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<strong>La</strong> légende <strong>du</strong> Daïshô 21<br />
(telle qu’elle me fut racontée<br />
par mon maître Miyamoto Musashi)<br />
Il était une fois, il y a bien longtemps, un jeune ferronnier<br />
<strong>du</strong> nom de Masamune qui vivait dans la petite ville de Kitami,<br />
sur l’épine dorsale <strong>du</strong> Poisson-Chat Hokkaidô. L’homme était<br />
plus rêveur que travailleur, plus artiste qu’artisan.<br />
Une nuit d’été, alors qu’il aiguisait un wakizashi, il assista<br />
au spectacle fugitif d’une pluie d’étoiles. Et à sa grande surprise,<br />
il entendit un de ces fils de lumière frapper le mont O-Akan-<br />
Dake. Le grondement secoua la terre ; si fort que les villageois,<br />
réveillés dans leur sommeil, sortirent de leur maison. L’étoile<br />
avait incendié les forêts. Les arbres brûlèrent plusieurs jours,<br />
sous un vent presque absent. Ainsi, le foyer resta circonscrit à<br />
flanc de montagne et des pluies intermittentes finirent par<br />
l’éteindre. Obsédé par le spectacle de cette boule de feu qui avait<br />
frappé la forêt à quelques lieues à peine de son domaine, le<br />
jeune Masamune décida de se rendre sur place.<br />
-46-<br />
Papillon<br />
Accompagné de deux ouvriers chinois, les seuls qui avaient<br />
accepté de le suivre contre un sac de riz chacun, il remonta la<br />
vallée, passa un col, progressant sous le couvert des frondaisons<br />
estivales. Après une longue journée de marche, la petite troupe<br />
bivouaqua dans une clairière où les Chinois allumèrent un<br />
immense feu pour tenir à l’écart les chats sauvages, les démons<br />
et les fantômes, qu’ils craignaient tout particulièrement. Par<br />
ailleurs, ces ouvriers, de jeunes pères de famille, redoutaient<br />
surtout la véritable nature de l’étoile. Ils craignaient de<br />
21 Littéralement le grand et le petit, se dit d’une paire katana/wakizashi<br />
(voir ces mots), portée par les samouraïs qui en étaient les seuls dignes.