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Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

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<strong>de</strong> connaître <strong>de</strong>s personnes du pays concerné ou d'avoir une attirance ou une expérience dans<br />

ce pays. D'où beaucoup <strong>de</strong> "Vesna", <strong>la</strong> collégienne bosniaque, dans le public <strong>de</strong>s enfants et<br />

<strong>de</strong>s jeunes (jeunes filles, surtout), beaucoup <strong>de</strong> "Tarik", le combattant kur<strong>de</strong>, parmi les<br />

garçons et les adolescents, et beaucoup <strong>de</strong> "Leï<strong>la</strong>", <strong>la</strong> femme algérienne mé<strong>de</strong>cin chez les<br />

jeunes filles et les femmes d'origine maghrébine.<br />

Cependant, quelques-uns optent, à l'inverse, pour le personnage le plus "éloigné <strong>de</strong> ce que je<br />

suis", "quelqu'un <strong>de</strong> très différent <strong>de</strong> moi". De façon symptomatique, cette situation se produit<br />

dans <strong>de</strong>ux cas : d'une part, chez <strong>de</strong>s visiteurs qui, dans une attitu<strong>de</strong> plus rationnelle et<br />

distanciée qu'émotionnelle et subjective, cherchent à découvrir quelque chose qu'ils ne<br />

connaissent pas ("j'ai choisi "Tarik" parce que je suis nul en géographie et que je vou<strong>la</strong>is<br />

connaître <strong>la</strong> question kur<strong>de</strong>" ; "j'ai choisi <strong>la</strong> chinoise parce que ceux <strong>de</strong> l'Europe, on en parle<br />

beaucoup, mais l'immigration chinoise est plus secrète, plus cachée, on ne connaît pas") ;<br />

d'autre part, chez <strong>de</strong>s visiteurs qui, plus vulnérables que les autres aux effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en<br />

situation parce que celle-ci réactiverait <strong>de</strong>s expériences personnelles douloureuses (visiteurs<br />

qui comptent <strong>de</strong>s réfugiés dans leur famille, notamment), cherchent à éviter l'i<strong>de</strong>ntification<br />

pour se protéger.<br />

Ainsi, par exemple, cette jeune fille dont le père, péruvien, est réfugié politique explique : "j'ai<br />

choisi "Leï<strong>la</strong>" parce qu'une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> mes copines sont maghrébines, c'est avec elles<br />

que j'ai grandi et je me sens proche d'elles et <strong>de</strong> l'Algérie. Mais, après l'exposition, on s'est dit<br />

avec S. [l'amie yougos<strong>la</strong>ve avec qui elle est venue] : c'est bizarre qu'on n'ait pris ni <strong>la</strong><br />

bosniaque, ni le colombien. C'est sans doute une manière <strong>de</strong> se protéger <strong>de</strong> choses trop<br />

proches…".<br />

Dans les situations, rares, où le choix du personnage n'est pas fondé sur le critère <strong>de</strong> proximité<br />

(recherchée ou évitée), <strong>la</strong> sélection se fait <strong>de</strong> façon plus ou moins aléatoire : il y a, par<br />

exemple, ces visiteurs qui ont choisi O<strong>la</strong>ngi ou Kana ou Aubin… "parce que c'est là qu'il y<br />

avait le moins <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>" (allusion à <strong>la</strong> plus ou moins gran<strong>de</strong> facilité d'accès aux écrans<br />

d'ordinateur présentant, au début du parcours, les données <strong>de</strong> contexte <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s<br />

personnages) ; il y a aussi ces jeunes, le plus souvent, qui ont choisi "<strong>la</strong> même chose" que<br />

leurs copains ou leurs copines.<br />

On a vu précé<strong>de</strong>mment comment le principe d'immersion avait pour effet <strong>de</strong> permettre au<br />

visiteur <strong>de</strong> se projeter sur son personnage à partir <strong>de</strong> ce que lui-même vit dans l'exposition et<br />

non pas uniquement <strong>de</strong> ce qu'il imagine du vécu et du ressenti du personnage en se mettant à<br />

sa p<strong>la</strong>ce comme dans le cas d'une exposition photographique ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture d'un livre, par<br />

exemple ; et le choix <strong>de</strong> son personnage par le visiteur procè<strong>de</strong> presque toujours du même<br />

mouvement, d'une même orientation du flux, c'est à dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne (du visiteur) vers le<br />

personnage. Mais, dans <strong>la</strong> mesure où le visiteur <strong>de</strong> Un voyage pas comme les autres entre<br />

dans <strong>la</strong> peau <strong>de</strong> son personnage pour agir, dans un processus d'i<strong>de</strong>ntification active, on<br />

observe parallèlement un flux symétrique et inverse - du personnage vers le visiteur - chaque<br />

fois que le visiteur, dans le souci <strong>de</strong> coller à son personnage et à ce qu'il en sait, cherche, dans<br />

les situations qu'il rencontre le long <strong>de</strong> son parcours, à agir ou réagir, à se comporter, à penser,<br />

à parler comme il pense que son personnage l'aurait fait : "je vou<strong>la</strong>is pas crier Vive Sadam<br />

Hussein… Mais, pour moi le personnage est là pour fuir, par pour faire un discours politique<br />

au douanier ; et comme je me mettais à sa p<strong>la</strong>ce… ". Là, c'est le personnage qui domine, en<br />

quelque sorte.<br />

On peut donc parler d'un processus d'i<strong>de</strong>ntification à double sens : le visiteur se projette dans<br />

son personnage à partir <strong>de</strong> ce qu'il est (lorsqu'il le choisit) et <strong>de</strong> ce qu'il vit dans l'exposition<br />

(lorsqu'il éprouve les situations) mais, parallèlement, il y a aussi transfert <strong>de</strong> l'expérience du<br />

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