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Colette Stévanovitch<br />
[Or donc nous avons entendu au loin et plus près, sur la terre<br />
entière, des hommes parler des lois de Moïse.]<br />
Hwæt! We gefrunan on fyrndagum<br />
twelfe under tunglum tireadige hæleð,<br />
þeodnes þegnas. (Andreas 1-3)<br />
[Or donc nous avons entendu parler aux jours d'autrefois de douze<br />
glorieux héros sous les étoiles, compagnons de chef.]<br />
Hwæt! We ðæt hyrdon hæleð eahtian,<br />
deman dædhwate, þætte in dagum gelamp<br />
Maximianes [...] (Juliana)<br />
[Or donc nous avons entendu les hommes apprécier et juger, hardis,<br />
les événements du temps de Maximien.]<br />
Beowulf et L'Exode séparent le sujet et le verbe par des éléments<br />
adverbiaux, auxquels s'ajoute, dans le cas de Beowulf, le COD.<br />
Andreas et Juliana concentrent l'ensemble de la formule dans le<br />
premier hémistiche, ce qui la rend plus facile d'emploi, au détriment<br />
peut-être de la solennité de la phrase. 7 L'utilisation du pluriel suggère<br />
l'accès à une mémoire collective dont l'auteur extrait des faits connus<br />
de tous auxquels il donne une forme nouvelle. 8<br />
Deux poèmes présentent la formule sous une forme un peu<br />
différente, sans hwæt, donc moins emphatique, et avec un pronom<br />
singulier qui suggère la possession de sources non accessibles à tous :<br />
Hæbbe ic gefrugnen þætte is feor heonan<br />
eastdælum on æþelast londa,<br />
firum gefræge. (Phénix 1-3)<br />
[J'ai entendu dire qu'il existe, loin d'ici dans les régions orientales le<br />
plus noble des pays, fameux parmi les hommes.]<br />
7 . Ces deux poèmes appartiennent à la même école, si même ils ne sont pas du<br />
même auteur : le second est signé par Cynewulf, le premier peut-être aussi, si<br />
l'on considère que The Fates of the Apostles, qui le suit immédiatement dans<br />
le manuscrit et qui porte la signature de Cynewulf, est l'épilogue d'Andreas.<br />
8 . C'est là, bien sûr, le principe même de la composition poétique vieil-anglaise.