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M.I.L VIGILANCE - MIL la droite civique gaulliste et patriote

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lectique sont réutilisées avec talent : recours à l’émotion, renversement du sens<br />

des mots, fausse symétrie (exemple : « <strong>la</strong> violence sociale est une réponse<br />

légitime à <strong>la</strong> violence exercée sur les travailleurs par le système économique<br />

»).<br />

Tous ces conflits rencontrent peu ou prou une sorte de « compréhension »<br />

popu<strong>la</strong>ire, très éloignée des mœ urs sociales de nos voisins européens.<br />

L’explication tient en grande partie à un vieux fond de révolte enraciné dans le<br />

monde ouvrier. Lorsque le syndicalisme fut reconnu en France en 1884, il<br />

sortait de près d’un siècle de c<strong>la</strong>ndestinité (depuis <strong>la</strong> loi Le Chapelier de 1791)<br />

<strong>et</strong> prit son essor au carrefour de trois conceptions de l’action militante : l’action<br />

réformiste, privilégiant <strong>la</strong> négociation <strong>et</strong> <strong>la</strong> recherche de l’accord collectif, expression<br />

de l’équilibre social ; l’action révolutionnaire (socialiste disait­on alors,<br />

quand le mot socialisme incarnait <strong>la</strong> rupture radicale), prônant une liaison forte<br />

avec l’action politique pour renverser le capitalisme ; l’action anarcho­syndicaliste,<br />

pratiquant une rupture avec le capitalisme, mais sans directive ou convergence<br />

avec un parti politique.<br />

Dès sa naissance, le mouvement syndical français a été interpellé par une<br />

lecture anarchisante de l’action collective. « Comment nous ferons <strong>la</strong> Révolution<br />

» écrivent en 1911, aux Editions de La Guerre sociale, Emile Pataud <strong>et</strong><br />

Emile Poug<strong>et</strong>, préfacé par Pierre Kropotkine. Sabotage, boycottage <strong>et</strong> action<br />

directe font partie des principes d’action enseignés aux militants, dans des<br />

brochures de propagande. Dès avant <strong>la</strong> première guerre mondiale, Emile Pataud,<br />

surnommé le « roi Pataud » coupe l’éc<strong>la</strong>irage à Paris <strong>et</strong> plonge <strong>la</strong> capitale<br />

dans le noir. Objectif : créer les conditions du Grand Soir <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Révolution<br />

sociale.<br />

L’action directe est magnifiée. Pour quelques uns, il s’agit du recours à <strong>la</strong> violence.<br />

Mais, pour <strong>la</strong> plupart, l’action directe signifie que les ouvriers de chaque<br />

métier ou profession doivent résoudre directement les questions qui leur étaient<br />

propres. L’action directe, c’est l’action professionnelle directe, loin de toute<br />

emprise politique. En 1906, le congrès de <strong>la</strong> CGT débat de ces questions <strong>et</strong><br />

tranche en faveur de l’autonomie de l’action syndicale au regard de l’action<br />

politique. Beaucoup moins présentes dans <strong>la</strong> CGT au lendemain de <strong>la</strong> Première<br />

guerre mondiale, les méthodes de sabotage <strong>et</strong> de boycottage prônées<br />

par les anarcho­syndicalistes sont reprises, à leur manière <strong>et</strong> pour leur compte,<br />

par les militants communistes ayant eu à cœ ur de coloniser <strong>la</strong> CGT. L’opération<br />

ayant réussi en 1947, après deux tentatives en 1921 <strong>et</strong> 1939, <strong>la</strong> CGT est<br />

conduite, en certaines circonstances <strong>et</strong> sur ordre venu de haut <strong>et</strong> de loin, à<br />

pratiquer des grèves à vocation insurrectionnelle <strong>et</strong> des sabotages. Les années<br />

1947 ou 1953 ou encore <strong>la</strong> période de <strong>la</strong> guerre d’Indochine portent les traces<br />

de telles actions. Une autre branche du mouvement syndical, née de <strong>la</strong> CFTC<br />

pour prendre en 1964 le nom de CFDT, a elle aussi à vivre c<strong>et</strong>te culture de <strong>la</strong><br />

rupture.<br />

Au lendemain de mai 1968, <strong>la</strong> CFDT s’engage dans <strong>la</strong> voie de l’autogestion.<br />

