Le sens de la musique - Fédération des Ecoles Steiner-Waldorf en ...
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Il parvi<strong>en</strong>t loin, tant dans l'espace que dans le temps : il va vers le futur. C'est<br />
l'instrum<strong>en</strong>t qui exprime le désir ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'âme humaine vers l'av<strong>en</strong>ir, <strong>la</strong> t<strong>en</strong>sion <strong>de</strong><br />
celle-ci vers une certitu<strong>de</strong> lointaine dans le temps. Ce n'est pas pour ri<strong>en</strong> que <strong>de</strong>s hom-<br />
mes comme Wagner, Bruckner, Mahler, Strauss, Franck ont employé une gran<strong>de</strong> quanti-<br />
té <strong>de</strong> cuivres dans leur orchestre. Ce sont <strong>en</strong>core et toujours les conditions <strong>de</strong> l'âme hu-<br />
maine qui s’exprime jusque dans le choix <strong>de</strong>s instrum<strong>en</strong>ts.<br />
<strong>Le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t aussi a <strong>de</strong>s exig<strong>en</strong>ces. Analysons simplem<strong>en</strong>t ce que nous offre<br />
l'observation. En général, l'instrum<strong>en</strong>t à cor<strong>de</strong>s se ti<strong>en</strong>t près <strong>de</strong> buste, il s'appuie sur <strong>la</strong><br />
poitrine, siège du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t. Tout comme le thorax est constitué d'une caisse vi<strong>de</strong> dans<br />
<strong>la</strong>quelle l'air <strong>en</strong>tre et sort comme un souffle plein d'âme et <strong>de</strong> chaleur, <strong>de</strong> même<br />
l’instrum<strong>en</strong>t est constitué d’une caisse vi<strong>de</strong> et l’air y <strong>en</strong>tre et <strong>en</strong> sort <strong>en</strong> tant que son, plein<br />
d’âme et <strong>de</strong> chaleur. Et tout comme le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t ne peut parcourir <strong>de</strong>s distances, ni dans<br />
l'espace, ni dans le temps, mais est ici, à prés<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t précis, <strong>de</strong> même le son<br />
<strong>de</strong> l'instrum<strong>en</strong>t à cor<strong>de</strong>s <strong>de</strong>meure proche, ne va pas loin, ni dans l'espace, ni dans le<br />
temps. Ses cercles, spirales, leminiscates se déroul<strong>en</strong>t dans un milieu qui ne pourra ja-<br />
mais être vaste, mais plutôt intime et sil<strong>en</strong>cieux. La comparaison avec <strong>la</strong> trompette est<br />
vite faite : il faut un orchestre complet d'instrum<strong>en</strong>ts à cor<strong>de</strong>s, c'est-à-dire presque qua-<br />
rante instrum<strong>en</strong>ts, pour sout<strong>en</strong>ir le son d'une seule trompette et sans même parv<strong>en</strong>ir à le<br />
couvrir. Tel est le rapport qui existe <strong>en</strong>tre un instrum<strong>en</strong>t né <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté et un instrum<strong>en</strong>t<br />
né du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t.<br />
Il nous reste à <strong>en</strong>visager <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s bois et leur rapport avec <strong>la</strong> p<strong>en</strong>sée. <strong>Le</strong>ur<br />
timbre ∗ , sec, sans gran<strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> couleurs et d'expressions, mince, peu apte aux<br />
différ<strong>en</strong>tes dynamiques mais <strong>en</strong> général agile, plutôt froid et transpar<strong>en</strong>t, capable <strong>de</strong><br />
« <strong>de</strong>ssiner » admirablem<strong>en</strong>t une mélodie, <strong>de</strong> définir une idée <strong>de</strong> façon extrêmem<strong>en</strong>t<br />
c<strong>la</strong>ire, nous conduit sans aucun doute vers les qualités et les caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>en</strong>-<br />
sée. Et ainsi que <strong>la</strong> p<strong>en</strong>sée se réfère toujours au passé, <strong>de</strong> même l’instrum<strong>en</strong>t qui <strong>en</strong><br />
dérive emporte vers le passé : c’est un instrum<strong>en</strong>t « évocateur ». Il ne donne aucune im-<br />
pulsion, il ne pousse pas à l’action, même s’il est un instrum<strong>en</strong>t à v<strong>en</strong>t : il soulève <strong>de</strong>s<br />
souv<strong>en</strong>irs, évoque <strong>de</strong>s fantaisies, donne corps à <strong>de</strong>s images, c’est un timbre léger que<br />
son corps, si m<strong>en</strong>u, nous prés<strong>en</strong>te, c’est une toile d’araignée luisante et transpar<strong>en</strong>te,<br />
une ombre presque inconsistante qui peut nous échapper d’un mom<strong>en</strong>t à l’autre, une<br />
figure sans poids, qui nous appelle <strong>de</strong>puis un lointain passé.<br />
∗ Remarque personnelle : <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription du timbre <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait selon moi à être revue<br />
et nuancée, mais son articu<strong>la</strong>tion et son expression sont bi<strong>en</strong> décrites par l’auteur. FS<br />
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