique. La bonhomie, l'amabilité et la<br />

prévenance de Dieu n'avaient rien de saugrenu puisque le grand ordonnateur de l'<strong>un</strong>ivers<br />

était pétri de toutes les qualités inimaginables. Quoi de plus normal pour l'être suprê<strong>me</strong>,<br />

l'écrou maintenant les pièces des galaxies entre elles, la lumière céleste, la perfection (au<br />

masculin) ? Mais que Dieu use de tous ses avatars quasi<strong>me</strong>nt humains avec <strong>un</strong> <strong>ange</strong> de<br />

seconde main, en fin de carrière, avait quelque chose de louche. Il agissait com<strong>me</strong> <strong>un</strong><br />

directeur d'entreprise sur le point de rattraper <strong>un</strong> cadre cinquantenaire, prenant brusque<strong>me</strong>nt<br />

conscience que celui-ci a toutes les informations de l'entreprise dans sa tête, qu'il est<br />

indispensable, alors qu'il s'apprêtait à le lourder pour u<strong>ne</strong> faute grave imaginaire après trente<br />

années de bons et loyaux services.<br />

Ange I<strong>ne</strong> croqua le biscuit ; il était délicieux, onctueux, savoureux, à point. Son goût leva le<br />

moindre doute quant à ses origi<strong>ne</strong>s : il venait du plus grand pâtissier du pa<strong>radis</strong>, Fauchon.<br />

L'<strong>ange</strong> Fauchon a su créer des produits frisant la perfection en contrôlant toute la fabrication,<br />

de la production des matières premières nécessaires à la confection, jusqu'à la distribution de<br />

ses inventions. C'est ainsi qu'à côté de "Fauchon Thé", chargé d'exposer aux yeux du public<br />

les douceurs, on trouvait égale<strong>me</strong>nt "Fauchon Mix", u<strong>ne</strong> entreprise concevant tous les<br />

ustensiles de cuisi<strong>ne</strong>, on croisait aussi "Fauchon & Co" que les <strong>ange</strong>s rebaptisaient<br />

fréquem<strong>me</strong>nt "Faux Cochon", u<strong>ne</strong> usi<strong>ne</strong> de salaisons et l'activité de <strong>me</strong>u<strong>ne</strong>rie, indispensable<br />

à l'obtention d'u<strong>ne</strong> bon<strong>ne</strong> fari<strong>ne</strong> pour faire de bons gâteaux, était assurée par "Fauchon les<br />

blés" (NDLA : tout ça pour arriver à placer ce jeu de mots !).<br />

- Hum… C'est bon ! Com<strong>me</strong>nta I<strong>ne</strong>.<br />

- <strong>Je</strong> suis heureux que cela te plaise ! Ajouta Dieu. Bien… fit-il en devenant plus grave. Tu<br />

n'ignores certai<strong>ne</strong><strong>me</strong>nt <strong>pas</strong> les évé<strong>ne</strong><strong>me</strong>nts tragiques ayant frappé notre bon royau<strong>me</strong> de moimê<strong>me</strong><br />

?<br />

- Non, Seig<strong>ne</strong>ur. C'est… inqualifiable ! Le coupable est <strong>un</strong> monstre, assuré<strong>me</strong>nt. A-t-on<br />

réussi à le coincer ?<br />

- Non, fit Dieu, repoussant avec pei<strong>ne</strong> u<strong>ne</strong> moue de désappointe<strong>me</strong>nt. D'ailleurs, nous<br />

t'avons convoqué parce que tu es l'<strong>ange</strong> de la situation.<br />

- Moi ? S'étonna I<strong>ne</strong>.<br />

- Oui… lâcha le Seig<strong>ne</strong>ur sans vrai<strong>me</strong>nt savoir com<strong>me</strong>nt faire pour aborder l'épi<strong>ne</strong>ux sujet.<br />

Voilà… Euh… Com<strong>me</strong>nt dirais-je ? Cela se <strong>pas</strong>se bien, pour toi, sur la Terre ?<br />

- Oh… fit I<strong>ne</strong>, sur <strong>un</strong> ton laconique. Eh bien… J'ai hérité d'u<strong>ne</strong> person<strong>ne</strong> peu commode…<br />

Elle n'en fait qu'à sa tête. Elle est… Elle <strong>ne</strong> m'écoute jamais. Elle est… athée, elle…<br />

blasphè<strong>me</strong> sans cesse. Elle… se <strong>livre</strong> à des orgies de toutes sortes. Enfin… C'est u<strong>ne</strong> vraie<br />

catastrophe et j'avoue que je suis en dessous de tout avec elle. <strong>Je</strong> crois bien que la seule fois<br />

où elle a daigné ouvrir ses esgourdes, c'est la fois où elle a failli avoir <strong>un</strong> accident de voiture.<br />

Elle a freiné considérable<strong>me</strong>nt avant d'entrer dans u<strong>ne</strong> courbe sans vision et a pu stopper son

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