C<strong>et</strong> engagement procède d’une lecture politique de <strong>la</strong> société. Dans La CFDT<br />

d’aujourd’hui (Le Seuil, 1975), Edmond Maire, secrétaire général <strong>et</strong> Jacques<br />

Julliard, membre du Bureau national, écrivent : « C’est indissolublement en<br />

termes d’exploitation, de domination <strong>et</strong> d’aliénation que <strong>la</strong> CFDT analyse le<br />

système contre lequel elle lutte. Et c<strong>et</strong>te lutte est bien une lutte de c<strong>la</strong>sse, dans<br />

toute <strong>la</strong> mesure où elle regroupe les victimes de c<strong>et</strong>te exploitation, de c<strong>et</strong>te<br />

domination <strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te aliénation sur <strong>la</strong> base d’un proj<strong>et</strong> commun de société.<br />

C’est en eff<strong>et</strong> à partir de <strong>la</strong> lutte que se définit <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, <strong>et</strong> non inversement. »<br />

Abandonnant le principe syndical du respect de l’outil de travail, les militants<br />

CFDT procèdent à des occupations d’usine, à des séquestrations de dirigeants,<br />

à des actions niant propriété privée <strong>et</strong> libre concurrence. « On fabrique, on<br />

vend, on se paye » devient un des slogans de ceux qui, « sans chef, sans<br />

patron », veulent démontrer que « les luttes sociales étaient bien le moteur du<br />

changement <strong>et</strong> de <strong>la</strong> transformation sociale ». « L’affaire Lip » en 1973 symbolise<br />

c<strong>et</strong>te période de l’histoire de <strong>la</strong> CFDT que ses dirigeants actuels qualifient<br />

d’années « turbulentes ». En 1974, sous <strong>la</strong> signature de Ratgeb, le livre De <strong>la</strong><br />

grève sauvage à l’autogestion généralisée donne au sabotage sa dimension <strong>la</strong><br />

plus <strong>la</strong>rge. Il ne s’agit pas seulement de démystifier le travail, d’épargner de<br />

l’énergie au travailleur ; il faut aussi viser <strong>la</strong> révolution. L’ABCD de <strong>la</strong> révolution<br />

est ainsi présenté : « A­ Le but du sabotage <strong>et</strong> du détournement, pratiqués<br />

individuellement ou collectivement, est de déclencher <strong>la</strong> grève sauvage ;B­<br />

Toute grève sauvage doit devenir occupation d’usine ;C­ Toute usine occupée<br />

doit être détournée <strong>et</strong> mise immédiatement au service des révolutionnaires ;D­<br />

En élisant des délégués ­ révocables à chaque instant, chargés d’enregistrer<br />

ses décisions <strong>et</strong> de les faire appliquer ­ l’assemblée des grévistes j<strong>et</strong>te les<br />

bases d’une organisation sociale radicalement nouvelle : <strong>la</strong> société<br />

d’autogestion généralisée ». A <strong>la</strong> fin des années 1970, le recentrage de <strong>la</strong><br />

CFDT m<strong>et</strong> fin à ces pratiques. Cependant, de nombreux militants CFDT, déçus<br />

ou exclus de <strong>la</strong> confédération, poursuivent leur proj<strong>et</strong>, notamment dans les<br />

syndicats SUD, dont les premiers apparaissent en 1988. Le mouvement prend<br />

son réel essor avec les grèves de novembre­décembre 1995 <strong>et</strong> se trouve<br />

aujourd’hui bien installé dans le paysage syndical. Si, aujourd’hui, <strong>la</strong> CFDT<br />

s’est rangée sans ambiguïté sur une ligne réformiste <strong>et</strong> si <strong>la</strong> CGT amorce, elle<br />

aussi, une évolution dans <strong>la</strong> même direction (tout au moins au niveau confédéral),<br />

les principes d’action directe ne se sont pas évanouis en France.<br />

Sur le terrain syndical, <strong>la</strong> Confédération nationale du travail (CNT) se veut<br />

