L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE - Ialg.be

UNE SOCIÉTÉ EN TRANSITION :
LA POPULATION DE VISÉ APRÈS
L'EFFONDREMENT DE L'ANCIEN RÉGIME
par René LEBOUTTE
INTRODUCTION
« Fatigué de présenter Visé comme un endroit nul, excepté pour
l'agriculture, le soussigné se bornera à observer que les pluies conti-
nuelles pendant le dernier semestre de l'an 13 ont nui considérable-
ment aux grains qui sont en partie germés (...) ».
Ces lignes peu flatteuses, nées de la plume du notaire Pierre U'
Philippin, ne sont-elles que jérémiades d'un maire soucieux d'éviter
à ses administrés la visite de percepteurs d'impôts et d'agents de
réquisition (') ? En partie sans doute; pourtant Philippin n'est pas
le premier à plaindre Visé. En l'an ix. le préfet Desmousseaux lui-
même constatait que :
« Visé, qui n'a pas deux mille habitants, et qui se dépeuple de jour
en jour, était dans une situation plus florissante lorsqu'il possédait
un pont sur la Meuse, et que l'ancienne route de Liège en Allemagne
le traversait. Aujourd'hui il subsiste faiblement, à l'aide d'une fabrique
de bras tricotés » ( 2 ).
Je remercie vivement Monsieur le Professeur HÉLIN pour ses nombreux conseils-
Ci Archives de l'Etat à Liège (A. E. L.), Fonds français, Préfecture (F. F. P.),
liasse 210, farde 7.
(*) DESMOUSSHAUX, Tableau statistique du département de TOurthe, Paris, an ix,
p. 26. Ainsi que le montrent un croquis de 1778 (A. E. L., Cartes, n" 69, Visé
et la carte de Ferraris, seul existait un demi-pont en charpente qui reliait la ville
à un ilot; il fallait donc recourir au service d'un passeur d'eau (cfr. Comte de
Ferraris, Carte de cabinet des Pays-Bas Autrichiens : Mémoires historiques, chronologiques
et économiques (...), Pro Civitate, 1974, volume XI, mémoire 15,
pp. 43-49; planche 190. E 15, Visé).