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Tradition orale dans Beowulf
57_(12U
Comme pour la formule précédente, il s'agit de mettre en valeur un
élément remarquable du récit, même si, cette fois, le contexte ne
contient pas de superlatif ou d'expression de sens voisin. Le narrateur
attire ainsi l'attention sur une réalité digne d'intérêt, quoique moins
extraordinaire que celles qui justifient l'emploi des formules que nous
avons vues précédemment. Les deux derniers exemples, situés dans le
même passage à peu de vers de distance, soulignent la générosité de
Beowulf qui donne quatre chevaux à Hrothgar, un collier à Hygd, qui
se dépouille à leur bénéfice des présents qu'il a reçus de Hrothgar.
Comme dans le cas de < mine gefræge > mais pour un aspect moins
exceptionnel de sa personnalité, le but premier du poète est de louer
son héros et d'attirer l'attention sur ses qualités. Le premier exemple
est moins facile à interpréter, et la présence d'une lacune à cet endroit
du manuscrit ne permet pas de conclure. Cette alliance avec Onela, roi
de Suède, est-elle source de prestige pour le peuple danois, et donc
indirectement pour Beowulf qui héritera bientôt de la gloire danoise?
Ou bien la lacune contenait-elle une information plus importante qui
justifiait l'emploi de cette formule? 16
La formule < hyrde ic þæt... > se retrouve dans La Bataille de
Maldon :
Gehyrde ic þæt Eadweard anne sloge
swiðe mid his swurde. (La Bataille de Maldon 117-118)
[Eadweard, ai-je ouï dire, aurait choisi sa victime, taillé l'homme en
pièces de sa ferme épée.]
Il s'agit, dans ce poème de bataille, d'un combat d'une importance
particulière. L'affrontement proprement dit entre les deux armées
s'ouvre sur la mort de Wulfmær, neveu du chef, qu'Eadweard venge
dans ces deux vers.
On trouve aussi hyrde ic, sans þæt, en tête de vers dans la
Perdrix.
16 . Voir la discussion sur ce que pouvait contenir la lacune dans André Crépin,
Beowulf, p. 607.