Un ange ne vaut pas un radis - Je me livre ... Eric Vincent
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<strong>Un</strong> <strong>ange</strong> <strong>ne</strong> <strong>vaut</strong> <strong>pas</strong> <strong>un</strong> <strong>radis</strong><br />
fer<strong>me</strong>té à travers le tissu du chemisier. Il lui fit égale<strong>me</strong>nt sentir qu'u<strong>ne</strong> protubérance rigide<br />
torturait la fer<strong>me</strong>ture éclair de son pantalon.<br />
- Pari tenu ! Lâcha-t-elle en le repoussant après quelques secondes de tripotage.<br />
- Le pari ? Ah ! Le pari… Qu'est-ce que tu paries ?<br />
- Si je gag<strong>ne</strong>, je fais ce que je veux de toi cette nuit !<br />
- Et si tu perds ?<br />
- Mê<strong>me</strong> <strong>pas</strong> envisageable ! Fit-elle sur <strong>un</strong> ton crâ<strong>ne</strong>ur.<br />
- N'empêche… Qu'est-ce que je gag<strong>ne</strong> ?<br />
- Tu m'emmè<strong>ne</strong>s dans le château dont tu <strong>me</strong> parles si souvent et tu <strong>me</strong> <strong>livre</strong>s en pâture.<br />
- Génial ! Top ! S'exclama-t-il, sentant la proximité de la réalisation de son plus vieux<br />
fantas<strong>me</strong>, <strong>livre</strong>r sa maîtresse occasion<strong>ne</strong>lle à sa bande de copains et de copi<strong>ne</strong>s déjantés du<br />
sexe, alcooliques mondains, cocaïnoma<strong>ne</strong>s, fri<strong>me</strong>urs et friqués en mal de sensation.<br />
- Ne crie <strong>pas</strong> victoire trop tôt, avertit-elle.<br />
Il haussa les épaules et fut sur le point de sortir lorsqu'il ajouta :<br />
- Passe-toi <strong>un</strong> mouchoir au-dessus des lèvres ou tout le monde va s'apercevoir que tu t'enfiles<br />
de la poudre plein le pif !<br />
Elle constata ses dires dans le reflet du miroir et <strong>ne</strong> put lui envoyer u<strong>ne</strong> pique en guise de<br />
réponse, Miguel ayant déjà mis les voiles. Elle prit donc soin d'effacer son coupable forfait et<br />
r<strong>ange</strong>a la cachette à poudre entre sa flasque de cognac et son paquet de cigarettes. Elle remit<br />
de l'ordre dans sa coiffure, reboutonna son chemisier que ce coquin de Miguel avait mal<strong>me</strong>né<br />
et vérifia qu'elle était parfaite pour lancer sa dernière offensive et emporter le morceau. Au<br />
<strong>pas</strong>sage, elle empocherait vingt pour cent de l'a<strong>me</strong>nde infligée au groupe<strong>me</strong>nt écologiste pour<br />
diffamation, soit cent mille dollars. <strong>Un</strong> bon paquet de fric, idéal pour payer les dernières<br />
traites de la Porsche Turbo S. Elle se sentit prête pour l'assaut final et quitta les toilettes, d'<strong>un</strong><br />
<strong>pas</strong> décidé, rehaussée par huit centimètres de talons aiguilles.<br />
* *<br />
*<br />
Ja<strong>ne</strong> n'avait <strong>pas</strong> fait dans le détail mais plutôt dans la dentelle, jouant sur les lacu<strong>ne</strong>s du<br />
systè<strong>me</strong> judiciaire, sur les "non dits" plutôt que sur le fond du dossier. La pollution de la<br />
rivière, issue de déchets de whisky rejetés négligem<strong>me</strong>nt dans l'eau, et la mort de milliers de<br />
poissons, ventre en l'air, n'avaient rien d'imaginaire. L'im<strong>me</strong>nse distillerie du Kentucky n'était<br />
<strong>pas</strong> imaginaire, elle non plus et elle était bien sise au bord du cours d'eau. Cependant, l'action<br />
en justice du groupe écologiste, représenté par maître Miguel Banderas, était basée sur des<br />
analyses chimiques réalisées après la pollution. Auc<strong>un</strong> témoignage visuel n'étayait leur<br />
hypothèse et les salariés de la fabrique, solidaires de leur direction, <strong>ne</strong> se bousculaient <strong>pas</strong><br />
vrai<strong>me</strong>nt pour cracher dans la soupe. Les écologistes, par la voix de leur avocat, avaient beau<br />
marteler que la pollution était avérée, leurs argu<strong>me</strong>nts s'arrêtaient là.