Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

4. LES APPORTS DE LA VISITE 43
- J'étais Kana et je comprends enfin la motivation de nombreux parents dont je m'occupe à l'école…
- Je m'en doutais depuis un certain temps. Maintenant, je suis pratiquement sûre que mes voisins sont en
situation irrégulière : ils se cachent et ont peur quand je leur dis bonjour.
A un deuxième niveau, les visiteurs réagissent, sur le plan de leur comportement individuel,
pour faire reconnaître dans leur environnement de proximité la réalité qu'ils ont désormais
appréhendée. Ceci peut prendre soit des formes réactives élémentaires (s'insurger), soit des
formes prosélytes plus structurées. Sous cette deuxième forme, il faut noter très fréquemment,
la prescription de l'exposition auprès des proches, mécanisme de bouche à oreille qui a
certainement contribué beaucoup à la fréquentation de l'exposition ; au delà de la promotion
de l'exposition, ces visiteurs jouent un rôle de relais, de diffuseur de ce qu'ils ont compris et
acquis au cours de l'expérience qu'ils ont vécue.
- Maintenant, j'aurai envie d'engueuler la prochaine personne qui aura des a priori et des avis stupides sur
la question des réfugiés. Comme je l'ai un tout petit peu vécu et que je me suis impliqué, que j'ai passé du
temps à essayer de comprendre, j'aurai plus à cœur de les défendre. Parce que je l'ai vécu. L'exposition
donne une raison supplémentaire de prendre position.
- Cette exposition m'a permis de parler énormément du sujet, à la différence d'une manifestation. J'en ai
parlé des heures et les gens étaient intéressés ; une dizaine de personnes sont venues par moi. Je me suis
permis de mobiliser les gens à la différence d'une manifestation en leur disant : "va vivre quelque chose".
- En fait, sur le moment on fait le parcours, mais on passe beaucoup plus de temps à en parler après. Moi,
j'ai rejoint ma sœur au Café de la Musique et je lui en ai beaucoup parlé. Puis quand je suis revenue ici, à
Perpignan, j'en ai parlé à des copains et des copines : pour dire qu'il fallait y aller, que c'était intéressant,
que c'était un bon moyen de faire connaître la question des réfugiés aux gens.
Le troisième niveau est celui des prises de positions militantes, de l'envie d'agir concrètement
pour modifier l'état des choses. On peut cependant remarquer au passage que les intentions
restent générales, les lieux, les supports et les contenus des actions n'étant pas évoqués.
- On a un rôle à jouer pour informer…
- C'est une sacrée prise de conscience, ça ouvre un champ et le jour où on pourra…
- Ça m'a fait réfléchir à un investissement ; quand on voit ce qui se passe au Kosovo, ça donne envie de
s'impliquer activement…
- Les manifestations, c'est pas démarche naturelle pour moi a priori. Mais, là, maintenant, j'irais. J'aimerais
bien faire quelque chose et je le ferais un jour…
- Ça m'a donné envie d'agir, d'être plus constructive. Avec mon amie, je disais que ça faisait dix ans que je
voulais adhérer à Amnesty et que je ne le faisais pas. Là, j'ai un sentiment de colère à l'idée qu'on renvoie
chez eux des gens dans des situations si douloureuses et donc je pense qu'on a un devoir de citoyen de
faire pression sur les pouvoirs publics. Mon idée, c'est d'agir au minimum comme ça.
- C'est tellement fort qu'on ne peut rien dire en sortant, rien écrire, seulement penser, méditer et, pourquoi
pas… s'engager pour la défense de…
A la découverte de soi-même
On observe enfin un effet assez inattendu de l'exposition : assez fréquemment, les visiteurs
font état de ce qu'elle leur a fait réaliser un progrès, une découverte dans la connaissance
d'eux-mêmes. A posteriori, ceci s'explique et paraît même assez naturel puisque, comme on l'a
vu au premier chapitre, le jeu de la mise en situation implique la personne non seulement par