Plan de développement intégré de la rivière des Outaouais - rapport ...

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3. LA CONNAISSANCE DU MILIEU 3.6 L’EAU DE LA RIVIÈRE DES OUTAOUAIS L’histoire montre que la rivière des Outaouais, depuis ses premières utilisations par les Premières Nations jusqu’aux utilisations contemporaines, a subi des modifications profondes tant du point de vue de ses niveaux que de sa qualité. Les questions qui se posent sont les suivantes: la rivière est-elle apte à jouer les différents rôles que l’on attend d’elle dans le contexte contemporain de la région de la capitale nationale et quelles sont les mesures qui en garantiront sa pérennité et son utilisation durable ? DOCUMENT DE TRAVAIL THÉMATIQUE La présente section repose sur le document de travail suivant: «La qualité de l’eau dans la rivière des Outaouais» Roche-Deluc/Delcan Janvier 2002 BREF HISTORIQUE Les nouveaux usages de l’eau de la rivière des Outaouais (alimentation en eau, flottage du bois, rejet d’eaux usées et harnachement du potentiel hydroélectrique) ont débuté suite à l’industrialisation de la région de Hull-Ottawa de l’époque. Les conséquences environnementales de ces usages ne se sont pas fait attendre. C’est ainsi qu’à la fin du XIX e et au début du XX e siècle, la qualité de l’eau de la rivière se détériore progressivement et ne permet pas ou ne permet que peu les usages récréatifs, sauf peut être sur les rives du lac Deschênes. Ce n’est qu’en fin de XX e siècle que des mesures sont prises par les différents paliers du gouvernement pour améliorer la qualité de l’eau de la rivière des Outaouais. Depuis l’embellissement de la région de la capitale du Canada Le début des travaux de réaménagement des rives de la rivière des Outaouais débuta en 1899, lors de la création de la Commission d’embellissement d’Ottawa, l’organisme à l’origine de la Commission de la capitale nationale (CCN). En 1911, cette dernière recommandait un plan d’embellissement du centre-ville de Hull, qui comprenait notamment l’aménagement de parcs riverains. Enfin, en 1951, le plan d’aménagement Gréber, contenant entre autres des mesures visant la dépollution de la rivière des Outaouais, était déposé. Depuis, le plan pour la capitale du Canada comprend des mesures relatives, entre autres, à l’aménagement de parcs et de sentiers riverains ainsi que des politiques visant l’intégration durable de la rivière dans le milieu urbain. Depuis la mise en service des stations d’épuration municipales En 1961, le Centre environnemental Robert O. Pickard était érigé sur la rive ontarienne, l'une des plus grandes installations de traitement des eaux usées au Canada. Le Centre Pickard traite les eaux usées d'origines domestique, commerciale et industrielle de l’ancienne région d’Ottawa-Carleton, avant qu'elles soient rejetées dans la rivière des Outaouais. Le centre est aujourd'hui en mesure d'éliminer plus de 90 pour cent des polluants présents dans l'eau. Sur la rive québécoise, le Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ) était lancé en 1978 pour 25 bassins versants jugés prioritaires, dont celui de la rivière des Outaouais. Grâce à ce programme, les stations d’épuration de l’ancienne CUO et de Masson-Angers furent bâties. Station d’épuration (municipalités desservies) Centre environnemental Robert O. Pickard, à Gloucester (Ottawa-Carleton) Communauté urbaine de l’Outaouais, à Gatineau (Hull, Aylmer et Gatineau) Masson-Angers (Masson-Angers et Buckingham) Date de mise en service 1961 1984 1996 La mise en service des stations d’épuration sur le territoire a permis de diminuer les charges en matières en suspension (MES), en phosphore total, en coliformes fécaux et également, d’abaisser la demande biochimique en oxygène (DBO5). Suite à ces efforts d’assainissement, à la fin des années 1990, la réouverture des plages Moussette à Hull et celle du parc des Cèdres ont été permises. En Ontario, la plage Britannia était aussi aménagée. Depuis l’arrêt du flottage du bois Le flottage du bois, pratique utilisée depuis le XIX e siècle, affectait grandement la qualité de l’eau et de l’écosystème de la rivière des Outaouais et de ses tributaires : les écorces et les billots perdus pourrissaient dans les eaux et modifiaient le milieu, le déplacement des billes de bois créait l’érosion des rives et les herbiers et frayères à poissons étaient détruits. Toutefois, le flottage du bois a été abandonné au milieu des années 1970 entre le lac des Chats et Gatineau, en 1992- 1993 sur la rivière Gatineau et en 1994 sur la rivière du Lièvre. Ce facteur n’influence donc plus aujourd’hui la qualité de l’eau de la rivière puisque l’arrêt définitif du flottage du bois en 1994 contribue à accroître l’utilisation de la rivière des Outaouais pour des usages récréatifs. Plan de développement intégré de la rivière des Outaouais - rapport final 33
