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Colette Stévanovitch
qui matérialise la victoire contre le monstre. Cette spécialisation,
comme le montrent les exemples que nous donnons ci-dessous, est
propre à l'auteur de Beowulf.
La formule se retrouve dans de nombreux autres poèmes.
Souvent, comme dans Beowulf, la case vide est remplie par des
éléments adverbiaux de peu d'importance. C'est le cas dans Exode et
Judith toujours, dans Daniel, Andreas, le Christ et Satan quelquefois :
Þa ic on morgen gefrægn modes rofan
hebban herebyman hludan stefnum. (Exode 98-99)
[J'ai ouï dire qu'alors au matin les hommes au coeur hardi firent
retentir avec éclat les trompettes de guerre.]
Þa ic ædre gefrægn
slegefæge hæleð slæpe tobredon. (Judith 246-47)
[J'ai ouï dire qu'alors promptement les guerriers promis au trépas
s'éveillèrent de leur sommeil.]
Ða ic lungre gefrægn leode tosomne
burgwaru bannan. (Andreas 1093-94)
[J'ai ouï dire qu'alors promptement les hommes, les citoyens furent
convoqués à l'assemblée.]
Ða get ic furðor gefregen feond ondetan. (Christ and Satan 224)
[J'ai ouï dire qu'alors les démons continuèrent à se confesser.]
Dans d'autres cas il s'agit de l'infinitif régi par gefrægn, de sorte que le
récit de ce qui a été transmis par la tradition s'engage avant que la
proposition principale qui l'introduit soit achevée. La Genèse A, Le
Christ et Satan, Daniel, Andreas, Salomon et Saturne connaissent
exclusivement ou occasionnellement ce second type :
Þa ic neðan gefrægn under niht-scuwan
hæleð to hilde. (Genèse A 2060-61)
[J'ai ouï dire qu'alors s'aventurèrent / sous le couvert de la nuit // les
hommes vers la bataille.]