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Roger Picon : histoire d'Antoine Martinez
de sa jeunesse plus charitable, plus humain, bien plus libre il arriva à son tour à grands pas
de géants au pouvoir et que fit-il une fois maître; eh bien il fût bien plus atroces, plus
barbares que le Paganisme, il implanta comme loi universelle la Sainte Inquisicion, loi qui
fût funeste au globe terrestre, par les crimes commis par cette loi dans les guerres civiles de
cent ans entre Protestants et Chrétiens, la Sainte Barthélémy ou l’Evêque de Beziers disait au
fanatiques, tuez les tous, Dieu les choisira la haut. Eh bien a son tour le Christianisme est
devenu plus féroces que le Paganisme, pourquoi, parce qu’il n’a pas voulu suivre le progrès il
a toujours était partisant du passé et non de l’avenir, il a toujours mis les ténèbres ou il
fallait la lumière et de la en est résultée une débandade une dislocation, que les uns appellent
Christianisme les autres Catholicismes et d’autres plus modernes Protestants.
En résumé, je prédis que le Christianisme et ses branches et prêt à disparaître comme le
paganisme a disparut. Je sais d’avance que tu ne comprendras pas cette lettre, mais a mesure
que tu t’instruiras et que tu grandiras tu me reliras et tu verras par tes propres yeux que ma
prédilection n’est pas fausse.
Soit laborieux, cherche a savoir, approfondir et connaître les choses et tu seras estimé.
A la prochaine lettre je t’enverrai une petite Poesie intitulée (Athée)
Embrasse bien pour moi tes petits frères - J. UBEDA »
On voit bien, malgré quelques erreurs de syntaxe et quelques accords un peu approximatifs
que l’on peut pardonner, qu’il faisait mieux que maîtriser la langue française. En effet,
n’oublions pas qu’il exprime des idées philosophiques en français alors que sa langue
maternelle est l’espagnol, langue dans laquelle il faisait preuve de la même aisance à
communiquer. J’aurais regretté que le texte de cette lettre qui m’a toujours fasciné ne reste
confiné au fond d’un tiroir. On peut être, ou ne pas être, d’accord avec ses thèses et sourire de
certaines affirmations en ce qui concerne certains faits historiques, on n’en reste pas moins
impressionné de tant de force dans ses convictions et dans son humanisme. Et qu’aurait-il dit
de l’émergence de l’Islamisme? Que dirait-il de nos jours, avec la montée des intégrismes
chrétiens, musulmans ou juifs pour n’évoquer que nos religions monothéistes, qui non
seulement n’ont pas disparu mais, hélas, grignotent insidieusement l‘espace laïc ? Comment
aurait-il envisagé l‘avenir, lui qui ne savait pas à ce moment là que la loi de 1905 qui
séparerait les églises et l’Etat serait promulguée l’année suivante?
Mais je m’écarte du sujet. Il avait changé et était soudain devenu adulte et responsable.
Peut-être avait-il un jour exhumé cette lettre qui lui avait donné à réfléchir? Qu’on se reporte
aux conseils qu’il lui donnait en fin de lettre : ces sentences devraient être gravées dans le
marbre ! Quand ma mère parlait de ce changement d’attitude, elle affirmait que cela lui était
arrivé d’un coup, comme une révélation. C’est peut-être la relecture de cette lettre qui a été le
facteur déterminant de sa « conversion » ?
La photo qui suit et qui est celle qui figurait sur la plaque posée sur la tombe de mes grandsparents,
rend bien compte de sa personnalité à un moment où il devenait adulte comme je
viens de l’évoquer. Elle a dû être prise vers 1912, au moment où il atteignait ses vingt ans et
probablement à la veille de son départ pour la Métropole, où il devait faire son service
militaire.
Il s’était trouvé appelé sous les drapeaux en 1913 au 15 ème régiment d’infanterie pour une
durée de trois ans, ce qui était la norme à ce moment là en raison de la volonté de reconquête
de l’ALSACE et de la LORRAINE, conjuguée avec une natalité insuffisante face au
dynamisme des allemands en cette matière. Il avait été affecté à une unité qui avait ses
quartiers à ALBI, ville que j’aurais l’occasion d’habiter pendant dix-sept ans, bien des années
http://www.mekerra.fr
le site des anciens du lycée Leclerc de Sidi-bel-Abbès et de la plaine de la Mekerra
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