Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

4. LES APPORTS DE LA VISITE 47
se heurtent à d'autres difficultés en arrivant en France, c'est sans doute déjà beaucoup en tant
qu'éducation civique. Le fait qu'ils ne comprennent pas très bien s'il s'agit de réfugiés, d'exilés
ou d'immigrés apparaît second.
Une certaine envie d'agir
On retrouve une assez grande analogie - toutes proportions gardées - avec les adultes, dans le
sens où l'émotion ressentie et la découverte de la réalité à travers une expérience concrète et
personnelle induit des envies d'action.
Certains évoquent des changements d'attitude personnelle : "oui, ça peut changer des choses
de voir une exposition comme ça ; par exemple, avant en classe, on se moquait des noms
bizarres et maintenant non parce qu'on sait ce qu'ils ont vécu des gens comme ça" (enfants de
CM2). D'autres, enfants ou jeunes, sont revenus plusieurs fois dans l'exposition, y entraînant
leurs parents ou des amis, ou ont spontanément décidé de faire une exposition dans leur
établissement pour faire savoir aux autres ce qu'ils avaient vécu et compris, quitte à venir le
mercredi pour écrire des textes. D'autres encore auraient envie d'agir plus directement et
concrètement. Mais ce qui apparaît alors à l'évidence est l'incapacité totale où se trouvent les
enfants, ou même les jeunes, d'imaginer des modalités d'action : "c'est à vous de me le dire",
"je ne sais pas mais je voudrais bien le faire", "je ne peux rien faire" répondent-ils dans le
questionnaire où on leur demande ce qu'ils pourraient faire pour venir en aide aux réfugiés.
4.1.3 LE CAS PARTICULIER DES JEUNES ISSUS DE L'IMMIGRATION
L'exposition a eu une résonance particulière auprès des enfants ou des jeunes d'origine
immigrée. On peut en effet noter deux types d'effets spécifiques pour cette population : le
repositionnement dans une histoire, la prise de conscience d'une réalité plus difficile que la
leur.
Compte tenu de la thématique, l'exposition interpelle naturellement les enfants et les jeunes
dont les parents ou les grands-parents ont quitté leurs pays d'origine : est-ce l'histoire de mes
parents (grands-parents), ont-ils vécu la même chose ? Les questions à l'animateur ou à
l'enseignant commencent souvent dans le car ou le métro, à la sortie de la visite. A cette
occasion, certains enseignants (les animateurs concernés le savent car ils ont souvent le même
vécu) réalisent que, très souvent, ces élèves ne connaissent pas leur histoire, n'ont pas de
mémoire familiale. Des discussions s'engagent sur le sujet, des tentatives de travaux ont lieu
(enquête auprès de la famille), des parents se manifestent auprès de l'enseignant : "vous savez,
c'est mon histoire, ça"… L'exposition a permis à ces enfants ou ces jeunes de renouer avec
leur histoire ou, pour le moins, de prendre conscience qu'ils ont en une aussi et, comme le dit
un animateur, "nous qui sommes comme eux, on a toujours pensé que pour canaliser la
violence, il fallait qu'ils puissent se replacer en tant que maillon d'une histoire".
- A la sortie, dans le métro, ils m'ont dit : est-ce que vous pensez que nos parents ont vécu ça ? Alors pour
qu'ils fassent bien la part des choses, on a vu le documentaire Mémoire d'immigrés. Et à cette occasion, je
me suis rendu compte qu'en fait, ils ne connaissaient pas leur histoire, qu'ils n'avaient pas de mémoire
familiale. Et après le film, je leur ai dit : interrogez vos parents, vos grands-parents sur l'histoire de votre
famille. Et je crois qu'ils l'ont fait, mais quand j'ai demandé en classe, personne n'a voulu intervenir : ou
bien les parents n'avaient rien dit, ou bien ils n'avaient pas envie de parler. Mais je n'ai pas eu de
remarques des parents, et quelques enfants ont même demandé la vidéo pour la regarder en famille. Et,
aussi, avec le prof de lettres, ils ont travaillé sur Les identités meurtrières d'Amin Maalouf, ce qui a donné
lieu a des débats très intéressants entre eux sur leur identité. (professeur d'histoire et éducation civique
venue avec une classe de troisième)