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M. Alain Brenas<br />
Directeur de l’École de Cinéma et de la<br />
Section Arts Graphiques et Publicité de<br />
l’École des Arts Décoratifs<br />
« Georges Haddad est venu frapper à ma porte,<br />
en 1978. Il était alors l’assistant-secrétaire d’Alexis<br />
Boutros et moi, directeur de création dans une<br />
agence de publicité. A sa demande, j’ai accepté<br />
de prendre en charge la section de publicité,<br />
pour que la première promotion puisse obtenir son<br />
diplôme, remis en 1979 par Alexis Boutros.<br />
Puis, devenu doyen, Georges Haddad m’a<br />
demandé d’enseigner aux deuxièmes années<br />
de publicité la communication visuelle… Je<br />
dirais d’emblée que c’était l’une de ses grandes<br />
qualités : accorder sa confiance, laisser faire, tout<br />
en ne perdant pas de vue le projet ; il ne freinait<br />
jamais un projet, ce qui est toujours très important<br />
dans une école d’art.<br />
Capable de déléguer, il n’a jamais été<br />
réactionnaire. Au contraire, devant un<br />
projet audacieux ou curieux, il n’était<br />
pas frileux.<br />
Cette immense qualité a également permis<br />
la création de l’École de cinéma, en plein<br />
M. Joseph Rabbat<br />
Directeur de l’École des Arts<br />
Décoratifs<br />
«À la mort d’Alexis Boutros, nous nous sommes<br />
retrouvés chez Nicolas Bekhazi, le frère de notre<br />
nouveau doyen, André Bekhazi. Georges Haddad<br />
était parmi nous, et autour de sa personne, un<br />
consensus a commencé à se faire. Très vite, nous<br />
avons coopté un conseil et, parallèlement, Georges<br />
Haddad a été reconnu directeur administratif de<br />
l’Alba par l’Etat. Chaque directeur d’école était en<br />
charge de l’académisme.<br />
Si Alexis Boutros a été le fondateur de l’Académie,<br />
Georges Haddad a été le moteur agissant de sa<br />
conservation et de sa prolongation. Sans Georges,<br />
bombardements. <strong>No</strong>us avons effectué des voyages<br />
à Chypre par bateau pour établir les contacts<br />
nécessaires à l’élaboration de la première base<br />
de l’équipement des studios ; et nos réunions pour<br />
constituer les premiers éléments du programme et<br />
du corps enseignant avaient lieu dans des chalets de<br />
plage, les bâtiments de l’Alba n’étant pas toujours<br />
accessibles. Tout cela avec un enthousiasme et un<br />
optimisme entraînants, qui ne laissaient pas douter<br />
de la réussite de l’École. Et, comme prévu, le succès<br />
a été au rendez vous…<br />
C’est également la personne même de Georges<br />
Haddad qui a donné à l’Alba sa dimension<br />
internationale, via le système des conventions.<br />
En visite à la Femis, j’ai rencontré la directrice des<br />
études de Louis-Lumière, que je connaissais par<br />
ailleurs. De retour à l’Alba, j’ai parlé avec le doyen<br />
des possibilités d’accord entre les deux institutions. Il<br />
m’a dit que c’était une très bonne idée et s’étonnait<br />
que je n’aie pas déjà fait le nécessaire sur place !<br />
Derrière ce constant encouragement de la vision de<br />
ses collaborateurs, il y avait un autre aspect capital<br />
de sa personnalité : sa capacité de fédération.<br />
Quelqu’un a dit de lui qu’il était le « champion du<br />
il faut le dire, nous n’aurions pas pu continuer.<br />
Il s’est sacrifié pour l’institution de<br />
manière tout à fait naturelle, en prenant<br />
sur ses épaules tout le poids de celleci,<br />
encaissant les coups durs et les<br />
problèmes.<br />
Il avait l’impulsion de résoudre les obstacles. Il<br />
savait s’y prendre : il exposait un problème mais<br />
venait toujours avec une proposition de solution…<br />
Par rapport à son âge, il donnait des avis fermes<br />
recrutement émotionnel », et je trouve ça très vrai…<br />
Pour lui, à l’Alba, personne n’était un numéro : il<br />
avait une mémoire phénoménale, tant relationnelle<br />
que familiale. Personnel, enseignants, étudiants, sa<br />
porte restait toujours ouverte à tous.<br />
C’est vrai que Georges Haddad était sensible, trop<br />
sensible même. Mais sa bonhomie et sa capacité<br />
à très bien s’entourer étaient exclusivement<br />
dirigées vers le rayonnement de l’Alba. Sa rapidité<br />
de décision, son flair, son avant-gardisme, qui<br />
ont placé l’Académie là où elle est aujourd’hui,<br />
sont intrinsèquement liées à la magie de Georges<br />
Haddad. Il en imposait, mais jamais à coups de<br />
grosses démonstrations. Il laissait une impression<br />
inoubliable aux gens qu’il rencontrait.<br />
Georges Haddad, très subtilement,<br />
nous a transmis à chacun un sentiment<br />
d’appartenance très fort à l’Alba. Mais<br />
rien n’était imposé, parce que lui était<br />
le premier à fonctionner comme ça… ».<br />
et déterminés, mais dans le seul but d’alléger les<br />
problèmes.<br />
Son autre grande force, selon moi, c’était cette<br />
attention qu’il accordait de manière égale à tout<br />
le monde, et qui faisait croire à la personne qu’elle<br />
était indispensable. C’est un homme qui avait<br />
beaucoup de considération pour les gens. Les<br />
demandes formulées ne tombaient jamais dans<br />
l’oreille d’un sourd… Il a été le chef, le dictateur<br />
doux, l’ami, le père, le frère pour tous ceux qui l’ont<br />
côtoyé ».