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Tradition orale dans Beowulf
39_(12U
Gefrægn ic Hebreos eadge lifgean
in Hierusalem. (Daniel 1-2)
[J'ai ouï dire que les Hébreux vivaient heureux à Jérusalem.]
Dans le cas du Phénix le pronom singulier se justifie, puisque le récit
concerne un pays fabuleux sur lequel le narrateur prétend posséder des
informations particulières ; moins dans le cas de Daniel, où il s'agit
d'un épisode biblique. Dans Daniel toujours, le verbe est placé avant
la syllabe allitérante, en position non accentuée par conséquent ; la
formule, qui n'occupe même pas un hémistiche entier, perd beaucoup
de sa solennité sous cette forme, et est à peine reconnaissable.
La formule < hwæt! we gefrunon/hyrdon > ne se rencontre pas
uniquement en début de poème. L'auteur de The Fates of the Apostles
ponctue son oeuvre de références à une source orale, car ce texte est
composé de récits juxtaposés qui représentent en théorie autant de
traditions différentes, 9 même si en pratique l'auteur les a certainement
trouvés regroupés en une seule source écrite :
Hwæt, we eac gehyrdon be Iohanne
æglæawe menn æðelo reccan! (Fates of the Apostles 23-24)
[Or donc nous avons entendu des hommes versés dans la Loi, à
propos de Jean, évoquer ses nobles qualités.]
Hwæt, we þæt gehyrdon þurg halige bec,
þæt mid Sigelwarum soð yppe wearð,
dryhtlic dom godes! (Fates of the Apostles 63-65)
[Or donc nous avons entendu dire dans les livres sacrés que chez les
Ethiopiens la vérité s'éleva, la souveraine gloire de Dieu.]
Saint Jacques, qui suit immédiatement saint Matthieu, a droit à une
variante atténuée de la même formule :
Hyrde we þæt Iacob in Ierusalem
fore sacerdum swilt þrowode. (Fates of the Apostles 70-71)
[Nous avons ouï dire que Jacques à Jérusalem en présence des
prêtres fut supplicié.]
9 . C'est ce que suggère le verbe samnode «je rassemblai » au vers 2.