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2. CARACTÉRISTIQUES ET ATTITUDES DES PUBLICS 25
2.4 LES ENFANTS ET LES JEUNES DES STRUCTURES SOCIOCULTURELLES
Représentant 13% des visiteurs, les enfants et les jeunes venus avec les différentes structures
d'animation socioculturelle (centres de loisirs, centres socioculturels, maisons des jeunes,
clubs de prévention etc.) constituent une population plus homogène que les scolaires : ils sont
en général issus des quartiers et des banlieues populaires du nord de Paris pour lesquels La
Villette représente une ressource et un but de sortie. Ce sont donc très souvent des enfants et
des jeunes d'origine immigrée dont l'âge varie d'une dizaine d'années à seize ou dix-sept ans.
Les animateurs qui les accompagnent n'ont pas le profil typé des enseignants du point de vue
des convictions personnelles et du projet éducatif. Et pour cause. Ce ne sont pas forcément
eux qui ont décidé de la visite de l'exposition, mais un de leurs responsables. Ils arrivent
d'ailleurs parfois sans savoir exactement de quoi il s'agit si ce n'est d'une sortie à La Villette :
"j'arrive avec neuf enfants ; c'est sur quoi l'exposition ?". Par ailleurs, même si le thème a été
pris en compte, la visite a souvent été prioritairement décidée sur d'autres critères tels que la
proximité, l'image de La Villette ("on sait qu'il y a de bonnes expositions ici) et, surtout,
l'interactivité et le jeu de rôle ("comme ça, ils peuvent participer, être actifs").
Les enfants et les jeunes sont donc peu préparés à la visite. Dans le pire des cas, ils n'ont
aucune idée de ce qu'ils vont voir ou faire et s'embarquent dans le parcours comme ils
entreraient dans une quelconque activité de loisir. Dans un scénario intermédiaire, les
personnes à l'accueil de l'exposition ont pu réaliser le degré d'impréparation du groupe et, si
elles ne sont pas trop occupées, passent un moment avec les enfants ou les adolescents pour
leur expliquer ce dont il s'agit et ce qu'ils vont vivre. Dans le meilleur des cas, celui où
l'animateur connaît l'exposition (parce qu'il y est déjà venu ou parce qu'un "collègue" lui en a
parlé), il y a eu des échanges préalables à la visite si bien que les enfants ou les jeunes sont
informés du sujet, savent qu'ils vont endosser la peau d'un personnage de réfugié et attendent
la visite avec une certaine curiosité teintée d'excitation : ils sont mobilisés.
Concernant la préparation de la visite mais aussi son exploitation, il faut ici souligner la
position spécifique de ces groupes qui n'a rien à voir avec celle des scolaires. Contrairement à
une classe d'enfants ou de jeunes constituée pour toute l'année avec un suivi dans la durée par
les mêmes adultes, les groupes des structures socioculturelles sont à géométrie variable,
n'existent que de façon ponctuelle et dans des temps limités, fonctionnent avec des encadrants
qui changent dans le temps et n'ont pas d'enjeux aussi marqués que les enseignants. Compte
tenu d'un tel contexte, la préparation et l'exploitation ne peuvent évidemment s'envisager de la
même façon qu'en milieu scolaire (comme, par exemple, avec le cahier pédagogique, qui n'a
pas été utilisé de fait) et les modalités pertinentes pour ce public reste à trouver.
Peu préparés, concentrés avec leur pairs le mercredi ou les vacances scolaires sur des plages
de forte fréquentation (l'exposition a du succès), les enfants et les jeunes des groupes
socioculturels entrent donc dans l'exposition dans une posture assez peu favorable : c'est jour
de vacances et ils sont là pour s'amuser et "délirer" avec les copains. De ce point de vue,
comme le remarque une comédienne, "c'est un public très exigeant ; avec les gamins de
banlieue, il faut être parfait".
La situation de visite en groupe de copains a un impact très important sur le déroulement de la
visite. Comme pour l'accompagnateur écartelé entre son rôle éducatif et son personnage dans
l'exposition, il s'agit d'une question spécifique aux publics des jeunes en groupe et des
scolaires. La question de la place de l'accompagnateur dans le dispositif de l'exposition, traitée
précédemment à propos des scolaires, se pose également pour ce public, mais avec moins
d'acuité, semble-t-il : sans doute en raison du fait que les animateurs ont des enjeux
pédagogiques moindres que les enseignants. Par contre, les phénomènes de groupe sont plus