Plan de développement intégré de la rivière des Outaouais - rapport ...

3. LA CONNAISSANCE DU MILIEU
l’intérieur de la région que dans les endroits
éloignés. La création de ce canal attira les
colons qui commencèrent à s’installer sur la
berge sud de la rivière des Outaouais, donnant
ainsi naissance à la ville de Bytown, qui
deviendra plus tard Ottawa.
L’activité forestière se situait des deux côtés
de la rivière. Ce n’est que vers les années
1820 que l’on fera un effort concerté pour
exploiter la forêt entourant les eaux plus agitées
des affluents du nord. Après les années
1820, le marché du bois équarri est à l’origine
du développement majeur de l’industrie
forestière. Cependant, on se tourne de plus
en plus vers la transformation du produit de
base dans les scieries et les manufactures.
Source: Photo de la scierie et taverne de
P. Wright en 1820 (IQRC, 1994)
Le développement des scieries : Indissociables
de l’histoire de l’Outaouais, les scieries
ont façonné sa géographie humaine et le
mode d’occupation du sol. Les grandes scie-
ries s’installèrent à proximité de chutes et de
rapides qui pouvaient être harnachés afin
d’en tirer l’énergie hydraulique (puis hydroélectrique)
essentielle aux opérations de
sciage. Ainsi, c’est autour du pouvoir des
eaux de ce genre que se sont développées les
grandes scieries de Bytown, de Hull et de
Buckingham. Par enchaînement, les premières
générations outaouaises se sont établies
près de ces scieries.
Vers 1840, les Conroy établissent leur ferme
à Deschênes et se lancent dans le commerce
du bois. Les fils de Robert Conroy, Robert et
William, décident de harnacher les rapides
Deschênes et d’y construire une scierie, qui
sera en activité jusqu’en 1895. Au même endroit,
Narcisse Cormier exploitera un moulin
à farine où seront moulus le blé, le sarrasin
et l’avoine produits dans les fermes de la région.
En 1851, Ezra Butler Eddy s’établit à Hull et
y met sur pied une petite usine d’allumettes.
En 1857, il se met aussi à fabriquer des
seaux en bois puis, en 1866, il construit une
scierie. L’usine d’Eddy faisait partie, à la fin
du siècle dernier, du plus grand complexe
d’exploitation forestière au Canada. D’abord
établie en haut de la chute près de la rue
Montcalm, elle s’étendit ensuite jusqu’au
pont Alexandra. E.B. Eddy fut l’un des premiers
industriels des Chaudières à faire la
transition du bois scié à la production de
pâte de bois, puis de papier. John Rudolphus
Booth arrive en Outaouais en 1852. En
1858, il lance sa propre entreprise en louant
une petite scierie sur le rives du lac
Leamy. Tout au long de cette seconde moitié
du siècle, Booth et Eddy domineront l’industrie
forestière dans la vallée de l’Outaouais.
En 1871, tout fonctionnait à pleine capacité,
et les six grandes scieries des Chaudières, à
Hull, produisaient environ 30 millions de
pieds de bois.
Source: Entreprises E.B. Eddy (IQRC,4)
L’augmentation sans cesse croissante du trafic
de marchandises sur la rivière des Outaouais
favorise le développement de
moyens de locomotion plus performants.
Les bateaux Butteau et Durham, poussés à la
perche par les colons (dont on peut voir une
réplique au Musée canadien des civilisations
pendant l’été), furent bien vite remplacés par
des bateaux à vapeur après la construction,
en 1847, du chemin de fer hippomobile à la
chute des Chats. En fait, le premier bateau à
vapeur à remonter la rivière des Outaouais
fut l’Union of the Ottawa en 1822. Le premier
vapeur à naviguer sur le cours supérieur
de la rivière des Outaouais, en amont
de Hull, fut le Lady Colborne, construit sur
les rives du lac Deschênes, qui fut mis à
l’eau en octobre 1832. À la fin des années
1870, les chemins de fer remplacèrent les
bateaux à vapeur, ce qui provoqua le déclin
de la navigation sur la rivière.
Pour la seconde moitié du XIX e siècle, le
commerce du bois sur l'Outaouais et ses tributaires,
fut le plus important facteur de développement
de l'économie du Canada. Les
grandes scieries du début du siècle se
concentraient autour du noyau urbain (la
chute des Chaudières notamment) ou, du
moins, sur le littoral de la rivière des Outaouais.
Au début du XX e siècle, les scieries
déménageront dans les parties un peu plus
au nord de la région, reflétant ainsi le déboisement
du sud. L’activité des grandes scieries
de la région périclite à partir du tournant
du siècle; l’incendie de Hull, en 1900, marquant
le début de leur déclin définitif. Le
dernier train de bois voyagea en 1908. C'est
la fin des petites industries forestières. La
relève sera assurée par l'industrie de la pulpe
et du papier.
Plan de développement intégré de la rivière des Outaouais - rapport final 16