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Nous nous mîmes en roule pour Edo le lendemain de notre<br />
victoire sur les quatrième et cinquième armées des généraux<br />
Mikuri et Dansai-be. J’avais hâte d’arriver à la capitale de<br />
l’Empire.<br />
Conscient de l’importance de mon nouveau rang, j’avais<br />
nommé « Jardiniers personnels <strong>du</strong> général Nakamura Oni<br />
Mikédi » quatre des soldats de la cinquième armée, choisissant<br />
ces derniers parmi les plus soignés. Ces quatre hommes<br />
transportaient avec la plus grande précaution, sur une chaise à<br />
porteurs, à l’ombre de soieries rehaussées de fils d’or, l’érable<br />
qui, <strong>du</strong> moins je le croyais à l’époque, devait me suivre en tous<br />
lieux jusqu’à l’instant de mon dernier souffle.<br />
Il fallut trois jours de marche forcée à nos troupes pour<br />
rejoindre la flotte des quatrième et cinquième armées. Celle-ci<br />
mouillait dans une baie calme <strong>du</strong> Poisson-Chat Hokkaidô, à un<br />
peu moins de cinquante lieues au sud d’Obihiro. Telles mille<br />
fleurs de bois on<strong>du</strong>lant dans un bassin de cendres bordé d’eaux<br />
turquoise, la flotte nous avait atten<strong>du</strong>s patiemment, composée<br />
de dizaines de transports de troupes, d’autant de navires<br />
dévolus au convoiement des vivres et <strong>du</strong> matériel d’artillerie.<br />
Parmi tous ces bâtiments, il y avait même une jonque des<br />
plaisirs, où Musashi et moi-même nous installâmes,<br />
transformant le bâtiment en vaisseau-amiral à partir de ce jour.<br />
Bien contents de nous retrouver en présence de femmes,<br />
après les mois passés au monastère de la Montagne-Crocodile,<br />
nous confiâmes nos corps à icelles. Ainsi fûmes-nous récurés de<br />
la tête aux pieds, massés, rasés, parfumés. Nos cheveux furent<br />
coupés et nos couches toujours occupées. Nombre de ces dociles<br />
s’occupèrent par ailleurs de nos habits qui devinrent conformes<br />
à notre rang, armure de général fabriquée à partir de celles des<br />
généraux défunts, qui n’en avaient plus besoin dans l’après-vie.<br />
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