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Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

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3. LES CONDITIONS DE L'EFFICACITE DU DISPOSITIF 36<br />

CE QUI LES A LE PLUS FRAPPÉS<br />

- Ce qui m'a le plus frappée, c'est quand j'ai du ramper par terre au début. Là, tu es priée <strong>de</strong> t'impliquer.<br />

Moi, j'ai été très surprise : je me suis dit, super, au moins on comprend quelque chose parce qu'on est<br />

obligé <strong>de</strong> rentrer dans le personnage ; donc on ne ressort pas indifférent. Moi, j'ai rampé en souriant,<br />

comme un jeu… Mais je pense que pour ceux qui l'ont vécu, c'est pas du tout pareil ; j'ai vu une femme<br />

asiatique qui s'effondrait… (jeune fille, 25 ans, journaliste radio)<br />

- Je ne savais pas qu'on serait aussi pris dans <strong>la</strong> démarche. Et donc, c'est surtout au niveau du ressenti que<br />

j'ai les souvenirs les plus forts. Le plus fort, pour moi, ça a été le mec avec <strong>la</strong> mitrailleuse à <strong>la</strong> frontière qui<br />

vou<strong>la</strong>it fouiller dans mon sac et, pour moi, il est hors <strong>de</strong> question qu'on fouille dans mes affaires<br />

personnelles. Et <strong>la</strong> violence <strong>de</strong> ça m'a surpris, et aussi le fait obéir à quelque chose qu'on m'imposait et qui<br />

est complètement contre mes principes et que j'ai finalement accepté car j'ai eu peur. Et ça m'a fait bizarre<br />

d'avoir peur alors que j'étais visiteuse. (assistante sociale, 41 ans)<br />

- Quelque chose qui m'a énormément touché, c'est <strong>la</strong> lettre <strong>de</strong> ma mère [celle du personnage <strong>de</strong> Tarik]<br />

parce c'était totalement inattendu… Le reste, j'ai vu que c'était figé, que je ne pouvais rien à mon parcours,<br />

mais là, cette lettre totalement improbable… (étudiant en génie électrique)<br />

- Ce qui m'a le plus frappée, c'est le moment où je passe <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong> recours <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong><br />

l'OFPRA. <strong>Parc</strong>e qu'autant le reste, je me rendais compte que c'était une exposition, autant là, vraiment,<br />

j'étais dans <strong>la</strong> peau du personnage. Moi, je suis avocate, je défends mais je ne suis pas concernée<br />

personnellement alors que là, ça me touchait plus directement. C'est une démarche que je n'ai pas<br />

l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire, et aussi <strong>de</strong> sentir l'opposition par rapport à soi-même… (femme, 45 ans, avocate)<br />

- Ce qui m'a le plus frappée, c'est l'arrivée dans <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Préfecture. Je me suis crue exactement à <strong>la</strong><br />

sécu (ah, ça y est, je vais passer <strong>de</strong>ux heures là-<strong>de</strong>dans !…) et ça, c'est très très bien. C'est très très bien<br />

rendu cette partie administrative où on attend et où on est expédié d'un endroit à l'autre : on se sent<br />

impuissant, on ne compte pour rien… (femme, une quarantaine d'année, responsable d'une association <strong>de</strong><br />

solidarité)<br />

- On a eu tous les types <strong>de</strong> réactions dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, mais personne ne l'a vécu comme une visite ordinaire.<br />

Un ou <strong>de</strong>ux l'ont pris à <strong>la</strong> légère au départ et ont bien souffert par <strong>la</strong> suite ; on avait un "Luis" qui faisait le<br />

malin et l'acteur l'a remis à sa p<strong>la</strong>ce en le faisant chanter plusieurs fois <strong>de</strong>vant tout le mon<strong>de</strong> le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tirette ! Il y a <strong>de</strong>s filles qui ont pleuré quand elles ont été bousculées par quelqu'un en arme. Une fille qui<br />

s'est bloquée et ne vou<strong>la</strong>it plus bouger parce qu'elle avait pris Leï<strong>la</strong> et ça lui a fait penser à sa mère<br />

maghrébine ; une comédienne l'a emmenée <strong>de</strong>hors pour discuter. Une pakistanaise adoptée qui a décidé <strong>de</strong><br />

retrouver ses origines et son histoire… (professeur d'histoire venu avec <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> première)<br />

- Mon souvenir le plus fort : l'arbitraire. On ne pouvait plus passer alors que les autres, oui. On a voulu<br />

négocier mais on n'était plus dans cette logique. Il faisait ce qu'il vou<strong>la</strong>it et nous on était impuissantes…<br />

(assistante sociale, 36 ans)<br />

- J'essayais d'ai<strong>de</strong>r une petite fille à trouver sa tirette et, du coup, je me suis fait attraper par l'homme en<br />

arme au moment où j'ai ouvert <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison pour chercher. Et là, il y avait plein d'enfants qui ont<br />

dit : il fait très chaud. Et j'ai dit à l'homme : si je rentre, je vais m'évanouir. Donc il a pris mon passeport et<br />

m'a interpellée par rapport à mon personnage : tu ai<strong>de</strong>s les assassins ! Si on avait assassiné tes enfants, tu<br />

serais toujours capable <strong>de</strong> les soigner ? Et j'essayais <strong>de</strong> répondre que je soignais tout le mon<strong>de</strong>, mais il<br />

était très agressif, plus le fait <strong>de</strong> son arme, je l'ai ressenti <strong>de</strong> façon assez violente… J'ai eu une très forte<br />

angoisse parce que j'ai eu une expérience <strong>de</strong> ça en Afrique : je me suis fait arrêter, ça n'a duré qu'une<br />

heure mais j'ai eu peur et l'exposition m'a rappelé ça même si, sur le moment, je ne l'avais pas si mal<br />

vécu… (femme, 36 ans, graphiste)

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