Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

1.3 L'IDENTIFICATION À UN PERSONNAGE
L'identification à un personnage réel que le visiteur est convié à choisir parmi les douze
panneaux-portraits qui lui sont proposés en début de visite est une autre composante
essentielle de la mise en situation. Comment s'effectue ce choix qui inaugure la participation
active du visiteur et représente son premier geste dans l'exposition ?
ILS ONT CHOISI…
- J'ai choisi "Ion" parce que j'ai participé à une action humanitaire en Roumanie. Ma femme a choisi mère
"Sibel" à cause de nos amis turcs, et ma fille "Wanmin" parce qu'elle a le même âge qu'elle ; chacun sa
corde sensible ! (instituteur retraité)
- J'ai choisi "Ion" parce qu'il était assez proche pour que je puisse m'identifier à lui : il est en Europe, il a
des activités syndicales, il se bat pour une cause. A part le fait qu'il est marié, ça pourrait être moi.
(étudiant)
- J'ai choisi "Leila" parce que j'aime ce qui touche à la médecine (j'ai été élevée dans un milieu de
médecins) ; ma sœur a pris une asiatique car elle aime beaucoup l'Asie. (jeune fille, attachée commerciale)
- J'ai choisi la tamoule (son passeport encore dans ma voiture) parce que j'ai beaucoup d'amis tamouls et je
suis très touchée par l'Inde du Sud ; j'y ai consacré toutes mes vacances et mes libertés pendant trois ans,
notamment en tant qu'administrateur dans l'association de sœur Emmanuelle. (femme, 53 ans, travaille
dans un organisme de gestion des foyers de travailleurs migrants)
- J'ai choisi la jeune femme algérienne, "Leïla", parce que j'ai cherché à m'identifier au maximum et elle
est née à quelques mois près comme moi ; en plus, je suis assez sensible au problème des femmes en
Algérie parce que j'ai des amies maghrébines qui m'en parlent et je suis sensible à leur courage,
admirative, même… (femme, 36 ans, graphiste)
- J'ai choisi "Luis" pour deux raisons : parce que je suis très intéressée par l'Amérique du Sud (je suis
d'origine portugaise) et aussi parce que ma sœur est bissexuelle. (jeune femme, 25 ans, psychologue du
travail)
- J'ai choisi "Pavel" parce que je suis d'origine polonaise (lycéen), parce qu'on a étudié l'antisémitisme en
histoire (lycéen) ; j'ai choisi Leïla parce que c'est mon prénom (collégienne), parce que je suis algérienne
(collégienne) ; j'ai choisi Tarik parce que c'est un combattant (jeune centre de loisir), parce que c'est un
jeune… (collégien)
De façon très évidente, dans l'immense majorité des cas, les visiteurs sélectionnent le
personnage dont ils vont endosser l'identité ou, plus exactement, raisonnent leur choix, sur un
critère de proximité, de similitude - d'identité, justement - entre les caractéristiques de ce
personnage et leurs caractéristiques personnelles. Ce critère peut jouer dans les deux sens : la
proximité peut être recherchée ou évitée.
La plupart des participants choisissent le personnage de réfugié dont ils se sentent le plus
proche : par transposition directe en terme d'âge, de sexe, de race, d'occupation, de situation
ou d'intérêt… ("une fille, comme moi", "un jeune, comme moi", "une algérienne, comme
moi", "je travaille aussi dans le domaine médical", "je pourrais avoir des activités syndicales
comme lui", "parce que j'ai étudié l'antisémitisme en histoire", "parce que c'est un pays pas
loin d'ici", "parce que j'ai une sœur bisexuelle"…), par des biais plus indirects (mais qui
peuvent être tout aussi efficaces du point de vue du processus d'identification) comme le fait
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