Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

4. LES APPORTS DE LA VISITE 41
- L'exposition a complètement modifié ma façon de voir les choses : quand on voit à la télé, les
événements de la Yougoslavie… Hier, par exemple, une famille passée par l'Italie et accueillie en France,
je m'imaginais beaucoup plus concrètement comment ça se passait et ce qui va leur arriver. (étudiant BTS)
- Je pense que cette exposition est le meilleur moyen de faire réagir les gens : déjà, de faire prendre
conscience et de changer la manière de voir les choses. Ça veut dire qu'ensuite, quand on entend parler de
quelque chose : un collectif ou une manifestation ou une personne qui a un problème, j'irai (les gens iront)
parce que j'ai une mémoire de l'exposition ; et c'est pas une mémoire comme à la télé où je suis passive,
parce que mon corps a été ému et donc c'est plus fort comme mémoire… (étudiante en architecture))
- J'avais l'impression d'avoir conscience de la torture psychologique ou physique, mais tant qu'on n'a pas
de vécu, pas d'émotion, pas d'expérience, c'est pas pareil. Ça reste du théorique, de l'abstrait. Et quand on
se met à la place des gens, on le fait à partir de sa vie personnelle ; mais, là, dans l'exposition, avec ces
gens qui vous traitent comme un con, ça aide à prendre conscience à partir d'un autre vécu. L'exposition
est un cadre qui vous aide à réfléchir parce qu'il apporte aussi un ressenti. ((étudiant en génie électrique)
L'acquisition de connaissances factuelles
L'acquisition de connaissances factuelles représente une catégorie d'apports spécifique. Les
connaissances acquises portent essentiellement sur la législation, les structures et les règles de
base ; les visiteurs adultes savent, à la sortie de l'exposition, ce qu'est la Convention de
Genève et qu'il existe des instances spécifiques pour traiter les demandes d'asile (même s'ils
ne se rappellent pas du nom de l'OFPRA). Quelques-uns ont appris l'existence de l'asile
territorial.
On note aussi des découvertes plus périphériques, qui concernent des situations locales ou
historiques, comme ce visiteur étonné de découvrir qu'il existe des factions rivales au sein des
kurdes, ou cet autre qui ne pensait pas qu'il y avait aussi des réfugiés en Serbie.
Le niveau de connaissances acquises au sein de l'exposition apparaît assez sommaire au regard
de l'offre. Mais, comme on l'a précisément évoqué à propos de la non lecture des panneaux
didactiques d'information générale, le visiteur ne pouvait pas être à la fois acteur et spectateur
: engagé émotionnellement dans le parcours de son personnage, il n'était pas disponible
mentalement pour assimiler des données objectives et rationnelles. Les principaux apports de
la visite ne se situent donc pas à ce niveau-là.
Une certaine compréhension problématique
Indépendamment des connaissances factuelles, les visiteurs repartent avec une compréhension
de la nature du rapport entre le réfugié et les institutions de pouvoir, dans le pays d'origine
mais, surtout, à l'arrivée en France. Ils découvrent ou réalisent avec beaucoup plus d'acuité
que le parcours du réfugié est long et douloureux et, surtout, qu'il est très difficile d'obtenir le
droit d'asile en France : qu'on est mal accueilli, qu'on est un "présumé menteur"
indépendamment de sa bonne foi, qu'il faut fournir des preuves impossibles à fournir. Ce qui
apparaît le plus choquant aux visiteurs, ce qui provoque le plus grand "progrès" de
compréhension, c'est les difficultés rencontrées sur le territoire français pour s'y faire accepter.
- Je pensais que pour avoir le statut de réfugié, il suffisait de le poser comme tel ; or en fait, il faut
affronter un autre pays, apporter des preuves. le pourcentage d'acceptés, c'est très peu, c'est hallucinant…
- Ça m'a renforcé dans l'idée qu'on n'entrait pas facilement sur le territoire français.
- Je ne me rendais pas compte par rapport aux papiers ; c'est affolant toutes les demandes, la longueur, et
puis voir les conditions dans lesquelles ils passent… Tout ça pour repartir chez eux…