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LA LUTTE CONTRE LA CRIMINALITE ORGANISEE EN DROIT ...

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188 gaetana morgante<br />

testée, avait donc servi à la fois d’objectif et de justification en<br />

réponse aux doutes apparus quant à la compatibilité effective de la<br />

norme avec des principes constitutionnels, tout aussi incontournables.<br />

En séance de la commission des affaires constitutionnelles du<br />

Sénat, le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires intérieures avait déjà<br />

fait remarquer combien le gouvernement accordait une «grande<br />

importance à la disposition visée à l’article12quinquies, lequel, bien<br />

que suscitant des doutes de constitutionnalité, représente un moyen<br />

efficace et vigoureux, apparaissant aussi dans d’autres systèmes<br />

juridiques et soutenu tant par les forces de l’ordre que par la Guardia<br />

di Finanza (9)». Des interventions en assemblée du Sénat<br />

avaient témoigné, de façon plus explicite encore, d’une<br />

«reconnaissance particulière pour les efforts accomplis par le gouvernement,<br />

même au prix de se voir désapprouvé pour avoir introduit<br />

une disposition inconstitutionnelle, afin de trouver un instrument<br />

de droit matériel permettant d’agir sur le patrimoine<br />

accumulé par le monde du crime organisé». D’autres, comme le<br />

ministre de l’Intérieur, avaient dû admettre que la norme examinée<br />

amenait à «renverser l’un des principes généraux en matière de<br />

preuve, dans la mesure où le sujet était dorénavant tenu de faire<br />

lui-même la preuve de la légalité de la provenance et de la nature<br />

de son patrimoine afin de ne pas encourir des sanctions pénales».<br />

Aussi, le ministre de la Justice avait manifesté le fait qu’il était<br />

conscient d’agir «sur un terrain difficile et délicat en raison de<br />

l’octroi aux autorités publiques du pouvoir de grever les droits et<br />

les biens de la personne, avant même que la Justice ne disposât de<br />

constats probants (10)».<br />

Enfin, le législateur a confirmé lui-même la prise de conscience de<br />

s’être mis en difficulté en se plaçant sur le terrain périlleux de la<br />

mise en danger des droits fondamentaux, comme en témoigne le<br />

processus de transposition du dernier des décrets-lois de modification<br />

de la disposition mise en cause. Ainsi, lors de la transposition<br />

du décret-loi (d.-l.) n° 369 du 17 septembre 1993, la nouvelle hypothèse<br />

de «possession injustifiée de biens», prévue par ce décret, a été<br />

finalement exclue de la loi de transposition, sur la base de critiques<br />

(9) Séance du 21 juillet 1992.<br />

(10) Assemblée du Sénat, séance de l’après-midi du 23 juillet 1992, compte rendu sténographique,<br />

pp. 47, 51, 55.

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