Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

4. LES APPORTS DE LA VISITE 42
- Et puis tous les papiers qu'il faut comme preuves alors que quelqu'un qui se sent menacé, il se sauve sans
avoir de preuves !…
- Je ne me rendais pas du tout compte de toute la galère administrative, pas du tout à ce point… Et le côté
légal : avoir à prouver que la bombe était celle de l'Etat et non pas celle des islamistes, dire que la menace
doit venir de l'Etat alors que la violence n'a pas de couleur : si on est en danger, on est en danger !
Il est intéressant de souligner que ce qui a été compris de la situation des réfugiés est en
référence directe avec ce que les visiteurs ont vécu pendant le parcours et résulte d'une
confrontation concrète aux mécanismes en cause, même sous une forme atténuée ; à l'inverse,
la visite ne semble pas avoir amélioré leur compréhension des notions qui n'ont pas fait l'objet
d'une pratique vécue, et en particulier celle de la différence entre "réfugiés" et "immigrés" : il
y a ceux qui le savaient avant ; pour les autres, ils ne se sont pas posé la question. A ce sujet,
il faut remarquer que plusieurs de ceux qui font la différence ont tendance à considérer que,
dans un cas comme dans l'autre, il peut être aussi vital de quitter son pays et aussi difficile de
se faire accepter en France.
- Pour moi, la différence entre réfugiés politiques et immigrés économiques, elle est au niveau des
motivations parce que sinon, après, ce qu'ils vivent est du même ordre…
- A l'égard des autres réfugiés, sans papiers, sans travail, sans…, la frontière est d'abord mentale…
Une prise de conscience à caractère politique
Un effet particulièrement remarquable est celui qui résulte de la découverte d'écarts entre
l'image que les visiteurs avaient de leur pays - la France - et la réalité qu'ils découvrent à
travers l'histoire vécue de leurs personnages, réels, de réfugié : parce qu'en tant que citoyens
français, ils sont participants de certaines valeurs (France, terre d'accueil, pays des Droits de
l'homme, précurseur de la démocratie, etc.), et qu'ils s'aperçoivent que ces valeurs sont mises
en cause par la pratique institutionnelle.
- Avant de venir, je ne pouvais pas penser que ça se passait comme ça, qu'il y avait autant de personnes
refusées. Pour moi, c'est à mille lieues de la République et de la France…
- La France n'est pas un pays d'accueil comme on le souhaiterait quand on est français.
- Il y a un énorme décalage entre les principes France terre d'asile et la réalité.
- J'ai eu une confirmation du fait qu'on évolue mal au niveau des pays d'accueil…
- Je ne pensais pas qu'un réfugié pouvait subir ça en France…
Plus généralement, l'exposition met en lumière les décalages, perçus comme une escroquerie
politique, entre les principes affichés dans les discours ou, même, la législation, et la réalité :
"on voit bien, à travers l'histoire des gens, l'écart entre la législation - la France pays d'accueil,
la Turquie pays démocratique - et la réalité…".
Des changements d'attitude, une envie d'agir
On observe souvent un impact de la compréhension et des prises de conscience qu'on vient
d'évoquer sur les attitudes et les intentions des visiteurs.
Au niveau le plus élémentaire, il s'agit d'un autre regard sur leur environnement, qui les
conduit à décoder d'une autre façon des situations rencontrées dans leur vie quotidienne.