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Tradition orale dans Beowulf
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vassaux de Hrothgar comme un élément de qualité exceptionnelle,
source de gloire, digne de passer à la postérité.
D'autres personnages emploient la même formule pour s'extasier
sur l'apparence de Beowulf et de ses compagnons, avec seon au lieu
de hyran :
Næfre ic maran geseah
eorla ofer eorþan ðonne is eower sum,
secg on searwum. (Beowulf 247-49)
[Mais jamais n'ai-je vu plus solide // capitaine au monde / que celuilà
d'entre vous // guerrier armé de toutes pièces.]
Ne seah ic elþeodige
þus manige men modiglicran. (Beowulf 336-37)
[Jamais n'ai-je vu d'étrangers // en nombre aussi grand / à l'allure
[plus] décidée.]
Beowulf décrit en ces mêmes termes le festin qui a lieu à Heorot :
Ne seah ic widan feorh
under heofones hwealf healsittendra
medudream maran. (Beowulf 2014-16)
[Je n'ai vu de ma vie // sous la voûte du ciel / plus grande joie // de
gens réunis à partager l'hydromel.]
Dans tous ces exemples il ne s'agit pas de l'expérience collective,
somme des expériences individuelles de plusieurs générations, mais
d'une expérience personnelle, forcément limitée dans le temps et dans
l'espace. La portée des louanges décernées se ressent naturellement de
ce cadre restreint, car seul le narrateur a l'autorité nécessaire pour
parler au nom de la mémoire du groupe et identifier un personnage ou
un événement comme le plus remarquable qui ait jamais existé.
On remarquera que les Danois s'émerveillent des Gètes, et
Beowulf des Danois : chacun, à propos de ce qui lui est étranger. Pour
que l'une de ces formules jumelles, avec l'une ou l'autre valeur
(tradition orale ou témoignage vécu), puisse être utilisée, il faut qu'il
existe une distance entre celui qui la prononce et l'objet décrit,
distance temporelle dans le cas du narrateur qui raconte des
événements antérieurs de plusieurs siècles, distance géographique