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Roger Picon : histoire <strong>d'Antoine</strong> <strong>Martinez</strong><br />
Vous ne pouvez pas vous imaginez la joie que j’ai eu en recevant ce colis car je vois que vous<br />
avez songez un peu à moi Et surtout à l’endroit que nous nous trouvont au Nord ouest de la<br />
France qu’il fait une température rigoureuse ici ce n’est plus le midi de la France ça se fait<br />
quand ce moment je me trouve dans l’Aisne. Il y avait 1 heure à peine que j’avais reçu le colis<br />
quand je reçoive les 10 francs dont je vous disais dans la dernière lettre que je n’avais pas<br />
reçu. Enfin je reçoive la carte postale ou papa me dit bon courage et en avant. Toujours du<br />
courage j’ai eu toujours et je n’aurais jusqu’au bout. Enfin j’envoie 1 carte postale de Toul à<br />
l’oncle Vincent et 1 autre à vous. Ce sont des cartes postales que j’avais achetés à Toul avant<br />
de m’embarquer. Je vous fais savoir que nous marchons en ce moment si avec l’armée<br />
anglaise il faudrait que vous voyez ces gens là. La politesse qu’ils ont envers nous; et tous<br />
des beaux…?…..tous a la moustache rasé grand et maigres. Nous mangeons beaucoup des<br />
conserves fines qu’ils nous les donnent pour leurs plaisirs. Enfin chère maman que des<br />
fatigues que l’ont passe dans la vie surtout avec cette guerre. Ont marche rien que la nuit et<br />
le jour dans les tranchées tout ça à cause des aéroplanes. Par exemple le soir que nous<br />
sommes débarqués à 2 heures du matin nous marche jusqu’à 7 du matin le jour repos dans 1<br />
ferme la nuit marche vers Reims 3 nuit entrain de marcher pour aller relever les anglais dans<br />
les tranchées la nous sommes restés 2 jours en avant postes. De la nous avons étés relever<br />
par le 6èm corps d’armée nous avons marcher pendant 72 heures sans nous arrêter pour<br />
venir au repos où nous sommes il y a 2 jours ça toujours dans la nuit et très peu dans le jour.<br />
Maintenant nous ne savons pas si ont nous enverra dans le nord ou du coté de la Belgique. Et<br />
je pense vous dire que le sacs est lourde nous avons en plus du chargement le couvre-pied la<br />
toile de tente et les piquets. Enfin plus rien à vous dire pour le moment bien des baisers à<br />
toute la famille. A Léon a la mena cousins cousines et oncles….?…. Votre fils qu’ils aiment et<br />
embrasse bien fort. Ant. <strong>Martinez</strong> »<br />
N.B. : Jouaignes (02220) est une toute petite commune de l’Aisne. Elle fait partie du canton<br />
de Braine et de l’arrondissement de Soissons. Elle compte seulement 151 habitants au<br />
recensement de 1999. Elle comporte dans son patrimoine une église et un château du 18 ème<br />
siècle, tous deux classés monuments historiques.<br />
Ami lecteur, si tu passes par ce lieu chargé de souvenirs, arrête-toi un instant et accorde une<br />
pensée à Antoine, comme lui-même en accordait à sa famille.<br />
On peut imaginer la suite. La direction suivie n’a pas été le nord mais la Belgique, ce qui<br />
revient au même ! Selon ma mère, un témoin de la bataille où il a été tué avait dit que la<br />
rivière qui passait par là était recouverte de képis qui flottaient sur l’eau. Des recherches<br />
accomplies par mon frère MARCEL ont montré que les morts français de cette bataille,<br />
plusieurs centaines, avaient été enseveli sans identification dans un cimetière où une majorité<br />
d’anglais sont enterrés.<br />
On voit à la lecture de cette prose que mon oncle n’avait pas le même niveau que son père<br />
du point de vue scolaire sans, qu’au-delà des tournures de phrases qui dénotent un usage plus<br />
courant de l’espagnol que du français, il puisse lui être fait grief d’une orthographe si<br />
mauvaise que ça. Il n’avait pas dû fréquenter l’école très longtemps et n’avait pas dû y<br />
apporter toute l’attention requise, si on sait, par le témoignage de ma mère, qu’il avait été<br />
assez dissipé pendant ces années là. Quand on voit les fautes commises par des étudiants<br />
bardés de diplômes qui sortent de nos universités on peut, et on doit, être compréhensif.<br />
Qu’on veuille bien considérer par ailleurs qu’il écrivait à la hâte, dans des conditions<br />
précaires, au crayon, sans avoir le temps ni l’opportunité de se relire, complètement éreinté<br />
http://www.mekerra.fr<br />
le site des anciens du lycée Leclerc de Sidi-bel-Abbès et de la plaine de la Mekerra<br />
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