l’héritière du syndicalisme révolutionnaire. Dans une brochure précisément<br />

intitulée « Nous sommes syndicalistes révolutionnaires », on lisait en 1978 (les<br />

préceptes demeurent les mêmes trente ans après) : « L’action directe, c’est<br />

l’action des travailleurs qui agissent eux­mêmes, sans chefs ni bureaucrates,<br />

sans se préoccuper de savoir si c<strong>et</strong>te action est légale ou pas. Servons­nous<br />

de <strong>la</strong> légalité bourgeoise quand elle nous sert, passons outre dans le cas<br />

contraire. Longtemps enterrée par <strong>la</strong> CGT stalinienne, l’action directe a été<br />

réactualisée par des travailleurs, soutenus un temps par <strong>la</strong> CFDT qui, vers<br />

1970, put faire illusion (...). Le plus souvent, les syndicalistes révolutionnaires<br />

sont dans l’illégalité. Sans négliger l’utilité de <strong>la</strong> séquestration, du piqu<strong>et</strong> de<br />

grève offensif, de l’occupation armée capable de repousser flics <strong>et</strong> nervis, de<br />

l’expédition punitive contre les jaunes, les patrons, les boites d’intérim, de<br />

certaines formes de boycottage de patrons spécialement pourris, les syndicalistes<br />

révolutionnaires vouent un culte particulier au sabotage. Le patron ne<br />

veut pas satisfaire vos revendications ? Eh bien, sabotez <strong>et</strong> sabotez de plus<br />

belle ! Les anciens disaient : « A mauvaise paye, mauvais travail », le précepte<br />

reste vrai. Les formes de sabotage sont infinies <strong>et</strong> ne dépendent que de<br />

l’imagination de chacun. Quelques livres, notamment d’une brochure d’Emile<br />

Poug<strong>et</strong> (secrétaire adjoint de <strong>la</strong> CGT en 1902), sont de bon conseil. » Hors du<br />

strict champ syndical, les mouvements de désobéissance <strong>et</strong> de rupture avec<br />

l’économie de marché se développent depuis quelques années. Les publications<br />

<strong>et</strong> les sites intern<strong>et</strong> de ces mouvements <strong>et</strong> organisations contestataires<br />

sont abondants <strong>et</strong> riches en conseils d’action directe. La plus connue de ces<br />

publications a pour titre « L’insurrection qui vient » <strong>et</strong> a été rédigée en 2008,<br />

dans un style néo­situationniste, par le « Comité invisible », proche de Julien<br />

Coupat, aujourd’hui incarcéré pour avoir été impliqué (à tort semble­t­il) dans le<br />

sabotage d’une ligne TGV. De son coté, le guide militant Gueril<strong>la</strong> Kit de Morjane<br />

Baba expose les « ruses <strong>et</strong> techniques des nouvelles luttes anticapitalistes<br />

». Ces méthodes sont aussi enseignées dans les stages de formation<br />

déployés par « Les désobéissants » (http://www.desobeir.n<strong>et</strong>/). La radicalité<br />

sociale que nous vivons, exception française dans une économie mondialisée,<br />

n’est pas un phénomène nouveau dans ses principes. Elle est <strong>la</strong> résurgence,<br />

avec les mots <strong>et</strong> les techniques de 2009, d’un vieux fond syndical <strong>et</strong> politique<br />

qui prend racine à <strong>la</strong> naissance même du mouvement syndical, à <strong>la</strong> fin du<br />

XIXème siècle.<br />

Bernard Vivier ­ Institut Supérieur du Travail (istravail.com) du 27 avril 2009<br />

UN DEMI­<strong>MIL</strong>LION D'ETUDIANTS OTAGES<br />

Alors que les vacances de Pâques se sont achevées sur l’ensemble du territoire,<br />

les assemblées générales ont repris de plus belle dans <strong>la</strong> vingtaine<br />

d’universités toujours bloquées par une minorité de grévistes opposés à <strong>la</strong> loi<br />

