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Un ange ne vaut pas un radis - Je me livre ... Eric Vincent

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<strong>Un</strong> <strong>ange</strong> <strong>ne</strong> <strong>vaut</strong> <strong>pas</strong> <strong>un</strong> <strong>radis</strong><br />

volonté à faire oublier ses vilains défauts ou méfaits. Qu’il y <strong>me</strong>tte du sien et le pécheur<br />

pouvait parfaite<strong>me</strong>nt quitter le purgatoire au bout de quelques jours. Cependant, la purge <strong>ne</strong><br />

pouvait excéder quarante jours, faute de places suffisantes dans ce territoire bâti<br />

artificielle<strong>me</strong>nt à l’issue de la Grande Guerre, à cheval entre pa<strong>radis</strong> et enfer. Au ter<strong>me</strong> du<br />

délai officiel, l’â<strong>me</strong> était jetée en enfer ou récupérée au pa<strong>radis</strong>. Et ces derniers temps, le<br />

recyclage tournait sérieuse<strong>me</strong>nt à l’avantage de Satan. En gros, quatre-vingt-quinze pourcent<br />

de la population <strong>un</strong>iverselle échouaient dans les flam<strong>me</strong>s sans fin…<br />

Dieu progressait dans la rue pavée de curieux suant sang et eau, suivi de son cortège réduit,<br />

com<strong>me</strong> prévu. A la petite troupe, saint <strong>Eric</strong> avait eu l’idée d’adjoindre l’<strong>ange</strong> Irouette, le<br />

spécialiste du vent. Le rendez-vous avait été donné sur <strong>un</strong> terrain de rugby dont la pelouse<br />

était en réfection, suite à <strong>un</strong> labourage profond pratiqué par d’anciens joueurs profession<strong>ne</strong>ls,<br />

tous promis au purgatoire pour avoir abusé de troisiè<strong>me</strong> mi-temps. L’<strong>ange</strong> Roger Couderc,<br />

l’ancien com<strong>me</strong>ntateur de la télévision française, avait rejoint l’équipe d’entraî<strong>ne</strong>urs, grâce à<br />

son œuvre pour le sport lors de sa vie terrestre. Le chantre de l’équipe de France avait été fait<br />

<strong>ange</strong>, malgré son chauvinis<strong>me</strong> patenté. Dieu n’avait <strong>pas</strong> pu o<strong>me</strong>ttre son action, son<br />

enthousias<strong>me</strong> et sa verve pour populariser <strong>un</strong> sport qui, jusqu’à preuve du contraire, était<br />

infini<strong>me</strong>nt moins secoué par des affaires que le football. Désormais, l’<strong>ange</strong> Roger Couderc<br />

poussait son célèbre « Allez les petits ! » sur les gazons du purgatoire, exhortant les â<strong>me</strong>s<br />

françaises à battre ces damnés anglais.<br />

La cohorte pa<strong>radis</strong>iaque franchit les portes du stade. Elle découvrit Satan et quelques-<strong>un</strong>s de<br />

ses lieutenants tous plus nus les <strong>un</strong>s que les autres. L’immonde animal puant avait a<strong>me</strong>né u<strong>ne</strong><br />

baignoire géante, aux di<strong>me</strong>nsions proches d’u<strong>ne</strong> pisci<strong>ne</strong>, remplie d’<strong>un</strong> liquide rouge. Dieu<br />

imagina sans pei<strong>ne</strong> qu’il s’agissait de sang. Le prince des ténèbres s’y ébattait joyeuse<strong>me</strong>nt,<br />

forçant u<strong>ne</strong> nuée de nymphettes recueillies dans ses geôles à le rejoindre et à s’occuper de son<br />

sexe toujours prêt à forniquer. L’odeur de sang, mêlée de sueur, était insoutenable. Les<br />

pauvres filles, sans doute des créatures victi<strong>me</strong>s de maladies honteuses, étaient contraintes de<br />

s’occuper du maître de l’enfer. Ses lieutenants pataugeaient égale<strong>me</strong>nt dans le jus<br />

sanguinolent.<br />

Saint <strong>Eric</strong> se tourna vers l’<strong>ange</strong> Irouette et le pria d’accomplir sa mission. <strong>Un</strong> vent contraire<br />

se leva et rabattit les odeurs pestilentielles vers leurs é<strong>me</strong>tteurs. Satan avait beau éructer et<br />

péter dans son cloaque putride, il n’offenserait <strong>pas</strong> l’odorat des dignitaires du pa<strong>radis</strong>.<br />

Malheureuse<strong>me</strong>nt, si l’odeur était contrée, il restait la vue, insupportable, des â<strong>me</strong>s en pei<strong>ne</strong>.<br />

- Que penses-tu de mon idée du bain ? Lança Satan, cherchant immédiate<strong>me</strong>nt la<br />

provocation.<br />

- C’est répugnant et cela <strong>ne</strong> m’éton<strong>ne</strong> guère de ta part. C’est pour cette raison que saint <strong>Eric</strong> a<br />

convié l’<strong>ange</strong> Irouette, le maître du vent, à notre petite ré<strong>un</strong>ion et sainte Barbe, au cas où tu<br />

nous réserverais l’u<strong>ne</strong> de tes explosives surprises.<br />

- Ah oui… saint <strong>Eric</strong>… Dire que j’ai failli le faire basculer du côté sombre ! Te voilà devenu<br />

saint. Quel étonnant revire<strong>me</strong>nt de situation ! Quelle promotion !

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