3. LA CONNAISSANCE DU MILIEU Depuis les nouvelles normes pour les industries de pâtes et papiers Dans les années 1960 et 1970, les fabriques de pâtes et papiers étaient les principales sources polluantes de la rivière des Outaouais. Des volumes substantiels de rejets non traités étaient envoyés à la rivière, apportant avec eux leur lot de matière organique, de matières en suspension, de débris solides, de composés toxiques et de mercure. Plusieurs usages de l’eau étaient alors limités ou même perdus. Toutefois, depuis les années 1970, l’adoption de règlements, la parution de directives et la réalisation d’interventions spécifiques ont permis l’assainissement industriel des eaux de la rivière. Enfin, depuis 1995, les nouvelles normes du règlement québécois sur les fabriques de pâtes et papiers sont applicables. La mise en œuvre des mesures environnementales prévues pour se conformer aux nouvelles normes, telles que les améliorations majeures apportées au système de traitement secondaire, ont permis de réduire significativement la toxicité des rejets. Depuis le Programme d’aide à l’amélioration de la gestion des fumiers (PAAGF) Au Québec, un programme d’aide spécifique aux activités agricoles a permis des investissements de plus de 1 700 000 $ entre 1988 et 1994 dans la région de l’Outaouais, pour l’aménagement de structures adéquates d’entreposage des fumiers et l’amélioration des équipements d’épandage des fumiers ou de traitement des eaux de laiterie. La pollution agricole, à l’origine d’une détérioration de la qualité de l’eau ces dernières années, a alors été diminuée. LA QUALITÉ DE L’EAU AUJOURD’HUI 2 En général De façon générale, l’importance du débit de la rivière des Outaouais favorise la qualité de son eau qui est bonne dans son ensemble. Selon l’étude sur la qualité de l’eau des rivières du Québec réalisée en 1997, l’eau de la rivière des Outaouais possède une faible conductivité, d’importantes concentrations en oxygène dissous, notamment à cause des nombreux rapides présents sur le cours de la rivière et contiendrait peu de matières en suspension. Elle serait aussi caractérisée par de faibles concentrations de phosphore total, de nitrites-nitrates et de chlorophylle, caractéristiques des bassins versants non agricoles. En effet, les superficies occupées par l’agriculture sont relativement marginales sur le côté québécois du bassin versant de la rivière des Outaouais. Toutefois, du côté ontarien, les sous-bassins des rivières Mississippi, Rideau et South Nation présentent des sols et un relief plus favorables à l’agriculture, ce qui se traduit dans la qualité de l’eau, notamment par un apport en substances nutritives plus important que dans les rivières qui coulent en territoire non agricole. Malgré cette bonne qualité générale de l’eau de la rivière, la qualité de l’eau est encore clairement affectée par les rejets urbains et industriels de la région malgré les mesures d’assainissement entreprises ces dernières années. La pollution par les rejets urbains Le principal problème de qualité de l’eau de la rivière des Outaouais est lié à la contamination bactériologique. En effet, on rapporte une augmentation de la contamination bactériologique (coliformes fécaux) de l’eau de la rivière de Portage-du-Fort à Carillon (soit d’amont en aval). L’absence de désinfection à la station d’épuration des eaux usées de Gatineau et les débordements d’eaux usées non traitées, survenant par temps de pluie tant sur la rive québécoise qu’ontarienne, sont responsables de la pollution microbienne. Cette pollution bactériologique perturbe et limite les usages récréatifs ayant des contacts directs et indirects avec l’eau (baignade, voile, pêche, planche à voile, etc.), au moins jusqu’à la hauteur de Masson. Il est à noter que la station d’épuration de Gloucester procède à la désinfection des eaux usées (ajout d'hypochlorite de sodium) pendant la saison estivale, avant qu’elles ne soient rejetées dans la rivière des Outaouais. La pollution par les rejets industriels Huit industries sont considérées comme étant les plus importantes sources potentielles de pollution d’origine industrielle dans le bassin versant de la rivière des Outaouais, dont six se retrouvent dans le secteur urbain de la rivière, notamment sur la rive québécoise de la rivière. Ces dernières sont les fabriques de pâtes et papiers suivantes : les Papiers Scott ltée et les Produits forestiers E. B. Eddy ltée à Gatineau, Bowater pâtes et papiers Canada inc. à Gatineau, les Industries James MacLaren dans le secteur Masson-Angers (dont les effluents se déversent dans la rivière du Lièvre, à 2 km de son em- Source: site web de la ville d’Ottawa - Usine de traitement des eaux usées Robert O. Pickard 2 Note : L’information présentée provient principalement du ministère de l’Environnement du Québec (2000), ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec (1996) et de Painchaud (1997). Plan de développement intégré de la rivière des Outaouais - rapport final 34
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