LRU (loi re<strong>la</strong>tive aux libertés <strong>et</strong> responsabilités des universités).Mais à mesure<br />

que <strong>la</strong> fin de l’année universitaire approche, le bon déroulement des examens<br />

devient de plus en plus hypothétique sur ces sites. D’autant plus que <strong>la</strong> “coordination<br />

nationale des universités” réunie <strong>la</strong> semaine dernière à <strong>la</strong> Sorbonne s’est<br />

prononcée pour un boycott des examens. Concernés, plus de 400000 étudiants<br />

risquent de devoir rattraper les cours du semestre avant l’été… ou de le perdre.<br />

Du côté des organisations étudiantes l’Uni, c<strong>la</strong>ssé à <strong>droite</strong>,« s’insurge sur<br />

l’utilisation de pratiques illégales qui consistent à prendre en otages les étudiants<br />

en boycottant les examens ». Conséquence inattendue, les universités<br />

bloquées voient désormais baisser leur nombre d’inscriptions pour l’année<br />

prochaine.À <strong>la</strong> Sorbonne,le nombre de lycéens qui souhaitent étudier à <strong>la</strong> rentrée<br />

2009 sur les bancs de <strong>la</strong> prestigieuse université parisienne est en chute de<br />

25 % par rapport à 2008.Pour le Ceru (Centre d’études <strong>et</strong> de recherches de<br />

l’Uni), « sur onze universités ayant été totalement ou partiellement bloquées en<br />

2006 <strong>et</strong> 2007 », « <strong>la</strong> chute des effectifs est 3 à 5 fois plus rapide que <strong>la</strong><br />

moyenne nationale (– 4,45%)».<br />

Chahuté en permanence par une fraction de bloqueurs, Rennes­II a, par exemple,<br />

vu ses effectifs baisser de plus de 5 000 étudiants en cinq ans. Mais c<strong>et</strong>te<br />

année, c’est <strong>la</strong> grève de trop pour les parents d’étudiants, qui se sont regroupés<br />

au sein d’une association : Génération Br<strong>et</strong>agne. Interrogé par le Parisien­<br />

Aujourd’hui en France, Gui<strong>la</strong>ine Rimbourg, <strong>la</strong> mère de famille à l’origine de ce<br />

mouvement, s’est insurgée contre les grévistes, les renvoyant à une vérité<br />

sociale trop souvent passée sous silence : « Certains sont issus de familles<br />

aisées <strong>et</strong> sont surtout en révolte contre leur milieu. Ils n’en ont rien à faire des<br />

gens modestes qui se sont end<strong>et</strong>tés pour envoyer leurs enfants à l’université. »<br />

Valeurs Actuelles du 07 mai 2009<br />

A LA FAC DE CAEN, LA POLICE EVACUE LES BLOQUEURS<br />

La police a fait évacuer «dans le calme» des jeunes qui interdisaient depuis<br />

deux semaines l'accès à des bâtiments de l'université de Caen <strong>et</strong> a procédé à<br />

21 interpel<strong>la</strong>tions. L'ensemble des personnes interpellées, parmi lesquelles<br />

figurait «un tiers environ d'étudiants», ont été relâchées dans <strong>la</strong> journée, a dit <strong>la</strong><br />

police. Quatorze d'entre eux ont passé <strong>la</strong> journée en cellule de dégrisement.<br />

(… ) Le principal amphithéâtre de <strong>la</strong> faculté de sciences, qui avait été récemment<br />

rénové, a été entièrement recouvert de tags <strong>et</strong> d'inscriptions, de même<br />

que plusieurs salles, des couloirs, des escaliers <strong>et</strong> le hall d'accueil du bâtiment.<br />

Les locaux occupés par les squatters, où l'odeur d'alcool était encore perceptible<br />

plusieurs heures après leur expulsion, étaient jonchés de bouteilles, de<br />

verre brisé, de reliefs de nourriture ou de vêtements. L'activité du campus de<br />

Caen est perturbée depuis trois mois par des étudiants <strong>et</strong> enseignants­chercheurs<br />

hostiles aux réformes de l'université.<br />

Libération du 8 mai 2009<br />

<strong>MIL</strong>­<strong>VIGILANCE</strong> N° 25/2009<br />

Mouvement Initiative <strong>et</strong> Liberté, 75 rue L. Rouquier 92300 Levallois<br />

Imprimerie spéciale

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