Consulter l'étude (PDF - 338Ko) - Parc de la Villette

2. CARACTÉRISTIQUES ET ATTITUDES DES PUBLICS 28
sur une motivation personnelle. Et, sauf exceptions, la visite s'est très bien déroulée en ce qui
les concerne. Et il en a été de même pour leurs enfants, ce qui prouve bien que les modalités
de visite jouaient un rôle déterminant et que les conditions d'utilisation de l'offre doivent être
considérés comme faisant partie de la qualité de l'offre.
Les choses se sont par contre moins bien passées pour les publics des jeunes en groupe, et en
particulier pour les jeunes des structures socioculturelles, qui ont du se servir comme ils ont
pu d'une offre mal ajustée à leur situation : les accompagnants ont souvent peiné à trouver leur
place dans le dispositif, la scénographie s'accommodait mal de la situation de visite collective
(faire partie d'un groupe de dix "Tarik" pénalise évidemment le principe d'identification
individuelle et l'effet de mise en situation de la personne), les personnages les plus propices à
susciter un processus d'identification chez ce public étaient peu nombreux, les visites ont
souvent eu lieu dans des contextes de surfréquentation… A ces lacunes de l'offre vient se
surajouter un terrain peu favorable : motivation plus faible, voire inexistante des participants
(il s'agit de publics "prescrits"), manque total de préparation pour une partie d'entre eux,
disposition d'esprit peu propice à la réceptivité.
On peut donc, de façon schématique, considérer que le dispositif général de l'exposition -
incluant le mode de "recrutement" des visiteurs et le travail éventuel de préparation à la visite
- était très efficace pour faire rentrer le visiteur individuel dans le jeu proposé, d'une efficacité
plus aléatoire vis-à-vis du public scolaire, et nettement mal adapté au public des structures
socioculturelles. Si l'on rapporte ce constat aux objectifs annoncés de l'exposition "favoriser la
prise de conscience d'un large public - et notamment le public jeune - aux causes et
conséquences de l'exil et à la situation des réfugiés dans le monde", on voit apparaître une
certaine contradiction.
En effet, le public individuel (adulte et intentionnel) était celui auquel l'exposition était le
mieux adapté, mais c'était aussi le moins nombreux (20% des visiteurs) et, surtout, celui qui,
en arrivant, était déjà sensibilisé aux valeurs, à la prise de conscience que voulait promouvoir
et déclencher l'exposition : pour la majorité, des militants contre l'oppression et l'injustice ou,
du moins, de sympathisants de ces causes, qui transmettent ces références à leurs enfants,
entre autres en les amenant à l'exposition.
A l'autre extrême, la cible vis-à-vis de laquelle le "progrès" potentiel pouvait être le plus grand
était évidemment constituée des publics les moins pré-sensiblisés à l'arrivée dans l'exposition ;
en l'occurrence, le public des jeunes amenés par les structures socioculturelles. Le public qui
constitue la cible théoriquement la plus intéressante par rapport aux enjeux de l'exposition
s'avère ainsi le plus "mal traité" alors qu'il est, en plus, le plus difficile à gérer : comme on l'a
vu, avec ce public, l'approximation ne pardonne pas.