Revue internationale d'écologie méditerranéenne Mediterranean ...
Revue internationale d'écologie méditerranéenne Mediterranean ...
Revue internationale d'écologie méditerranéenne Mediterranean ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
OUAHRANI G., GHERIBI-AOULMI Z.<br />
82<br />
ma et Ibn Ziad) paraissent plus « contaminées<br />
» que celles de l’amont, soit O. Arama,<br />
Carrière et l’ENMTP à l’exception de Aïn<br />
Kerma (figure 5). Ceci peut être expliqué par<br />
le fait que certaines stations étudiées soient<br />
localisées dans des zones fortement industrialisées<br />
telles que Palma et Cirta (zone industrielle<br />
de Constantine).<br />
Pour les rapports de bioaccumulation, plusieurs<br />
auteurs utilisent un rapport de concentration<br />
de ces éléments : bioteneur du<br />
ver/teneur du sol (Gish et Christenen 1973 ;<br />
Van Hook 1974 ; Ireland 1983 ; Sedki et al.<br />
1994). Ce rapport de concentration peut nous<br />
renseigner sur la capacité d’un ver de terre à<br />
bioconcentrer certains éléments par rapport à<br />
d’autres dans un sol donné et par conséquent<br />
sur le niveau de contamination. Ainsi pour les<br />
stations d’étude de l’oued Rhumel, les lombriciens<br />
semblent assimiler les éléments<br />
métalliques du sol selon la séquence des rapports<br />
d’accumulation suivante :<br />
Zn > Cd > Pb > Cu<br />
Cette séquence de bioaccumulation des éléments<br />
traces par les vers de terre a été obtenue<br />
aussi par de nombreux auteurs (Van Hook<br />
1974 ; Beyer et al. 1982 ; Ma 1982 ; Abdul<br />
Rida 1992 ; Sedki et al. 1994 ; Spurgeon and<br />
Hopkins 1996 ; Emmerling et al. 1997).<br />
Nous constatons (figure 6) les grandes différences<br />
entre les valeurs minimales et maximales<br />
du rapport d’accumulation pour les éléments<br />
étudiés, en particulier le Cd qui varie<br />
de 0,33 à 34. Cette grande variabilité a été<br />
constatée dans les sols contaminés ou non<br />
(Andersen 1979 ; Ja, 1979 ; Beyer et al.<br />
1982 ; Abdul Rida 1992 ; Neuhauser et al.<br />
1995 ; Marinussen 1997 ; Sample et al. 1998).<br />
En outre, la bioconcentration des éléments<br />
traces métalliques varie selon l’espèce lombriciennne<br />
(tableaux 5 et 6), sa catégorie écologique,<br />
la saison, les propriétés physicochimiques<br />
des sols, de l’élément et<br />
l’interaction avec les autres métaux (Gish et<br />
al. 1973 ; Ireland 1983 ; Ma et al. 1983 ; Morgan<br />
et al. 1991 et 1993 ; Abdul Rida 1992 et<br />
1996a ; Marinussen 1997).<br />
La comparaison des Fc montre que les vers de<br />
terre semblent réagir différemment vis-à-vis<br />
des teneurs totales métalliques dans le sol<br />
(tableau 5) ; ce qui donne les séquences suivantes<br />
:<br />
O. transpadanus Cd > Zn > Pb > Cu<br />
H. moebi moebii Cd > Zn > Pb > Cu<br />
H. michaelseni Zn > Cd > Pb > Cu<br />
N. meridionalis Zn > Cd > Pb > Cu<br />
Les résultats de l’analyse canonique<br />
(tableau 8) nous permettent de confirmer la<br />
bioconcentration des éléments traces par les<br />
vers de terre.<br />
Conclusion<br />
Les résultats obtenus pour les sols des berges<br />
de l’oued Rhumel en amont de sa confluence<br />
avec l’oued Seguin et se terminant en aval à<br />
Aïn Kerma ont montré qu’en moyenne les<br />
sols bordant l’oued Rhumel sont classés<br />
comme poreux (P % > 30 %). Le pH est légèrement<br />
alcalin (7,6 ± 0,22) et la zone d’étude<br />
est calcaire (6 ± 12 % CaCO 3 ). Les sols ont un<br />
taux de matière organique (% MO) normal<br />
(compris entre 1,5 et 2,5 %), présentent une<br />
richesse en % N (0,18 ± 0,08 %) et un rapport<br />
C/N moyen (7 ± 3). Quant à la texture des<br />
sols, elle est de nature limono-sableuse (LS).<br />
Par ailleurs, il en ressort que la densité<br />
moyenne des lombriciens est de 286 ± 188<br />
ind./m² et la biomasse est de 229 ± 137 g/m²,<br />
ce qui représente 2 tonnes de lombriciens à<br />
l’hectare et indique une biomasse très élevée<br />
dans les sols des rives de l’oued Rhumel.<br />
Les résultats obtenus pour les éléments traces<br />
montrent l’état critique des stations étudiées,<br />
notamment celles qui sont situées près de la<br />
ville. Cette situation préoccupante de la contamination<br />
relative aux sols des rives de l’oued<br />
Rhumel de la région de Constantine a et aura<br />
certainement de graves conséquences écologiques.<br />
Les lombriciens ont confirmé encore leur<br />
capacité de jouer le rôle de bio-indicateurs des<br />
substances dans le sol.<br />
Ainsi, l’apport des lombriciens nous a permis<br />
d’établir un premier diagnostic du niveau de<br />
contamination de la portion sud de l’oued<br />
Rhumel et devrait s’étendre à l’ensemble du<br />
bassin versant.<br />
Bibliographie<br />
Abdul Rida A.M.M., 1992. Biosurveillance de la contamination<br />
du sol : Apport de l’étude des lombriciens<br />
à l’évaluation des risques liés aux éléments traces.<br />
Document pédozoologique, Montpellier, INRA,<br />
Laboratoire de zooécologie du sol, 233 p.<br />
Abdul Rida A.M.M., 1996a. Concentrations et croissance<br />
des lombriciens et des plantes dans des sols<br />
contaminés ou non par Ca, Cu, Ni, Pb et Zn : Interactions<br />
sol-lombricien. Soil Biol. Biochem., 28,<br />
1029-1035.<br />
ecologia mediterranea – Vol. 33 – 2007